Paul Cudenec présente son dernier livre
J’ai longtemps été fasciné par la manière dont le système dominant tente de restreindre notre pensée à tant de niveaux.
On nous répète toujours que nous devrions nous estimer chanceux de vivre dans des sociétés modernes « libres » et « démocratiques » qui ne surveillent pas nos pensées et notre expression de soi, comme le faisaient l’Union soviétique ou l’Allemagne nazie.
Mais, en réalité, même remettre en question l’existence de cette « démocratie » est une pensée interdite par notre prétendue société démocratique !
Dans Against the Dark Enslaving Empire, j’ai cité l’affirmation de l’universitaire Samuel Piccolo, dans un livre de 2024 sur la « novlangue de l’extrême droite », selon laquelle « lorsque les gens cessent de croire qu’ils vivent dans une démocratie libérale, ils cessent d’agir comme s’ils y vivaient — ou de se soucier que ses principes survivent ou disparaissent » [1].
Lorsque nous démêlons cet argument typiquement alambiqué, nous voyons que le véritable problème est que les gens voient de plus en plus à travers la façade de la soi-disant démocratie.
Évidemment, les défenseurs du système ne peuvent pas le présenter ainsi, car cela reviendrait à attirer l’attention sur la suggestion subversive que notre « démocratie » pourrait être fausse.
Alors, avec l’inversion habituelle, ils retournent le problème et affirment que quiconque se plaint de l’absence de démocratie réelle constitue une menace pour la démocratie !
Si les élections changeaient quoi que ce soit, ils les rendraient illégales.
Au cœur de cette technique perverse se trouve le fait que leur version de la « démocratie » est une représentation totalement fausse — ce n’est qu’une étiquette qu’ils utilisent pour valider leur système corrompu et truqué — et pourtant, comme la plupart des gens ne s’en rendent pas compte, les propagandistes peuvent se permettre d’utiliser ce terme pour suggérer qu’il est moralement répréhensible pour nous de contester leur domination illégitime et criminelle de nos sociétés.
On peut toujours savoir que l’on s’approche des questions d’importance centrale pour le système dominant lorsqu’il commence à utiliser le langage de la honte morale pour attaquer les dissidents.
Pendant le Covid, les défenseurs de la vérité et de la liberté ne pouvaient pas être présentés simplement comme des questionneurs des récits officiels, mais devaient être condamnés comme des menaces dangereuses pour la communauté, mettant des vies en péril.
Si vous êtes méfiant à l’égard de l’infrastructure industrielle, financière et administrative qui s’est construite autour du « changement climatique », alors vous n’êtes pas considéré comme simplement sceptique ou non convaincu, mais coupable de « négationnisme climatique » — terme évoquant délibérément le « négationnisme de la Shoah (ou Holocauste) » qui constitue un délit ici en France.
La critique d’Israël, qui, bien sûr, est devenue très répandue depuis qu’il s’est lancé dans un véritable génocide, a été qualifiée « d’antisémitisme » et le port de t-shirts pro-palestinien assimilé à du « terrorisme ».
Là encore, nous voyons cette inversion familière. La véritable faute morale réside dans l’État israélien qui perpètre le massacre de masse et dans les laquais sionistes qui les aident et les soutiennent.
Il est totalement absurde, dans ces circonstances, d’essayer d’utiliser la technique habituelle de la honte morale contre ceux qui défendent la décence et l’humanité, mais nos dirigeants insistent néanmoins pour le faire, tout simplement, je suppose, parce que c’est ce qu’ils font toujours.
J’ai parfois l’impression que ma propre vision du monde est l’exact opposé de celle de la mafia mondiale, car il semble que chacune de mes convictions les plus fermement ancrées soit considérée par sa police de la pensée comme une hérésie.
Le dogme rigide du système a totalement saturé la pensée de certains secteurs de nos sociétés — en particulier ceux qui ont subi le plus de conditionnement (« éducation ») et ceux qui ont adopté le conformisme vertueux du soi-disant « camp de gauche ».
Quand je traînais encore avec des anarchistes partageant cette vision, je constatais qu’il était impossible de parler des qualités innées des gens sans être soupçonné d’être « réactionnaire » ou « raciste », impossible d’évoquer la spiritualité sans être accusé du terrible péché de mysticisme ou de soutenir des religions répressives, impossible de parler de ce qui se cache réellement derrière le concept abstrait de « capitalisme » sans être traité de « théoricien du complot ».
Pour le cercle des initiés, la nature n’est qu’une construction utilisée par les réactionnaires pour justifier les inégalités sociales « naturelles » — suggérer que nous en faisons partie est, en outre, une atteinte au droit absolu de l’individu d’être ce qu’il veut être.
La vision plus large « moderne » et « rationnelle » n’est bien sûr pas limitée à la « gauche » et a été au centre de notre culture pendant si longtemps qu’elle semble sans doute aller de soi pour la plupart des gens, du moins dans le monde « développé ».
Mais j’ai toujours senti que c’était une prison mentale et que, sous ses certitudes lisses, un grand océan souterrain de conscience réelle se battait pour surgir et se libérer.
Cet océan, je dirais, est l’énergie de la vie elle-même — l’esprit de la vie, l’âme du cosmos vivant. Il devrait jaillir en chacun de nous, enchanter nos vies, nous asperger de la joie vitale d’être présents ici et maintenant et, en même temps, de la profonde connaissance de notre appartenance au grand Mystère éternel.
Mais son flux a été empêché de nous atteindre par ceux qui cherchent à nous réduire et à nous exploiter.
Nous nous retrouvons nés et élevés dans des boîtes mentales desséchées de calcul, de contrôle et de conformité, au sein d’un système mondial bâti sur la mesure et les mathématiques, sur la méthode et la manipulation, sur la machinerie et l’argent.
Pendant longtemps j’ai considéré l’état atrophié de la pensée et de l’être modernes comme le résultat de la société industrielle, la conséquence de centaines d’années de « progrès » et de « développement » étouffant l’âme.
Mais maintenant je vois que c’est l’inverse — notre pensée et notre être ont dû être réduits de cette manière afin que nous acceptions l’esclavage qui nous était destiné.
Nos traditions, coutumes et croyances ont dû être balayées, notre profond attachement à la nature effacé, notre essence authentique étouffée, parce que tout cela constituait des obstacles à l’avancée de l’empire mondial de la cupidité.
Les murs qui ont été érigés autour de notre pensée, et qui continuent de se resserrer sur nous à un rythme alarmant, sont un élément central de l’assaut systématique et de longue haleine contre notre liberté.
Sans cet enfermement psychologique, intellectuel et spirituel, nous n’accepterions tout simplement pas l’existence dégradée qui nous est imposée par nos maîtres industriels.
Le contenu de Notre Monde Sacré : Joui, nié et retrouvé a été publié en ligne à l’été 2025 sous forme d’une série d’essais.
Il se compose, comme le titre le suggère, de trois parties. Premièrement, j’explore la manière dont notre appartenance pleine et entière à l’organisme universel a traditionnellement été reconnue et célébrée.
Deuxièmement, je discute de la façon dont nos vies ont été désenchantées — et, point crucial, de la manière dont il s’est agi d’un acte délibéré et hostile.
Troisièmement, j’examine comment nous pourrions ramener la magie dans notre monde et encourager cet océan de vitalité spirituelle à briser les défenses de béton du système esclavagiste qui nie la vie.
Le livre commence par un court texte qui n’était pas destiné à faire partie du projet, mais auquel je me réfère parfois dans les chapitres « officiels » et qui, je l’ai compris avec le recul, soulève des questions importantes auxquelles je réponds ensuite.
Le chapitre 0, comme je l’ai qualifié, peut donc être considéré comme un préambule anecdotique au reste de ce volume.
Texte original publié le 17 septembre 2025 : https://winteroak.org.uk/2025/09/17/our-sacred-world-enjoyed-denied-and-found-again/
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1 Far-Right Newspeak and the Future of Liberal Democracy, ed. A. James McAdams and Samuel Piccolo (Abingdon, Oxon; New York, NY: Routledge, 2024), p. 256, cit. Paul Cudenec, Against the Dark Enslaving Empire: A condemnation of the global criminocratic conspiracy (2024), p. 132.