le docteur de Rofia
L'éducation naturelle

L’éducation n’est pas le dressage en masse des êtres humains, suivant des règles uniformes. Elle doit tendre au contraire à rendre chacun capable de penser soi-même, et d’être soi-même. Ainsi tout enfant pourra devenir conscient des devoirs et des responsabilités de la vie, prendre sa place d’être libre et responsable et remplir son propre rôle dans le Cosmos de l’Être.

(Être Libre Documents. Sans date, probablement la 2e moitié des années 1930)

L’auteur de tout être humain, est responsable du bien-être de sa formation en ce qui concerne à la fois, l’hérédité, la constitution, le milieu et l’éducation.

En effet, les enfants s’évoluent :

1o Selon leur nature individuelle (hérédité, constitution);

2o Selon la nature et l’action de leur entourage (milieu et éducation).

Le premier paragraphe se réfère à la science intégrale de la conception consciente, et volontaire des enfants, ainsi qu’à ses méthodes pratiques.

Le deuxième paragraphe se rapporte à la science complexe désignée sous le nom d’éducation.

L’éducation est la science du développement de l’être individuel.

Développer, n’est pas greffer, ou ajouter, mais amener au perfectionnement toutes les capacités et toutes les aptitudes. Le but de l’éducation est le sage et judicieux développement des facultés particulières de chacun, en vue de leur utilisation spéciale.

L’éducation n’est pas le dressage en masse des êtres humains, suivant des règles uniformes. Elle doit tendre au contraire à rendre chacun capable de penser soi-même, et d’être soi-même. Ainsi tout enfant pourra devenir conscient des devoirs et des responsabilités de la vie, prendre sa place d’être libre et responsable et remplir son propre rôle dans le Cosmos de l’Être.

Le principe primordial sur lequel doivent s’appuyer les éducateurs, est le respect de la liberté individuelle. C’est un principe universel que l’intelligence doit être libre à tout jamais.

Évidemment, chaque enfant doit être nécessairement guidé et soutenu de façon à ce qu’il puisse agir, avec justice, charité et raison. Mais ni les parents, ni les autres éducateurs n’ont le droit de marquer les jeunes cerveaux d’empreintes indélébiles, ni de les impressionner avec des conceptions venues du dehors, conceptions dont ils ne pourront se débarrasser qu’au prix d’efforts incommensurables, que peuvent seuls apprécier, ceux qui ont passé par les portes de cette renaissance intellectuelle.

L’éducation de l’état, l’éducation religieuse, et même l’éducation des familles, représentent la pire violation du respect de l’intelligence et la pire violation du respect de l’individualité. Tous les cerveaux à la période à laquelle ils sont le plus impressionnables et le plus sensitifs, sont soumis à la même contrainte, au même gavage indigeste, sans intérêt ni utilité.

Si l’on forçait un enfant à respirer des gaz, d’où serait exclu l’oxygène, si on liait ses membres de manière à gêner la circulation et le mouvement, ces actes seraient considérés comme criminels au plus haut degré. Cependant on ne prête aucune attention, ou même on approuve lorsque la mentalité et la sensibilité de millions d’êtres humains sont contraintes de respirer le gaz intellectuel et social, épuisé et impur, préparé par la routine d’une instruction forcée, ou par les tyrannies des coutumes, des religions et des conventions.

Les soi-disants théologiens, philosophes, scientistes utilitaires et autres, mépriseraient ou condamneraient un système d’agriculture, d’arboriculture ou de floriculture qui demanderait à l’orge et au poivre de Cayenne de prospérer dans le même champ, au néflier et à l’ananas, de donner des fruits dans le même verger, à l’édelweiss et au cactus de fleurir côte à côte. Les zoologistes qui voudraient élever dans des conditions analogues le tigre et l’ours polaire, l’alca impennis et le perroquet, seraient considérés comme des intelligences maladives. On aurait la même opinion d’un éleveur qui entraînerait ses chevaux de courses et ses chevaux de trait à labourer la terre argileuse.

Cependant, les systèmes d’éducation actuelle, ne s’y prennent pas autrement. Par eux la merveilleuse variété des êtres humains est condamnée à l’instruction et à l’éducation en masse, diamétralement opposée à la nature de l’humanité et incompatible avec elle.

Il est temps, il est grand temps, que chaque enfant puisse enfin respirer librement l’air pur et naturel, nécessaire au véritable développement de son moi. On doit enseigner à chaque enfant la valeur de son individualité propre, afin qu’il puisse avoir la force de remplir utilement son rôle dans la vie.

Il n’y a pas de répétition dans la nature, même parmi les êtres stationnaires, combien moins encore, parmi les non-stationnaires, et quelle variété dans les hommes…

Chacun joue le rôle principal dans le drame de sa propre vie. Mais il y a autour de lui d’autres individus, qui tiennent les rôles, qu’il ne peut jouer lui-même et, à son tour, il remplit des rôles secondaires dans la vie des autres. Ainsi chacun est relié aux autres, chacun émet des ramifications vers autrui, et reçoit celles qui protègent les autres.

Remplir le rôle principal dans sa propre vie, et jouer les rôles secondaires dans la vie des autres, le tout au mieux de ses capacités propres, tel est le devoir de chacun, telle est la tâche à laquelle l’éducation doit préparer les êtres.

Voici comment il faut parler aux enfants :

Vous êtes responsables selon vos moyens, de votre moi, et de son perfectionnement continuel.

Vous devez acquérir la connaissance, car vous êtes formés pour le perfectionnement individuel et vous avez droit à tout ce qui est susceptible de favoriser votre évolution.

C’est PAR L’HARMONISATION DU MOI, selon les pouvoirs et la connaissance compatibles avec vos capacités, c’est par le développement de votre mentalité, c’est par le sain usage de votre raison, c’est par l’encouragement que vous donnez à tous les nobles sentiments, c’est par le désir continu de les traduire par les actes, c’est enfin en évitant les excès de sensibilité et d’irritabilité, et en vous oubliant vous-mêmes, que vous deviendrez capables de vous aider vous-mêmes, et d’aider les autres.

Si, au contraire, vous annihilez votre mentalité, en lui substituant celle d’autrui, si vous vous prosternez devant les croyances et les préjugés, si vous n’écoutez pas votre raison, si vous surexcitez votre degré nerveux, si vous épuisez votre corps physique par des excès, ou par des privations, vous vous condamnez vous-mêmes à la non-évolution, à la mendicité et à la souffrance.

Ce serait une erreur de penser que ces notions ne pourraient être comprises ou senties par des enfants. Quand ils sont très petits, c’est à nous d’appliquer ces principes vis à vis d’eux. Très tôt nous pourrons les leur faire appliquer à eux-mêmes; c’est une question de savoir faire, sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir.

Peu à peu, au fur et à mesure de leur épanouissement, les enfants ayant vécu dans cette atmosphère pure et équilibrée, comprendront de plus en plus profondément les grandes vérités dont nous parlions tout à l’heure.

Les enfants sont tous des sensitifs et, par conséquent, ouverts à tout ce qui est conforme à la Nature et à la Vie, condition, bien entendu, que nous ne les ayons pas déformés nous-mêmes, dès la première heure, par une première éducation artificielle et fausse.