(Revue Panharmonie. No 199. Juillet 1984)
LAME 2 : LA PAPESSE.
La dernière fois nous avons vu le Bateleur qui était encore dans le monde sensible. Le Bateleur c’est l’initiable ; il a un pied dans le monde profane et il a tout pouvoir sur le monde par les quatre éléments, les quatre objets qui lui sont donnés : le Bâton, l’Épée, le Denier et la Coupe posés sur la table d’émeraude. C’est à lui qu’il appartient de faire la synthèse et une fois engagé sur le chemin par la table d’émeraude, il rencontre la Papesse. C’est le chiffre 2 : en numérologie, c’est le Principe Divin féminin, parce que le 1 qui est le Principe universel masculin et le 2 Principe universel féminin vont donner le 3 par union : ce sera l’Impératrice, l’Intelligence Suprême, le symbole du triangle.
La Papesse représente la divine Isis qui est le Principe féminin supérieur du panthéon égyptien. Elle représente la Vierge Mère dans la Tradition chrétienne, Ishtar chez les babyloniens. Toutes les mythologies ont une femme supérieure aux autres dieux ou aux autres saints : dans le Tarot, c’est la Papesse. Alors que le Bateleur est debout, elle est assise. Elle a le visage fermé, recouvert d’un voile, elle est coiffée d’une tiare à trois rangées (ou deux rangées plus la lune dans le Wirth). Elle s’appuie de la main gauche sur le sphinx, elle a un pied posé sur un coussin vert. Le pied est noir. De sa main droite, elle entrouvre le livre de la connaissance, c’est l’ordinateur céleste, le livre des vies successives, le livre des karmas. De l’autre côté, elle s’appuie sur quelque chose qu’on ne voit pas, c’est comme le quatrième pied de la table du Bateleur, cela n’a pas à être vu. Elle est revêtue d’un immense manteau rouge, doublé de vert, qui laisse apercevoir sa robe bleue à hauteur du genou sur lequel est posé le livre. Dans le « Marseille », sa tiare dépasse le cadre, parce que ses pouvoirs dépassent le monde sensible. Dans sa main gauche, elle tient deux clés l’une d’or et l’autre d’argent. On aperçoit le sol à damiers noirs et blancs. Derrière elle, deux colonnes une rouge et une bleue avec un voile tendu entre les deux colonnes.
Explication des symboles :
Le carrelage en damiers noirs et blancs : c’est l’alternance du jour et de la nuit, de l’esprit et de la matière, du bien et du mal. C’est le monde sensible dans lequel nous sommes et qui représente à la fois les deux complémentaires (et non les opposés), mais il n’y a pas à valoriser l’un par rapport à l’autre. Si vous posez votre pied sur un carreau blanc, l’autre sera sur un carreau noir. C’est l’équilibre des énergies, les positives et les négatives, parce que les deux sont utiles, constructives. Le blanc n’existe que par la différence du noir. La Papesse est assise sur ce carrelage parce qu’elle le domine, mais elle n’a pas les pieds dessus, ils sont sur un coussin.
C’est à nous de prendre conscience du bien et du mal pour essayer d’équilibrer les actions, les énergies, les pensées qui doivent, elles, rester positives.
La Papesse, la divine Isis, a un visage fermé par rapport au visage souriant du Bateleur. Elle n’est pas commode, elle est même dangereuse. Elle est surtout impénétrable, c’est-à-dire que les problèmes des hommes n’arrivent pas jusqu’à elle ou bien elle les ignore, parce que la vie, le karma, doit suivre son cours. Elle est au-dessus « des Seigneurs du karma », expression utilisée en ésotérisme pour illustrer le choix que l’âme fait elle-même pour arriver au mieux de son évolution. Elle est assise sur une cathèdre, ou trône. Elle porte une tiare à trois rangs qui symbolise les trois états de la matière, les trois mondes, les trois états de la pensée, matériel, intellectuel et spirituel. Cette tiare soutient le voile d’Isis. Personne n’a soulevé le voile d’Isis, c’est elle qui soulève de temps en temps celui qui est derrière elle, mais le voile d’Isis, c’est le mystère. Car si la personne n’est pas prête, le secret doit être gardé. Dans le Wirth, la tiare est blanche (blanc = pureté et invulnérabilité en alchimie), cerclée de deux cercles d’or. La première couronne sur son front passe sur ce qu’on appelle le troisième œil, elle symbolise la puissance de la pensée (Maison IX en Astrologie) c’est-à-dire l’apprentissage de l’occulte, l’apprentissage de l’esprit. Le contact de l’or sur le front va donner la possibilité de l’extension spirituelle. La première couronne correspond au monde matériel. La deuxième couronne, en or aussi, donne la gnose, la connaissance. Pour arriver à la connaissance, il faut partir de la première couronne, du monde matériel, de la vie de tous les jours. La troisième couronne ou la lune renversée dans le Wirth, rappelle la coupe du Bateleur, c’est-à-dire le réceptacle d’amour, le hiéroglyphe du cœur chez les Égyptiens. Elle met la Papesse sous le signe de la lune (symbolisme Cancer-Poissons). Les deux pointes de la lune en contact avec le cadre symbolisent le côté spirituel. La Papesse a le pouvoir sur les trois mondes, le matériel (monde sensible), l’intellectuel et le spirituel. Cette tiare maintient un voile blanc, symbole de pureté et d’invulnérabilité, puisque le blanc n’est pas une couleur en alchimie, et la lame est complétée par le pied noir qu’on voit sur le coussin. Il est la matéria prima qui n’est pas encore passée par l’athanor.
Le terme de la Papesse appartient au vocabulaire chrétien mais n’a rien à voir avec une femme ayant déjà existé et étant montée sur le Trône de Pierre. Il y a probablement allusion à la légende de la Papesse Jeanne qui remonte au Moyen Age, femme ayant porté la couronne de saint Pierre et qui a accouché lors d’une procession. C’est une légende car elle n’a pu être vérifiée sur le plan historique. Cette lame a gardé son appellation de la Papesse pour être admise pendant l’Inquisition, car le terme de Vierge n’aurait pu passer.
La robe bleue c’est l’aspiration vers la spiritualité, c’est la sagesse. On voit le genou qui est important dans toutes les cérémonies d’initiation. Elle est enveloppée d’un immense manteau rouge doublé de vert. Le rouge, c’est la couleur de la vie, de l’élan vital, et de plus dans ce cas c’est la couleur royale, impériale. C’est la couleur qu’on ne peut pas porter impunément.
Je vais vous rappeler la légende de Clytemnestre racontée par Eschyle : Clytemnestre, femme d’Agamemnon, a un amant depuis dix ans, c’est-à-dire depuis le départ d’Agamemnon à la guerre de Troie. Égisthe et Clytemnestre décident de supprimer Agamemnon à son retour dans son pays. Agamemnon, le Roi des rois, n’était évidemment qu’un homme. Pour être sûrs de sa perte, les amants le font passer sur un drap rouge, lai d’honneur dû seul aux dieux. Agamemnon n’hésite pas à marcher sur le drap rouge et alors les foudres du ciel tombèrent sur lui et il est assassiné dans son bain par Égisthe et Clytemnestre. S’il avait refusé les honneurs royaux, il n’aurait pas été vulnérable, mais il a accepté le drap rouge alors qu’il ne possédait pas la vraie connaissance et il a été puni.
Depuis le début du Vatican, c’est-à-dire le début des papes, un fonctionnaire était spécialement chargé de rappeler au pape : « souviens-toi que tu n’es qu’un homme ». Cela a été calqué sur l’exemple des empereurs romains qui montaient au Capitole dans leur char sur la voie triomphale. Un esclave portait la couronne de lauriers et lui répétait tout le long du chemin : « souviens-toi que tu es mortel ». Le manteau rouge c’est le signe des honneurs, mais on ne doit pas le porter avec orgueil, sinon c’est l’épée qui s’abat. La Papesse a le droit de revêtir de manteau rouge parce qu’elle est la gnose, la Connaissance. Elle est le Principe divin universel féminin. L’Église Catholique dans le Service de l’Immaculée Conception (8 décembre) cite :
« Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies J’étais avant qu’Il ne format aucune créature
J’étais de toute éternité avant que la terre ne fut créée. Lorsqu’Il posait les fondements de la terre, j’étais avec Lui et je réglais toutes choses. » (PROV. VIII 22-31).
Et pourtant, quand on relit la Genèse, on se dit qu’il y a un oubli quelque part. Cependant l’Église qui a modifié la Bible ne l’a pas osé pour ce texte-là.
Le Principe féminin est important en symbolisme : c’est la matière primordiale des Indiens. Cela montre la divinité de la Papesse, la divinité d’Isis, qui n’est pas une femme, c’est une déesse, une entité religieuse. Elle a donc un manteau rouge sur les épaules, elle peut le revêtir légitimement. Le manteau est doublé de vert. Elle pose un pied noir sur un coussin vert, c’est-à-dire qu’elle est la maîtresse de l’occulte, de la nature, elle est la maîtresse de tout ce qui est ésotérique, alchimique et hermétique. D’ailleurs, l’alchimie et l’hermétisme se retrouvent tout entiers dans cette lame. Le coussin vert sur lequel elle pose son pied montre qu’elle domine, elle n’est pas en contact direct avec le carrelage. A l’origine, au Haut Moyen Age, des coussins se trouvaient sous les pieds royaux, ils étaient aux armes de l’empereur, du prince régnant. Le prince rappelait par là qu’il dominait avec ses armes (nous verrons l’héraldisme avec la lame 13) la contrée qu’il gouvernait. La Papesse gouverne le vert donc le monde entier sensible, matériel, intellectuel et spirituel. Elle porte sur sa poitrine le pallium des premiers chrétiens, cette bande de laine blanche qui se croise sur sa poitrine. Ce symbolisme a été repris dans les couronnements des Papes Jean-Paul 1er et Jean-Paul 2. Tout autour de ce pallium, qui se croise sur le plexus solaire, il y a quatre petites croix noires. Le manteau est fermé par une agrafe jaune. Le jaune est la couleur occulte de la mort, la Papesse est la maîtresse des incarnations successives. D’une main, elle s’appuie sur le gardien du seuil, le sphinx noir. Le gardien du seuil a été représenté dans toutes les mythologies à l’entrée des Enfers : le Cerbère, chez les Grecs, la Mangeuse chez les Égyptiens. Le sphinx ici pose l’énigme du Sphinx, c’est-à-dire les trois questions : Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où vas-tu ? L’homme doit pouvoir y répondre sinon il n’est pas encore prêt à avancer sur le chemin. Le sphinx punit aussi la curiosité. La Papesse le retient, mais si la réponse n’est pas juste, elle le lâche.
A partir du moment où on a dépassé le seuil du Bateleur on est déjà au point de non retour, c’est-à-dire qu’il faut arriver à un niveau de connaissance supérieure pour affronter la Papesse car c’est un affrontement. La curiosité est ici absolument mortelle, car si on tente de soulever le voile qui se trouve derrière elle sans que l’on ne soit prêt, elle lâche le sphinx qui, selon l’antiquité, dévorait ceux qui n’avaient pas répondu à l’énigme. C’est pour cela qu’être prêt signifie être conscient, c’est-à-dire avoir déjà la maîtrise de ses vies antérieures. Il est malsain de les rechercher tant qu’elles ne se révèlent pas par elles-mêmes, et on n’est pas prêt à affronter la Papesse ou le sphinx tant que l’on n’a pas la maîtrise et la préparation suffisante ; l’occulte est une voie dangereuse. Il faut connaître le B.A. BA de l’occultisme, bien sûr. Il faut savoir que quand on entre dans une forêt on est dans le domaine des élémentaux de l’air, les sylphes, quand on entre dans la mer ou la rivière, on est chez les ondins, etc… De même que vous dites bonjour en entrant dans une maison, il faut vous mettre en état de réceptivité, de politesse quand vous entrez dans un domaine qui n’est pas le vôtre. Le gardien du seuil exige la connaissance et surtout l’humilité. Quand on aborde le Principe féminin ce doit être avec humilité et toute recherche de connaissance, que ce soit une entrée dans un mouvement spirituel, une recherche personnelle, la démarche doit être faite avec humilité et de façon non intellectuelle.
La Papesse tient dans la main deux clés, une clé d’or et une clé d’argent. La clé d’or c’est la croix ansée égyptienne, qu’on appelle ANKH. C’est le symbole alchimique du soufre qui est contenu dans le pène de la clé : le triangle noir, pointe en haut avec la croix en dessous, forme le pène de la clé d’or. La clé d’argent est trifoliée en forme de trèfle, les trois feuilles rappelant les trois vertus par lesquelles on doit progresser : la foi, l’espérance et la charité.
Symbolisme de l’or et de l’argent.
La clé d’argent représente l’exotérisme et la clé d’or l’ésotérisme. L’exotérisme c’est la voie officielle de n’importe quelle religion qui est obligatoire, parce que pour arriver à l’ésotérisme, c’est-à-dire à l’intérieur de cette voie officielle et au-delà, il faut passer obligatoirement par l’extérieur. La clé d’argent, foi, espérance, charité, les trois vertus théologales par lesquelles on doit arriver à la perfection, qui doit nous faire déboucher, après différentes vies, sur la Gnose, la Tradition, la Vérité. A ce moment-là on atteint la clé d’or. La Papesse tient les deux en main parce qu’elle est maîtresse des deux. Le Pape est maître des exotéristes et l’Ermite maître des ésotéristes. La Papesse est maîtresse des deux, c’est-à-dire de L’Hermétisme.
Il en découle que si l’on veut travailler sur soi-même, il faut passer par une éducation religieuse officielle. Puis, quand les temps seront venus, on accède à l’ésotérisme, c’est-à-dire à la clé d’or qui a un pène triangulaire symbolisme du soufre, c’est-à-dire de purification.
La Papesse tient de l’autre main le livre des existences, le livre des réincarnations. Elle ne le lit pas parce qu’elle le connaît par cœur. C’est le livre de la Connaissance. Dans le Wirth elle tient du doigt une page à un certain niveau, c’est l’endroit où on se trouve dans son évolution quand on la rencontre. Sur la couverture du livre il y a le symbole du Tao (point noir à l’intérieur de l’espace blanc et le point blanc à l’intérieur de l’espace noir). Le Taoïsme est la recherche de la Vérité par le vide. Dans chacune des deux énergies, il y a le point contraire, ce qui rappelle le damier du sol. La Papesse est la maîtresse des incarnations.
Quand on arrive à ce niveau d’intuition et de compréhension, tout casse souvent autour de soi, les amis partent, le couple éclate si l’autre n’est pas prêt. Vous pouvez alors choisir de vous arrêter (il faudra recommencer plus tard et vous serez confronté au même problème) ou de continuer et vous laissez derrière ceux qui ne peuvent pas suivre. La Papesse est assise devant un rideau tendu entre deux colonnes. Toutes les colonnes du Tarot ont une terminaison différente et chaque terminaison a une signification. Les colonnes symbolisent le passage du profane au sacré. La Papesse garde le seuil du sacré. Elle est assise devant le rideau : rideau du Temple de Salomon qui s’est déchiré à la mort du Christ. Au moment où il a rendu le dernier soupir, il a repris le karma général sur lui et le rideau s’est déchiré. En attendant, le rideau n’a pas à se déchirer. C’est la Papesse, c’est-à-dire votre degré d’assimilation qui doit vous l’ouvrir ou non, mais ne cherchez surtout pas à l’entrouvrir par curiosité, puisque la loi est la loi, quelle que soit votre motivation, elle est impitoyable, soit sous forme de crise psychiatrique, soit sous forme de « vocation sacerdotale » un petit peu difficile et rapide. Mais de toute façon vous avez pénétré le monde sacré, vous êtes passé derrière les colonnes, par conséquent on ne peut pas revenir.
La colonne de droite rouge est à gauche sur la lame (il faut les voir depuis l’extérieur du Temple) et celle de gauche, bleue, est à droite sur la lame. Passées les deux colonnes, on est à l’intérieur du temple. Elles rappellent des deux colonnes du Temple de Salomon dont Hiram était architecte. Elles ont été surnommées en hébreu Joachim et Boaz, ce qui signifie : Je maintiendrai par la force.
La colonne rouge, à droite, à partir du temple, représente l’action.
La colonne rouge, l’élan vital, a pour symbolisme le soufre qui purifie.
La colonne bleue, à gauche, la sagesse, représente l’inaction, la passivité, c’est le côté féminin, c’est Boaz, c’est Mercure qui prend la forme du récipient dans lequel on le met (pas comme le soufre). Le soufre a purifié. Le mercure, c’est la force et l’amour. Ceci est de l’alchimie pure que vous trouverez dans tous les symboles universels. Pourquoi deux colonnes ? parce que c’est la dualité, le côté masculin et le côté féminin. De cette dualité découle la création toute entière. S’il n’y avait pas dualité, s’il n’y avait pas la force avec la colonne de droite, la force qui féconde, s’il n’y avait pas la stabilité, le maintien avec la colonne de gauche, il n’y aurait pas de monde, il n’y aurait pas de création. Ces deux colonnes sont le symbole de la verticalité (la croix est le point de rencontre entre l’horizontalité et la verticalité) et une colonne verticale sur le sol horizontal représente aussi le symbole de la croix. C’est vous dire l’importance de tout ce qui est colonne, clocher, obélisque, bâton, tout ce qui est érigé, qui s’élance droit du sol. Tout ce qui est pointu, posé droit sur le sol reste un symbole phallique. Les Égyptiens construisaient des obélisques qui étaient symbole du phallus en érection dirigés vers l’orient de façon à recevoir les premiers rayons du soleil qui passaient par l’obélisque pour féconder la terre. Toute colonne, à partir du moment où elle n’a pas été déplacée dans un siècle d’ignorance (c’est le cas des obélisques égyptiennes de Rome) sont toujours orientées vers le lever du soleil. Les deux colonnes ici sont la représentation iconographique de ce symbole de fécondation entre le ciel et la terre, entre le sacré et le profane. Elles sont trois anneaux d’or qui symbolisent les trois mondes, les trois états de la matière, et qui symbolisent une sorte de frontière entre le sacré et le profane. Suivant votre niveau, les anneaux d’or remontent ou redescendent, c’est nous-mêmes qui les déplaçons au fur et à mesure que nous avançons.
Au faîte de chaque colonne, des fleurs de lys, symbole occidental de l’initiation. La fleur de lys est le symbole de la France et le symbole de Florence. Ce sont deux endroits du monde où il y eut initiation et connaissance. Je rappelle que les quatre grandes époques de connaissance ont été en Grèce, le Siècle de Périclès, à Rome, le Siècle d’Auguste, Le quattrocento italien où la fleur de lys est apparue et le siècle de Louis XIV en France.
Le voile qui est derrière la Papesse, c’est elle qui le soulève quand vous êtes prêts. Il est blanc, symbole de pureté et d’invulnérabilité, il est jaune de l’autre côté, couleur de la mort, parce que cela passe par toutes les incarnations successives, c’est-à-dire mort et renaissance.
La Papesse est la figure sacrée que rencontre le Bateleur au début de son chemin. Il est obligé de passer devant elle sans pouvoir s’adresser à elle, car elle est absolument impénétrable. C’est l’Impératrice que représente la lame 3, c’est-à-dire l’intelligence, qui va le prendre en mains, qui va être le premier maître du Bateleur. Le Bateleur, c’est un petit initié qui a pouvoir sur le monde, sur les éléments qu’il a devant lui, et au moment où il est prêt, on le fait passer devant la Papesse. C’est une initiation : où il s’arrête devant la Papesse, il s’arrête et comprend, où il veut regarder derrière le voile et, à ce moment-là, il perd ses pouvoirs et recommence dans une optique qui n’est pas celle qui serait souhaitable (ses pouvoirs seront utilisés du mauvais côté).
QUESTIONS :
Q : Les symboles ne sont pas les mêmes sur le Tarot de Marseille et sur le Wirth ?
R: Le Tarot de Marseille a été dessiné en 1930 par Paul Marteau d’après le Conver dont l’original est conservé à la Bibliothèque Nationale. C’est le premier jeu de Tarot dont on ait retrouvé l’original, un des jeux qui était chez Conver, maître cartier, à Marseille.
Q : Le livre du Tarot d’Oswald Wirth édité chez Tchou est entièrement maçonnique.
R: Les symboles maçonniques du Wirth sont d’origine juive et égyptienne, tandis que les symboles du jeu dessiné par Stanislas de Guaita avant sa rupture avec le Wirth sont d’origine pythagoricienne, gnostique, égyptienne, rosicrucienne.
Q : Vous avez dit tout à l’heure que l’expérience qu’on a acquise n’est pas perdue mais que cela peut être utilisé dans un mauvais sens. Comment peut-on s’en sortir ?
R: Il faut que nous fassions toutes les expériences. De même qu’au niveau des incarnations nous sommes tantôt homme, tantôt femme, parce que l’homme doit faire l’expérience de l’enfantement et la femme l’expérience de la conception. Toutes les expériences doivent être faites parce qu’il n’y a ni bien ni mal, il n’y a qu’un chemin. J’ai expliqué l’autre jour qu’il n’y avait que de la magie, il n’y avait ni blanc ni noir, il n’y a que des techniques pour faire arriver des choses, c’est l’intention qui donne le résultat. La Papesse, c’est le karma, mais il ne faut pas voir le karma sous un aspect très simpliste (vous avez fait ceci dans une vie, vous avez donc cela à faire dans l’autre), la notion de karma individuel ou de karma collectif est subtile. Exemple : une Société veut construire une ligne ferroviaire. Auparavant, elle fera une étude des demandes pour savoir combien de personnes sont susceptibles d’emprunter la ligne. En tant qu’utilisateur éventuel de cette ligne vous entrez pour quelque chose dans la construction de ce chemin de fer, même si vous ne l’utilisez qu’une fois. Si un jour il y a un accident, qui est responsable en dehors des problèmes juridiques ? Vous êtes aussi responsable. C’est cela le karma. Nous portons tous sans exception une portion infinitésimale de karma collectif, c’est-à-dire que ce qui se passe au Liban, au Tchad ou ailleurs, nous en sommes responsables, parce que nous avons voté pour telle personne, parce que nous faisons partie d’un système aux lois duquel on ne peut pas se soustraire sinon c’est une réaction de fuite ou de refus. Au niveau du karma individuel, c’est à peu près comme cela, chacune de nos pensées, chacune de nos pulsions, chacune de nos impulsions produit ce qu’on appelle une forme pensée. C’est une vibration qui devient une entité. Chaque fois que vous produisez une pensée, que vous faites une action, que ce soit plus ou moins, tout cela va s’accumuler pour former le karma suivant et revenir à la mémoire (disent certaines traditions) au moment de la mort. Cela rentre dans la sphère occulte : toutes les mauvaises pensées vont dans le bas astral et flottent autour de vous, les bonnes passant à l’actif. Mais attention, il ne faut pas faire le pari de Pascal, il faut que cela soit sincère et pas intellectuel. La Papesse, c’est la maîtresse de l’occulte, c’est elle qui forme l’égrégore que vous avez fourni, cet égrégore de pensées que vous formez autour de vous, qui sont discernables dans votre aura par certains spécialistes. C’est vous qui faites vos incarnations, c’est vous qui faites vos vies. Rien n’est jamais écrit. Au plan du karma collectif, il y en a un qui reste très présent, c’est le karma du peuple juif. Il y a aussi le karma des peuples d’Asie du Sud-est (Vietnam, Cambodge, Indochine). Chacune des personnes qui est persécutée, qui meurt de faim, qui est exécutée, émet des vibrations, des vibrations qui deviennent collectives puisqu’elles forment un égrégore. Toute exécution engendre une émission de pensées qui viennent se rejoindre dans la sphère occulte. Imaginez les vibrations en retour que cela vous envoie. C’est pour cela qu’il y a une obligation absolue : ne pas juger, même l’Ayatolah, même Klaus Barbie, ils ont été les instruments d’une expérience que nous avions à faire. Il faut « faire avec », ne jamais juger parce que dans la pire des crapules il y a du bon. Même Hitler avait une âme. Ma première réaction est une réaction de révolte, les camps de concentration n’ont pas été une partie de plaisir pour ceux qui les ont vécus. Je peux vous donner un exemple personnel d’une cliente venue en consultation qui avait été déportée comme résistante pendant quatre ans et qui m’a dit être heureuse d’avoir vécu cette expérience humaine, d’avoir vécu cet état de dénuement, de dépouillement total où il n’y a plus pour exister que la solidarité, l’amitié et l’antipathie, les rapports avec le dominant, c’est là qu’on retrouve l’homme à l’état pur. On ne peut s’en tirer qu’en aidant les autres.
Pythagore : « Ne te révolte pas contre ton destin car il contient un enseignement que seule l’acceptation révèle ».
Vivekananda raconte par parabole à ses disciples cette histoire : un jour qu’il passait dans un chemin, un serpent lui dit : Maître, tu dis qu’il faut être gentil, mais les enfants me jettent des pierres. Forcément, dit Vivekananda, tu siffles, tu sors tes crocs et ton venin, tu te révoltes. Une autre fois, Vivekananda repasse dans ce chemin et trouve le serpent amaigri. Le serpent explique : au lieu de répondre aux attaques des enfants, je me suis caché dans mon trou. Vivekananda lui dit qu’il n’a rien compris, qu’il ne doit pas mordre les enfants, mais se défendre et chercher sa nourriture, se battre pour soi-même parce que de ses propres vibrations dépend toute l’humanité.
Q : Est-ce que dans le Tarot hindou de 17 lames on trouve les mêmes symboles ?
R : Le Tarot hindou n’existe pas. Il n’y a de Tarot qu’occidental. Le Tarot hindou a été dessiné par Madame Indira, épouse d’un diplomate français. Mais il n’y a de Tarot qu’occidental parce que c’est pythagoricien, c’est toute la gnose. Cela n’empêche pas de déborder sur l’Orient, puisque la Tradition est une, mais comme l’Orient a été super informé et qu’il n’a pas été persécuté de la même façon, il n’avait pas besoin de Tarot.
Q : Ce qu’il y a d’inquiétant, ce sont ces pensées trop rapides qui se répercutent.
R : Ça, c’est la loi du monde. Tout est nombre, tout est vibration, a dit Pythagore. La loi des causes et des effets est entièrement vibratoire. C’est la Papesse qui garde ces secrets des causes et des effets. Il y a des techniques pour ralentir le flot des pensées, comme le Yoga. C’est une façon d’être et un travail sur soi-même.