Marcel Comby
Transhumanisme et liberté

Teilhard de Chardin pense que l’évolution ne s’est pas terminée avec nous, mais que nous faisons partie d’un processus cosmique continu qui demande notre engagement. Je pense que la physique moderne nous a ouvert un horizon selon lequel notre identité d’homme n’est pas seulement soumise à une morale ou à des idéologies contraignantes, mais à […]

Teilhard de Chardin pense que l’évolution ne s’est pas terminée avec nous, mais que nous faisons partie d’un processus cosmique continu qui demande notre engagement. Je pense que la physique moderne nous a ouvert un horizon selon lequel notre identité d’homme n’est pas seulement soumise à une morale ou à des idéologies contraignantes, mais à un travail sur nous-même fondé sur une sagesse et une coopération. Celle-ci s’inscrit dans le cadre de l’harmonie universelle qui est beauté, ordre, répétition et rythme. Alors justement notre participation à une cosmogénèse du monde doit être au diapason de sa merveilleuse organisation en développant en notre être ce qui peut ressembler à une vibration sonore sinusoïdale : l’inlassable répétition de ce que nous savons faire de mieux pour nous-mêmes et pour les autres sans être soumis à des contraintes destructrices. Le transhumanisme peut en être une significative. Cela pose le problème de notre adaptation à un monde de plus en plus marqué par l’individualisme, la confusion sociétale et la technologie.

« L’homme ne continuera à travailler », écrit Teilhard de Chardin, « et à chercher que s’il conserve le goût passionné de le faire. Or ce goût est entièrement suspendu à la condition strictement indémontrable à la Science, que l’Univers a un sens. » Mais nous ne pouvons pas, en tant qu’hommes raisonnables, ignorer le fait que la question de l’importance de l’homme a toujours été une énigme philosophique. Notre éducation nos autorise à penser qu’en temps de guerre, tuer est acceptable ! Notre fragilité peut nous pousser dès l’enfance à ne plus contrôler nos actes. Qu’est-ce donc la petite voix intérieure qui est en nous et que nous appelons conscience ? Ce doit être, en vérité, celle d’un adulte, celle d’une personne qui a réussi à ressentir ces deux impressions fondamentales : je suis bien en moi-même et je déclare que les autres sont importants pour moi. Ramener l’homme à sa juste place de personne, c’est justement le thème de la rédemption ou de la réconciliation ou bien encore de la lumière, thème central pour toutes les grandes religions du monde. Cette position implique que nous sachions devenir responsables les uns des autres et les uns pour les autres. Pour éduquer un enfant ne faut-il pas commencer par lui dire : « Soit expert et génial au moins dans un domaine ! Si tu veux te sentir important pour les autres, apprends à te sentir important pour toi-même ! » Ceci entrant bien entendu dans le cadre d’une éducation bien comprise excluant l’idéal pervers de l’enfant-roi.

Teilhard qui, avec un émerveillement parfait, perçoit l’évolution de l’univers comme un processus éternel de perfectionnement et de convergence, termine néanmoins son ouvrage célèbre : « Le phénomène humain » sur une note douloureuse lorsqu’il contemple le mal dans l’univers, se demandant si la souffrance et l’échec, les larmes et le sang « ne trahissent pas un certain excès inexplicable pour notre raison si à l’effet normal d’Évolution ne se sur-ajoute pas l’effet extraordinaire de quelque catastrophe ou déviation primordiale ? »

Dans tout débat sur la condition humaine se pose la question de la transcendance. Existe-t-il une expérience religieuse qui soit autre chose qu’une crainte de l’inconnu ou une aberration psychologique ? L’esprit est-il simplement emporté par un désir irrationnel comme le suggérait Freud ? Ou encore n’est-ce qu’un fantasme ou le résultat d’une manipulation ? L’idée de Dieu a pourtant survécu depuis plusieurs millénaires, mais ne peut-on pas simplement invoquer le darwinisme en affirmant que cette idée a été transmise selon le processus classique de la sélection naturelle et ainsi liée à la survivance des plus habiles ? Teilhard, dans le « phénomène humain », prend position en proposant le point de vue suivant sur l’évolution : «Nous devons décidément renoncer à parler simplement du plus apte ou d’adaptation mécanique à l’environnement et à l’usage. Alors quoi ? Plus il m’est arrivé de rencontrer et de manier ce problème, plus l’idée s’est imposée à mon esprit que nous nous trouvions en l’occurrence, devant un effet, non pas de forces externes, mais de psychologie. Suivant notre manière actuelle de parler, un animal développerait ses instincts carnivores parce que ses molaires se font tranchantes et ses pattes griffues. Or ne faut-il pas retourner la proposition ? Autrement dit, si le tigre a allongé ses crocs et aiguisé ses ongles, ne serait-ce pas justement que, suivant la lignée, il a reçu, développé et transmis une âme de carnassier ? »

Il semble donc raisonnable de penser que l’état de l’homme a changé dans le processus de l’évolution. Celui-ci apparaît d’abord comme l’idéation de la transcendance et ensuite comme la transcendance elle-même. Teilhard dit plus loin dans le même livre : « La loi est formelle. Aucune Grandeur au monde (nous le rappelions déjà en parlant de la naissance même de la Vie) ne saurait croître sans aboutir à quelque point critique, à quelque changement d’état. »

Retenons que le premier changement d’état remarquable dans le développement de l’homme, s’est produit lorsqu’il a franchi le seuil de la réflexion, ce que Teilhard appelle une transformation critique, une mutation de zéro à l’infini. Avec le pouvoir de réflexion, la cellule est devenue quelqu’un. Nous nous trouvons mystérieusement transportés sur un plan biologique entièrement nouveau selon lequel a pu se développer une sorte d’homme transcendant, c’est-à-dire improbable, impossible, sans précédent.

La transcendance signifie une expérience de ce qui est plus que moi-même, d’une réalité extérieure à moi-même, d’une profondeur dont l’essence est infinie et inépuisable. Le Tout ou Dieu. La profondeur c’est aussi l’harmonie universelle que l’on peut côtoyer dans certaines circonstances de la vie, et n’est-ce pas la musique qui est la plus belle représentation de la beauté cosmique. Nos sociétés, semble-t-il, paraissent très loin de montrer leur plus beau visage. Teilhard a dit : « Ou bien la nature est close à nos exigences d’avenir et alors la Pensée, fruit de millions d’années d’effort, étouffe mort-née, dans un Univers absurde, avortant sur lui-même. Ou bien une ouverture existe. » Une société ne peut changer tant que les personnes ne changent pas. Que nous offre dans ce cadre-là le Transhumanisme et quelle place laissera- t- il à notre liberté ?

Le lien entre morale et liberté est essentiel : un être non libre n’a pas de rapport au bien et au mal, il est ce qu’il est sans pouvoir être autre. Le domaine des valeurs lui est étranger. Inversement, la morale révèle la liberté : la capacité à se déterminer d’après une valeur absolue, et non d’après des intérêts conjoncturels, prouve une liberté effective par rapport aux conditionnements. C’est à Kant que revient le mérite d’avoir montré nettement en quoi la morale est révélatrice de la liberté de l’homme.

La liberté est, de plus, essentiellement liée à la responsabilité. Le sujet, capable de se déterminer soi-même, est celui auquel il est possible d’imputer la paternité de ses actes et même de ses omissions. La question de l’extension de la liberté est délicate, mais, quelle que soit son ampleur, elle ne manque jamais de se poser : si l’agir dépend d’une décision qui aurait pu ne pas être prise, il est légitime d’y voir sa source et son fondement. Cette dualité morale et liberté engendre un mouvement intérieur de l’être qui apparaît comme une onde. Pour produire une onde, il est indispensable d’avoir un principe qui exerce une tension et une force de rappel. Pour que des ondes se propagent dans un milieu il faut que celui-ci soit stable: sous l’action d’une perturbation extérieure, le milieu doit développer un mécanisme de rappel le ramenant vers sa position d’équilibre. La nature et les propriétés de l’onde dépendent de la manière dont ce mécanisme agit. Ainsi, par exemple, pour les vagues, ce mécanisme de rappel est la pesanteur tendant à ramener la surface libre vers une position d’équilibre. Pour les ondes sonores, le mécanisme de rappel est la tendance d’un fluide à uniformiser sa pression. Pour les ondes de torsion (comme sur un violon joué à l’archet), le mécanisme de rappel est le couple exercé par la corde. Par ces considérations physiques, nous sommes de nouveau ramenés au problème de l’harmonie universelle. Cette harmonie suppose la cohérence du Tout qui est le principe de toute unité dans un ensemble diversifié. Cet éveil supérieur de la conscience qui met en concomitance le sens éthique universel de la conscience et la conséquence de son élaboration collective, fait émerger la réalité de la noosphère décrite par Teilhard de Chardin dans son livre : « Le phénomène humain »

La « noosphère » serait le lieu de l’agrégation de l’ensemble des pensées, des consciences et des idées produites par l’humanité à chaque instant. Nous disons bien : le lieu. Il s’agit d’une réalité, non plus matérielle, mais spirituelle, au-delà de la matière, de la vie physique, de la pensée individuelle. « C’est vraiment une nappe nouvelle, la nappe pensante, qui, après avoir germé au Tertiaire finissant, s’étale depuis lors par-dessus le monde des Plantes et des Animaux : hors et au-dessus de la Biosphère, une Noosphère », une sorte de couche de faible épaisseur entourant la terre. Le modèle qu’il propose pour notre planète se composerait donc de différentes couches en interaction : la lithosphère, noyau de roche et d’eau ; l’atmosphère, enveloppe gazeuse constituant l’air ; la biosphère constituée par la vie ; la technosphère résultant de l’activité humaine ; la noosphère ou sphère de la pensée. Il n’y aurait donc pas plus de solution de continuité entre la matière et la pensée, qu’entre la matière inerte et la vie, la vie apparaissant à un certain niveau de complexité de la matière, et la pensée à un certain niveau de complexité du cerveau. Cette intuition que Teilhard a explicitée, il l’a eu dans le Laboratoire de Marie Curie, entre 1922 et 1924, laboratoire où il côtoyait le savant russe Vladimir Vernadski et avait connaissance des travaux du philosophe français Édouard Leroy. Notre planète serait entourée non pas seulement d’une couche d’atmosphère, mais d’une couche de noosphère.

Parallèlement et indépendamment, la science des moyens de communication par les ondes faisait d’immenses progrès, depuis la téléphonie, la radiophonie, la télévision, les relais satellitaires. Tout cela étant du domaine de la matière. Soulignons qu’il n’y a pas de pensée sans support matériel, sans cerveau. En tout cas, nous n’en connaissons pas. Et donc les réalisations de ce monde nouveau qu’est la couverture mondiale par le réseau internet restent du domaine physique. On peut donc, à un certain point de vue, considérer l’informatique comme un « avatar » de l’intuition de la noosphère, même si elle ne s’en est jamais inspirée ni réclamée. Ainsi la « Noosphère » représentera une couche pensante de la Terre qui constitue un Tout spécifique et organique en voie d’évolution vers l’unité suprême. Dans cette configuration de la pensée, le monde ne doit pas être qu’un ensemble de choses et d’êtres humains subissant une pure cohabitation spatiale et matérielle, ne possédant que des liaisons banales, celles qui sont observables avec nos sens. On parle de « conscience collective » mais pour Teilhard il s’agit d’une sorte de « conscience du Monde. » Or dans tout système en mouvement ou en évolution, existe ce qu’on appelle des « degrés de liberté » qui en gèrent le fonctionnement avec toute sa complexité. La notion de degré de liberté recouvre plusieurs notions dans des domaines différents. Un degré de liberté est, en mécanique, une notion recouvrant la possibilité de mouvement dans l’espace. Il représente une ou plusieurs contraintes qu’on peut éventuellement modifier. Que nous réserve alors le Transhumanisme ?

Sur le plan philosophique, la notion de liberté humaine fait l’objet d’une attention particulière puisqu’elle entre dans le cadre de tout ce qui constitue notre vie avec nos semblables et des contraintes qui régissent nos rapports avec nous-mêmes et avec autrui. Nous sommes tous soumis à des impératifs moraux ou matériels, à des contingences indépendantes de notre volonté, ce qui soulève une question fondamentale : dans quelle mesure sommes-nous libres ? Et si nous sommes chrétiens, dans quelle mesure le magistère ecclésial restreint-il davantage encore notre libre arbitre et nos pensées personnelles ? D’abord l’homme est un être complexe. L’autonomie parfaite et l’absence de contraintes familiales peut conduire à une déchéance de la personne qui ne peut se construire, tandis que la soumission aveugle à une autorité supérieure peut à contrario enfermer la personne dans une tour d’ivoire d’où elle ne peut s’évader. En fait, la morale autant que la liberté aident à vivre et à s’épanouir. On peut alors décrire la Noosphère comme un immense espace de relations et de libertés qui constitue la conscience du monde. Mais le problème est de savoir si les religions et en particulier la dogmatique chrétienne apportent au croyant un rétrécissement du libre arbitre donc un asservissement idéologique de la personne humaine qui ne sait plus témoigner de son discernement et qui ira se réfugier, soit dans la fuite vers d’autres sagesses, soit dans le sectarisme.

La liberté reçoit, en fait, son sens véritable par l’amont et par l’aval. La personne construit sa personnalité à partir de son éducation, de ses études, de ses expériences passées et des conséquences de toute action décidée par un choix. L’homme n’est pas un élément isolé mais bien au contraire un élément d’une chaîne d’événements qui va donner un sens, positif ou négatif, à tel ou tel choix de vie. Ainsi la liberté n’est plus une réalité ponctuelle mais une réalité plus cosmique donc plus universelle, qui concerne tout un ensemble d’éléments de la vie humaine. Mais plus encore : la liberté doit conduire à un travail de création et d’enfantement, à une nouvelle naissance qui représente l’épanouissement de la personne et non son enfermement dans un culte des idoles qui sévissent dans notre monde : le pouvoir, l’argent, le sexe et les techniques. La liberté est une vocation du cosmos et sa perspective est le Royaume divin et c’est grâce à elle que la noosphère accède à sa finalité : Dieu sera tout en tous, comme l’affirme St Paul.

Qu’en est-il alors de la liberté dans le cadre de la mystique chrétienne ? Je cite donc un texte de St Paul traitant de la vie du chrétien dans l’Esprit : « Destinés à la gloire. J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu : si elle fut assujettie à la vanité, – non qu’elle l’eût voulu, mais à cause de celui qui l’y a soumise – c’est avec l’espérance d’être aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissions nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps. Car notre salut est objet d’espérance ; et voir ce qu’on espère, ce n’est plus l’espérer : ce qu’on voit, comment pourrait-on l’espérer encore ? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec constance. » (Rm 8, 18 – 25)

Alors que vont enfanter les nanotechnologies que nous allons produire d’ici peu ?

En fait, l’acte libre se conçoit comme la conquête d’une certitude même lointaine à nos yeux qui ne peut s’accomplir que dans le cadre de l’épanouissement de la foi. Mais cette prouesse est le résultat d’un long et patient travail sur sa propre conscience face à Dieu et non plus sur des éléments extérieurs si puissants soient-ils. C’est ce qu’accomplit Teilhard de Chardin en découvrant en soi une autre vision du monde au risque de décevoir ses pairs. Alors justement le christianisme donne des moyens adéquats pour atteindre tout exercice spirituel visant à prendre une décision quelle qu’elle soit. Oser se détacher de la loi, du sacré même, de l’angoisse métaphysique et du jugement, c’est accomplir un authentique acte de liberté. La liberté chrétienne engendre normalement un état d’apaisement de l’esprit et la perspective de la mort se vit en toute sérénité. Ce qui est fondamental est finalement de pouvoir se situer devant Dieu et non plus face à des réalités contingentes. En tout état de cause, l’homme aura toujours peur du risque et du changement, surtout s’il est tenu de respecter un certain politiquement correct. Et pourtant la liberté constitue l’élément primordial de communication qui s’inscrit dans la Christogenèse, dans l’ultime concentration de la noosphère vers le point Omega.

Paul voit dans la liberté du chrétien bien autre chose qu’une simple marge de manœuvre laissée au croyant pour l’action journalière: la liberté est, à ses yeux, une qualité nouvelle que le Christ nous a obtenue et qui se trouve désormais enracinée dans notre être de fils de Dieu; c’est une sorte d’aisance et d’enthousiasme qui nous est enseignée par l’Esprit, et qui traduit dans l’action notre consécration radicale d’enfant de Dieu. On peut évoquer cette qualité d’optimisme dont Teilhard a su faire preuve face au spectacle du monde. Mais comme le propose Teilhard, en définitive, le champ d’action privilégié de la liberté chrétienne et le critère le plus sûr de son authenticité est l’amour fraternel à travers le mot juste et la pensée juste délivrés de tout archétype figé. En travaillant activement à sa libération, ou plutôt : en se laissant affranchir par l’Esprit, le chrétien libère dans sa vie les forces de la charité, élargit en lui-même l’espace du dialogue, et devient de jour en jour plus fraternellement présent à tous les hommes. Se libérant, il se trouve ; et, se trouvant, il se donne. On reconnaît aussi la liberté d’un chrétien à la capacité qu’il a d’y renoncer par amour. « Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin d’en gagner le plus grand nombre. Je me suis fait juif avec les juifs, afin de gagner les juifs… je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles, je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais pour l’Évangile, afin d’avoir part à ses biens. » (1 Co 9, 16-23)

Le Transhumanisme opère comme une transformation de la personne selon laquelle l’augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains l’enfermera dans un nouvel élan vital dont il n’aurait plus le contrôle. Une nouvelle religion émergera sans doute qui remet en question ce pourquoi nous sommes créés. Derrière le mystère de la Crucifixion et de la Résurrection, se dévoile toute une phénoménologie de la vie dont on ne doit pas ignorer le sens véritable. La mort fait partie de notre destinée mais nous devons nous souvenir de ce que nous révèle le livre biblique de Baruch : « Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. »

Le psychiatre et psychothérapeute Christophe Fauré, spécialiste du deuil s’est ainsi exprimé : « Un corps est programmé pour mourir à partir du moment où il naît. On peut différer, délayer, repousser au maximum et essayer de préserver au mieux, mais ceci se passera. On le sait mais on le refuse, et cela nous pousse à des décisions absurdes. Notre société d’hyper-contrôle, de volonté de maîtrise de tous les paramètres du vivant, se berce d’illusions. Si je prévois tout, contrôle tout, anticipe tout, je finis par croire que rien ne peut m’arriver. La croyance messianique dans les machines s’inscrit dans ce registre, mais c’est une lourde erreur. La vie, c’est l’accident, l’imprévu. » C’est aussi la Sagesse !

Marcel Comby

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Marcel Comby auteur de nombreux livres et articles. Il se présente ainsi :

Dans ma conception du monde et de la théologie, je m’inspire de Teilhard de Chardin sans toutefois le copier, bien au contraire. A vrai dire mes visions des choses résonnent en contrepoint des siennes.

En ce qui me concerne, j’enseigne depuis 1950 et je suis passé par toutes les niveaux scolaires depuis le primaire jusqu’à l’enseignement supérieur. Mes études universitaires ont porté sur les matières scientifiques : mathématiques, physique et mécanique rationnelle. J’ai donc, à partir de 1975, enseigné en classes préparatoires de l’Institut de Chimie et de Physique Industrielle de Lyon (actuellement rebaptisée : C P E) la branche scientifique de l’Université catholique. En 1980 j’ai fait un stage d’informatique à Strasbourg et par la suite, j’ai assuré l’enseignement de la programmation en diverses circonstances y compris en école primaire, dans le cadre des recherches pédagogiques en vogue à cette époque et ceci à la demande des inspecteurs de l’enseignement publique. J’ai pris ma retraite en 1995 tout en continuant de travailler. J’ai, en fait, garder un temps complet le jour où j’ai pris la succession d’une religieuse lyonnaise ayant fondé une assez grosse association (400 personnes en effectif) de soutien personnalisé contre l’échec scolaire. C’est alors que j’ai pris mes distances avec le scientifique pour m’occuper d’administration et d’intervention scolaire dans les matières linguistiques : anglais, espagnol, allemand et, ce qui est passionnant, l’enseignement du français à des primo arrivant anglophones.

Puis le virus de l’épistémologie s’est emparé de mes neurones. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est l’utilisation de modèles scientifiques, de métaphores, de symboles, etc… pour arriver à la philosophie et même à la Bible. C’est le chemin qu’a d’ailleurs emprunté Teilhard dans sa vision du monde.

J’ai participé, depuis plus de trente ans, à de nombreux colloques organisé par des instances chrétiennes et scientifiques. J’ai, en particulier, passé une semaine complète à l’abbaye de Sénanque, avec le physicien roumain Basarab Nicolescu et des personnes de toutes disciplines, à l’occasion d’une rencontre entre Orient et Occident. Il y a trente ans, les religions d’origine védique commençaient à attirer la curiosité de même que la pratique du Zen, même dans certains milieux religieux. Toute cette culture que j’ai emmagasinée durant un long laps de temps m’a, à moi aussi, inspiré une certaine organisation du monde …celle que je dépeins par exemple dans le livre que j’ai écrit : « Pour une unification du monde et son accomplissement ». En plus des connaissances, il y a aussi les expériences matérielles et spirituelles qu’on a vécues. Celles-là comptent beaucoup dans l’expression de sa propre pensée, mais certaines, naturellement, sont incommunicables à autrui.

Autres livres :

Spectroscopie éditions Bénévent 2004

Le monde tel que je le comprends éditions TdB 2009

Fille de Sion, réjouis-toi éditions Aubin 2011

L’homme, qui est-il vraiment? éditions Edilivre 2012

etc.