Jason Heppenstall
Steiner & les démons du sang

Traduction libre de l’article paru dans New Dawn 191 (Mars-Avril 2022)  La race humaine fait-elle l’objet d’une attaque spirituelle ? Le philosophe ésotérique et clairvoyant Rudolf Steiner a-t-il lancé un avertissement à ce sujet il y a plus d’un siècle, lorsqu’il a déclaré qu’un « vaccin » serait le vecteur de la défaite de l’humanité ? Pour beaucoup, la réponse […]

Traduction libre de l’article paru dans New Dawn 191 (Mars-Avril 2022) 

La race humaine fait-elle l’objet d’une attaque spirituelle ? Le philosophe ésotérique et clairvoyant Rudolf Steiner a-t-il lancé un avertissement à ce sujet il y a plus d’un siècle, lorsqu’il a déclaré qu’un « vaccin » serait le vecteur de la défaite de l’humanité ?

Pour beaucoup, la réponse excessivement autoritaire des gouvernements du monde entier au COVID-19 a révélé une force motrice plus profonde et plus sinistre. Mais il n’y a pas que les gouvernements qui ont semblé agir de façon étrange. Au cours des deux dernières années, nous avons vu des personnes issues d’un large éventail de la société se soumettre docilement à des attaques draconiennes contre leurs libertés, beaucoup d’entre elles les défendant même farouchement. De même, nous avons vu des politiciens et des partis qui s’étaient autrefois présentés sur des plates-formes de liberté personnelle et d’autonomie économique se transformer presque du jour au lendemain en obsédés du contrôle, décidés à microgérer tous les aspects de nos vies. Comment en est-on arrivé là ?

Récemment, le terme « psychose de formation de masse » a été sur toutes les lèvres. Il s’agit d’un phénomène psychologique par lequel une masse de personnes passe délibérément par un processus de désindividualisation, formant une mentalité de troupeau. En raison de leur nature contagieuse, les formes-pensées qui affectent ces personnes désindividualisées, catalysées par les boucles de rétroaction positive des programmes d’information, des médias sociaux et de l’interaction avec les pairs, se répandent comme une traînée de poudre dans toute la population. Dans le passé, on appelait cela la psychologie de la foule, ou plus simplement, la folie des foules.

Psychologie : de la science à l’occulte

Rudolf Steiner (1861-1925)

Quelqu’un pour qui les événements de ces dernières années n’auraient pas été aussi surprenants est le philosophe ésotérique et mystique autrichien Rudolf Steiner, décédé il y a près d’un siècle. Tout au long de sa vie, Steiner a écrit de nombreux livres et donné des milliers de conférences sur ses théories, contribuant ainsi grandement à divers domaines, de l’architecture à l’éducation et de l’agriculture à l’apiculture. Ses idées et ses méthodes très particulières — et parfois controversées — ont conduit à la fondation du mouvement spirituel connu sous le nom d’anthroposophie, qui souligne l’existence d’un potentiel illimité pour les êtres humains.

Contrairement à certains penseurs ésotériques, Steiner a reconnu la grande importance de la science matérialiste, mais a fait valoir qu’il était essentiel de ne la considérer que comme un seul aspect de la réalité qui devait idéalement être combiné avec ce qu’il appelait la « science spirituelle » — acquise par l’expérience mystique — afin d’en présenter une image complète. Après tout, les percées se produisent souvent lorsque les scientifiques reçoivent des idées venant d’au-delà du domaine matériel, comme dans le cas célèbre de James Watson, à qui l’on attribue la découverte de la forme en double hélice de l’ADN, qui lui est apparue dans un rêve représentant deux serpents entrelacés. De même, Dimitri Mendeleïev a créé le tableau périodique après avoir rêvé « … d’un tableau où tous les éléments se mettaient en place comme prévu ». Ces cas montrent que toutes les découvertes scientifiques ne sont pas le résultat de la déduction logique et de l’expérimentation.

En fait, Steiner, qui avait été l’objet d’intuitions mystiques depuis son enfance, a perfectionné ses capacités de clairvoyance à tel point que les informations qu’il recevait de sources non conventionnelles sont devenues plus qu’un simple éclair occasionnel. Sa quête devint l’établissement de méthodes permettant d’obtenir une perception extrasensorielle objective — une tâche qu’il considérait d’une importance capitale, car il croyait qu’une bataille épique se déroulait dans le monde spirituel et qu’elle aurait des conséquences désastreuses pour l’humanité si elle n’était pas abordée de front.

Les Esprits des ténèbres

Ses avertissements les plus clairs sur le sort futur de l’humanité ont été formulés dans une série de conférences données vers la fin de sa vie à Dornach, en Suisse ; ces conférences sont reproduites dans le livre La chute des esprits des ténèbres. Bien que les détracteurs de Steiner affirment que sa prose peut être plombée, ses conférences sinueuses et ses concepts difficiles à saisir, il est remarquablement clair et direct lorsqu’il s’agit du sort qui attend l’humanité si on laisse notre obsession du matérialisme scientifique régner librement sans qu’elle soit ramenée à l’équilibre par les forces compensatoires de la spiritualité.

Ceci est illustré le plus clairement dans les deux dernières conférences de la série — 13 et 14 — qui sont respectivement intitulées L’influence des esprits déchus dans le monde et Vers le futur. Steiner affirme qu’une bataille invisible a eu lieu au début du 19e siècle et que certains « esprits des ténèbres » l’ont perdue. Ces esprits ont été dûment éjectés de leurs royaumes célestes et précipités dans un plan d’existence plus matériel, c’est-à-dire ici. Il est remarquablement précis quant à la date de cet événement : automne 1879.

Ces esprits nouvellement arrivés ont rejoint ceux qui étaient déjà là — ceux qui ont côtoyé et influencé l’humanité depuis les temps mythologiques associés à la Chute. Étant donné que ces esprits malins mettent du temps à se frayer un chemin dans les sociétés humaines, ce n’est qu’en 1914 que leur influence maligne s’est manifestée dans la société humaine sous la forme de la Première Guerre mondiale — un événement désastreux dont la cause laisse encore les historiens séculiers perplexes.

Lucifer et Ahriman — les chefs de la meute

Selon Steiner, les esprits Ahriman et Lucifer piratent l’humanité depuis des milliers d’années, Lucifer étant le « porteur de lumière » qui cherche à nous rendre plus spirituels et à nous accorder plus de libre arbitre [1], et Ahriman faisant le contraire et nous rendant plus matérialistes et plus faciles à contrôler. En termes simples, Lucifer est une influence ascendante, tandis qu’Ahriman est une influence descendante.

Sculpture de Steiner représentant le visage d’Ahriman.

Pourquoi voudraient-ils faire cela ? Eh bien, nous ne le savons pas — il est difficile pour nos esprits humains de comprendre ce qui fait tiquer les anges et les démons. Mais chaque fois qu’il y a une de ces batailles périodiques dans le monde des esprits, dit Steiner, il en résulte généralement un nouveau lot de renforts qui sont jetés dans le monde matériel pour rejoindre les forces de ceux qui sont déjà là.

Steiner nous a dit qu’Ahriman — un démon identifié pour la première fois par les Zoroastriens dans l’ancienne Perse — a le dessus en ce moment. Il avait une dent contre Ahriman et avait vu son visage en vision — en fait, il était encore en train de le sculpter dans du bois au moment de sa mort. L’objectif principal d’Ahriman semble être d’entraîner l’humanité dans un état purement matérialiste dépourvu de toute forme de spiritualité, supprimant même l’impulsion de se connecter à nos âmes. Sa méthode d’attaque passe par la science et la technologie, et par la prise de possession de l’esprit de personnes puissantes et influentes afin de faire avancer son programme. Ces personnes contrôlées pourraient être des scientifiques, des politiciens, des chefs religieux, ou toute personne ayant une quelconque influence. Ainsi, les forces démoniaques agiraient par l’intermédiaire de ces personnes, et des personnes elles-mêmes, aveuglées par des défauts trop humains tels que la cupidité ou la soif de pouvoir, et qui n’auraient pas la conscience élémentaire pour reconnaître ce qui se passe.

Une nouvelle religion pour un nouvel âge

Cette prise de pouvoir a eu pour toile de fond la montée de l’athéisme et le culte de la science et du progrès. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où une perspective purement matérialiste est présentée comme la seule explication de toute la création. L’athéisme est devenu une religion de facto pour certains, tandis que les riches traditions de la spiritualité innée ont été mises de côté et écrasées sous son talon. Les gens, les animaux et toute vie sont considérés d’une manière aussi froide ; comme de simples réceptacles de protéines et de code génétique qui peuvent être exploités. La finalité de cette pièce est présentée comme un monde sombre, monochrome, dépourvu d’esprit et de lumière, où les humains, dont l’esprit est brisé, sont rassemblés et surveillés comme des animaux de laboratoire.

Nous pouvons voir comment ce scénario s’accélère. Les PDG des entreprises technologiques sont presque considérés comme des saints ou des bodhisattvas, qui font miroiter la carotte de la vie éternelle en téléchargeant les « données » contenues dans nos cerveaux sur des micropuces. Dans le même temps, les politiciens, les scientifiques d’entreprise, les fonctionnaires et les économistes sont considérés comme des ingénieurs technocrates chargés de veiller au bon fonctionnement de la force destructrice de l’économie matérielle. Le libre arbitre ? L’hypothèse implicite est qu’il sera inutile une fois que les algorithmes alimentés par l’IA — qui nous connaissent mieux que nous — auront atteint la vitesse de libération. À ce stade, la vie humaine n’aura plus de valeur intrinsèque, et les coquilles de nos anciens égos seront occupées par l’armée démoniaque dont Steiner nous avait prévenus qu’elle attendait son heure.

Dans le sang

Certains disent que Rudolf Steiner a prédit l’apparition d’un vaccin qui serait le vecteur de la défaite finale de l’humanité. À la lumière des efforts clandestins déployés ces deux dernières années pour injecter un traitement d’édition génétique à presque tous les habitants de la planète, sa prescience semble remarquable — mais dans quelle mesure est-elle vraie ?

Étonnamment, Steiner était remarquablement clair (selon ses propres critères) sur le processus physique par lequel cette prise de contrôle se produirait. Dans sa dernière conférence de La chute des esprits des ténèbres, il affirme que le monde spirituel où résident des entités telles que les anges, les démons et les archanges se trouve dans le sang humain. Il voulait dire cela littéralement, en disant :

En quelque sorte, la demeure des archanges ainsi que des anges, c’était le sang. Car le sang n’est pas seulement ce que le chimiste trouve par analyse, il est aussi la demeure d’entités suprasensibles.

À cette fin, il a émis l’hypothèse que le mécanisme d’administration se présenterait sous la forme d’un vaccin injecté directement dans notre corps.

On vaccine aujourd’hui [1917] contre telle ou telle maladie : à l’avenir, on vaccinera les enfants à l’aide d’un produit que l’on peut très bien composer, et qui empêchera les enfants de développer en eux les « folies » de la vie spirituelle – « folie » dans la perspective matérialiste, bien entendu.

Ce « vaccin », poursuit-il, bloquera toute communication en provenance du monde des esprits, ce qui signifie qu’aucun message ou impulsion ne pourra être transmis par les « esprits de lumière » dont le but est toujours d’aider l’humanité à progresser et à accomplir sa destinée. Le vaccin bloquera définitivement les impulsions positives qui nous étaient autrefois transmises, et les malheureuses victimes ne pourront plus recevoir que les impulsions provenant de sources perturbatrices, dont on peut imaginer aujourd’hui qu’elles pourraient inclure les médias, le système éducatif et même la religion établie. Il dit qu’il y aura une grande confusion et que les forces ahrimaniennes mettront les pensées des gens sens dessus dessous et à l’envers. Tout ce qui était autrefois bon et sensé paraîtra mauvais et fou, tandis que tout ce qui était autrefois considéré comme fou et mauvais sera présenté comme sensé et bon.

Squid Games (Jeux de calamar) : de Wetiko à la Matrice

Est-ce que les divagations d’un mystique décédé depuis longtemps paraîssent si invraisemblable ? Beaucoup diront sans doute que oui et qu’il existe des explications plus terrestres et plus plausibles à l’épidémie psychique qui s’est emparée du monde. Après tout, peut-être que Steiner parlait métaphoriquement, diront certains. Quoi qu’il en soit, le phénomène auquel Steiner faisait allusion présente des similitudes frappantes avec le concept amérindien de wetiko. L’auteur Paul Levy a beaucoup écrit à ce sujet, le définissant comme « une maladie psychospirituelle contagieuse de l’âme, un parasite de l’esprit qui se manifeste actuellement en masse sur la scène mondiale par une psychose collective aux proportions titanesques ».

En écoutant un récent podcast de Legalise Freedom intitulé « COVID-19 : War on Humanity », Emma Farrell, une guérisseuse par les plantes qui utilise des techniques chamaniques pour accéder aux royaumes intérieurs, a observé qu’elle et d’autres personnes dans le même domaine avaient vu une véritable horde d’entités parasites spirituelles attachées à des personnes au cours des deux dernières années — comme si une porte avait été ouverte et qu’elles s’y étaient déversées. Ces entités, dit-elle, sont de toutes formes et de toutes tailles, mais il en existe deux très communes et reconnaissables, dont l’une ressemble à un calamar. Ces êtres ressemblant à des calamars, dit-elle, s’attachent aux personnes non protégées et récoltent leur énergie spirituelle en provoquant la division et la discorde entre nous.

Cela m’a paru intéressant, car nous avons vu cet archétype du calamar pénétrer dans la conscience humaine ces dernières années, notamment par le biais de la culture populaire. De nombreuses personnes ont rapporté avoir rêvé de créatures ressemblant à des pieuvres ou à des calamars, et des artistes comme Peter Yankowski ont peint des images de ces visions. En effet, les machines maléfiques qui contrôlent les humains et récoltent leur énergie dans les films Matrix ressemblent à des calamars robotisés, tandis que l’une des meilleures séries Netflix de 2021 était Squid Game, un thriller de survie sinistre et violent qui présente la nature humaine comme intrinsèquement barbare. De plus, la résurgence de la popularité des récits surnaturels de H.P. Lovecraft sur les horreurs des profondeurs ajoute une autre couche de tentacules à ce gâteau rugueux.

N’oublions pas non plus que Goldman Sachs, l’une des plus grandes banques d’investissement au monde, a été décrite par Matt Taibbi, journaliste à Rolling Stone, comme « un grand calamar vampire enroulé autour du visage de l’humanité, enfonçant sans relâche son entonnoir à sang dans tout ce qui sent l’argent ». La description est pertinente ; après tout, quel est le but d’une banque d’investissement si ce n’est de transformer chaque aspect du monde sacré en un actif monétisé qui peut être échangé, exploité et utilisé comme levier ?

Le chemin du retour à la raison

Cette manifestation de l’archétype du calamar/poulpe dans la conscience humaine pourrait-elle être ce dont Steiner nous a mis en garde ? Existe-t-il vraiment des entités spirituelles dans notre sang qui pourraient expliquer l’obsession des technocrates milliardaires à nous injecter des substances qui contiendraient des nanoparticules dont nous ne savons pas grand-chose ? Et comment cela s’articule-t-il avec la maladie psychospirituelle de wetiko décrite par Paul Levy et le concept de « psychose de formation de masse » discuté dans les médias alternatifs ?

Peut-être la vérité se trouve-t-elle quelque part à l’intersection de ces concepts, avec la suggestion implicite que nous ne devrions pas nous arrêter dans notre enquête approfondie sur la manière dont l’affliction est actuellement si répandue dans le monde. Ce n’est qu’en faisant cela que nous pouvons espérer trouver les outils et les armes nécessaires pour lutter contre elle.

Ou peut-être que les démons ahrimaniens dont Steiner nous a mis en garde, les parasites de l’esprit wetiko dont parle Paul Levy, et les entités à tentacules qui se sont glissées dans notre conscience collective via la culture populaire, jouent tous dans la même équipe. Si oui, à quoi ressemble notre équipe ? Et comment pouvons-nous gagner ce jeu ? Peut-être que le combat est nécessaire à ce stade du développement humain, et qu’en vainquant ces « esprits des ténèbres », nous pouvons progresser vers un niveau supérieur.

Quoi qu’il en soit, pour en revenir au vieil adage auquel nous avons fait allusion plus tôt… qui dit que les gens peuvent devenir fous dans les foules, mais qu’une personne à la fois peut effectuer le retour à la raison.

À propos de l’auteur

Jason Heppenstall est un écrivain et un ancien rédacteur en chef de journal. Il vit à Cornwall, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Depuis 2010, Jason écrit sur des questions liées à l’effondrement de la société industrielle et sur le potentiel d’une réponse résiliente à ce phénomène. Il tient un blog sur www.beyondthewasteland.co.uk, et son dernier livre s’intitule The Olive Press – News From the Land of the Misfits.

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1 Note de 3M : La définition de Lucifer paraît vraiment fausse. L’auteur dit que c’est Lucifer qui nous « accorde plus de libre arbitre ». On ne trouve pas cela chez Steiner ; la meilleure définition que donne Steiner c’est que c’est Lucifer qui fait de l’être humain un « automate moral » qui au sens de Kant s’impose à nous avec des « impératifs catégoriques », il faut faire ci, il faut faire ça… En bref, la liberté ou la question délicate du libre arbitre, ne relève absolument pas de Lucifer, mais de la Philosophie de la Liberté qui est la voie de la libération intérieure décrite par Steiner.