Marcel Comby : Transhumanisme et liberté

Teilhard de Chardin pense que l’évolution ne s’est pas terminée avec nous, mais que nous faisons partie d’un processus cosmique continu qui demande notre engagement. Je pense que la physique moderne nous a ouvert un horizon selon lequel notre identité d’homme n’est pas seulement soumise à une morale ou à des idéologies contraignantes, mais à […]

D'où venons-nous? Que sommes-nous ? Où allons-nous? entretien avec Robert Anton Wilson

Tout ce que Nietzsche a attaqué — les idées politiques et religieuses qu’il s’est efforcé de ridiculiser et de mettre en pièces — sont des tentatives pour définir ce que nous sommes et nous maintenir à notre place. Il a essayé de les ébranler pour que nous prenions conscience de ce que nous sommes, de ce que nous devenons et pour nous ouvrir des possibilités. Il était tout à fait disposé — comme moi — à faire entrevoir des possibilités effrayantes, simplement pour faire penser les gens.

Romano Rezek et Kâroly Golen : Les fondements gnoséologiques et épistémologiques de la vision du monde de Teilhard

A prendre dans sa totalité l’édifice d’ondes et de particules monté par notre science, il devient manifeste que cette belle architecture contient, au moins autant de « nous-mêmes » que de l’« autre ». Parvenus à l’Extrême de leurs analyses, les hommes de sciences ne savent plus trop si la structure qu’ils atteignent est l’essence de la Matière qu’ils étudient, ou bien le reflet de leur propre pensée; et par un choc en retour de leurs découvertes, eux-mêmes se trouvent engagés, corps et âme, dans le réseau des relations qu’ils pensaient jeter du dehors sur les choses : pris dans leur propre filet… « Objet et sujet s’épousent et se transforment mutuellement dans l’acte de connaissance. »

Marie-Ina Bergeron : L'homme et sa parole

La Chine a saisi l’Univers comme un Tout vivant et mouvant grâce au jeu d’une bipolarité ciel/terre, visible/invisible, dedans/dehors, yin/yang, à laquelle la graphie n’a pas échappé. Elle aussi procède du yin et du yang « du dedans et du dehors ». Elle germe et se façonne dans l’intérieur de l’homme, royaume de l’intime, du caché, du Yin. Elle est Yang. A la fois yin et yang l’idéogramme est une totalité, à la limite un Tao : « un yin, un yang c’est le Tao ». L’idéogramme Tao « voie », conserve d’ailleurs le sens de « dire », d’enseigner, d’ouvrir à l’homme « la voie de la connaissance ».

Gérard-Henry Baudry : La vie intérieure de Pierre Teilhard

Plus que jamais Dieu se manifeste à lui comme « le Seul Suffisant et l’Unique Nécessaire ». « Je vous avoue, confie-t-il à un correspondant, que si je ne L’avais pas comme une sorte de Lumière m’attirant au fond et au-delà de toutes choses, non seulement je ne garderais pas une minute de plus sur les épaules le fardeau de choses indéniablement caduques qui rendent parfois la discipline et la vérité chrétiennes dures à porter, mais je ne verrais plus aucune raison sérieuse de me livrer à un travail scientifique. »

Marie-Ina Bergeron : La Chine et Teilhard

Toute la différence entre la Chine et l’Occident tient peut-être à ce renversement d’attitude à l’égard du monde, à cette inversion des rapports : ici, la nature soi-disant dénuée de toute valeur spirituelle en soi, n’a d’autre raison d’être, que de se plier à tous les caprices, à toutes les fantaisies, à toutes les « mégalomanies » de l’homme d’Occident; là, pour la Chine ancienne, le « ciel » ou nature, est un « maître », l’homme se tient à ses pieds « comme un ruisseau au pied de la montagne » ou « un disciple au pied du sage ». Il l’écoute, il cherche à comprendre son langage non pour l’asservir, mais pour entrer dans l’œuvre qu’elle lui propose d’accomplir de concert avec elle…

Marie-Ina Bergeron : Les 10000 êtres

Les Chinois ont deux façons d’exprimer le cosmos. Il y a la terre et il y a le ciel. Mais il y a aussi le cosmos dans son unité. Il y a à la fois le cosmos dans son unité et dans sa pluralité c’est-à-dire dans la rencontre des 10.000 êtres. « Dans la pluralité cosmique, les Chinois ont inséré l’homme. »

André Ligneul : Approche de l'Absolu

Il y a danger permanent de rétrécir l’absolu aux dimensions de notre petitesse. Nous ne rencontrons alors que des absolus destructeurs. Et la multiplicité de ces pseudo-absolus humains les fait se dévorer mutuellement. L’Histoire nous apprend à redouter ceux qui parlent au nom d’un absolu. C’est au nom de ces idoles que s’accomplissent les pires répressions, politiques ou religieuses. Le propre de la « passion » est de porter à l’absolu ce qui n’est qu’objet partiel et relatif. Le passionné est aveuglé par ce vers quoi sa passion le porte. Il se détruit à la poursuite de ces faux absolus, de ces « idoles ». Une idole apparaît quand l’élan vers l’absolu s’arrête en chemin, l’ombre est prise pour la lumière. Le passionné se fabrique un « veau d’or » et perd de vue le sommet du Sinaï.

Paul Chauchard : Teilhard et la révolution du cerveau

C’est oublier que si l’homme apparaît ainsi c’est qu’une mauvaise éducation a fait de lui un « cérébral » c’est-à-dire quelqu’un qui ne sait pas utiliser correctement son cerveau machine à vivre. C’est le cas des intellectuels enfermés dans leurs idéologies et leurs verbalismes, des faux spirituels méprisant la chair, mais aussi des faux manuels sans créativité du travail en miette. Toute activité vraiment humaine doit être expression corporelle de créativité joyeuse. Ainsi l’homme n’est pas mal fait, mais dénaturé par une mauvaise éducation.