(Revue Spiritualité. No 43-44-45. Juin-Juillet-Août 1948)
Conférence donnée à l’Institut Supérieur de Sciences et Philosophie, le 6 juillet 1948
SES PRINCIPES – SES METHODES – SES RESULTATS
L’homéopathie est une méthode de thérapeutique trop peu connue, souvent tournée en ridicule, méprisée parce qu’ignorée du monde officiel et des facultés de médecine, en notre pays tout au moins, car il en est d’autres où elle est enseignée. Le monde officiel orienté depuis un siècle et demi vers le matérialisme scientifique, ne croyant plus qu’à ce qu’il peut compter, peser, mesurer et surtout expliquer, rejette tout ce qui ne tombe pas sous les sens. Il rejette des sciences telles que l’astrologie, la radiesthésie, la vertébrothérapie, l’acuponcture chinoise, la sympathicothérapie et l’homéopathie. Il les rejette parce que dans ces sciences interviennent des éléments non dosables, qui heurtent sa conception matérialiste de la science et qui n’ont pas encore reçu d’explication satisfaisante pour les esprits cristallisés dans la matière.
Les progrès de la physique et surtout de la chimie moderne ont orienté la médecine actuelle vers un esprit d’analyse, excellent en lui-même, mais poussé trop à l’extrême. Les médecins de la jeune génération actuelle sont des analystes excellents, mais ils tombent dans l’erreur de ne plus attacher d’importance qu’à ce qui s’analyse. L’esprit de synthèse, l’esprit clinique des vieux médecins de jadis est de plus en plus oublié, l’individualité humaine est complètement perdue de vue; tous les hommes lui paraissent égaux devant le microscope ou le tube à réaction. Et les réactions personnelles de chaque individu, l’individualité humaine, l’entité humaine proprement dite est totalement ignorée. Or, c’est sur l’entité humaine, c’est sur l’ensemble des réactions individuelles de l’être humain que l’homéopathie repose tout entière.
Je m’empresse tout d’abord de faire un acte de foi. Je suis médecin et je crois en l’homéopathie. J’y crois parce qu’elle m’a guéri moi-même. J’y crois parce que j’ai vu des malades guéris par d’autres homéopathes. J’y crois parce que tous les jours, je vois des malades revenir améliorés et même transformés par un traitement homéopathique bien conduit. J’y crois parce que j’ai vu à Paris, à Lyon et ici-même des centaines de malades guéris par cette méthode. J’y crois parce qu’un fait qui se répète des centaines de fois de la même manière, dans des conditions déterminées, prend la valeur d’une loi physique basée sur l’expérimentation. J’y crois parce que la loi de similitude et l’emploi des doses infinitésimales, selon cette loi, sont un fait expérimental.
Et pourtant, ce fait expérimental, cette méthode de thérapeutique, la plupart des médecins l’ignorent et le grand public n’en a que des notions erronées.
Si vous demandez à celui que les Anglais appellent « l’homme de la rue », ce que c’est que l’homéopathie, il commencera par réfléchir un bon moment puis il vous répondra : « C’est guérir le mal par le mal ». Le plus souvent sceptique, il ajoutera : « D’ailleurs, je n’y crois pas, comment voulez-vous que le mal puisse se guérir lui- même ? »
Si vous demandez à votre médecin ou à votre pharmacien ce que c’est que l’homéopathie, vous pourrez tomber exceptionnellement sur un homme qui aura le courage de vous répondre : « C’est une méthode que j’ignore » ; mais le plus souvent la réponse jaillira automatique, irréfléchie et sera presqu’invariablement : « C’est du charlatanisme. Comment voulez-vous que d’aussi petites doses puissent agir sur le corps humain et guérir des maladies graves ? » Je m’empresse de dire que ce médecin ou ce pharmacien n’auront jamais lu un ouvrage écrit par un homéopathe et seront totalement incapables de vous citer le nom des auteurs de livres en cette matière.
Si vous consultez le Larousse Médical, ce livre de vulgarisation, vulgaire répertoire qui en dit trop ou pas assez, vous verrez au mot « homéopathie », la plus fausse critique, le plus absurde plaidoyer qui puisse être fait contre elle et celui qui connaît l’homéopathie juge immédiatement que cet article a été rédigé par quelqu’un qui était bourré de préjugés et totalement ignorant de la méthode.
Vous voyez combien le grand public est mal informé de tout ce qui touche à cette science.
Définissons tout d’abord ce que c’est que l’homéopathie. Ce n’est, en tous cas pas « guérir le mal par le mal », Cette définition est plus mauvaise qui soit et elle fausse le jugement au point qu’un homme très cultivé, ingénieur, me disait récemment : « L’homéopathie ? moi, je croyais que c’était une méthode où, quand on avait un rhume, il fallait se tremper le postérieur dans un sceau d’eau froide… »
La vraie définition, quoique encore incomplète, nous parait être la suivante : « L’homéopathie est une méthode de thérapeutique basée sur la loi de similitude et sur les doses infinitésimales. »
Qu’est-ce tout d’abord que la loi de similitude ? Pour vous en faire saisir l’essence, prenons un exemple concret, il vous en dira beaucoup plus qu’un long discours.
Si à un homme bien portant, nous faisons absorber tous les jours une certaine dose d’un poison, la digitaline par exemple, au bout d’un peu de temps il va se trouver empoisonné par cette digitaline et il présentera toute une série de symptômes pathologiques dont les principaux seront : une intoxication de cœur se manifestant par du relâchement, de l’irrégularité des battements et une défaillance de sa force de contraction plus ou moins accentuée selon les sujets.
Si nous nous trouvons maintenant en présence d’un malade ayant ces mêmes symptômes de défaillance cardiaque et que nous lui fassions absorber tous les jours une très petite dose de digitaline : un dixième de milligramme, nous allons lui guérir ces symptômes, son cœur va se tonifier, reprendre sa force et ses battements réguliers, et cet effet persistera même après la cessation du remède.
Vous saisissez ainsi ce qu’est l’homéopathie en tant que loi de similitude : elle consiste à donner à très petite dose, à un malade présentant un groupe de symptômes, le même médicament qui, donné à fortes doses à un homme bien portant, produirait chez cet homme bien portant les symptômes semblables.
Prenons un autre exemple qui celui-là est historique, car il renferme la découverte de la loi de similitude par Hahnemann il y a 150 ans ou plus exactement, sa redécouverte, car Hippocrate, le père de la médecine, en parle déjà dans ses traités écrits il y a 2.400 ans.
A l’époque d’Hahnemann, on discutait à perte de vue sur l’action du quinquina et l’on émettait sur son action les hypothèses les plus fantaisistes. Hahnemann, qui non seulement était médecin, mais aussi chimiste, imagina d’expérimenter sur lui-même l’action de ce remède. Il se mit à absorber tous les matins une forte dose de quinquina en poudre et entreprit de noter tous les symptômes qu’il ressentait, se disant que par cette expérience il trouverait peut-être la clé du problème.
Or, il s’aperçut, au cours de son expérimentation, qu’il provoquait ainsi sur lui-même tous les symptômes de la fièvre intermittente, c’est-à-dire du paludisme. Or on savait à cette époque que de petites doses de quinquina guérissaient la fièvre intermittente. Son génie fut de saisir la relation entre la guérison par le remède à petites doses et les symptômes qu’il provoque à dose toxique. Il comprit que si le quinquina guérit la fièvre intermittente, c’est parce qu’il est capable de la produire. Il avait saisi la clé, l’essence même de la loi de similitude.
Il expérimenta alors sur lui-même, sur sa femme, sur ses enfants, sur ses serviteurs tous les médicaments utilisés à cette époque : l’aconit, l’opium, la belladone, la coque du Levant, etc… et constata que cette loi, cette grande loi de similitude se vérifiait dans tous les cas. Il avait ainsi redécouvert la loi de similitude oubliée depuis Galien, c’est-à-dire depuis 1.700 ans : l’homéopathie était née.
Pour vous donner un exemple plus frappant encore de la loi de similitude et de son application, nous citerons le cas du radium qui guérit le cancer. Pourquoi le radium guérit-il le cancer ? Parce qu’il est capable de le produire et tous les médecins, même le grand public savent que les médecins radiothérapeutes font ce que l’on appelle « le cancer des radiologues ». Les émanations du radium trop souvent absorbées par le médecin qui les manipule, produisent chez eux des cancers. Or le radium appliqué à un malade cancéreux est capable de guérir le cancer dans bien des cas. Y a-t-il plus belle application de la loi de similitude, Mais il y a plus: l’émanation du radium, absorbée par le malade est une dose infinitésimale. Pesez l’aiguille de radium après qu’elle a été appliquée au malade : elle a exactement le même poids qu’avant. Le malade a absorbé une dose impondérable, une dose infinitésimale de cette émanation et cette dose infinitésimale est capable de le guérir. Voilà un fait que personne ne peut nier.
En réalité donc, lorsqu’un médecin emploie le radium, lorsqu’il prescrit la digitaline ou le quinquina, il fait de l’homéopathie et s’il est allopathe, il en fait comme M. Jourdain faisait de la prose : sans le savoir.
L’application de la loi des semblables entraîne plusieurs conséquences : 1° elle exige l’étude approfondie de l’action de chaque médicament sur tous les organes du corps et l’ensemble de tous les symptômes qu’il y provoque et que par conséquent il pourra guérir; 2° elle exige l’expérimentation sur l’être humain; 3° elle nécessite l’emploi de très petites doses et conduit par là à l’utilisation des doses infinitésimales. Nous allons étudier en détail ces trois conséquences principales.
Il est bien évident que pour appliquer la loi des semblables, il faut étudier et connaître l’action de chaque médicament sur chacun des organes du corps humain, de telle sorte que, lorsqu’on se trouve en présence d’un malade qui montre un ensemble de symptômes on puisse retrouver le médicament capable de produire cet ensemble et par conséquent de le guérir. Il faut que pour chaque cas on retrouve le médicament qui a les symptômes semblables et est « appelé » comme nous disons, par le malade. Comme il est utilisé plusieurs centaines de médicaments courants et plusieurs centaines d’autres plus rares, vous voyez déjà la complexité de l’étude qu’il y a à faire pour celui qui veut faire une bonne homéopathie. Elle exige une connaissance approfondie de l’action des médicaments jusque dans leur moindre détail.
La deuxième conséquence est que l’on a été obligé d’expérimenter les remèdes sur l’être humain et non plus sur des animaux de laboratoire. Car les médicaments agissent sur le système nerveux, sur la mentalité, sur chaque organe du corps où il provoque toutes sortes de sensations anormales. Or, il est bien évident qu’un cobaye ne pourra vous dire s’il se sent triste, fatigué ou déprimé, s’il a du vertige, s’il ressent des crampes ou des brûlures à l’estomac, s’il a des pincements au cœur, etc… Seul un homme peut vous le dire. Il a donc fallu que des hommes se dévouent pour expérimenter sur eux-mêmes tous les médicaments, dont un bon nombre sont des poisons. C’est ce que firent Hahnemann et ses élèves. C’est ce qu’a refait vers la fin du siècle dernier à Philadelphie, toute l’école du professeur Kent. A cette occasion il y eut des expérimentations sur des centaines de sujets qui étaient tous des intellectuels, étudiants et médecins. Et un groupage de tous les symptômes ressentis fut ainsi fait, qui constitue un véritable monument d’observation appelé « la Matière Médicale Homéopathique ». Il y eut aussi un grand médecin homéopathe américain, le Dr. Hering, qui expérimenta sur lui-même le venin d’un serpent très venimeux : le lachésis trigonochéphalus, et en resta malade toute sa vie; mais l’humanité doit lui en être reconnaissante car il dota ainsi notre thérapeutique de l’un de ses plus grands médicaments : le Lachésis. A cette occasion, toutes les expérimentations humaines faites par Hahnemann et ses élèves furent refaites une nouvelle fois et l’on constata qu’elles étaient toutes exactes et qu’on n’avait rien à y changer : ce que la belladone guérissait il y a cent ans, elle le guérira encore dans mille ans.
Tous les symptômes les plus étranges, les plus inattendus qu’un être humain peut présenter, sensation que le cerveau va éclater, sensation d’eau froide coulant dans le dos, sensation de quelque chose de vivant dans le ventre, etc., etc… ont été ainsi retrouvés par l’étude expérimentale des médicaments sur l’être humain et quand un malade nous en parle, nous pouvons les retrouver dans la matière médicale d’un remède et les guérir. Ces symptômes sont tellement nombreux qu’on a fait de véritables dictionnaires de symptômes permettant de les retrouver et de savoir à quel remède cela peut correspondre. Voici un livre, édité en Amérique, qui contient 1.600 pages avec environ 40 symptômes par page, classés par ordre alphabétique, soit au total plus de 60.000 symptômes différents et est intitulé : « Dictionnaire complet des « sensations comme si… » par le Dr. Wards, de San Francisco.
Ici nous faisons une constatation extrêmement intéressante : nous voyons que chaque médicament a des symptômes sur chacun des organes du corps et sur l’ensemble des organes. En pharmacie galénique on croit généralement que tel médicament agit sur le cœur, tel autre sur le foie, tel autre sur les nerfs et l’on se sert du médicament en relation avec l’organe, sans s’occuper de l’action de ce remède sur les autres organes. Il en résulte qu’on guérit par exemple le cœur en rendant l’estomac malade. Or, en se basant sur l’expérimentation humaine on constate que tout médicament agit sur l’ensemble de toutes les fonctions humaines, avec seulement une accentuation de son action sur un organe. Et c’est cet ensemble que nous cherchons à retrouver en homéopathie. Nous constatons ce fait particulièrement intéressant qu’ils agissent sur la mentalité du malade. Il y a des remèdes qui rendent gai, d’autres qui rendent tristes ou déprimés, il y en a qui créent l’angoisse ou l’agitation, il y en a qui provoquent des troubles mentaux ou du délire. Il en résulte qu’en loi de similitude, nous pouvons agir sur la mentalité, sur l’angoisse, sur l’agitation, sur le délire, sur de nombreux troubles nerveux et même sur des cas de folie.
Déjà avant la guerre de 1914, dans les états de Michigan, d’Illinois et de Minnesota, aux États-Unis, les plus grands asiles d’aliénés étaient confiés à des médecins homéopathes.
Une autre constatation intéressante de l’expérimentation humaine est que nous retrouvons toujours des ensembles : à tel symptôme hépatique est lié tel symptôme cardiaque ou nerveux, à tel symptôme respiratoire correspond telle sensation aux extrémités ou au tube digestif, si bien que quand nous avons individualisé le remède appelé par notre malade, nous lui « sortons » toute la série des autres symptômes qu’il ressent et dont il ne nous a pas encore parlé, souvent à son grand étonnement. Cela est dû au fait que nous envisageons toujours l’ensemble des symptômes et non seulement le symptôme vraiment gênant pour le malade et qui l’incite à venir trouver le médecin.
Une autre constatation encore de l’expérimentation des remèdes sur l’être humain est qu’il y a des médicaments qui le rendent frileux et d’autres sensibles à la chaleur, il y en a qui vous rendent sensibles à l’humidité et d’autres au mouvement; les uns vous rendent malades après le repas et d’autres vous font mieux vous sentir après le repas. En loi des semblables, lorsqu’un malade est aggravé par le froid ou par la chaleur ou amélioré par ces variations, quand il est aggravé ou amélioré par le mouvement, quand il devient sensible à l’humidité ou au temps sec, etc… nous disposons de remèdes qui ont cette modalité et peuvent guérir les malades qui en souffrent. Ceci nous amène à tenir compte des « modalités » accusées par les malades et montre que l’action des remèdes est bien plus générale, bien plus profonde et bien plus subtile qu’on ne l’imagine généralement.
Ceci montre aussi l’extrême sensibilité du corps humain. Nous, homéopathes, ne sommes d’ailleurs pas les seuls à le constater. Je prendrai seulement comme exemple les études faites par le professeur Mouriquand, de Lyon, qui n’est sûrement pas suspect d’avoir de la bienveillance pour l’homéopathie. Dans une étude qu’il a faite d’une façon très complète et très fouillée sur l’influence des facteurs météorologiques, barométriques, thermiques, sur l’influence des vents, de l’humidité, etc… sur le corps humain, il reconnaît que le corps humain est plus sensible que n’importe quel hygromètre par exemple. C’est le malade qui, sensible à l’humidité, fait sa crise d’asthme alors que le ciel est serein et qu’il n’y a pas un souffle de vent, précédant la pluie de 24 heures et prédisant l’apparition du mauvais temps bien avant que le baromètre ou les hygromètres les plus sensibles n’enregistrent une dénivellation. Le professeur Mouriquand, de la faculté de Lyon, a publié tout un livre sur la météoropathologie et y appelle ce phénomène : le phénomène de « précession clinique », relevant ainsi l’extrême sensibilité du corps humain à des impondérables que rien ne nous permet de mesurer, mais qui n’en existent pas moins et n’en déclenchent pas moins des phénomènes aussi certains qu’une crise d’asthme ou une crise de rhumatisme ou de goutte. L’action des doses homéopathiques relève de cette extrême sensibilité du corps humain aux impondérables et aux modalités thermiques et hygrométriques.
Ces faits nous obligent aussi à admettre que les sensations que nous accusent les malades sont bien réellement ressenties au cours de la genèse et de l’évolution des maladies et que nous devons en tenir compte si nous voulons faire une bonne thérapeutique. C’est pourquoi les homéopathes font toujours un long interrogatoire du malade et attachent beaucoup d’importance aux symptômes accusés par celui-ci. Il y a même quelquefois des homéopathes qui tombent dans l’erreur de se contenter de l’interrogatoire et négligent d’examiner minutieusement le malade, ce qui est évidemment une grosse faute. On le reproche immédiatement en prétendant quelquefois que les homéopathes n’examinent pas leurs malades. Mais il est un fait que pour faire l’homéopathie, le simple diagnostic clinique ne suffit pas et qu’il faut encore individualiser les symptômes du malade pour bien appliquer la loi des semblables. En médecine classique, on ne tient aucun compte des symptômes ressentis par le malade si ceux-ci ne sont pas vérifiés objectivement au cours de l’examen clinique; aussi voyons-nous les médecins accuser bon nombre de leurs malades de nerveux ou d’hystériques quand les examens objectifs, les radios et les analyses ne montrent rien d’anormal. L’exquise sensibilité du corps humain est là pour nous prouver le contraire.
Et quand un malade se plaint, quand il dépense son argent à courir de médecin en médecin même si les analyses ne montrent rien, il a quelque chose et veut se débarrasser de cette souffrance. Le médecin qui ne procède que par analyses de laboratoire et ne connaît pas les résultats de l’expérimentation humaine faite par les homéopathes affirmera, s’il ne trouve rien, que le malade n’a rien et que c’est nerveux, car il ne veut pas avouer son ignorance. Celui qui connaît et sait appliquer à bon escient la loi des semblables, celui qui s’est attaché à étudier les symptômes subjectifs, en un mot, l’homéopathe scientifique, saura retrouver un remède qui possède ces symptômes et saura aussi guérir son malade.
(A Suivre)
Dr. HODIAMON
(Revue Spiritualité. No 46-47. Septembre-Octobre 1948)
(Suite)
L’individu, l’être humain, est bien souvent malade avant d’avoir une lésion ou une modification mesurable de ses organes ou de son sang. On est tuberculeux bien avant de cracher des bacilles ou de montrer une lésion pulmonaire, on est cancéreux bien avant l’apparition du moindre soupçon de tumeur. Cela s’accuse tout d’abord par des troubles fonctionnels, alors que ni les radios, ni les analyses ne montrent rien encore. C’est l’installation à bas bruit de la maladie. Or à ce moment, l’école classique est impuissante, car elle n’a jamais étudié les symptômes subjectifs que révèle l’expérimentation humaine. L’homéopathie elle, reconnaît un ensemble de symptômes même là où les analyses ne montrent rien, car elle s’occupe des réactions subjectives et individuelles, elle retrouve ces symptômes dans le médicament qui les produirait à forte dose chez l’homme sain et par la loi des semblables, elle arrive à guérir ces malades avant la production de la lésion.
La troisième conséquence de l’application de la loi de similitude est l’emploi des doses infinitésimales.
Et c’est ici la pierre d’achoppement; c’est sur ce fait que se sont heurté et que se heurtent encore toutes les critiques, toutes les objections, toutes les railleries, tous les sarcasmes et même, car ça va jusque là, toutes les persécutions dont l’homéopathie a toujours été et est encore actuellement l’objet.
Lorsque le médecin homéopathe se trouve en présence d’un malade, il va appliquer la loi des semblables, c’est-à-dire qu’il va donner à son malade le remède capable de provoquer chez un homme sain les symptômes exactement semblables à ceux qu’il a déjà et dont il souffre. Il saute aux yeux que s’il donne une forte dose de ce remède, il va accentuer ces symptômes et par conséquent aggraver les souffrances du malade.
Il est donc obligé, s’il ne veut pas provoquer d’aggravation médicamenteuse, de donner une très petite dose. L’expérience est là pour nous montrer qu’en donnant une très petite, il va non l’aggraver, mais l’améliorer, parce qu’il va aider la nature à faire sa réaction, à franchir le symptôme et à évoluer, au delà de lui, vers la santé.
C’est l’expérience pure qui amena Hahnemann, le fondateur de la méthode à employer des doses de plus en plus petites et à diluer de plus en plus ses remèdes. Il s’aperçut en effet que le corps humain et surtout s’il est malade, est extrêmement sensible aux petites doses appliquées selon la loi des semblables, et qu’en employant des doses déjà très faibles, il provoquait des aggravations momentanées, avant d’avoir l’amélioration recherchée. C’est pour éviter ces aggravations passagères, qu’il fut amené à diluer ses remèdes de plus en plus. Il s’aperçut alors que certaines dilutions, notamment la sixième, la douzième, la trentième, etc., conviennent particulièrement bien pour obtenir le retour à la santé, sans cette désagréable période d’aggravation, toute momentanée d’ailleurs. L’homéopathie, qui connaît ce phénomène, prévient toujours ses malades qu’ils peuvent, au début du traitement, faire cette réaction et les gens habitués à se soigner par l’homéopathie, sentent de suite si le médicament la provoque et ne s’en inquiètent pas.
En quoi consistent les dilutions homéopathiques ? Ceci demande une explication. Nous devons d’abord distinguer entre deux sortes de corps : les corps solubles et les corps insolubles. Pour les corps solubles, il s’agit en général de sels minéraux ou d’extraits de plantes macérées dans l’alcool.
Ces extraits se font selon un procédé codifié, car il existe des codex homéopathiques, dont les plus employés sont ceux de Schwabe, de Leipzig, et de Boericke, en Amérique. Le codex américain est celui généralement employé en Belgique. Ici, la dilution est simple. On prend une solution mère, faite à un pourcentage déterminé par le codex homéopathique pour chaque médicament et on fait des dilutions progressives, soit par décimales, soit par centésimales. Une goutte de la solution mère est mise dans neuf gouttes d’alcool et l’on a une première décimale, une goutte de cette première décimale est mise dans neuf gouttes d’alcool frais et l’on a une deuxième décimale. A chaque passage, on a soin de secouer soigneusement le flacon pour bien répandre la dilution et dissocier autant que faire se peut les molécules en suspension, on passe ainsi de suite à des 6°, 12°, 30° dilutions. Pour les centésimales, on procède de même, mais avec 99 gouttes au lieu de 9.
On voit de suite qu’on ne dépasse pas une sixième décimale ou une troisième centésimale, on reste dans des doses nettement pondérables, de l’ordre de grandeur, par exemple, d’un dixième de milligramme de digitaline qui serait dilué dans les quatre litres de notre sang. L’activité d’une telle dilution au quatre millionième n’est niée par personne. On s’aperçoit vite cependant que lorsqu’on arrive à des dilutions un peu élevées : des 12°, des 30° et même beaucoup plus haut, surtout si l’on emploie des dilutions centésimales, on arrive à des fractions dont le dénominateur comporte un nombre impressionnant de zéros. De là à affirmer qu’il n’y a plus rien dans ces dilutions, il n’y a qu’un pas qu’ont franchi allègrement, tous les adversaires de la méthode et c’est de là que viennent leurs sarcasmes et leurs moqueries sur ces homéopathes qui guérissent avec de l’eau claire.
Ici, nous devons répéter que les faits sont là, que les malades guéris sont là pour nous prouver que dans ces dilutions il y a encore quelque chose, puisque même si l’analyse chimique est incapable de déceler le médicament, le corps humain, lui et surtout le corps humain malade, y est sensible et même parfois tellement sensible, qu’il fait de véritables aggravations médicamenteuses.
La physique cependant va nous expliquer ce que la chimie ne peut pas toujours déceler. N’oublions pas que si nous procédons en physique par la méthode des graphiques et que si nous mettons en ordonnée un facteur variable et en abscisse le résultat de cette variation, on n’obtient jamais des lignes droites, mais toujours des courbes. Si nous mettons en ordonnée la quantité de matière contenue dans une dilution et en abscisse le numéro de cette dilution, nous aurons une courbe qui va s’incurver progressivement vers l’horizontale pour finir par l’atteindre à peu près totalement. Cette loi physique des courbes joue aussi pour la dilution homéopathique, car il s’agit d’un phénomène purement physique.
Tous les homéopathes savent bien qu’une fois dans les hautes dilutions, il faut sauter d’un haut chiffre à un chiffre encore beaucoup plus haut pour sentir une différence. C’est parce qu’à ce moment, la courbe de dilution est presque une horizontale.
Une autre raison est qu’il est quasi impossible de faire à la main une deux centième dilution et même déjà une trentième. Si l’on réfléchit au temps qu’il faut pour préparer tout le matériel nécessaire, compter le nombre de gouttes dans chaque flacon, y verser la goutte de la dilution précédente, secouer le flacon un certain nombre de fois et procéder ainsi de dilution en dilution, on arrive à un temps très long pour une dilution un peu élevée. En admettant trois minutes pour chaque passage, il faudrait deux heures de travail ininterrompu pour faire un trentième et dix heures pour faire un deux centième.
C’est humainement impossible, aussi a-t-on inventé des machines automatiques qui se vident et se remplissent automatiquement, en laissant chaque fois au fond du tube une goutte de la dilution précédente. Ces appareils sont de différents types, dont le plus employé est celui de Korsakoff. Mais ici joue un phénomène physique nouveau qui est celui de la capillarité et de l’attraction moléculaire aux parois du récipient. Il en résulte que les molécules se rassemblent contre les parois du vase, une partie des molécules y reste adhérente, ce qui, dans notre graphique de tout-à-l’heure, va encore avoir tendance à incliner davantage cette courbe et à lui faire plus rapidement encore se diriger vers l’horizontale. Il arrive un moment où il ne sert presque plus à rien de pousser les dilutions si l’on ne change pas de flacon.
Chacun de vous pourra faire lui-même l’expérience avec un flacon qui a contenu du parfum; remplissez-le d’eau et videz-le totalement un certain nombre de fois, vous serez surpris de voir le nombre fantastiquement élevé de rinçages qu’il faut ainsi faire pour que le flacon perde toute odeur; il arrive qu’après deux cents rinçages, il sente encore, preuve que des molécules y sont encore adhérentes.
C’est pourquoi beaucoup d’homéopathes en sont arrivés à ne plus faire que des dilutions peu élevées et en changeant le flacon chaque fois. Ils ne montent pas alors au-delà de la 18° décimale et de la 9° centésimale, et ils appellent ces dilutions des Hahnemanniennes vraies, car c’est ainsi que procédait Hahnemann. Dans ces conditions, on reste dans les limites de la loi physique énoncée par Avogadro, loi physique qui veut que dans les dilutions il se trouve un nombre de molécules qui va en décroissant et ne peut plus se diviser au-delà de la 27° solution décimale.
La loi d’Avogadro devra cependant être révisée, car depuis les découvertes de Joliot-Curie, on sait que l’atome, réputé indivisible, l’est en réalité encore. Nous savons actuellement, et la bombe atomique est là pour nous le prouver d’une façon frappante, qu’un atome est encore divisible et que toutes les lois basées sur cette indivisibilité prétendue sont fausses. La division de l’atome libère une énergie latente incroyable. L’atome est un microcosme composé d’un noyau central et de milliards d’éléments gravitants, qui contiennent une énergie formidable à l’état latent, nous prouvant que la matière, en apparence la plus inerte, est un amalgame d’éléments en mouvement perpétuel possédant une énergie latente extrêmement considérable.
J’en arrive maintenant à la dilution des matières insolubles. Ici aussi on s’est gaussé de ces « farceurs » d’homéopathes qui donnent en dilution des matières insolubles. Mais la physique ici aussi fait des progrès et la découverte de l’état colloïdal de la matière est venue corroborer l’intuition géniale de Hahnemann qui, un demi-siècle avant la découverte de la chimie des colloïdes, avait pressenti la solubilisation possible des corps réputés insolubles ou considérés comme tels. La chimie nous apprend, par exemple, que le sulfate de baryum, réputé insoluble, l’est pourtant à une dose de 1/436.000°, ce qui équivaut à une sixième solution décimale homéopathique. Toutes les dilutions plus étendues que cette sixième décimale, peuvent donc en contenir. La chimie des colloïdes nous apprend que des corps aussi insolubles que l’or, l’argent, le bismuth et le soufre, quand ils ont été pulvérisés à l’extrême par un broyage suffisamment poussé ou par l’électrolyse, acquièrent une solubilisation colloïdale qui permet de les mettre en ampoules injectables et de les employer même en injections intraveineuses. Tous les médecins de l’école classique emploient l’or, l’argent, le bismuth et le soufre colloïdal en injections et nul ne les traite de farceurs pour cette raison.
Or la pharmacie homéopathique donne pour chaque corps insoluble le mode de préparation. Des triturateurs mécaniques ont été inventés qui broient longuement les substances insolubles avant de les mettre en suspension alcoolique ou aqueuse et avant de procéder aux dilutions successives. En réalité, les dilutions de corps insolubles sont des dilutions de suspension colloïdales.
La physique ici vient encore une fois nous prouver la réalité de ces faits. C’est ainsi qu’Ozanam, en 1862, avec le spectroscope de Kirschoff et Bunzen, montra la raie verte du cuivre dans une neuvième solution centésimale de ce métal. Une analyse spectrographique, faite en 1914 par M. Lancien, directeur du Laboratoire biophysique de Paris, avec un spectrographe puissant de son invention, montra la présence du cuivre dans une centième dilution homéopathique de cuivre, faite selon le procédé Korsakoff. La physique est donc là pour nous prouver elle-même que les corps insolubles ne le sont qu’en apparence et que les dilutions homéopathiques, même très élevées, contiennent encore de la substance en dépit des prétendues lois des dilutions et en dépit de toutes les affirmations de nos détracteurs.
Il est assez plaisant, devant ces faits, d’entendre ceux qui ignorent tout de l’homéopathie, faire à son sujet des moqueries de ce genre : vous jetez une goutte de digitale dans la Meuse à Namur, vous en retirez une autre à Liège et vous avez une dilution homéopathique. Ceux qui se livrent encore à de telles plaisanteries, montrent leur ignorance d’une façon éclatante. Il en est de même du médecin, qui affirme, tout en ignorant tout de la méthode, que les homéopathes sont des charlatans qui soignent leurs malades avec de l’eau claire. Ils prouvent par là combien ils sont ignorants, combien leur jugement est faux et quelle est leur partialité.
Que la dose infinitésimale agisse, c’est un fait et tous les médecins allopathes eux-mêmes en emploient tous les jours à leur insu et n’en nient pas les effets. Nous avons tout-à-l’heure parlé de la dose infinitésimale de radium qui, capable de provoquer le cancer, est capable de le guérir. Il est d’autres exemples tout aussi frappants.
Prenons un exemple concret. Qui pourra jamais dire quel est le poids de toxine, évalué en chiffres, que déversent dans l’organisme les bacilles diphtériques qui fleurissent dans la gorge de celui qui en est porteur ? C’est une quantité infime et pourtant elle est capable de tuer. Qui pourra dire le poids de l’antitoxine diphtérique qui, après avoir été élaborée dans l’organisme d’un cheval, est continue dans une ampoule de 10 cc. de sérum de Roux ? Cette quantité infinitésimale a sauvé des milliers de malades.
Jousset écrivait déjà, il y a cinquante ans : Qui pourra dire le poids de la toxine tuberculeuse qui arrive au poumon malade, quand une goutte de tuberculine de Koch a été injectée dans le tissus cellulaire d’un phtisique, s’est mêlée au sang dans toute la circulation, a traversé le foie et est enfin arrivée à la lésion tuberculeuse du poumon ? Cette quantité est si minime, que le Docteur Bernier, de l’hôpital Saint-Louis, la comparaît aux dilutions homéopathiques les plus exagérées. Et cependant cette dose infinitésimale de toxine peut causer une fièvre violente et très souvent a tué le malade. Ce sont là des exemples de doses infinitésimales dont l’action ne peut être mise en doute, parce qu’elles ont la brutalité d’un fait de laboratoire.
Les doses infinitésimales sont employées tous les jours par les médecins allopathes, qui font un usage, même abusif, des vitamines et des hormones. Ces deux espèces de produits sont en quantité si faible, qu’on n’a jamais pu en déterminer le poids exact, les balances les plus subtiles ne peuvent les mesurer. Il a fallu prendre comme réactif l’être vivant, animal ou homme, et voir quelle est la réaction de l’être vivant à cet élément pour pouvoir faire un dosage. Qu’est-ce qu’une unité d’hormone ? Une quantité si impondérable, que même ce qu’il est convenu d’appeler 50.000 unités, reste encore une quantité impondérable, donc infinitésimale. Pourtant tous les médecins et même les plus acharnés adversaires de l’homéopathie, les emploient tous les jours.
Et ceci nous montre une fois de plus l’extrême sensibilité de l’être vivant aux impondérables. C’est le matérialisme scientifique, dans ce qu’il a de plus étroit, qui a fait rejeter jusqu’ici les choses non mesurables. Heureusement à l’heure actuelle une évolution semble se dessiner qui fera sans doute un jour changer les opinions sur bien des choses. Hahnemann a été un précurseur, né cent cinquante ans trop tôt et son intuition géniale a fait que, très en avance sur son temps, il n’a pas été compris et ne l’est pas encore, car un préjugé ancré dans la masse, depuis plus d’un siècle, pèse sur lui comme une lourde hypothèque et est extrêmement difficile à extirper en dépit de tous les progrès et de toutes les évolutions.
Un fait, dit un proverbe anglais, est plus respectable qu’un lord-maire. Il est surtout plus respectable qu’une théorie scientifique ou qu’une opinion philosophique. Ce fait de l’action des doses infinitésimales, en apparence incompréhensible, reste un fait, nous le voyons tous les jours. Les nombreux malades guéris par l’homéopathie sont les témoins vivants de ce fait. Force nous est donc de rechercher, dans le cadre de ces faits, des explications en accord avec les théories actuelles de la science, théories qui ne sont d’ailleurs ni immuables, ni parfaites.
Comment agit la dose infinitésimale ? La première explication, celle qui devrait sauter aux yeux, à mon avis, et que l’on oublie trop souvent, est que la vie de l’organisme humain se passe elle-même à une échelle infinitésimale. Il a fallu l’invention du microscope pour que nous apprenions que tout notre corps est composé de cellules microscopiques qui assimilent, construisent, transforment et secrètent. Tout doit d’abord arriver au degré de dilution et de dilution à l’échelle de grandeur de la cellule vivante pour être assimilé. C’est le rôle des sucs digestifs de réduire ainsi à leur plus simple expression physico-chimique la nourriture que nous absorbons. Sans eux, nos aliments ne sont que des corps inertes, infiniment trop gros pour être assimilés par les cellules absorbantes qui sont, ne l’oublions pas, de taille microscopique. La vie est donc en réalité un phénomène basé sur la vie cellulaire et les cellules sont d’un ordre de grandeur infiniment petit.
(A suivre)
Docteur HODIAMONT
(Revue Spiritualité. No 48-49. Novembre-Décembre 1948)
(Suite)
C’est pour ce motif que les microbes, par exemple, sont si nocifs, parce que leur taille et leurs toxines ont juste la dimension voulue pour être absorbée immédiatement par la cellule vivante. Il en est de même des dilutions homéopathiques qui sont à la même dimension microscopique que les cellules de notre organisme. Et c’est ainsi que nous voyons, en homéopathie, une hémorragie nasale, qui durait depuis des heures, s’arrêter en quelques instants avec une sixième dilution de quinquina mise sur la langue et des douleurs d’otite aiguë cesser en quelques minutes et l’enfant s’endormir rapidement avec une dose d’une deux centième dilution homéopathique d’une culture de l’oscillocoque, ultramicrobe Que l’on trouve dans la plupart des otites.
Pourquoi est-ce selon la loi des semblables et non selon une autre loi que la dose homéopathique agit et guérit ? En vertu d’un principe qui a été trop oublié. Qu’est-ce en réalité que la maladie et ses symptômes ? C’est l’extériorisation, ce sont les manifestations extérieures de la lutte de l’individu contre un élément perturbateur, que cet élément soit exogène ou endogène, car il n’est pas forcément extérieur comme on a trop tendance à le croire depuis la conception microbienne des maladies. Il peut aussi être intérieur et être dû à des déchets d’une mauvaise nutrition, d’une mauvaise assimilation et d’une mauvaise excrétion.
La maladie est une lutte qui s’extériorise par certains symptômes: fièvre, douleur, insomnie, palpitations, céphalées, vomissements, etc. Est-ce vraiment bien intelligent et bien utile de s’opposer à cette lutte de l’organisme en torpillant un à un tous les éléments apparents de cette lutte ? Ou n’est-il pas plus sage d’aider la nature à faire sa réaction en l’aidant à franchir le symptôme apparent, à évoluer au-delà du symptôme, à lui donner un coup d’épaule en le poussant vers l’avant pour gagner cette lutte ? La médecine allopathique, qui nous est enseignée dans les écoles, nous apprend à torpiller les symptômes un à un. Vous avez mal à la tête ? Vite un cachet antimigraine. Vous avez de la fièvre ? Vite un antipyrétique ou un sulfamide, puisque celle-ci, n’est-ce pas, est forcément due à un microbe. Vous avez de l’insomnie ? Vite un narcotique. Vous avez des brûlures d’estomac ? Vite une poudre antiacide. Vraiment est-il bien nécessaire de faire six années d’humanités gréco-latines et sept années d’études universitaires pour savoir faire cela ? N’importe quel primaire n’en ferait-il pas tout autant ?
La médecine homéopathique, elle, ne contrarie jamais la nature, elle agit dans le même sens qu’elle, puisqu’elle applique la loi des semblables. Elle étudie la réaction individuelle du sujet, l’ensemble des symptômes, c’est-à-dire l’ensemble des éléments de cette lutte de l’organisme. Elle cherche le remède qui est le plus analogue, le plus propre à aider l’organisme dans sa lutte et elle l’administre à petites doses, donnant ainsi un coup d’épaule à la nature pour l’aider dans sa lutte contre le mal, favorisant sa lutte au lieu de la contrarier. Aussi voyons-nous parfois des guérisons d’une rapidité surprenante, quand le remède a été bien choisi, parce qu’avec le coup de main que nous lui avons donné, la nature — natura medicatrix — a pu gagner la lutte et cesser immédiatement le combat. La dose homéopathique agit donc en loi des semblables en aidant la nature à faire sa réaction et à dose infinitésimale, c’est-à-dire à l’échelle de grandeur de la cellule vivante elle-même.
Notre manière d’envisager la thérapeutique nous conduit donc à rechercher quel ensemble de symptômes chaque individu montre au cours de sa maladie et à donner le remède qui y correspond. Cela demande un grand esprit d’observation, car il ne suffit pas de poser un diagnostic. En effet, chacun fait sa maladie à sa manière, la même maladie n’a bien souvent pas les mêmes symptômes chez deux individus différents, car chacun a son individualité propre et par conséquent ses réactions qui lui sont propres. Cela est si vrai qu’un illustre professeur a dit un jour : il n’y a pas de maladies, il n’y a que des malades. Prenons comme exemple un simple grippé. Un grippé sera pâle, agité, anxieux, avec la peau sèche et brûlante, un pouls accéléré et bondissant : il appelle l’aconit comme remède; un autre sera abattu, congestionné, aura les pupilles dilatées et le regard brillant, transpirera abondamment et aura un pouls accéléré et mou : il appelle la belladone; un troisième sera prostré, aura les paupières lourdes, ouvrira les yeux avec difficulté, aura le pouls ralenti et refusera obstinément de boire : il appelle le gelsémium; un quatrième aura une sensation de courbature très intense, avec brisure et lumbago violent, douleurs dans les yeux et sensations que ses os sont brisés, il a soif, mais boire le fait vomir : il appelle l’eupatorium et ainsi de suite.
Tous les quatre ont la grippe, mais chacun a des symptômes différents et doit être soigné par un autre remède. Quand le remède aura été bien choisi, cette grippe va guérir très rapidement, parfois en quelques heures. Ceci vous fait comprendre que la question : « Que donnez-vous en homéopathie contre la grippe ? » est une question qui n’a pas de sens. Le diagnostic de grippe étant posé, tout le travail d’individualisation reste à faire. Il est évidemment beaucoup plus simple, beaucoup moins fatiguant pour les méninges du médecin d’intoxiquer tous ses grippés avec la même aspirine, quitte à voir la grippe trainer en longueur huit à dix jours et donner des complications d’otite, de bronchite, de pleurite et de toute espèce d’autres choses agréables…
Or, la méthode classique est de donner le même médicament à tous ceux qui ont la même maladie, c’est-à-dire sur qui la même étiquette clinique peut être posée. On donne la même éphédrine à tous les asthmatiques quoiqu’il y ait vingt sortes d’asthme différents et le même remède à des malades qui ont les symptômes les plus divers puisqu’ils ont la même maladie.
Mieux que cela; on est à la recherche de la panacée universelle, du remède qui tuera tous les microbes et par conséquent croit-on, guérira toutes les maladies. Il est bien évident que c’est une utopie. Le même médicament, même s’il tue les microbes différents, ne peut guérir des malades qui ont des symptômes opposés. C’est ce qui se passe actuellement pour la grande vedette à la mode : la pénicilline. Cette soi-disant panacée universelle qui commence déjà à enregistrer de retentissants échecs et n’empêche ni les récidives, ni les complications et qui tombera dans l’oubli le jour où l’on aura trouvé quelque chose de plus neuf, parce qu’on l’applique sans principe disecteur, à tort et à travers et sans tenir compte de l’ensemble des symptômes du malade, sur la simple notion microbienne ou sur le simple fait que le thermomètre enregistre une réaction fébrile.
Cette individualisation nous conduit, en homéopathie, à envisager l’étude des ensembles. Nous étudions l’ensemble des symptômes présentés par le malade et nous cherchons le remède qui produirait cet ensemble chez un homme sain. Nous sommes donc obligés, par notre méthode, d’observer le malade dans son ensemble et des pieds à la tête. Et ceci étonne très souvent le malade qui se fait examiner pour la première fois par un homéopathe. Une personne qui vient nous trouver pour un ulcère variqueux et que nous interrogeons sur le fonctionnement de son estomac, nous répond : mais ce n’est pas pour ça que je viens, mon estomac, c’est le Dr. X, spécialiste de l’estomac qui le soigne. C’est une réponse qui j’ai entendue des douzaines de fois. Comme si dans note corps chaque organe vivait pour son propre compte et pouvait être soigné par un médecin différent. C’est un peu comme si, pour réparer un chronomètre, on avait des horlogers spécialistes pour la grande aiguille; d’autres pour l’aiguille des secondes et d’autres pour le ressort ou l’échappement… et que l’on allât chez l’un ou chez l’autre selon la partie du chronomètre qui serait en panne.
(A suivre)
Dr. HODIAMONT
(Revue Spiritualité. No 50-51. Janvier-Février 1949)
(Suite)
Cette étude de l’ensemble que nous impose la pratique d’une homéopathie bien faite, nous permet de découvrir des choses surprenantes : un malade se plaint de battements de cœurs, il a consulté les plus grands cardiologues, on lui a fait des radios, des électrocardiogrammes, des piqûres de médicaments cardiaques pendant deux ans et il n’est pas guéri. Il apparaît aux yeux de l’homéopathe comme appelant un médicament dont l’action principale est hépatique : Lycopodium clavatum et guérit en trois semaines avec ce remède et un régime hépatique. Pourquoi ? parce que l’on s’était hypnotisé sur l’organe dont il se plaignait et qu’on n’avait pas vu l’ensemble des symptômes. Or, cet ensemble appelait un remède hépatique, prouvant ainsi à l’homéopathe averti qu’il était un hépatique ignoré et un cardiaque apparent.
J’ai vu guérir une autre personne d’une sinusite purulente aiguë avec un médicament dont l’action principale était exercée sur la matrice, parce que l’ensemble de ses symptômes appelait Méderrhinum, médicament de la matrice, un toucher gynécologique nous confirma immédiatement que cette matrice était malade et la malade vit sa sinusite guérir en 24 heures, preuve que celle-ci n’était qu’une métastase d’origine utérine.
Telle autre, qui souffrait de l’estomac depuis 20 ans, vit guérir celui-ci avec Thuya, autre médicament utérin, ce qui prouvait encore une fois que sa gastrite était d’origine utérine. Tel autre verra son cœur se guérir avec un médicament pulmonaire ou un remède intestinal, parce que l’ensemble de ses symptômes nous montre qu’en loi de similitude, il appelle tel ou tel médicament. Je pourrais multiplier les exemples rien qu’en les prenant dans ma propre clientèle.
L’homéopathie nous apprend ainsi que la spécialisation trop poussée est une erreur, que si vous souffrez de l’estomac et allez trouver un spécialiste de l’estomac, il vous fera des radios, des analyses du contenu gastrique, des repas d’épreuve, des dosages d’acidité, etc… et quand il aura fait tout cela, il ne sera pas souvent plus avancé, car il n’aura pas trouvé la cause du mal si cette cause est due à un autre organe ou à une intoxication venue d’ailleurs. Et il en sera réduit à prescrire une poudre calmante, des piqûres de Laristine ou une opération qui ne supprime pas cette cause inconnue. Alors que c’est peut-être le poumon ou la matrice qui sont malades et qui déversent dans l’organisme des toxines qui influencent l’estomac et en troublent le fonctionnement, y produisant des troubles fonctionnels pour plus tard y produire des lésions. Et il en est ainsi pour tous les organes du corps, qu’il s’agisse des yeux, du nez ou de la gorge, du poumon, du cœur, de l’estomac, du foie, du rein ou de la matrice, qu’il s’agisse d’une affection de la peau ou des nerfs, qu’il s’agisse d’hypertension ou de toute autre maladie. C’est seulement en analysant l’ensemble des symptômes du malade, en recherchant le remède appelé par cet ensemble de symptômes et qui correspond à cet ensemble que l’on comprendra, par le médicament appelé, quelle est la cause profonde du mal et qu’après l’avoir contrôlé par un examen tout à fait complet du malade on pourra lui prescrire le régime approprié et le remède appelé et qui a les plus grandes chances de le guérir.
Cette étude de l’ensemble des symptômes, à laquelle nous contraint une homéopathie bien faite, nous permet donc de faire souvent de véritables découvertes cliniques, trouvant la relation cachée, entre un organe dont un malade se plaint et un autre, dont il ne se plaint pas, mais qui est malade, sans qu’il s’en doute et est quelquefois la vraie cause profonde du mal. Elle nous permet aussi de trouver des relations qui existent entre des maladies en apparence différentes, mais qui ne sont en réalité que des localisations différentes du même mal.
Cela nous entraîne à envisager la conception toxinique des maladies et à attribuer dans la genèse de celles-ci la plus grande cause au terrain sur lequel un mal évolue et ces notions distinguent et séparent profondément l’homéopathie de la médecine classique qui se base, elle, le plus souvent, sur la conception microbienne et exogène de la maladie et qui se trouve totalement désarmée quand elle ne se trouve pas en face d’un microbe à attaquer et à combattre pour le détruire.
L’époque pasteurienne a trouvé les microbes, l’explication de la cause apparente de nombreuses maladies. Les microbes se sont révélés être la cause exogène de beaucoup d’affections. Mais un abus a été fait de cette notion, on a trop généralisé et on a été tenté de croire que chaque maladie était due à un microbe et que si, dans tel ou tel cas, dans le cancer, par exemple, on ne connaît pas la cause, c’est parce qu’on n’en a pas encore découvert le microbe. Et ceci est une grosse erreur. Ceci amène aussi à négliger totalement le terrain sur lequel le microbe évolue. On a ensuite développé la chimie-thérapie dans le but de tuer les microbes, sans s’occuper de ce terrain qui est primordial, à notre avis et en oubliant surtout que tous les produits chimiques qui tuent les microbes et sont toxiques pour eux, tuent aussi les cellules vivantes de notre organisme ou tout au moins diminuent considérablement leur vitalité, d’autant plus qu’il s’agit de malades, c’est-à-dire d’individus dont la résistance aux poisons est fortement diminuée. J’ai vu mourir des sujets qui n’avaient absorbé qu’une dose tout à fait normale de sulfamide par exemple.
Or, la notion du terrain prime, à notre sens, la notion du microbe. Pourquoi dans les mêmes conditions, les uns contractent-ils une maladie microbienne et les autres y résistent-ils ? Prenons un exemple. Dans un village de 1.500 habitants, la source de distribution d’eau alimentaire a été contaminée par du bacille typhique. Quarante cas de fièvre typhoïde se présentent. C’est à coup sûr une grave épidémie. Mais les 1.460 autres habitants ont, eux aussi, contracté la fièvre typhoïde ? Parce que les propres ressources de leur organisme ont rejeté les microbes absorbés et ces sujets y ont résisté, alors que les autres n’ont pas pu les rejeter et sont tombés malades. Le terrain sur lequel les microbes ont été semés apparaît donc comme primordial. Il apparaît donc qu’en renforçant ou en stimulant les défenses organiques propres à l’individu, sans aucune espèce d’antiseptique, on lui permet de résister à la maladie. Les expériences faites par Hahnemann lui-même sont là pour le prouver. C’est ainsi que l’on voit la scarlatine, dont les symptômes commencent souvent par ceux que la belladone produit sur l’être humain, être non seulement combattue par la belladone, mais les sujets qui vivent en milieu infecté de scarlatine et prennent préventivement de la belladone à dose homéopathique ne contractent pas la scarlatine. La dose homéopathique de belladone constitue, donc dans ce cas un véritable vaccin, mais a sur le vaccin le très grand avantage de n’être pas toxique, car il ne modifie pas le milieu sanguin.
Notre conception toxinique des malades est beaucoup plus vaste que la conception microbienne. Quand la médecine officielle a tué le microbe, elle considère le malade comme guéri et sa tâche est terminée. Il y a pourtant bien des gens qui ne sont pas remis d’une maladie infectieuse de longs mois après la disparition du microbe. C’est que celui-ci a déversé dans l’organisme des toxines qui n’ont jamais été éliminées, qui continuent à l’affaiblir, qui circulent dans l’organisme et ne s’élimineront que quand nous stimulerons les défenses propres à l’organisme pour les éliminer, en loi de similitude. Tant qu’elles circulent dans le corps, ces toxines peuvent produire des troubles, se fixer tantôt sur la peau et y produire un eczéma, tantôt sur l’estomac et y produire un ulcère, tantôt sur les articulations et y produire un rhumatisme chronique ou aigu et nous entrons, par la notion toxinique dans celle des métastases morbides.
Mais les toxiques ne sont pas seulement microbiennes; il en est de très différentes et de nature très nombreuses et très diverses. Il y a les intoxications par une alimentation trop riche ou mal réglée, les intoxications par le tabac, l’alcool ou l’air vicié, l’auto-intoxication du sujet due à un tube digestif déficient, à un foie insuffisant ou à des reins fonctionnant mal. Et il y a surtout, dans la vie moderne, l’intoxication par les produits chimiques variés que nous absorbons tous les jours depuis la simple aspirine, les laxatifs, les narcotiques, jusqu’aux produits les plus compliqués que nous livre la chimiothérapie moderne et avec lesquels la médecine moderne nous empoisonne à jet continu, d’une façon lente, certaine et inexorable, à coups de seringue et à coups de spécialités. Il y a les toxines dues aux vaccinations qui modifient le milieu sanguin en y créant des anticorps dont un sang normal n’est pas porteur et qui font de nous des malades du sang et que l’observation minutieuse de nos malades en loi de similitude nous montre comme réellement nocives. Il y a les toxines parasitaires depuis la simple piqûre de moustique jusqu’aux toxines déversées dans l’organisme par la gale et les vers intestinaux. Il y a les toxines nerveuses, dues à la vie moderne du civilisé, aux mille tracas de la vie, aux heurts perpétuels entre humains, aux radiations nocives que nous absorbons constamment, aux courants électriques induits qui nous traversent sans relâche, à tout ce que nous avons appelé : le poison moral.
Toutes ces toxines s’accumulent dans l’organisme, y circulent, y créent des maux aussi différents en apparence qu’une crise d’asthme ou un ulcère à l’estomac ou une diarrhée, une migraine ou un rhumatisme. Mais l’étude de l’ensemble des symptômes est là pour nous apprendre que c’est parfois la même toxine qui provoque les maux en apparence les plus différents par ce que ces maux appellent le même médicament, tandis que d’autre part, deux maladies en apparence semblables, deux eczémas par exemple, vont appeler deux médicaments différents parce que l’ensemble des symptômes de ces deux maladies est différent, ce qui nous prouvera que dans ces deux cas en apparence semblables, les toxines en cause sont différentes.
Les guérisons que nous obtenons tous les jours sont là pour prouver que notre conception est juste. L’application de la loi de similitude, l’étude de l’individualisation des remèdes et celle de l’ensemble des symptômes de chaque malade bouleverse donc toutes les conceptions classiques et crée en médecine une nosologie et une thérapeutique toute nouvelle, que la vieille routine officielle n’a pas encore su assimiler, parce que sa tendance à ne voir que dans la chimiothérapie la clé de toute thérapeutique est en train de la conduire dans une impasse.
Quels sont les avantages de l’homéopathie ?
Le premier de ces avantages est que nous n’intoxiquons jamais nos malades. Les doses que nous employons sont trop faibles que pour jamais intoxiquer personne, même quand nous employons des poisons. N’y aurait-il que cet avantage-là, il serait déjà considérable, car j’ai vu mourir des gens parce qu’on leur avait donné une dose trop énergique d’un médicament réputé actif. De deux choses l’une : ou bien notre remède est bien choisi, il est en accord de résonance avec le malade et celui-ci s’améliore rapidement; ou bien il est mal choisi et c’est comme si le malade avait bu de l’eau claire, car il n’y a pas de résonance et la dose était trop faible que pour produire un effet toxique. Tandis qu’un médicament allopathique, mal choisi, ce qui arrive d’ailleurs, ou mal supporté, peut intoxiquer et même tuer le malade.
Les incrédules affirment que ce n’est que par suggestion que nos remèdes agissent et pourtant nous avons guéri de nombreux sceptiques, chez qui aucune suggestion ne pouvait entrer en ligne de compte. Nous avons guéri des nourrissons et des enfants auxquels on disait que c’étaient des globules de sucre, nous avons enfin guéri des personnes à leur insu, en faisant mettre le remède dans leur café ou leur potage, enfin, nous avons vu guérir des animaux auxquels le remède homéopathique avait été administré dans leur pâtée. Beaux exemples de cas où la suggestion n’a et ne peut avoir absolument rien à faire.
Le deuxième avantage est que nous savons toujours où nous allons. Nous avons un principe directeur constant et immuable : la loi de similitude et nous savons toujours, en vertu de quelle loi, nous donnons un médicament et nous savons presque à coup sûr quel médicament agira dans tel cas et quel médicament n’agira pas; nous voyons le malade « appeler » son remède par l’ensemble de ses symptômes et à un malade qui appelle l’aconit, il ne viendra pas à l’idée à un homéopathe de donner la belladone. Nous savons toujours ce que nous employons et la dilution donnée. En allopathie, actuellement, le médecin prescrit très souvent des remèdes dont il ignore même la composition, car il serait souvent bien embarrassé de donner la formule exacte des spécialités qu’il prescrit. De plus, ces spécialités sont omnibus, faites en série pour tous les patients quelles que soient leurs réactions propres. Les vieux cliniciens de jadis savaient eux, au moins, ce qu’ils prescrivaient; l’école nouvelle l’ignore et la plupart des jeunes médecins actuels est fort embarrassée de faire une prescription thérapeutique magistrale.
Un troisième avantage est qu’il n’y a pas de question de mode dans l’emploi du médicament. Les symptômes de la belladone ou de l’opium sont ce qu’ils étaient il y a cent ans et seront les mêmes dans mille ans : parce qu’ils ont été étudiés sur le corps humain et qu’ils sont appliqués selon une loi naturelle, or, la nature humaine ne change pas. Tandis qu’à regarder l’allopathie, nous voyons à un moment la mode être aux vaccins, un autre jour, elle est aux sérums, puis elle passe aux sulfamides, elle est actuellement accrochée aux vitamines et à la pénicilline jusqu’à ce que demain une nouvelle mode soit lancée qui détrônera la déesse du jour. Un vieux médecin ne disait-il pas naguère : « Prescrivons ce médicament tant qu’il guérit », et c’est exact, car la mode y domine, de plus, l’organisme réagit aux toxiques en s’immunisant contre eux et il faut augmenter les doses pour finir par ne plus obtenir aucune action, parce qu’il torpille la nature au lieu de l’aider. Tandis qu’un remède appliqué en loi de similitude guérit toujours s’il est bien choisi, parce que la loi de similitude est immuable et naturelle. La médecine, classique serait bien embarrassée de dire quel est l’ensemble des symptômes d’un sulfamide ou de la pénicilline sur le corps humain sain. Tout ce qu’elle sait, c’est que dans certains cas, elle tue certains microbes et que dans certains cas elle ne les tue pas, sans pouvoir dire à l’avance sur lesquels elle agira ou non. Elle n’a pas de principes directeurs, elle est purement empirique.
Un quatrième avantage est que l’on fait une médecine d’ensemble et non une médecine compartimentée. On étudie l’ensemble des symptômes d’un malade, même s’il ne se plaint que d’un seul organe. On ne néglige aucun organe. On bénéficie alors de découvertes cliniques que ne peut faire un spécialiste trop étroit ou un homme préoccupé seulement des résultats que lui apporte le laboratoire d’analyses. On s’attache au terrain en lui-même en non seulement à l’élément extérieur, microbien ou non, qui évolue sur ce terrain. On trouve souvent la cause cachée d’un mal que nous révèle la nature du médicament appelé par l’ensemble des symptômes du malade. Ce sont là des avantages énormes.
Nous pourrions continuer l’étude de ces avantages en rappelant l’expérimentation humaine qui nous attache aux réactions propres à l’homme et non à celles du cobaye ou du chien de laboratoire. Nous pourrions aussi rappeler que nous ne contrarions jamais la nature, mais nous l’aidons dans ses réactions; nous ne torpillons pas la nature, mais nous la soutenons dans sa lutte.
Un dernier et important avantage de la méthode est que nous ne sommes pas les esclaves d’une étiquette clinique. Il arrive souvent que le médecin appelé auprès du malade et consulté par lui n’arrive pas à faire rentrer les symptômes dont il se plaint dans le cadre étroit de la thérapeutique classique et que tout diagnostic est impossible.
On a quelquefois beau multiplier les examens, les radios et les analyses et l’on arrive pas à poser un diagnostic. Il n’y a que des troubles fonctionnels, mais pas de lésion. C’est ce qui fait dire à beaucoup de médecins à leurs malades : vous n’avez rien, c’est nerveux. Tandis que l’homéopathe, lui, même s’il lui arrive de ne pas pouvoir poser un diagnostic, pourra trouver toujours dans son arsenal thérapeutique un remède que l’expérimentation humaine nous aura appris être capable de provoquer les symptômes semblables. Il pourra donc le guérir en appliquant la loi de similitude, même s’il n’a pu poser, pour cette fois-là, un diagnostic. C’est ce qui fait dire à nos détracteurs : ces homéopathes, ils soignent sans poser de diagnostic. Nous les posons, je pense, tout aussi bien que les allopathes, mais en outre, nous sommes capables de donner un médicament qui guérit un mal, même quand un diagnostic n’est pas possible. Et c’est là, je pense, une supériorité.
Les résultats que nous obtenons par l’homéopathie bien faite sont tels que la plupart des homéopathes finissent par être débordés de travail et par ne plus faire de visite en ville, faute de temps, leur carnet de rendez-vous après quelques années de pratique, étant débordé plusieurs semaines d’avance. Cela seul suffit à montrer la valeur de la méthode. Les médecins qui se privent de l’arme thérapeutique homéopathique laissent échapper de leur main la possibilité de guérir de nombreux malades et ceux qui sont chargés d’enseigner aux jeunes générations commettent, à mon avis, une faute grave contre l’humanité, en privant leurs élèves d’un moyen thérapeutique aussi puissant que l’homéopathie.
Les personnes qui se sont soignées par l’homéopathie et ont été guéries, les médecins qui la pratiquent et voient tous les jours les guérisons remarquables de cette méthode, se demandent souvent pour quelles raisons une méthode aussi efficace n’est pas enseignée officiellement dans notre pays tout au moins. Je m’empresse de dire tout de suite qu’il est d’autres pays où cet enseignement existe depuis longtemps. En Amérique du Nord, de nombreuses facultés ont une chaire et des cliniques homéopathiques. Au Mexique, elle est reconnue et enseignée officiellement. En Angleterre, le London Homeopathic Hospital est apte à délivrer un diplôme de spécialiste de l’homéopathie, enfin, en Allemagne, depuis 1928, il y avait à Barlin une chaire d’homéopathie.
Les raisons sont, hélas, multiples et nous allons en étudier rapidement quelques-unes.
Une première raison, si étrange que cela puisse paraître, est qu’Hahnemann était un précurseur, venu au monde 150 ans trop tôt; à une époque où l’infinitésimalité ne pouvait être admise parce qu’elle était incompréhensible. Si cette découverte avait été faite à l’époque actuelle où la désintégration de la matière commence à être admise depuis que nous avons vu les effets de la bombe atomique, cela aurait pu faire un grand bruit; mais il y a cent ans, ce fut une levée de boucliers, tous les préjugés de l’époque se liguèrent contre lui et le matérialisme scientifique du 19e siècle tout entier et du début du 20e ont accentué ce préjugé. L’esprit matérialiste de ce siècle écoulé, qui ne veut admettre que ce qui se voit, ce qui se pèse, ce qui se compte, ce qui se chiffre, a lutté de toutes ses forces contre l’homéopathie et a créé contre elle un préjugé défavorable, un esprit de moquerie, une opinion généralisée totalement erronée. Or, il est bien plus difficile de renverser un courant, de lever un barrage d’un siècle et demi de préjugés, que de créer quelque chose de nouveau et d’inconnu. Nonante neuf personnes sur cent qui ne savent rien de l’homéopathie, n’ont pas la moindre notion de ce qu’elle est, ni de sa méthode, qui n’ont jamais lu un seul ouvrage écrit par un homéopathe sérieux ont un sourire sceptique et traitent de charlatan celui qui pratique cette méthode. Voilà les effets et la force d’un préjugé.
Une deuxième raison est ensuite due à la situation sociale de celui qui fait une découverte. Hahnemann était un petit médecin de province, qui s’occupait même plus de chimie que de médecine, quand il découvrit la loi de similitude. Or, tout le monde sait que quand un puissant du jour, un grand professeur par exemple, émet du haut de sa chaire, un éternuement, cet éternuement est entendu par le monde entier. On en parle dans toute la presse médicale internationale. Mais qu’un petit médecin inconnu fasse, lui, une découverte, et surtout si cette découverte bouleverse toutes les conceptions et est totalement révolutionnaire par rapport aux choses enseignées dans les Facultés avec un grand F, alors évidemment le monde officiel tout entier se ligue contre lui, crie à l’outrecuidance, et fait haro sur le baudet. Et la découverte, si magnifique soit-elle, si utile qu’elle puisse être à l’humanité, est refoulée dans les ténèbres jusqu’à ce qu’elle soit, beaucoup plus tard, redécouverte par un grand pontife qui daignera la prendre pour sienne.
Une troisième raison est due aux grandes faiblesses de la nature humaine. Chacun, si intelligent soit-il, est de prime abord adversaire de ce qu’il ignore. Il y a peu de médecins qui ont le courage de reconnaître qu’il y a en médecine, une méthode de thérapeutique qu’il ignore et qu’il ne pratique pas. Le fait d’occuper une situation en vue, crée en outre, chez chaque homme, plus ou moins à son insu, un complexe d’orgueil. Un médecin qui occupe une brillante situation aura toujours très difficile de reconnaître publiquement qu’il y a des méthodes thérapeutiques dont il est totalement ignorant. Il sera toujours imbu de son omniscience et il préférera nier ce qu’il ignore que d’avouer qu’il ignore. En outre, ce qui trouble les habitudes et la quiétude de chacun est immédiatement rejeté. Tous les médecins qui pratiquent depuis des années, parfois toute leur vie durant une méthode courante ne peuvent du jour au lendemain brûler ce qu’ils ont adoré et renier un passé de travail. Le corps enseignant des Facultés ne peut cesser brusquement d’enseigner la loi des contraires pour reconnaître la loi des semblables. Trop de gens sont bouleversés dans leurs habitudes et dans leurs conceptions par une méthode révolutionnaire. C’est pourquoi la pratique de l’homéopathie n’est faite que par de rares médecins, qui ont le courage de remonter le courant, de renier leur passé, de braver les préjugés et les moqueries, de renverser les idoles et de se reconstruire un nouvel autel. Il est bien plus commode de suivre le courant que de le remonter et de le vaincre.
Une quatrième raison est que trop d’intérêts matériels sont ligués contre l’homéopathie. Trop de gens vivent de la vente des produits pharmaceutiques et des spécialités qui inondent le marché commercial. Il y a trop de marchands de poison. Nos plus grands ennemis sont tout d’abord les pharmaciens. A part et à l’exception de quelques-uns d’entr’eux, moins intéressés et glus large d’idées, et à l’exception de ceux d’entr’eux qui ont appris à préparer les remèdes homéopathiques et voient dans leur clientèle les résultats obtenus par la méthode. J’entends trop souvent les mots injurieux sortis de la bouche de certains pharmaciens et qui me sont rapportés par les clients. Le mot de charlatan est celui qui revient comme un leitmotiv. La vente des produits homéopathiques ne rapporte pas assez d’argent, car ces petites doses ne coûtent pas des prix excessifs et ils coûtent plus par le temps de travail qu’exige leur préparation que par leur composition même. De plus, ceux qui ne savent pas les préparer et ne les vendent pas, sont automatiquement adversaires de la méthode. Les hommes ne sont pas des saints. Ils préfèrent vendre des spécialités fort chères qui rapportent beaucoup plus d’argent.
Pour vous montrer jusqu’où va l’intérêt des marchands de produits pharmaceutiques, je vous raconterai seulement ce fait : Sur la fin du siècle dernier, le Docteur Abrams, de San Francisco, inventa une méthode de traitement consistant à guérir certaines maladies par la percussion des vertèbres, sans emploi d’aucun médicament. Lorsqu’il l’apprit, le syndicat des fabricants de spécialités pharmaceutiques américains dépensa en un an un million de dollars de propagande contre la méthode d’Abrams. Celle-ci évidemment ne se répandit pas et mourut à peine était-elle découverte, et, sauf quelques rares chercheurs qui la pratiquent encore, personne n’en parle plus, sauf peut-être pour traiter le Dr. Abrams de charlatan. Un fait de cet ordre se passe de tout commentaire.
Il faudra donc probablement longtemps encore pour que l’homéopathie acquière le droit de cité chez nous et soit enseigné officiellement. Trop d’intérêts sont ligués contre elle. Nous dirons pour conclure que, fort heureusement, le monde évolue. Les progrès de la physique, avec la notion de désintégration de l’atome, sont là pour ouvrir une ère nouvelle. Un jour approche où les guérisons obtenues par l’homéopathie ne seront plus niées que par les gens de mauvaise foi, parce qu’on commence à admettre la possibilité d’action des doses infinitésimales et l’immense source d’énergie produite par la désintégration nucléaire. Nous verrons d’ici quarante ou cinquante ans les idées se révolutionner, parce que nous venons d’entrer dans ce que l’on peut appeler l’ère atomique. Qu’est-ce que cinquante ans dans le cours de l’évolution de l’humanité ?
M. Robley D. Evans, professeur de physique et spécialiste de la radioactivité à l’Institut de Technologie des Massachusetts, écrivait récemment dans « Atlantic Monthly » de Boston:
« Les instruments de détection dont on se sert actuellement permettront de révéler avec une précision dont on n’avait jamais rêvé auparavant des quantités infinitésimales de substances chimiques, qui se trouvent être radioactives, parce qu’ils permettront de compter les atomes un par un au lieu d’exiger, comme c’est le cas lorsqu’on se sert d’une balance de laboratoire, l’accumulation de millions de milliards d’atomes pour obtenir une quantité minima susceptible d’être pesée. »
Nous voyons ainsi s’ouvrir ce qu’il est convenu d’appeler l’âge atomique. Celui-ci nous réserve bien des surprises encore. Par ces progrès de la physique qui vont indiscutablement en survenir, nous verrons dans un avenir peut-être proche, l’homéopathie recevoir enfin droit de cité parce que plus personne ne pourra nier l’existence de la dose infinitésimale ni l’action de celle-ci. Il en résultera fatalement une évolution nouvelle de la médecine, et nous sommes sûrs que l’homéopathie a un bel avenir devant elle. L’âge des difficultés n’est pas clos encore, mais une ère nouvelle va s’ouvrir. Il aura appartenu aux pionniers de lutter pour arriver au but.
Il appartient toujours à quelques-uns d’être en avance sur leur époque. En attendant cette ère nouvelle, nous lutterons par tous les moyens, sur tous les plans et dans tous les milieux, pour que cette thérapeutique si belle et si féconde se propage de plus en plus, car elle peut, dans bien des cas, apporter un soulagement aux grandes misères de la pauvre humanité qui souffre.
Dr. HODIAMONT