Robert Powell
Quelques réflexions

Découvrons la paix à l’intérieur de nous avant de chercher à le faire autour de nous. On dit : « Voir, c’est croire. » Pour moi, percevoir une chose vraiment dans sa totalité signifie exactement le contraire : une libération de tout genre de croyance, de spéculation, et la fin de la dépendance sous toutes ses formes. […]

Découvrons la paix à l’intérieur de nous avant de chercher à le faire autour de nous.

On dit : « Voir, c’est croire. » Pour moi, percevoir une chose vraiment dans sa totalité signifie exactement le contraire : une libération de tout genre de croyance, de spéculation, et la fin de la dépendance sous toutes ses formes.

Tous nos problèmes psychologiques sont de notre fabrication.

La moralité sexuelle (l’immoralité) est relativement peu importante (inoffensive). Ce qui importe beaucoup cependant, c’est la Moralité. Commençons d’abord par nous occuper de celle-ci, et la moralité sexuelle saura bien alors s’arranger toute seule.

Seul l’esprit libre est heureux. Celui qui tente désespérément d’être heureux ne peut jamais être libre, étant retenu toujours par ce qu’il a en vue; il ne peut donc trouver le bonheur.

Ce ne sont pas des faits qui nous troublent, mais les pensées qui concernent ces faits. Tant que l’esprit est agité, il ne peut y avoir de perception véritable ni aucune juste compréhension de quoi que ce soit; et aussi longtemps que la compréhension sera absente, il y aura intrusion de la pensée et fabrication d’illusion; c’est un véritable cercle vicieux.

Nous nous accrochons à nos souvenirs parce que notre richesse intérieure est inexistante, ils constituent tout notre avoir, et ce qui nous rapproche le plus de la permanence accessible à l’homme.

Ne dites pas : « C’est bien, c’est mal… », parce que c’est une perte de temps et d’énergie; car pendant que vous direz ces choses, vous ne comprendrez jamais ce que vous venez de classer si rapidement et avec suffisance.

L’homme qui a compris les choses importantes de la vie n’étiquette jamais ses observations de la sorte, et il n’entretient non plus ni goûts ni dégoûts.

Fait-on jamais l’inventaire de sa vie ? Sait-on quelles activités ont vraiment de la valeur et lesquelles n’en ont aucune ? Si l’on découvre par soi-même à quel point la vie qu’on mène est insignifiante et n’est qu’une simple perte d’énergie, on ne songe même plus à émonder ses activités. Tout ce gaspillage, tout ce bruit s’est déjà estompé, et l’on découvre aussitôt une nouvelle façon de vivre, infiniment plus significative et plus intense que cette existence préalable que l’on considérait comme la seule possible.

Plus nous manquons de sécurité et plus nous nous sentons perdus et mal ajustés à la vie, plus nous chérissons les souvenirs du temps passé et plus les pensées associatives fondées sur le passé interviennent dans notre conscience du présent.

Tous nos problèmes, tous nos malheurs et toutes nos dépressions viennent simplement d’une poursuite persistante de fausses (irréelles) valeurs, et non d’un manque de compréhension d’une philosophie ou d’une doctrine religieuse.

Quand il est frappé par le malheur, en général l’homme esclave se demande : « Pourquoi moi ? » Tandis qu’un homme sérieusement décidé se demande : « Pourquoi pas moi ? » Si ce même homme croisait la chance, il se demanderait : « Pourquoi moi ? » Ainsi, les deux questions pourraient faire partie d’une recherche sur ce qui constitue l’entité à qui les choses arrivent. Quand la nature de cette entité est entrevue, ou plutôt sa non-nature, les événements sont transformés; on les voit comme étant des non-événements. A son tour, cette façon de voir conduit à une nouvelle façon d’être et la tristesse n’a plus aucune emprise sur la vie.

L’homme qui persiste à être ballotté par le destin comme la feuille au vent ne se pose jamais de questions vitales et n’a donc aucune occasion de briser ses liens.

Une société saine est toujours essentiellement une société morale, mais ce qu’on appelle communément une « société morale » n’est pas une société saine.

Toute pratique « religieuse » consciente n’est pas seulement irréelle, mais devient en plus la proie de l’esprit, qui s’en fait un refuge et s’y évade. Elle nous rend aveugle à la nécessité de comprendre nos problèmes et nos activités quotidiennes. Si la religion ne nous fournit pas une compréhension intégrale de notre vie quotidienne — qui est la seule vie — quelle est donc son utilité ?

Nous construisons des images à propos de tout parce que l’esprit a soif d’occupations, parce que nous comparons; nous comparons parce que nous nous mesurons constamment : il y a toujours quelque espace entre l’observateur et l’observé. Nous n’observons jamais à partir du Silence qui n’est pas le contraire du bruit.

N’est-ce pas parce que nous abordons toujours le plaisir avec une image (de ce que ce plaisir devrait être, en se basant sur le souvenir d’une expérience passée) et donc avec une idée préconçue que tout plaisir ne peut être simplement éprouvé et oublié mais doit toujours nous mener vers d’autres plaisirs ?

Tant que la société sera ce qu’elle est, nos problèmes n’auront pas de fin. La société n’est pas différente de l’individu et l’individu n’est pas non plus différent de la société. La structure psychologique de la société reflète fidèlement les pensées les plus secrètes de l’homme. Ceux qui postulent que la société et les individus sont deux entités différentes n’ont pas véritablement examiné la question. Aussi, il est rassurant de perpétuer cette division; elle convient à notre inertie psychologique, parce que en disant : « La société doit changer », nous nous dispensons de la nécessité de changer en tant qu’individus.