Évry Schatzman est directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, membre de l’Académie des Sciences, l’un des maîtres de l’Astrophysique théorique contemporaine. Il est donc bien préparé pour traiter ce problème célèbre. Il vient de le faire dans un petit livre qui fait le point de la question, d’une manière scientifique : Les Enfants d’Uranie (éd. du Seuil). Évry Schatzman est l’un des responsables et protecteurs de la vénérable Union Rationaliste. C’est dire qu’il n’est pas de tendance mystique.
Rappelons brièvement les données du problème. Il a été envisagé et traité dans les siècles passés, mais on s’imaginait alors que l’Univers se réduit à notre seul et microscopique système solaire. Nous savons aujourd’hui, fin du XXe siècle, que l’Univers est un gaz de galaxies. Une galaxie est un ensemble d’étoiles. Notre propre Galaxie, celle à laquelle nous appartenons, compte environ cent milliards d’étoiles comme notre Soleil, plus grandes ou plus petites, plus jeunes ou plus vieilles. Notre Soleil est une étoile parmi les cent milliards de notre Galaxie. L’Univers est constitué de milliards de galaxies, plus ou moins grandes, plus ou moins âgées. Notre propre Galaxie est âgée d’environ dix milliards d’années. En ce moment, environ deux mille milliards de galaxies sont accessibles à l’observation.
Nous connaissons l’histoire de l’Univers sur une durée d’environ vingt milliards d’années. Nous connaissons maintenant l’histoire de la matière dans l’Univers et l’histoire de la composition progressive de l’Univers. L’Univers a tout d’abord été de la lumière. Ce qui est premier dans l’Univers, c’est la lumière, le rayonnement. Ce que nous appelons de la matière est fait avec de la lumière. La lumière est la matière de l’Univers. L’Univers tout entier est fait de lumière et d’information. Ce que nous appelons de la matière, à savoir des atomes, puis des molécules, ce sont des compositions qui se forment petit à petit, progressivement, en allant du simple au complexe. C’est à l’intérieur du noyau des étoiles que se forment les noyaux lourds, la matière complexe. Il existe une centaine d’espèces d’atomes.
Il y a environ quatre milliards d’années, sur notre minuscule planète Terre, dans notre microscopique système solaire, qui est âgé d’environ cinq milliards d’années, nous assistons à des compositions qui vont donner naissance aux grosses molécules. Formation, composition de molécules par arrangement d’atomes entre eux. Puis formation de grosses molécules par arrangement de molécules entre elles. Puis formation de molécules géantes, par combinaison et composition de grosses molécules entre elles. Parmi ces molécules géantes formées il y a quatre ou trois milliards d’années, certaines comportent des messages. Ce sont des molécules messagères, écrites ou composées avec quatre molécules plus simples, qui en sont les éléments, disons A, B, C, D, arrangées trois par trois. Par exemple cela donne CTA, ou GAC, ou TAC, etc. Soixante-quatre combinaisons possibles. Toute l’histoire de la vie est écrite avec ces molécules géantes qui sont écrites à leur tour avec un système linguistique constitué de quatre éléments, ou quatre bases, arrangées trois par trois. L’information génétique qui commande à la construction, à la formation, au développement, de tous les êtres vivants, depuis que la vie existe sur la planète Terre, est écrite avec un système linguistique comportant quatre éléments, arrangés trois par trois. Tous les messages génétiques de tous les êtres vivants sont écrits avec ce système. Il semble à cette heure que le système soit unique.
L’information génétique inscrite dans ces molécules géantes est pelotonnée dans le noyau de la cellule. A partir de là, à partir de cette molécule géante qui contient l’information génétique, c’est-à-dire toutes les instructions qui sont requises pour composer un être vivant, une autre molécule se forme, qui a reçu l’information de la première et qui la transporte, cette information, sur des appareils, que l’on appelle les ribosomes. Ces molécules messagères transportent l’information génétique contenue dans le noyau de la cellule, sur des appareils, les ribosomes, et là s’effectue la synthèse ou la formation d’un autre type de molécules géantes, les protéines. Les protéines sont des molécules géantes constituées d’autres molécules plus petites, que l’on appelle les acides aminés. Il existe une vingtaine d’acides aminés qui sont utilisés pour entrer dans la composition ou la constitution de ces molécules géantes que sont les protéines. Les vingt acides aminés sont comme les lettres de l’alphabet, avec lesquelles sont écrites les protéines. Car les protéines aussi contiennent de l’information. Leur message est écrit avec un système linguistique comportant vingt éléments, les vingt acides aminés. Avec ces vingt éléments que sont les vingt acides aminés, vous pouvez écrire des milliards et des milliards de combinaisons différentes, puisque chaque protéine utilise un grand nombre d’acides aminés appartenant à ces vingt types. La Nature, notre Mère à tous, a donc inventé, il y a environ quatre milliards d’années, au moins deux systèmes linguistiques : 1. Un système linguistique à quatre bases, ou quatre éléments, celui des molécules qui portent ou supportent l’information génétique. 2. Un système linguistique à vingt éléments, les vingt acides aminés qui entrent dans la constitution des protéines.
Or la formation de ces molécules géantes que sont les protéines, la constitution de l’arrangement des molécules plus simples que sont les acides aminés entre eux, c’est-à-dire en somme la rédaction, ou la composition, est effectuée ou réalisée sous la commande ou sous l’autorité des instructions fournies par les molécules géantes contenues dans le noyau de la cellule, celles qui contiennent l’information génétique, et des molécules messagères qui transmettent l’information.
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Nous avons vu dans notre chronique précédente que des molécules géantes qui contiennent toute l’information génétique parviennent sur des appareils que l’on appelle des ribosomes, et c’est sur ces appareils que s’effectue le montage de ces molécules que l’on appelle les protéines, écrites avec des centaines d’acides aminés appartenant à vingt types différents. Les molécules messagères qui parviennent sur les ribosomes ont emprunté toute l’information génétique qu’elles contiennent à des molécules géantes pelotonnées dans le noyau de la cellule, et qui constituent la bibliothèque, le trésor de l’information de l’être vivant. Les molécules messagères sont écrites avec un système linguistique constitué de quatre éléments arrangés trois par trois. Les protéines sont écrites avec un système linguistique constitué de vingt éléments. Il faut donc traduire l’information contenue dans les molécules géantes initiales, et écrites avec un système linguistique à quatre éléments, dans une autre langue, la langue des protéines écrites avec un système linguistique constitué de vingt éléments. C’est cette traduction qui s’effectue sur ces appareils que l’on appelle les ribosomes.
Notre Mère à tous, la Nature, a inventé encore bien d’autres choses, il y a environ quatre milliards d’années, mais nous nous en tiendrons là pour aujourd’hui. Notre Mère à tous, la Nature, a inventé aussi bien d’autres molécules fort utiles, par exemple les graisses, les vitamines, etc.
A partir du moment où les deux systèmes linguistiques, les deux alphabets sont inventés, avec en somme quelques molécules plus simples, les quatre bases de l’ADN d’une part, et les vingt acides aminés d’autre part, commence une autre histoire, l’histoire naturelle des espèces vivantes. En effet, nous l’avons noté déjà, tous les êtres vivants, depuis environ quatre milliards d’années, sont écrits ou composés avec ces deux alphabets, ou systèmes linguistiques. Les molécules messagères qui contiennent l’information génétique du vivant sont écrites avec le système à quatre éléments arrangés trois par trois. Toutes les protéines de tous les êtres vivants sont écrites avec le système linguistique des vingt acides aminés rangés dans des compositions diverses, commandées par les instructions qui proviennent du noyau de la cellule, là où loge l’information génétique initiale.
Au cours du temps, au cours de l’histoire naturelle, au cours de ce que les biologistes appellent l’évolution biologique, l’information génétique augmente. Elle augmente d’une manière régulière, constante, continue et accélérée. Pour commander à la construction, à la constitution de systèmes biologiques relativement simples, les premiers êtres vivants, constitués d’une seule cellule, il y a environ quatre milliards d’années, il fallait une certaine quantité d’information, inscrite sur une molécule d’une certaine taille. Pour commander à la constitution d’êtres vivants plus compliqués, constitués de milliards de cellules différenciées et spécialisées, qui travaillent en accord entre elles, il a fallu des messages génétiques plus riches en information, plus compliqués, et donc plus longs.
Au cours du temps, au cours de l’histoire naturelle, au cours de l’évolution, les messages génétiques augmentent en taille, en richesse, en contenu. Le message génétique de l’homme, celui qui est pelotonné dans la tête du spermatozoïde, ou dans le noyau de l’ovule, est plus riche en information que le message génétique de l’amibe, de la bactérie, de l’éponge ou de la méduse. Plus le système biologique est complexe, et plus le message initial devait être riche en information. L’histoire naturelle des espèces vivantes, que certains appellent l’évolution, c’est tout d’abord la croissance de l’information au cours du temps.
L’Homme, celui que les paléontologistes appellent sans rire l’Homo sapiens sapiens, est apparu il y a environ 100 000 ans, au terme d’un processus que l’on appelle l’anthropogenèse, et qui se poursuit depuis plusieurs millions d’années. On voit l’Homme se former petit à petit, progressivement, à partir de formes antérieures. L’Homme moderne, l’Homme actuel, est un animal qui a dans son cerveau cent ou deux cents milliards de neurones, arrangés entre eux, reliés entre eux par des milliers d’interconnexion, échangeant des messages, des instructions, des impressions, des décisions, etc.
Le problème posé est donc simple. L’aventure de la vie que nous venons de découvrir depuis un siècle environ, cette aventure qui dure depuis environ quatre milliards d’années, et qui a conduit la vie depuis les organismes les plus simples, les systèmes biologiques élémentaires, les monocellulaires, jusqu’aux systèmes biologiques les plus compliqués, le cerveau de l’Homme — c’est ce que nous connaissons à cette heure de plus compliqué dans l’Univers et c’est donc ce que nous connaissons le moins bien, — cette aventure est-elle unique ? Cette aventure s’est-elle déployée dans notre système solaire seulement, uniquement ? Ou bien l’aventure de la vie s’est-elle déployée dans des millions de systèmes solaires, ailleurs dans notre Galaxie, et dans des milliards d’autres galaxies ?
Évry Schatzman, dans son livre, Les Enfants d’Uranie, analyse fort bien le problème, en l’examinant sous toutes ses faces, sous toutes ses coutures. Il fait des calculs savants. Il tient compte du fait que n’importe quel système solaire n’est pas capable de supporter cette aventure. Il faut que l’étoile supposée ne soit ni trop chaude ni trop faible. Il faut que sa durée de vie soit suffisante, pour que la vie ait le temps d’apparaître, de se développer, de se déployer, de parvenir, depuis les micro-organismes les plus simples, jusqu’à l’Homme. Évry Schatzman analyse fort bien toutes ces données physiques. On ne peut pas faire mieux en ce moment. C’est fait de main de maître.
Mais nous allons voir dans notre prochaine chronique que des problèmes philosophiques s’en mêlent, qui vont compliquer les données du problème et de l’analyse du problème.
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Nous avons vu dans notre chronique précédente combien l’excellent livre d’Évry Schatzman, Les Enfants d’Uranie, analyse bien, de main de maître, les données du problème physique, ou les données physiques du problème. Compte tenu de ce que nous savons aujourd’hui de l’Univers et de son histoire, de sa constitution et de son évolution, compte tenu de ce que nous savons aujourd’hui de l’histoire de la vie, quelles sont les chances, quelles sont les probabilités, pour que la vie soit apparue ailleurs dans l’Univers, soit dans notre propre Galaxie, constituée d’environ cent milliards d’étoiles, soit dans d’autres galaxies ? Schatzman analyse fort bien les conditions physiques qui sont requises pour que la vie apparaisse dans une planète, pour qu’elle puisse s’y développer, et parvenir jusqu’aux formes pensantes.
La philosophie intervient dans cette affaire par le fait qu’il existe non pas une seule, mais au moins deux écoles matérialistes, sans compter les autres qui ne sont pas matérialistes.
Il existe une école matérialiste, qui remonte aux anciens philosophes matérialistes grecs, Démocrite, Leucippe, etc., selon laquelle la vie est l’œuvre du hasard. Le hasard est un mot qui ne veut rien dire, qui ne signifie rien, mais dont on se sert pour dire par exemple que si je rencontre mon ami Jules à Pékin alors que nous ne nous étions pas vus depuis des années et que nous ne nous étions pas donné rendez-vous, nous nous écrions en chœur : Quel hasard ! Cela signifie tout simplement : Nous ne nous étions pas donné rendez-vous. Cette rencontre n’est pas le fait d’une intention de notre part. Si mon ami Jules m’explique qu’il travaille à l’Ambassade de France à Pékin, et si moi-même je suis invité par l’Ambassade par exemple pour faire une causerie, alors le hasard s’explique, se résout, disparaît. Nous retrouvons les causalités et tout s’explique. Nous ne parlons plus de hasard. Le mot hasard signifie tout simplement que nous ne connaissons pas la causalité, la raison d’être, et que, en première approximation, il n’y a pas d’intention. Si je reçois un pot de fleurs sur la tête lancé par l’un de mes ennemis, ce n’est pas un hasard, parce que c’est intentionnel. Si c’est le vent, qui fait tomber un pot de fleurs dans la rue alors que personne n’y passe, nous ne voyons pas là de hasard. Si je passe et si je reçois le pot de fleurs sur la tête, je parle de hasard, si je peux encore parler, parce que l’événement n’a pas de causalité intentionnelle apparente.
Il existe donc des savants en très grand nombre, surtout aux États-Unis et en France, qui pensent que la vie est apparue sur la Terre par hasard. Entendez par là que les atomes se sont arrangés tout seuls et que par chance il y a eu un jour, dans une mare à canards dans laquelle il n’y avait pas encore de canard, une molécule géante qui contenait un message, un message prodigieux puisque c’était un message qui contenait toutes les instructions requises pour construire un système biologique tel qu’il n’y en avait jamais eu dans l’Univers. Un message écrit avec un système linguistique à quatre éléments, les quatre bases de l’ADN. — Dans la même mare à canards sans canard, au même moment, au même lieu, à la même seconde, dans la même goutte, ô mieux aimée, une seconde molécule géante, écrite avec un alphabet constitué de vingt acides aminés… Et puis, toujours par le plus grand des hasards, ô mieux aimée, toutes les molécules qui sont requises pour que cette petite goutte se mette à vivre… Le premier être vivant était apparu par hasard, c’est-à-dire qu’aucune intention n’a présidé à son existence.
Alors, ô mieux aimée, à partir de ce premier être vivant, par un processus de copie, les messages génétiques ont augmenté en science et en sagesse. Supposons, ô mieux aimée, que tu sois dactylo. Tu recopies à longueur de journée des lettres, des factures, des documents, etc.
Lorsque tu commets une erreur de copie, ton patron te fait corriger ou recommencer. Parce qu’il y a une erreur de copie, alors il y a contresens ou non-sens. — Les biologistes contemporains, américains, anglais, français ou autres qui professent cette intéressante théorie philosophique, estiment que la molécule qui contient l’information génétique, lorsqu’elle se recopie elle-même, commet parfois des erreurs de copie. Et ce sont ces erreurs de copie qui, au cours des millions de siècles qui nous ont précédé, ont inventé les messages génétiques requis pour la création de l’œil, ou du système nerveux, ou de tous les autres systèmes biologiques qui ont été inventés depuis quatre milliards d’années. Ainsi toi, ô mieux aimée, tu es le résultat d’une foule d’erreurs de copie.
Les savants qui professent cette théorie du hasard, cette théorie selon laquelle la vie est apparue par hasard sur la terre, et l’invention des nouveaux messages génétiques est aussi l’œuvre du hasard, — ces savants ont parfois le Prix Nobel. Ils sont donc très instruits. Ils connaissent très bien l’infinie complexité d’un seul être vivant, le plus simple, constitué d’une seule cellule. Ils savent que la probabilité pour obtenir par hasard ces merveilleuses inventions que sont ces systèmes linguistiques, ces molécules géantes, le système d’auto duplication, le système de la transmission de l’information, le système de la traduction de l’information, — ils savent fort bien que la probabilité est infiniment petite. Les anciens philosophes grecs s’accordaient, pour leur théorie, un temps infini, un espace infini, une quantité de matière infinie. Nous, nous disposons, pour faire nos calculs des chances, d’un temps fini : le temps, l’âge de notre système solaire ; et d’un espace fini, et d’une quantité de matière finie.
Les savants qui professent que la vie est apparue par hasard sur notre planète la Terre, professent aussi, le plus souvent, que la vie n’est apparue qu’une seule fois dans l’Univers, précisément dans notre système solaire, et qu’il n’y a donc pas pluralité des mondes habités.
Les savants qui appartiennent à l’école marxiste, au contraire, professent que la vie et la pensée sont apparues dans l’Univers partout où cela est possible physiquement, parce que les savants marxistes, par exemple Oparine, n’acceptent pas du tout la théorie anglo-saxonne selon laquelle la vie serait apparue par hasard dans l’Univers physique. Le marxisme est une théorie générale du Réel, et cette théorie générale du Réel comporte une Philosophie de la Nature et une Philosophie de l’Histoire. Selon la Philosophie de la Nature de Marx et de son ami Engels, la Nature éternelle, incréée, produit seule, par ses seules ressources, tout ce qui apparaît dans l’histoire de l’Univers. La vie et la pensée ne sont donc pas des accidents dans l’histoire de l’Univers. La vie et la pensée apparaissent partout où les conditions physiques sont réalisées.
Voilà donc deux écoles matérialistes qui s’affrontent violemment, des frères ennemis.
Mais, me direz-vous, et ceux qui ne sont pas matérialistes, que pensent-ils ? Ceux qui ne sont pas matérialistes ne croient pas l’histoire de la production par hasard au même instant et au même endroit des molécules biologiques. Ils ne croient pas non plus un seul mot de l’histoire des erreurs de copie qui inventent l’Œil, le Système nerveux, etc. Ils pensent que l’histoire de l’Univers et de la Nature est une histoire qui a été pensée et qui est actuellement pensée. C’est donc justement le contraire du hasard. S’il y a pensée, alors il n’y a pas de hasard. Et si c’est par hasard, alors il n’y a pas de pensée.
Et donc il n’y a aucune raison de supposer que la vie soit apparue seulement dans notre microscopique système solaire.
Comme Évry Schatzman le souligne justement : dans l’état actuel des choses, nous ne connaissons la vie et la pensée que dans un seul système : notre minuscule système solaire. La question est donc entièrement ouverte. A priori la probabilité est en faveur de la pluralité des mondes habités. Mais de fait nous n’en connaissons qu’un seul.
Extrait de La Voix du Nord, 23, 29 août et 3 septembre 1986.