Le yoga tibétain Par Chhimed Rigdzin Rinpoche

(Revue Le Chant de la Licorne. No 25. 1988) Le Yoga tibétain est fort peu connu en Occident. Ceci est sans doute dû au fait que les enseignements qui s’y rapportent sont habituellement transmis secrètement, dans un rapport intime de maître à disciple. C’est la raison pour laquelle le texte qui suit est exceptionnel. Jamais […]

(Revue Le Chant de la Licorne. No 25. 1988)

Le Yoga tibétain est fort peu connu en Occident. Ceci est sans doute dû au fait que les enseignements qui s’y rapportent sont habituellement transmis secrètement, dans un rapport intime de maître à disciple. C’est la raison pour laquelle le texte qui suit est exceptionnel. Jamais publié, il correspond à un enseignement ésotérique, éminemment pratique, transmis par un maître de la plus ancienne école du Bouddhisme tibétain. C’est pourquoi aucune modification n’a été réalisée, afin de ne pas en altérer le sens profond et les différents niveaux de lecture.

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Avant de commencer les exercices de yoga, il est essentiel de lire le bref «Padmasambhava sadhana», afin de prier Padmasambhava d’apaiser l’esprit. Avec d’autres préliminaires, les postures et respirations restent tendues. Et si l’on ne réussit pas à apaiser l’esprit, faire des exercices physiques n’a pas beaucoup de sens: même si l’on contrôle parfaitement le corps, on n’obtient pas nécessairement de résultats. Par contre, il est possible d’atteindre l’éveil en contrôlant l’esprit et sans exercices physi­ques.

C’est le corps qui prend les postures, mais les ordres suivant lesquels le corps se meut viennent de l’esprit. Si l’esprit est pu­rifié, la parole et le corps deviennent purs également. Avoir un corps pur signifie que l’on guérit de ses vieilles maladies, sans en contracter de nouvelles. Lors du décès, les os, la chair et le sang deviendront une forme de lumière pure. Si l’on pratique ce yoga sérieusement, on se trans­forme avec certitude en un corps de lumière (et non pas en un corps d’arc-en-ciel – pour cela, il faut pratiquer le Dzog-Chen).

CORPS, PAROLE, ES­PRIT

Le yoga du corps

La posture principale du sys­tème de méditation supérieur est la posture des sept Vajra, qui pré­sente les sept aspects suivants:

1) On s’assied dans la pos­ture du lotus complet. Le pied gauche est posé sur la cuisse droite et le pied droit sur le mollet gauche. La jambe droite est sur la jambe gauche.

2) Les mains sont posées sur les cuisses, devant le ventre, la droite sur la gauche; les pouces se frôlent.

3) Le dos est droit.

4) Le menton est abaissé, légèrement en retrait, environ 12 centimètres au-dessus des clavi­cules.

5) La bouche est légère­ment ouverte, les dents ne se touchent pas.

6) La pointe de la langue touche l’avant du palais, juste derrière les dents.

7) Le regard est dirigé vers un point à environ un mètre du sol, devant soi.

Si vous pratiquez cette pos­ture, votre corps devient aussi fort qu’un diamant, et les diamants sont tenus pour indestruc­tibles.

Dans les temps anciens, un bouddha qui pratiquait cette pos­ture vivait d’une cuillerée de yo­ghourt par jour, et ses os deve­naient aussi résistants que du diamant. Le diamant peut couper tous les matériaux, mais aucun ne peut couper le diamant. De plus, on ne peut fabriquer artificielle­ment de tels diamants (les dia­mants artificiels ne sont pas aussi résistants).

Cette posture est très stable et le pratiquant ne peut tomber sur le côté. Lors de la pratique de cette posture, aucune difficulté ne peut distraire le yogi. Les mains reposant sur les cuisses, les coudes comme des ailes, on ne s’affaissera pas et l’esprit ne deviendra pas stupide. Le men­ton en retrait évitera au yogi de s’endormir. La bouche légère­ment ouverte et les dents desser­rées permettront aux relents de l’estomac de s’échapper et toute difficulté à cet égard cessera. Le regard fixé sur un point (objet), l’esprit ne vagabondera pas, tout comme lorsqu’on admire avec attention une fleur, une voiture ou un autre objet.

Restez dans cette position pendant 3, 5 ou 10 minutes et pensez que votre corps devient comme un Vajra ou un diamant. Si vous visualisez cela et si vous y croyez fermement, vous ne ren­contrerez aucun obstacle dans votre pratique. Un jour, quel­qu’un a voulu mettre à l’épreuve les capacités d’un yogi en lui ti­rant dessus. Mais ce dernier n’a pas été blessé et la balle s’est noircie.

Visualisez votre corps sous la forme d’un Vajra de diamant dont quatre pointes montrent les quatre directions et la cinquième est dirigée vers le haut.

La pointe vers le haut symbo­lise l’espace naturel (Dharmadhatu – dharma signifie «nature», dhatu, «espace»). Tous les êtres humains, tous les êtres sensi­bles, tous les objets matériels sont impermanents et, de ce fait, vide, espace. Celui qui réalise cette vérité et possède cette sa­gesse a réalisé la sagesse natu­relle (Dharmajnana – dharma signifie «nature» et jnana, «sa­gesse»; en tibétain : Chho dYings Yeshe). La compréhension de cette notion est importante, du fait que les êtres ne sont pas purs, mais sont affligés des cinq poisons (kleshas) que sont l’ignorance, la colère, le désir, la jalousie et la fierté. Si vous vous êtes purifié de ces cinq émotions négatives, vous avez atteint l’éveil.

Les gens parlent ordinaire­ment en termes de «je» et «tu», «mien» et «tien». Mais si l’esprit est pur, il ne fait plus cette dis­tinction dualiste et ne parle plus de «son» esprit. La véritable na­ture de l’esprit est la sagesse, la conscience, mais on ne la recon­naît pas, du fait que l’esprit est recouvert d’ignorance, comme une bougie sur une table que l’on recouvre: on ne la voit plus, bien qu’elle soit toujours là.

Lorsque l’esprit est impur et que vous voyez quelque chose que vous voulez pour vous-même, cela est un désir. Si quel­qu’un d’autre obtient ce que vous désirez, cela devient de la jalou­sie. Et parce que l’on n’obtient pas ce que l’on désire, on se met en colère. Cela peut aller jusqu’à voler ou tuer. Lorsqu’en revan­che on a tout ce qui est désirable (une belle voiture, une belle femme, de beaux habits…) et qu’on voit des gens qui n’ont rien, ou moins que soi-même, l’ego se renforce. L’avarice vient aussi de l’ignorance, mais si cette igno­rance est purifiée, se développe la sagesse naturelle.

La pointe ouest représente le poison (klesha) du désir. Lors­qu’on en est purifié, la sagesse de la clairvoyance (pratita jnana) se révèle. Le bouddha associé à cette sagesse est Amitabha et son activité est la force irrésisti­ble.

La pointe sud représente l’ego et la fierté. Lorsqu’on en est purifié, la sagesse de l’égalité (samantha jnana) se révèle. Elle est associée à Ratnasambhava. Il voit clairement ce qui est bien et ce qui est mal, mais tout est égal devant lui. Son activité principale est la croissance, la longévité, la fortune, la renommée, etc.

La pointe est représente la colère. Lorsqu’on en est purifié, la sagesse miroir (adarsha jnana) se révèle. Elle est associée à Vajrasattwa ou Akshobia qui voit clairement ce qu’il faut faire. Son activité est essentiellement paci­fiante.

La pointe nord représente la jalousie. Lorsqu’on en est purifié, la sagesse omnisciente (amoga-siddhi jnana) se révèle et l’on voit clairement ce qu’il faut faire au bénéfice des êtres. Le bouddha associé à l’activité destructrice est Amogasiddhi. Sont principa­lement détruites les décisions erronées et les mauvaises pen­sées, et non les formes matériel­les.

Le haut du diamant repré­sente le principe masculin, le bas le principe féminin.

Lorsque vous commencez à pratiquer, visualisez votre corps dans la forme de la lettre HUNG en bleu.

HUNG est le symbole de l’esprit des bouddhas et bodhi­sattvas. Par cette visualisation, vous obtenez la force et per­sonne ne sera capable de vous détruire. Les pensées qui montent pendant votre méditation ne vous dérangeront pas. Pensez que votre corps n’est pas diffé­rent de celui d’un bouddha ou d’un bodhisattva. Alors votre effort donnera rapidement des ré­sultats. Vous pouvez aussi visua­liser le HUNG dans le centre du diamant, mais le débutant devra visualiser d’abord son corps sous la forme de HUNG.

Chantez ensuite HUNG sept fois, quatre fois long et trois fois court, puis faites le Moudra du diamant:

Vous mettez les mains sur votre tête en disant HUNG et en pensant que vous allez recevoir la bénédiction de tous les corps des bouddhas et bodhisattvas.

Puis vous mettez vos mains à la gorge en disant HUNG et en pensant que vous allez recevoir la bénédiction de toutes les paroles de tous les bouddhas et bodhi­sattvas.

Enfin, vous mettez vos mains devant votre cœur en disant HUNG et en pensant que vous allez recevoir la bénédiction de tous les esprits de tous les boud­dhas et bodhisattvas.

Le yoga de la parole

La langue est une toute pe­tite partie de notre corps, mais si elle n’est pas pure, elle peut faire beaucoup de mal. On peut insul­ter, mentir, ordonner de tuer, etc.

Visualisez sur la langue la lettre AH en rouge. Depuis le AH, le feu rayonne. Dans le centre du AH se trouve le diamant aux trois pointes et, dans celui-ci, le mantra. Des rayons blancs en sortent, en offrande à tous les bouddhas et bodhisattvas. La lumière revient et fond sur la langue. Ainsi l’on reçoit la bé­nédiction de tous les bouddhas et bodhisattvas. Chantez ensuite le AH huit fois en tenant les mains devant la gorge, les pau­mes vers le haut, les doigts écar­tés comme un lotus à huit péta­les.

Puis, récitez le mantra im­muable des consonnes et voyel­les sanscrites que le Bouddha a donné dans le Soutra Lankavatara au Sri Lanka. Avec ces 16 voyelles et ces 33 consonnes, on peut écrire toutes les langues du monde.

a ah i i ou ou ri ri li li é é o o am ah ka kha ga gha nga tsa tsha dsa dsha nya ta tha da dha na pa pha ba bha ma ya ra la wa cha ja sa ksa.

Ensuite, vous récitez le «Ye Dharma» :

YE DHARMA HE DU PRA BHA WA HE TUN TE CHAN TA THA GA TO HAY VA DA TA TECHAN TSA YO NI RO DHA E VAM VADI MANA

SHRA MA NA SVA HA.

Tous les phénomènes ont une cause. Sans cause, il n’y a pas de phénomène. Bouddha a dispensé un enseignement ex­haustif sur les causes. Qui peut faire cesser les causes ? Elles peuvent être arrêtées par les grands sages.

Le yoga de l’esprit

L’esprit vit dans la poitrine. Visualisez la lettre OM en bleu. D’elle sortent des rayons bleus et nous les offrons à tous les bouddhas et bodhisattvas. Ils les retournent avec une grande bénédiction et nous devenons capables de comprendre la na­ture de la vacuité. Alors chantez OM cinq fois, les mains formant le mudra du diamant. Votre corps, votre parole et votre esprit deviennent purs. Visualisez que leur nature est vacuité, la nature de tous les bouddhas et bodhi­sattvas, de tous les êtres sensi­bles et du monde entier. Puis, la lumière rayonne vers tous les êtres sensibles. Leur esprit de­vient paisible.

En récitant ce mantra 100, 50, 21 ou 7 fois, on évite de contracter de nouvelles maladies. Il est recommandé de pratiquer quotidiennement le OM, AH, HUNG, HRI et les voyelles et consonnes sanscrites, car cela affecte le corps entier. Après une certaine pratique, le mantra se déplacera dans le corps selon les besoins. On obtient ainsi la capacité de méditer sur son corps, sa parole et son esprit, comme impermanents et vides. Après une longue pratique, on sera libéré de toute la misère du monde.

LAMAI NELDJOR (bLa Mai rNal aByor) : LE GOUROU YOGA

Le Gourou Yoga est une discipline qui éveillera la nature de votre esprit et renforcera votre condition physique.

Premier exercice : Lorsque vous, le yogi, vous allez vous coucher le soir, visualisez un AA blanc à l’emplacement de votre cœur ou sur votre front. Si vous pratiquez cette visualisation, vous ne dormirez pas très profondément, mais après un sommeil léger, vous vous réveillerez facilement. Vous devriez vous réveiller après cinq heures de sommeil, sauf si votre maître l’indique autrement, selon votre santé.

Deuxième exercice : À votre réveil, visualisez votre maître très haut au-dessus de vous. Si vous n’avez pas une totale confiance en lui, visualisez Padmasambhava. Il a la forme du Herukapa. Sa main droite tient un tambourin à main (Damaru), et la gauche une cloche. Son visage est calme, son corps est blanc. Se tenant debout et faisant sonner la cloche, il vous dit : « Eh, yogi ! Tu as dormi longtemps ! C’en est assez ! Il faut que tu te réveilles et que tu t’exerces ! Sinon, tu devras renaître encore et encore dans cet univers, qui parfois ressemble à un endroit agréable, mais qui présente aussi des recoins pleins de difficultés. Il faut que tu en sortes, que tu te libères ! Et pour réaliser cela, il faut que tu t’exerces. »

Ensuite, méditez et visualisez de cette manière, et pratiquez de même les postures suivantes:

Posture 1: «O Maître, divinités et dakinis, je vous adresse ma prière. Mon Maître-racine, tu n’es pas différent de Shrivajradhara et tu as la nature des cinq corps et des cinq sagesses. Dans toutes mes vies futures, tu ne dois pas te séparer de moi. Je t’en prie, soutiens-moi de ta com­passion et je te servirai et te ferai plaisir avec mon corps, ma parole et mon esprit. Je t’en supplie, donne-moi ta bénédiction pour que cela se réalise.»

Posture 2: «Il est si difficile d’obtenir un corps humain, car, comparé au nombre d’êtres hu­mains, il y a dans ce monde un nombre incalculable d’êtres sen­sibles. Maintenant que j’ai ce corps, il faut que j’utilise cette opportunité pour pratiquer le saint Dharma. Je ne connais pas le moment de la séparation de mon esprit d’avec mon corps. Je ne sais si je vivrai encore un jour, une semaine, un mois ou plus. Car le jour de ma mort dépend de mon karma (fruit, résultat de l’ac­tion), et je ne sais dans quel monde je renaîtrai (je pourrais naître dans un enfer chaud ou froid, dans un royaume d’esprits affamés où règnent la faim et la soif, comme une bête de somme, parmi les humains où l’on naît, vieillit, tombe malade et meurt, comme un demi-dieu toujours en bataille, ou comme un dieu pares­seux. Dans tous ces mondes il y a des épreuves). Aussi, je ne de­vrais pas alourdir mon karma, mais examiner mes actions soi­gneusement, car les bonnes ac­tions mènent au bonheur et les mauvaises au malheur. Sachant que les actions ont des conséquences, puissé-je toujours sur­veiller mon esprit afin d’éviter les mauvaises actions et n’en com­mettre que de bonnes.»

Posture 3: «Qui peut nous sau­ver de la misère de ce monde ? Seuls les trois joyaux le peuvent. C’est donc vers eux que l’on trouve refuge: Bouddha, l’ensei­gnant suprême, le saint Dharma qui est son enseignement et la sainte Sangha, union des amis qui nous aident à pratiquer le Dharma. Ce sont aussi les trois racines, du maître, de la divinité Deva et de la déesse Dakini; les trois Kayas (corps) : le Nirmana-kaya, existence corporelle ou émanation miraculeuse; le Dhar-makaya, existence naturelle, spi­rituelle; le Sambhogakaya ou existence céleste.

Donnez-nous votre bénédic­tion. Nous ne vous abandonnerons jamais, même au prix de no­tre vie. Moi et tous les êtres sen­sibles vous offrons nos saluta­tions et prenons refuge en vous.»

Posture 4: «Oh Maître, nous t’en prions, donne-nous ta béné­diction. Nous devons pleinement comprendre la pratique des sept règles de la cause et de l’effet selon l’essence de l’enseigne­ment du Bouddha Dipamkara:

  1. Nous devons compren­dre que tous les êtres sensibles ont été notre mère dans le passé et le seront dans le futur.

  2. Lorsqu’ils étaient notre mère, ils étaient très aimables envers nous.

  3. Nous devons leur ren­dre cette gentillesse.

  4. Nous devons aimer tou­tes nos mères.

  5. Nous devons avoir une compassion réelle pour toutes nos mères.

  6. Nous devons dévelop­per les deux pensées suprêmes de bodhicitta: tous les êtres sensibles doivent atteindre l’éveil et pour leur bénéfice, je dois déve­lopper la bodhicitta.

  7. Le fruit de ce travail sera l’éveil.

Que toutes mes mères soient libérées de cette misère qu’est l’océan du Samsara.»

Posture 5: «Nous t’offrons, ô grand Maître, le monde extérieur (terres, océans, plantes…) et tous les êtres intérieurs sensibles. Toutes les choses matérielles que nous possédons et toutes les personnes auxquelles nous som­mes liés (parents, enfants, mari, femme, etc.); ce qui est en nous (les skandhas, dhatus, et ayatanas), ainsi que le mandala très heureux que représente notre esprit (rigpa) qui est sans début ni fin et ne se situe nulle part. Nous devons reconnaître notre esprit, sa sagesse première et spontanée, et le fait qu’il n’est pas différent du vide. Tout ce que nous possédons, et tout ce que nous ne possédons pas, nous le créons avec notre esprit. Grand Maître, père des Jinas (Boud­dhas), donne-nous ta bénédiction afin que nous soyons capables de t’offrir tout cela.»

Posture 6: Il nous faut compren­dre clairement tous les objets et sujets et leur vacuité naturelle. Le monde extérieur et le monde intérieur paraissent vraiment exister, mais ils sont vides. Tous les phénomènes intérieurs et ex­térieurs, créés par notre esprit, ne sont qu’illusion. Notre esprit les nomme et pense qu’ils sont réels. Mais ils n’ont aucune réali­té. Lorsqu’on comprend cela, l’ego cesse d’exister et nous pou­vons offrir notre corps à quatre classes d’invités: les trois joyaux (ramas), Bouddhas et invités su­périeurs; les invités de bon ni­veau; les êtres sensibles; tous les êtres qui doivent emprunter et rendre. O Maître, donne-nous le pouvoir d’offrir notre corps à ceux des deux premières classes et d’offrir des présents à ceux des deux dernières classes afin qu’ils soient satisfaits.

Ces deux dernières postu­res permettent l’accumulation du mérite moral et l’apprentissage de la conscience. «S’il te plaît, donne-nous la force d’accomplir cela.»

Posture 7: Au milieu d’une lu­mière arc-en-ciel, sur des cous­sins de lotus, la lune en face de nous, se trouve notre maître sous la forme de Dorje Sempa. Il est de couleur blanche et a un seul visage. Il tient un vajra dans la main droite devant son cœur, et une cloche dans la main gauche sur ses genoux. Il est assis en demi-lotus. Dans son cœur, sur un coussin de lotus et de lune, se trouve la lettre AH ou HUNG en blanc. Autour d’elle évolue le mantra aux cent syllabes.

Nous confessons toutes les mauvaises actions que nous avons commises dans le passé et nous nous repentons de tout no­tre cœur. Nous promettons de ne plus commettre de mauvaises actions dans le futur. Lorsque nous pratiquons le Dharma ou lorsque nous médi­tons, nous nous purifions de nos péchés et de nos obscurcisse­ments.

Cette pratique réjouit Dorje Sempa. De son corps, par le gros orteil du pied droit, du nectar coule dans le sommet de notre tête. Ce nectar remplit entière­ment notre corps et nous purifie de nos péchés et de nos obscur­cissements.

Posture 8: «O mon Maître ra­cine, ta nature est celle de Samantabhadra, Heruka, Vajradhara, la source de toute grâce. No­tre forme vide est celle de Samantabhadhri, Badrika et Vajrayogini. Ces deux formes ne sont pas différentes l’une de l’au­tre. O maître, puissions-nous, par tes doctrines secrètes, obtenir la grâce et comprendre les innombrables enseignements secrets de notre corps, de notre parole et de notre esprit.»

Posture 9: «O Maître, ton corps est l’équivalent de la Sangha. Tu es l’enseignant, le Bouddha. Ta parole pacifie, apaise les causes et les effets. Tu n’es pas différent des trois joyaux infaillibles. Je t’en prie, sauve tous les êtres sensibles, enseigne-leur afin qu’ils puissent pratiquer le Dhar­ma, offre-leur ta compassion et enseigne-leur les doctrines du Dharma.»

Posture 10: «O Maître, tu es la maison du trésor de la bénédic­tion. La divinité est la source iné­puisable des résultats excellents. La déesse Dakini éloigne tous les obstacles. Précieux et tant ai­mable Maître-racine, tu es le modèle des trois racines qui les inclut toutes. Je t’en supplie, donne ta bénédiction afin que j’at­teigne l’éveil.»

Posture 11: « O Maître, la nature intrinsèque de ton esprit est le corps naturel (Dharmakaya). La qualité naturelle de ton esprit qui surgit sans effort est le Sambhogakaya. Ta compassion qui pénè­tre partout est le Nirmanakaya. Toi, le modèle de ces trois Kayas, donne-moi ta bénédiction. Je t’en supplie, enseigne-moi directe­ment afin que je réalise ma pro­pre nature de Bouddha.»

Posture 12: «O Maître, tu es semblable à Manjushri et tu dé­tiens la connaissance des trois temps (présent, passé et futur) . Tu es comme Chenrezi qui a de la compassion pour tous les êtres sensibles. Tu es comme Vajrapani avec le plein pouvoir sur tout. Je t’en supplie, donne-moi con­naissance et conscience. Donne-moi ta compassion et enlève de moi tous les péchés (kleshas). Donne-moi le plein pouvoir, afin que je puisse travailler pour le bien de tous les êtres.»

Posture 13: «O Maître, tu es l’émanation de tous les Boud­dhas et Bodhisattvas. Tu es leur régent. Tu es la source de l’ensei­gnement de la grande doctrine qui peut me permettre d’obtenir l’état de Bouddha dans le futur.»

Posture 14: En général, on s’imagine le paradis Zangdopalri ou un autre lieu pur en dehors de soi-même. On voit plus particu­lièrement la cité des Dakinis dans son corps. Secrètement, dans notre esprit et par la visuali­sation par laquelle la félicité et la vacuité sont inséparables dans l’espace naturel du Dharmata, et encore plus secrètement dans notre esprit, qui est primordialement sagesse depuis l’origine, existant, s’élevant, se libérant par lui-même et de grande béatitude, tu es le roi de la non dualité, libé­ré du samsara et du nirvana. Tu es le chef des Dakinis et ton nom est Pema Jungnae, Vajradhara dans lequel les trois Kayas sont inséparables. Nous te supplions, donne-nous ta bénédiction.

Posture 15: «Tu es le grand Vajradhara possédant la nature des trois Kayas. Nous t’en supplions, donne nous ta bénédiction. Par ta puissance, puissions-nous voir ton visage directement dans cette vie. Puissions-nous être purifiés de nos péchés et com­prendre notre vrai visage, l’origi­nel, l’état naturel primordial ».

PHOWA (transfert du principe conscient au moment de la mort).

Posture 16: Quand nous mour­rons, puissent des multitudes de Viras et Dakinis nous jouer de douces musiques, chanter des chants mélodieux et danser avec bonheur. Tenant des tambourins (Damarus) et de nombreux ins­truments de musique, puissent-ils nous guider vers le paradis Zangdopalri ou un autre lieu pur.

Posture 17: Aussitôt que nous arriverons là, puissions-nous voir ton visage (Padmasambhava) et entendre ta voix, puissions-nous recevoir toutes tes instructions. Puissions-nous ensuite parcourir les chemins et franchir les étapes amenant à ton état de Vidyadhara. Devenant pareil à toi, puis­sions-nous œuvrer pour le bien de tous les êtres dans le samsara afin de les conduire dans le royaume de la pureté.

Posture 18: Du front, de la gorge et du cœur du Maître rayonne une lumière qui prend la forme des lettres OM, AA, HUNG. Elle s’absorbe en moi et je reçois pleinement les quatre initiations. Ainsi, je suis purifié de mes obscurcissements et les cinq Kayas, les cinq connaissan­ces suprêmes et vierges se mani­festent en moi. Maître précieux, entend-moi !

Posture 19: Et même s’il n’est pas possible d’atteindre Zangdopalri en une vie, que notre esprit se libère immédiatement dans le Dharmakaya. Puissions-nous ga­gner l’état de Sambhogakaya pendant le Bardo (état entre la mort et la renaissance), et puis­sions-nous renaître comme Nirmanakaya pour le profit de tous les êtres.

Méditons maintenant comme suit, en prenant autant de temps qu’il faudra, pour sentir réellement la réception de ces initiations et de ces investitures.

Posture 20: Sortant d’une lettre OM blanche sur le front du Maî­tre, des rayons de lumière blan­che fondent dans ton front, te purifiant des péchés et obscur­cissements de ton corps. La grâce (Byin-rLabs) du Corps (sKu) est obtenue. Tu as reçu l’initiation du pot (Bum-Pa). Ton corps a reçu le pouvoir de prati­quer la méditation du système de développement. Il est mainte­nant purifié et tu peux méditer sur lui comme sur une forme pure de la divinité. Tu as maintenant l’op­portunité de récolter la moisson du Nirmanakaya, et d’obtenir le Vajrakaya (un corps très solide, inaltérable et indestructible, comme un diamant). L’intérieur de ton corps s’emplit de rayons de lumière blanche. Médite sur cela pendant un moment.

Posture 21: Émanant d’une let­tre AA rouge, à la gorge du Maî­tre, des rayons de lumière rouge se fondent à ta propre gorge, te purifiant des impuretés de la pa­role. La bénédiction de la parole est obtenue. Tu as reçu l’initiation secrète (sSang-Ba). Ta parole a reçu le pouvoir de lire les mantras, de pratiquer les sadhanas et de faire de longues récitations de mantras. Tu as maintenant la possibilité de profiter des fruits du Sambhogakaya et tu peux ob­tenir la parole de diamant (Vajravak: c’est la voix la plus forte, à la­quelle tous se soumettent, comme le rugissement du lion. Ses paroles ne peuvent être alté­rées ou contestées). L’intérieur de ton corps s’emplit de lumière rouge. Médite ainsi pendant un moment.

Posture 22: Émanant d’une let­tre HUNG bleue sur le cœur du Maître, des rayons de lumière bleue fondent dans ton cœur, te purifiant des péchés et obscur­cissements de l’esprit. La béné­diction de l’esprit est obtenue (Thugs). Tu as reçu l’initiation de la sagesse fondamentale et su­prême (Sherab Yeshe). Ton es­prit a reçu le pouvoir de méditer sur la Joie et la vacuité Mahamoudra. Tu peux maintenant ré­colter les fruits du Dharmakaya, d’obtenir la Vajracitta (esprit in­vulnérable, totalement triom­phant, connaissant la nature de tout ce qui apparaît devant lui. C’est la force du Dharmadhatu Jnana). L’intérieur de ton corps s’emplit de rayons de lumière bleue. Médite ainsi pendant un moment.

Posture 23: Sortant encore du front, de la gorge et du cœur du Maître, des rayons de lumière blanche, rouge et bleue se fon­dent dans ton corps, dans ta pa­role et dans ton esprit, te donnant les bonnes qualités (Yonten) et activités spirituelles (Phrin-las). Tu reçois la quatrième initiation, celle du précieux symbole (Tshig). Tu reçois ainsi le pouvoir de méditer sur ton propre esprit en tant que vacuité et la clarté ap­paraît sans effort. Tu peux main­tenant obtenir l’inséparabilité des trois Kayas, le Svabhavikakaya, et tu as la chance d’obtenir les quatre Kayas. L’intérieur de ton corps s’emplit de rayons de lu­mière blanche, rouge et bleue. Médite ainsi un moment.

Posture 24: «O Maître, nous te prions de tout notre cœur. Tu es le Vajradhara, Seigneur des qua­tre Kayas, tu es les cinq Jinas, et possèdes une grande compas­sion et connaissance. Ton souve­nir dissipe toutes les misères, dif­ficultés mentales et soucis. Tu es identique à Padmasambhava, aussi, garde-nous comme disci­ples auprès de toi, sans jamais te séparer de nous, ne serait-ce qu’un instant. Accorde-nous tes bénédictions. Nous t’en prions, fais que nous soyons pareils à toi.»

DZOG CHEN

Posture 25: Tous les objets que l’on peut percevoir avec les yeux, le monde intérieur et extérieur, apparaissent comme réels, mais ils sont créés par notre propre esprit. Le sujet (l’esprit) autant que l’objet (ce qui est vu) sont purs et si le sujet est vacuité (sunyata) et l’objet est clair, tous deux sont identiques. Donne-nous ta bénédiction, afin que no­tre esprit soit libéré et purifié de toutes les afflictions (kleshas) comme le désir, la colère…

Posture 26: «O Maître, donne-nous le pouvoir de réaliser que tout ce que l’on peut percevoir par les oreilles, que ce soit agréa­ble ou non, est de la nature du vide. Puissions-nous rester dans l’état où les sons doux ou dés­agréables, les mots favorables ou défavorables ne sont pas consi­dérés comme réels. J’adresse ma prière à la Parole, son et va­cuité, du Jina, cette parole illimi­tée.»

Posture 27: Le mental génère un grand nombre de pensées qui proviennent des cinq poisons af­fligeants (kleshas). Puissions-nous rester dans l’état où l’on ne s’attache pas aux pensées du passé et où l’on n’accueille pas les pensées futures. Lorsque les pensées surgissent, il ne faut pas modifier son état d’esprit mais le laisser reposer naturellement. Il se libère alors dans le Dharmakaya et la conscience s’ouvre sur la sagesse. Accorde-nous cette réalisation.

Posture 28: «O Maître, donne-moi, je t’en supplie, ta bénédic­tion, afin que je puisse reconnaî­tre l’état naturel de mon esprit. Les objets qui surgissent dans mon esprit (vision, ouïe, odorat, goût, toucher) doivent devenir purs autant que le sujet (l’esprit) lui-même. La conscience de soi doit se libérer de toute interprétation. Puissent mon esprit et ce qui est perçu, sujet et objet, at­teindre leur propre forme libre et naturelle.»

Posture 29: «Par la pratique de ce yoga, puissions-nous, moi et tous les êtres sensibles, ne faire qu’un avec ta propre nature. Puis­sions-nous devenir paisibles et nous réjouir du bonheur dans ce monde. Alors, notre maître des­cend dans notre tête, puis dans notre cœur, et enfin l’esprit de Heruka et le nôtre deviennent in­séparables.»

EXPLICATIONS

Lorsqu’on pratique le yoga décrit ci-dessus, les postures re­présentent le yoga du corps. Lorsqu’on chante les mélodies, on pratique le yoga de la parole et lorsqu’on médite sur les textes, le yoga de l’esprit. En effectuant ensemble ces trois yoga, on per­cevra l’esprit vide comme le ciel, le son que l’on entend apparaîtra vide (comme un An-Scho) et le corps aura l’apparence d’un arc-en-ciel, comme un corps de lu­mière. À ce moment, on sentira que l’on ne peut pas tomber à terre ou s’immerger dans l’eau, mais que l’on a plutôt tendance à voler vers le ciel. Finalement, on obtient des résultats plus ration­nels, tels une longue vie sans ma­ladies et sans fautes. On aura une joie de vivre inébranlable et une foi authentique. On obtiendra aussi tout naturellement l’éveil, à moins que l’on ne soit destiné à renaître dans une vie suivante en tant que grand Bouddha, afin d’accomplir des actions dont bé­néficieront tous les êtres sensi­bles.

YOGA ET VIE QUOTI­DIENNE

Le yoga du sommeil

Avant de se coucher, il con­vient de faire dix prosternations: au Bouddha, au Dharma, à la San­gha, au Gourou, aux Devas, aux Dakinis, au Dharmakaya, au Sambhogakaya, au Nirmanakaya et à son propre esprit. Ce faisant, on pense que l’activité physique de la prosternation, les objets devant lesquels on se prosterne et celui qui l’exécute sont une seule et même chose. Dévelop­pant cette idée dans son esprit, on se couche.

On visualise alors sur sa tête la lettre AA en blanc, sur la poi­trine, le mantra de l’essence de notre divinité, et dans la gorge, le mantra racine de celle-ci. En fai­sant cette visualisation et en réci­tant ces mantras, on s’endort.

Si on se réveille dans la nuit, il convient de réciter à nouveau ces mantras et de visualiser cette divinité et, comprenant la nature de la vacuité, on se recouche.

Le yoga de la marche

Lorsqu’on se lève (ou à toute heure, sauf si l’on est assis en méditation) et que l’on se déplace, on peut visualiser Zangdopalri ou un autre paradis et s’ima­giner que c’est là qu’on se rend. Quand, fatigué, on se repose, on s’imagine que notre corps, notre parole et notre esprit sont divins et ne sont pas différents l’un de l’autre, et on médite sur sunyata (la vacuité). L’endroit que l’on quitte peut être imaginé comme un samsara vers lequel on ne re­tournera jamais. On médite aussi sur le fait que le sujet qui part, l’objet de la destination et l’activi­té de marcher ont tous la nature de la vacuité. Sur l’épaule droite, on visualise les Bouddhas, les Bodhisattvas et divinités et on pense qu’on les contourne. Faisant ainsi, on obtiendra des résul­tats avec certitude.

Le yoga du manger

Dans la gorge, on visualise Herukas et Dakinis, dans la poi­trine, les dieux paisibles; sur la tête, les dieux courroucés; sur le nombril, des dieux de feu. On of­fre aux dieux de feu tout ce qui entre dans la bouche. On pense que tout ce que l’on mange, bon ou mauvais, est offert aux Boud­dhas.

Il est aussi possible de man­ger en méditant avec les visuali­sations décrites ci-dessus. Pendant que l’on est assis en médita­tion, il convient de pratiquer les sept postures Vayrochana. On examinera son esprit et on déve­loppera la pensée que, dans le futur, on n’entreprendra que des actions génératrices de bon kar­ma et que l’on cessera les actions qui engendrent le mauvais kar­ma. On méditera aussi sur la va­cuité.

Devant un grand nombre de personnes, il convient de parier peu ou de rester silencieux. As­sis, on cessera tout mouvement. Les pensées doivent cesser éga­lement.

Pendant toutes nos activités, en mangeant, en dormant, en marchant, en étant assis, il faut toujours maintenir l’esprit en ac­cord avec le Dharma.

Le yoga du sexe

Lorsque deux conjoints qui s’aiment et sont heureux ensem­ble se joignent pour l’activité sexuelle, chacun d’eux doit pen­ser que son partenaire et lui-même possèdent la nature de Bouddha. À l’insertion du pénis, on pense que le vagin est le vide et que le pénis est la méthode de la nature. Alors, la méthode et la sagesse sont unis. Au retour du pénis, on pense que le désir est suspendu, et à la rentrée on pense que la méthode et la sa­gesse sont une seule et même chose. Par la répétition de ce va-et-vient, une grande joie monte, qui n’est pas différente de la féli­cité et de la vacuité, et les canaux intérieurs se remplissent de cette joie. Alors on médite sur le bonheur, sur la joie et la vacuité (sunyata) et on les offre à tous les Bouddhas, Bodhisattvas et divini­tés. Leur esprit est alors satisfait et ils répondent par leur bénédic­tion. On offre également cette joie aux êtres des royaumes infé­rieurs et leurs fautes sont ainsi purifiées.

Pour des raisons de santé, il convient de ne pas marcher ou accomplir un travail astreignant tout de suite après l’acte. Il faut user du sexe pour donner à l’au­tre bonheur et joie et non pour le troubler et lui causer du mal.

À toute heure, que l’on mange, dorme, marche, ou que l’on soit assis, toutes les belles choses que l’on voit, entend, sent, touche, ressent, toutes les pensées (importantes ou non), le bonheur de personnes que l’on aperçoit, tout ce qui vient à nous, il faut l’offrir aux Bouddhas, aux dieux supérieurs, etc. Ainsi on médite sur la vacuité.

Les bienfaits de la pratique

Celui qui pratique ce yoga développera un corps physique puissant et ses organes internes conserveront force et santé. Si le corps se porte bien, alors l’esprit demeure naturellement joyeux. Si l’esprit est plein de joie, le corps physique aussi devient fort et rayonnant. Avec une bonne santé et un esprit parfait, on sera charmant et heureux en compa­gnie de ses amis et des autres êtres sensibles (doués de sensa­tions). On sera respecté des au­tres et on pourra les servir sans ego. Celui qui a un ego ne prati­que pas le yoga bouddhiste.

À travers ce yoga, on peut parfaire les cinq chemins et les dix étapes et obtenir l’état de Bouddha. L’illumination com­mence après avoir atteint la première étape et le troisième che­min. On peut alors réaliser tout ce qu’on souhaite. On peut arrê­ter la pluie ou la grêle, faire pleu­voir dans les pays secs, guérir les autres et donner des bénédic­tions. Lorsqu’on atteint la on­zième étape et le cinquième che­min, est réalisée la parfaite illumi­nation (la vitesse de ce chemine­ment dépend de l’intensité de la pratique). La bouddhéité con­siste à servir et à être d’un grand bénéfice pour tous les êtres sen­sibles.

La technique de yoga décrite ci-dessus peut paraître sembla­ble à d’autres, mais elle vient de ma lignée. S’il m’a été donné d’accomplir quelque vertu grâce à cette pratique, je l’offre à tous les êtres sensibles afin qu’ils atteignent l’éveil, à Padmasambhava et à mon Maître-racine. Si ce travail n’est pas bénéfi­que, qu’il se dissolve dans le Dharmadhatu.

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S.E Khordong Terchen Tulku Chhimed Rigdzin Rinpoche (1922-2002) est l’un des grands maîtres vivants de l’école Nyingmapa. Reconnu très tôt comme l’incarnation de grands maîtres du temps passé, il reçut une éducation rigoureuse et dirigea plu­sieurs monastères du Tibet oriental. Il passa plusieurs années en méditation solitaire dans les montagnes himalayennes du Tibet, du Bouthan, du Népal et du Sikkim, et effectua la traditionnelle retraite de trois ans à Tso Pema. Sur les conseils de son maître Tulku Tsurlo, il quitta le Tibet bien avant l’invasion chinoise et élut domicile en Inde. Il enseigna la tibétologie, la philosophie et l’histoire du Bouddhisme à l’Université de Santiniketan et joua un rôle important dans l’accueil de ses compa­triotes fuyant l’oppression totalitaire qui régnait dans son pays. Depuis quelques années, il transmet en Occident certaines connaissances issues de sa tradition et dirige les pratiques spécifiques de sa lignée.