René Fouéré
Prise de conscience résolutoire plénitude de l'énergie et perte de la conscience distinctive, oppositionnelle de soi

Les contradictions internes s’étant évaporées au feu de la prise de conscience résolutoire, l’énergie individuelle, jusque-là divisée en fractions rivales, se trouve dès lors totalement rassemblée, atteignant ainsi son plus haut niveau, s’élevant à une intensité qui efface toute conscience distinctive, oppositionnelle de soi. On pourrait dire que la conscience sent, perçoit ou agit tellement, si parfaitement, si pleinement, qu’elle ne « se » sent plus [1]; ne se perçoit plus, en tant que foyer spécifique de ce qu’elle éprouve ou de ce qu’elle fait — et faire, c’est encore éprouver ! Elle perd conscience de sentir ou d’agir, elle est la sensation ou l’action mêmes, sans se préoccuper d’en discerner, d’en identifier le siège.

(Extrait de La révolution du Réel, Krishnamurti. Chapitre Libération et Vérité – Temps et espace la pensée et ses images. Édition Le Courrier Du Livre 1985)

Les contradictions internes s’étant évaporées au feu de la prise de conscience résolutoire, l’énergie individuelle, jusque-là divisée en fractions rivales, se trouve dès lors totalement rassemblée, atteignant ainsi son plus haut niveau, s’élevant à une intensité qui efface toute conscience distinctive, oppositionnelle de soi.

On pourrait dire que la conscience sent, perçoit ou agit tellement, si parfaitement, si pleinement, qu’elle ne « se » sent plus [1]; ne se perçoit plus, en tant que foyer spécifique de ce qu’elle éprouve ou de ce qu’elle fait — et faire, c’est encore éprouver ! Elle perd conscience de sentir ou d’agir, elle est la sensation ou l’action mêmes, sans se préoccuper d’en discerner, d’en identifier le siège.

Totalement immergée dans ce qu’elle sent, perçoit ou fait, elle ne renferme plus en elle-même aucun espace libre dans lequel pourrait se former une image ou représentation d’elle-même, distincte et distinctive, oppositionnelle, en tant que source ou sujet de ce qu’elle sent ou de ce qu’elle fait.

Sa « surface » consciente est totalement recouverte par son action ou sa sensation mêmes, au point de ne laisser aucune place dans laquelle une image d’elle-même parviendrait à s’insinuer. Elle est tellement présente à son acte ou présente au monde qu’elle est absente à elle-même.

En d’autres termes, elle est si totalement intégrée à ce qu’elle fait, pense ou ressent qu’elle devient en elle-même et pour elle-même indiscernable. Il n’y a plus qu’une totalité qu’elle comprend ou qui la comprend, indissolublement, inséparablement.

Elle est confondue, sa surface consciente est confondue avec son action même ou sa sensation même, totalement.

Bien entendu — qu’il s’agisse d’une simple perception, d’un mouvement intérieur ou d’une impulsion susceptible de modifier, à quelque degré et sous quelque forme que ce soit, l’état du sujet ou celui du milieu —, tout acte accompli par un être chez qui toutes les contradictions psychologiques internes ont été abolies par une prise de conscience résolutoire de ces contradictions, est un acte complet, cet « acte complet » sans résidu temporel dont j’ai parlé dans mon étude sur le processus du moi (voir pages 122, 221, 222).

11.6.1983

[1] Si je peux me server ici d’une expression qui, malencontreusement, a pris parfois une signification péjorative.