Bob Adamson
Non pas pour une minorité

Bob Adamson, le « marin », a voyagé en Inde dans les années 1970, où il a rencontré Sri Nisargadatta Maharaj. Sa recherche s’est terminée en la présence de Nisargadatta : « Nisargadatta m’a montré la réalité que Je Suis. Maintenant je réside en Cela. » Depuis, il partage sa compréhension avec ceux qui recherchent des réponses aux questions essentielles de […]

Bob Adamson, le « marin », a voyagé en Inde dans les années 1970, où il a rencontré Sri Nisargadatta Maharaj. Sa recherche s’est terminée en la présence de Nisargadatta : « Nisargadatta m’a montré la réalité que Je Suis. Maintenant je réside en Cela. » Depuis, il partage sa compréhension avec ceux qui recherchent des réponses aux questions essentielles de la vie. Lire en français son livre de dialogues : Quel est le problème maintenant, si vous n’y pensez pas ? — Conversations avec B. Adamson (Éd L’originel — Charles Antoni)

Traduction libre

Bob : Avez-vous tous laissé votre égocentrisme à la porte ? Cela facilite grandement les choses. La plupart d’entre vous sont déjà venus ici, vous avez donc une bonne idée de ce dont il s’agit. Nous disons que cette compréhension n’est pas réservée à une minorité, mais qu’elle est un droit pour tous, parce qu’elle est basée sur la simplicité pure elle-même — l’unité. Bien que l’on dise qu’elle est très difficile à obtenir, il n’y a en fait rien de plus simple que l’un. Cette compréhension a été transmise au fil des siècles, bien avant toute documentation. Elle n’était connue que de quelques personnes, car les communautés étaient assez isolées et les moyens de communication limités. Il n’y avait donc qu’un petit nombre de personnes qui en entendaient parler par quelqu’un dans un village quelque part.

Tout le monde ne veut pas regarder ces choses et cela n’a pas d’importance. C’est ainsi qu’ils sont structurés et qu’ils fonctionnent. Pourtant, qu’ils le regardent ou non, ils sont Cela. Ce que vous cherchez, vous l’êtes déjà. Le grand mot ou Mahavakya est Je suis Cela, ceci est Cela, tout est Cela.

Mais qu’est-ce que ce « Cela » dont ils parlent ? C’est quelque chose qui ne peut pas être conceptualisé. On ne peut pas y mettre un mot ou une étiquette. Au fil des siècles, il y a eu beaucoup de bons indicateurs. L’un des conseils bouddhistes est de reconnaître la vacuité. C’est la vacuité, la non-chose ; ce n’est pas un vide — c’est imprégné de connaissance. En d’autres termes, c’est imprégné d’intelligence — l’activité de la connaissance. C’est pourquoi j’utilise parfois le concept d’« énergie de l’intelligence ».

Je parle de la même intelligence qui fonctionne dans l’univers. Si vous regardez dans l’espace, vous verrez les planètes se déplacer, les galaxies se former et se désintégrer, la terre tourner autour du soleil, les marées et les saisons se succéder. Pour que toutes ces choses se produisent, il faut que l’univers soit imprégné d’une intelligence innée.

Il existe de nombreuses métaphores pour décrire cette unité. Ils l’appellent conscience de l’espace, conscience du vide, conscience pure, Conscience. Les bouddhistes, toujours dans les écritures du Dzogchen, disent qu’il s’agit d’une conscience non conceptuelle, toujours fraîche, brillante d’elle-même, d’une conscience de présence, juste cela et rien d’autre. Si vous y regardez de près, c’est une description très précise de vous, ici et maintenant. Sans aucun concept, vous voyez et vous savez. Pouvez-vous dire que la vision, la compréhension (knowing), l’audition ou le fonctionnement ont un début ? Pouvez-vous dire qu’ils ont une fin ? Pouvez-vous indiquer où vous commencez à voir et où vous finissez de voir ou d’entendre ? C’est donc une chose toujours fraîche, qui brille d’elle-même, qui se connaît elle-même. Vous n’avez pas besoin d’un autre moi pour essayer de vous trouver. Ce serait impossible. Nous avons créé ce faux sentiment de soi et nous cherchons à partir de ce point de vue à découvrir ce que nous sommes vraiment. Pourtant, cette connaissance de soi est constamment en nous.

Et vous ne pouvez pas nier votre présence. Personne ne peut dire : « Je ne suis pas ». Chacun de nous sait que je suis. Mais ce n’est pas de cette pensée, je suis, dont nous parlons, c’est simplement la façon dont elle se traduit dans l’esprit. Ce sentiment de présence, la conscience de la présence, se traduit par la pensée « Je suis ». Vous êtes donc là avant la pensée. En regardant et en enquêtant, vous découvrirez que vous n’êtes ni le corps ni l’esprit. Le corps-esprit n’est qu’un autre schéma ou apparence dans ce vide, tout comme l’arbre, la fleur, le nuage et tout le reste.

Ainsi, l’énergie de l’intelligence qui fonctionne comme l’univers est l’activité de la compréhension (know-ing). Avant de pouvoir dire « Je sais ceci ou je sais cela », il y a cette compréhension nue, ou cette intelligence nue, ou cette conscience nue, avant qu’elle ne soit traduite en un concept quelconque. Et parce que cet I-N-G s’ajoute à know (connaître) — ce n’est pas seulement connaître, le connaisseur ou le connu, c’est comprendre (know-ing). Cet I-N-G implique qu’il s’agit de quelque chose qui se déroule activement dans l’immédiateté de cet instant. Nous appelons cela l’instant, mais ce n’est même pas cela.

Quand avez-vous commencé à savoir ? Avez-vous fini de savoir ? Cela se passe naturellement avant que vous ne commenciez à discriminer avec l’esprit et à dire que je sais ceci ou que je ne sais pas cela. Vous ne pouvez pas nier l’acte de connaitre. C’est une activité qui se déroule en ce moment même. Et qu’est-ce qu’une activité ? Une activité est un mouvement d’énergie ? Donc, encore une fois, l’énergie de l’intelligence — l’activité de la connaissance.

Aucun de ces termes ne peut l’approcher. C’est pourquoi la Gita nous dit que l’épée ne peut pas le couper, le feu ne peut pas le brûler, le vent ne peut pas le sécher, l’eau ne peut pas le noyer — purement et simplement parce que cela contient toutes ces choses. Aucune de ces choses ne pourrait exister sans lui. Alors, comment l’appréhender par un concept alors qu’il contient tous les concepts ? Nous ne pouvons utiliser que les termes tels que Cela, ou la conscience. Nous parlons de la non-chose (no-thing), du non-manifeste. Nous appelons cela un univers phénoménal — un univers composé de phénomènes. Ces étoiles et ces galaxies sont toutes des phénomènes. La définition d’un phénomène est ce qui semble être.

L’opposé du phénomène est le noumène, qui signifie le non-manifeste, le vide. La définition du noumène dans le dictionnaire est « ce qui est ». Le non-manifeste est l’actualité, ce qui est. Le phénomène, l’univers structuré, n’est qu’une apparence. Lorsque nous parlons de cette apparence, nous nous excluons généralement nous-mêmes et disons que cela m’apparaît, ou que c’est mon apparence. Pourtant, ce que nous exprimons, c’est l’apparence.

L’essence même de la vie est l’énergie indivisible, pure et intelligente. Il vient d’être souligné qu’elle ne peut être saisie par un concept, et parce qu’elle est non-chose, elle ne peut pas non plus être niée. Vous pouvez avoir lu beaucoup de livres, fait beaucoup de pratiques, fait beaucoup de choses et entendu parler de beaucoup de grands maîtres, mais aucun d’entre eux n’est jamais allé au-delà du rien, de la non-chose. Avec la conscience d’être non-chose, vous êtes allé aussi loin que vous ne pourrez jamais aller ; vous êtes là où vous avez toujours été. Vous êtes cette non-chose qui s’exprime, qui prend la forme d’un être humain. L’expression se produit de la même manière qu’elle modèle et exprime toutes les autres formes. Dans la Gita, on dit… de Brahma à une touffe d’herbe. C’est tout cela. C’est ce que vous êtes.

C’est pourquoi je dis que c’est le droit de chacun, et il y a des gens ici qui comprennent déjà cela. Laissez la vie se dérouler du point de vue que ce que vous êtes vraiment est le non-manifeste, l’essence pure.