Patrick Lebail
Le besoin de félicité

la félicité est
• une possibilité inhérente à l’espèce humaine
• « l’état naturel » selon l’expression de Ramana Maharshi
• l’état mental qui se démasque quand les préoccupations possessives
(c’est-à-dire quasiment la totalité de notre vie affective)… ont disparu.

(Revue Panharmonie. No 176. Mars 1979)

Le titre est de 3e Millénaire

Compte rendu de la rencontre du 14.1.1979

Thème : « quête et besoin de la félicité ».

Trois termes de sens voisin à définir… + 1 :

Joie – bonheur – félicité… (euphorie ?)

Joie : Etat affectif intense – jaillissement spontané dû à un événement

état passager du MOI… aucune rationalité.

(Euphorie : Etat agréable, plaisir permanent, éclipse partielle de la rationalité (alcool… neuroleptiques… Méditation transcendantale).

Bonheur :

Etat affectif calme – peut provenir d’un (concours de) circonstances

– peut être détruit par d’autres circonstances, mais susceptible de durer.

(L’euphorie est une caricature du bonheur)

• peut résulter d’une démarche rationnelle orientée vers son obtention

• état individuel de plénitude, tend à isoler, comme les précédents, celui qui le ressent par rapport au reste du monde (satisfaction du Moi)

• n’affecte pas la rationalité, mais au contraire est favorable à ce qu’elle s’exerce.

et puis

Félicité :

Etat calme aussi mais le calme est plus profond que lorsqu’il y a bonheur

• « état céleste », peu intense

• ce n’est pas un état coloré affectivement

• plutôt une sécurité – le moi n’a plus d’exigence : il n’a plus peur

• « innocence »

contrasté avec le bonheur :

le bonheur

dépend de possessions, de circonstances, il est alimenté en impressions

il est strictement individuel (même si on le dit « partagé »)

il a un objet

la félicité

est indépendante des circonstances. Elle est indépendante des impressions, elle est la même pour tous les humains

elle n’a pas d’objet

la félicité est

• une possibilité inhérente à l’espèce humaine

• « l’état naturel » selon l’expression de Ramana Maharshi

• l’état mental qui se démasque quand les préoccupations possessives

(c’est-à-dire quasiment la totalité de notre vie affective)… ont disparu.

Le besoin de félicité : = besoins de

« sommeil éveillé »

non-dépendance

calme

sécurité

état agréable qui ne soit pas néant mais non de gratification individuelle.

Le besoin n’est pas très répandu : notre éducation nous pousse à rechercher

des compensations

des satisfactions du moi

des plaisirs

à fuir l’ennui, la peur.

(l’ennui = la mort du désir. S’ennuyer paraît être une préfiguration de mourir

—    mais la « mort du moi » serait celle de nos obstructions

—    il y aurait « état naturel »)

mais certaines personnes ressentent ce besoin qui ne s’analyse pas.

Recherche de la félicité

elle se déclenche

• quand on se trouve désabusé

(quelque chose nous pousse au-delà d’un état de plaisir p.e.)

• quand on a perdu confiance dans les compensations que l’on peut organiser

• alors on est disposé à accepter en soi « la mort de quelque chose »

…certaines personnalités (assez rares) sont directement attirées vers la félicité

(et non poussées dans cette recherche).

Moyens d’obtention ?

innombrables ! — « spirituels » comportent un certain oubli de soi-même)

…des méthodes (pour mettre en œuvre son énergie, affirmer son détachement)

(pour se transformer à grand’peine)

mais pas de recettes !

à la limite il y a une voie par individu

mais en fait les voies possibles sont en nombre limité ex. ascèse méditative

prière

Probabilité d’obtention ?

— très faible pour la félicité totale. « L’état naturel » semble être celui qui nous soit le plus étranger !

mais le travail sur la voie diminue le malaise

plus de félicité

après tout elle est en vous.