Gary Lachman
Vais-je survivre ? Un regard sur l'après-vie

Traduction libre. Texte publié en 2017 Que se passe-t-il lorsque nous mourons ? Les êtres humains ont posé cette question probablement plus que toute autre, les questions « Dieu existe-t-il ? » et « Quel est le sens de la vie ? » venant juste après. Ces trois questions sont bien sûr liées, mais si la réalité de la […]

Traduction libre. Texte publié en 2017

Que se passe-t-il lorsque nous mourons ? Les êtres humains ont posé cette question probablement plus que toute autre, les questions « Dieu existe-t-il ? » et « Quel est le sens de la vie ? » venant juste après. Ces trois questions sont bien sûr liées, mais si la réalité de la divinité et la solution à l’énigme de la vie peuvent être saisies ici et maintenant, ce qui se passe lorsque nous rendons l’âme semble être quelque chose que nous ne pouvons savoir qu’en le faisant. Il semble que la seule façon de savoir avec certitude ce qui se passe après la mort soit de mourir. Et si l’attrait de ce mystère ultime est fort, les moyens de le résoudre semblent, pour la plupart d’entre nous du moins, un peu moins attrayants.

Mais est-il vraiment vrai que la réponse à la question de savoir ce qui se passe après la mort se trouve au-delà d’un seuil qui, une fois franchi, on ne peut plus en revenir ? Bien que les messages des morts remplissent le folklore, les mythes et les séances de spiritisme, et que les religions du monde entier et de tous les temps aient, de différentes manières, assuré leurs fidèles de la réalité d’une vie après la mort, beaucoup d’entre nous ne sont pas tout à fait certains que quelque chose nous attend au-delà de la tombe – sauf peut-être l’annihilation, qui est, bien sûr, la vision moderne standard. Récemment, cependant, les assurances d’une continuité de la conscience au-delà du cerveau sont venues, non pas du camp de la religion, du mysticisme ou de l’occultisme, mais de celui de leur ennemi souvent juré, la science.

En 2001, un article, paru dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, prétendait apporter la preuve de la réalité des expériences de mort imminente, ou EMI. Dans « Expériences de mort imminente chez les survivants d’un arrêt cardiaque : une étude prospective aux Pays-Bas (Near-death experiences in survivors of cardiac arrest : a prospective study in the Netherlands) », le cardiologue néerlandais Pim van Lommel et son équipe de recherche présentaient les résultats d’une étude de vingt ans sur les expériences étranges rapportées par des patients ayant survécu à un arrêt cardiaque. Le fait que ces patients aient déclaré être conscients pendant l’arrêt cardiaque était déjà assez étrange. L’opinion générale est que lorsque le cœur et les poumons s’arrêtent, le cerveau et la conscience s’arrêtent également. Ce qui aurait dû se passer, c’est qu’ils n’auraient rien ressenti du tout. Pourtant, ils étaient conscients.

Les patients étudiés par Lommel ont rapporté, qu’au cours de la période d’inconscience provoquée par leur état critique, avoir vécu des expériences tout à fait remarquables. Nombre d’entre eux ont fait état de sentiments de béatitude et de bonheur intense ; plusieurs ont parlé d’une lumière blanche brillante, d’un tunnel, de la vision de parents décédés et d’une sorte de « bilan de vie », au cours duquel leur vie entière, comme le veut le cliché, « passait devant leurs yeux ». Plusieurs ont parlé d’une « expérience hors du corps », de se voir eux-mêmes et de voir leurs infirmières et médecins depuis un point d’observation près du plafond. Nombreux ont parlé de guides, d’anges et d’esprits, venus les réconforter. Beaucoup ont également assuré à Lommel que l’expérience avait été entièrement bénéfique, qu’elle les avait soulagés de leur peur de la mort, qu’elle les avait transformés d’une certaine manière, et qu’elle leur avait donné la certitude que la vie que nous connaissons ici sur terre n’est pas la seule.

L’article de Lommel publié dans le Lancet a, à juste titre, provoqué un tollé général, mais les recherches étaient impressionnantes. Les statistiques fournies par Lommel et son équipe semblent montrer que les explications habituelles données pour expliquer les EMI – du point de vue de la science dominante – ne fonctionnent pas, du moins dans ces cas-là. Lommel a étudié quelque 562 survivants d’arrêts cardiaques et a découvert que jusqu’à 18% d’entre eux déclaraient avoir vécu une EMI. Aucune de ces expériences n’a pu être attribuée à un manque d’oxygène dans le cerveau, aux effets des drogues ou à d’autres raisons physiologiques ou psychologiques habituellement avancées pour expliquer ce phénomène. Lommel et son équipe ont conclu que la EMI était un événement réel et objectif et qu’elle plaidait en faveur d’une sorte de survie « post-mortem ».

Plus controversé encore, ces résultats semblent également prouver que la conscience peut exister en dehors du cerveau, voire sans lui. Si la plupart des scientifiques traditionnels se contentent de protester à l’idée d’une vie après la mort, ils s’insurgent à l’idée que la conscience soit autre chose qu’un sous-produit de cette masse de matière grise de trois livres. Selon un certain nombre de prestigieux neuroscientifiques et de philosophes de l’esprit – je parle de certains d’entre eux dans mon livre A Secret History of Consciousness [1] – la conscience est absolument, positivement, 100% produite par le cerveau.

Lommel ne s’est pas laissé abattre et, en 2007, il a publié un livre, Consciousness Beyond Life (paru en français sous le titre : Mort ou pas ? Les dernières découvertes médicales sur les EMI), basé sur son article, présentant ses études de cas de manière plus approfondie et faisant connaître ses recherches à un plus large public. Les résultats ont été encourageants. Le livre a été un best-seller aux Pays-Bas, puis a répété son succès en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Lommel a présenté ses idées dans des interviews, des vidéos et à la télévision. Le travail de Lommel a, bien sûr, suscité des critiques. Pourtant, ses découvertes semblent tenir et fournissent, pour les esprits ouverts, le genre de preuves « dures » que les scientifiques, rejetant de tout compte-rendu non matérialiste de la conscience, exigent pour envisager de changer d’avis sur la question.

Un neurochirurgien se rend au « paradis ».

Lommel n’a pas été le seul médecin à prendre les EMI au sérieux et à les étudier. Plus controversé encore que les résultats de Lommel, le neurochirurgien américain Eben Alexander [2] a raconté sa propre EMI. Alexander avait vingt-cinq ans d’expérience dans l’étude du cerveau et dans l’enseignement de son étude, dans des institutions telles que la Harvard Medical School. Comme la plupart de ses collègues, il acceptait le dogme selon lequel le cerveau produit la conscience. Puis, en 2008, une infection bactérienne – une forme rare de méningite – l’a plongé dans le coma pendant une semaine et lui a appris le contraire. Ses chances de guérison étaient assez minces, et sa famille a été informée que s’il survivait, il ne serait guère plus qu’un légume : l’infection avait causé des dommages cérébraux irréparables. Pourtant, le septième jour, sous respirateur, Alexander ouvre les yeux et reprend connaissance. C’était déjà un miracle. Mais l’histoire qu’il avait à raconter était encore plus remarquable.

La lumière blanche était là, et aussi de belles mélodies, des chœurs angéliques, des paysages fantastiques avec des plantes étranges, des cascades, des bassins de cristal, et des milliers d’êtres, dansant, et une fille qui est venue à lui sur une aile de papillon. Au cours de la semaine de son coma, alors que son cerveau n’aurait pas dû produire la moindre hallucination – sans production de la moindre conscience – Alexander fit un voyage vers des « royaumes supérieurs » et finalement vers ce qu’il appelle le « Noyau », un centre de réalité « rempli du pouvoir infini de guérison de la divinité tout amour », la source de tout. Il était au courant des réalités fondamentales, pour lesquelles « Dieu semblait un petit mot humain trop chétif ». Il dit avoir fait l’expérience d’un « multivers de dimensions supérieures », d’une « sphère » et que ses notions du temps, de l’espace et de tout le reste ont été radicalement modifiées. Pendant son coma, il a subi une sorte d’évolution spirituelle, passant de ce qu’il appelle la « vision du ver de terre » au Noyau, à plusieurs reprises, apprenant des vérités sur la nature de l’existence et le rôle que nous y jouons. L’une de ces vérités concernait la réalité de la vie après la mort, connaissance qu’Alexander a essayé de transmettre à ses nombreux lecteurs dans ses livres à succès Proof of Heaven et Maps of Heaven (en français : La Preuve du Paradis & La carte du Paradis)

Comme Pim van Lommel, Alexander en est venu à croire que les êtres humains sont bien plus que leur corps physique et que la conscience est autre chose qu’un sous-produit du cerveau. Ils sont tous deux en désaccord avec le philosophe John Searle, qui affirme que le cerveau produit la conscience comme le foie produit la bile [3]. Selon eux, la conscience n’est pas localisée dans le cerveau ou produite par celui-ci, car la conscience elle-même est la réalité ultime, et non le monde physique – une intuition reprise à travers les âges par les mystiques et les visionnaires, mais à laquelle certains scientifiques semblent avoir adhéré récemment. Ils y voient un moyen de sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent les neurosciences classiques qui tentent de résoudre le « problème difficile » : comment un neurone, phénomène physique, devient-il une pensée, un phénomène mental ? La réponse est que c’est impossible, et que c’est l’inverse qui se produit.

Filtrer la réalité

Quoi que l’on puisse penser du récit d’Alexander sur la vie après la mort et de ses idées sur l’évolution spirituelle de l’humanité – il est devenu depuis un défenseur populaire de l’union de la science et de la spiritualité avec des apparitions sur « Oprah Winfrey » et d’autres talk-shows – la notion de conscience non locale a une histoire. Ce qui est remarquable dans les cas étudiés par Lommel et le cas d’Alexander, c’est qu’ils ont rapporté une expérience intérieure intense et transformatrice à un moment où les cerveaux concernés auraient dû être incapables de « produire » quoi que ce soit. Si les cerveaux « produisent » la conscience, cela aurait dû être impossible, un peu comme une lampe de poche qui brille sans pile. Certaines études réalisées dans les années 1960 suggèrent que la conscience n’a peut-être pas tellement besoin du cerveau. En 1965, John Lorber, spécialiste de l’hydrocéphalie – « de l’eau sur le cerveau » – a publié un article aussi remarquable que celui de Lommel. Dans « Hydranencéphalie avec développement normal (Hydranencephaly with Normal Development) », publié dans la revue Developmental Medicine and Child Psychology de décembre 1965, Lorber présente plusieurs études de cas dans lesquelles des personnes ayant peu ou pas de cortex cérébral fonctionnent normalement. Dans un cas, le sujet avait un QI de 126 et un diplôme de mathématiques avec mention. Deux filles nées dans les années 1960 avaient du liquide à l’endroit où leur télencéphale aurait dû se trouver, sans aucune trace de cortex cérébral, mais toutes deux avaient une intelligence parfaitement normale. Contrairement à l’épouvantail du « Magicien d’Oz », elles, et les autres cas étudiés par Lorber, semblaient se débrouiller parfaitement sans cerveau.

De tels cas, quoique bien documentés, peuvent pousser la barrière de la crédibilité, mais nous n’avons pas besoin de recourir à ces extrêmes pour affirmer que le cerveau ne « produit » pas la conscience. À la fin du XIXe siècle, le philosophe Henri Bergson a soutenu avec éloquence que, plutôt que de produire la conscience, le cerveau remplit une fonction d’élimination, agissant comme une soupape de réduction, filtrant la réalité et ne permettant que ce qui est nécessaire à la survie d’atteindre la conscience. Plutôt que de produire la conscience, le cerveau la réduit à quelque chose de gérable, sinon nous serions submergés par la complexité de la réalité, une condition commune à de nombreux mystiques. Aldous Huxley a eu recours à l’idée de Bergson lorsque, dans Les portes de la perception, il a tenté d’expliquer les effets de la mescaline sur sa conscience. Selon Huxley, les effets mystiques de la drogue étaient dus au fait qu’elle « ouvrait » les filtres du cerveau, permettant à plus de connaissance, que ce qui est nécessaire à la simple survie, d’affluer vers la conscience. Le fait que dans les cas étudiés par Lommel et dans celui d’Alexander, le cerveau était hors service, semble soutenir la thèse de Bergson/Huxley. Une fois les filtres enlevés, une plus grande partie de la réalité – ce que Huxley appelait « L’Esprit au sens large (Mind at Large) » – devenait disponible. Si le cerveau rend la réalité « muette », ne permettant, comme le disait Huxley, qu’un « mince filet » d’entrer dans la conscience, dans la EMI, les robinets semblent être ouverts à fond. L’analogie est pertinente, car les robinets de notre cuisine ne « produisent » pas l’eau de nos éviers, bien au contraire, ils l’empêchent de couler. L’eau est déjà là, dans les tuyaux.

Une variante de l’idée de Bergson est populaire parmi les scientifiques « alternatifs », comme le biologiste Rupert Sheldrake, qui dit que le cerveau agit comme une sorte d’« accordeur », « sélectionnant » différentes « longueurs d’onde » de la réalité, un peu comme une radio qui coupe toutes les émissions sauf celle que vous souhaitez entendre, ou comme une télévision qui capte une émission mais n’en est pas responsable. Ni ma radio ni ma télévision ne « produisent » les programmes qu’elles diffusent. Elles les « reçoivent » du diffuseur, et Sheldrake et d’autres scientifiques et philosophes comme lui, considèrent le cerveau comme une sorte de télévision intérieure, qui capte différentes « chaînes », diffusées par – eh bien, nous ne sommes pas tout à fait sûrs. L’idée générale est que la conscience est la réalité fondamentale ; au lieu d’être confinée dans les limites exiguës de notre crâne, elle imprègne l’univers. C’est le « panpsychisme » que défend le philosophe David Chalmers, qui suit les traces philosophiques de Bergson et de son contemporain Alfred North Whitehead, qui, de différentes manières, ont envisagé une certaine version de l’esprit au sens large. Il va sans dire – ou peut-être pas – que l’idée d’une conscience ou d’un esprit omniprésent fait partie intégrante de nombreuses visions du monde pré-modernes.

Un autre qui a accepté l’idée de l’Esprit Universel (Mind at Large) était, curieusement, un des premiers investigateurs des EMIs, bien que dans son ouvrage posthume Human Personality and Its Survival of Bodily Death(1903 ; en français : La personnalité humaine : sa survivance, ses manifestations supra-normales), la première étude « scientifique » de l’après-vie, F.W.H. Myers ne les appelait pas ainsi. Myers parlait de « l’esprit subliminal », ce qu’il entendait c’est quelque chose de différent de l’« inconscient » de Freud, que l’expression de Myers précédait de quelques années. C’est Huxley qui, dans sa préface au classique de Myers, a comparé son « esprit subliminal » à un « étage » dans la « maison de l’âme », plutôt qu’au « sous-sol jonché de détritus » de Freud [4]. Cet étage présentait des caractéristiques inhabituelles et, à la fin du XIXe siècle, Myers et ses camarades de la Society for Psychical Research ont consacré leur vie à les étudier. Prenez, par exemple, l’expérience remarquable du Dr A. S. Wiltse qui, en 1889, est « mort » de la fièvre typhoïde. Wiltse a été déclaré mort mais s’est retrouvé « réveillé » à l’intérieur de son corps, et progressivement « libéré » de celui-ci. Il s’est senti émerger de son corps et a constaté qu’il pouvait s’en éloigner. Personne ne l’a remarqué et, plus étrange encore, il a découvert qu’il pouvait traverser les gens. Wiltse s’est ensuite retrouvé confronté à d’énormes rochers debout sous des nuages d’orage. Une voix lui a dit que s’il les dépassait, il entrerait dans l’éternité, mais que s’il le souhaitait, il pourrait revenir à la vie, un choix courant dans de nombreuses EMIs modernes. Il s’est ensuite « réveillé », quatre heures après avoir été déclaré mort, et a raconté ce qu’il avait vu [5].

Le récit de Myers sur l’expérience du Dr Wiltse a été précédé d’une expérience encore plus ancienne. En 1871, Albert Heim, professeur de géologie, fit une chute de quelque soixante-dix mètres lors d’une escalade dans les Alpes. Pendant les quelques secondes de sa chute, Heim a vécu une « revue de vie » panoramique [6], voyant tout son passé « se dérouler en plusieurs images, comme sur une scène à quelque distance de moi ». Comme beaucoup de ceux qui ont vécu une EMI, il a vu une « lumière céleste » et a été libéré de la peur et de l’anxiété. Le conflit s’est « transformé en amour » et il s’est retrouvé à se déplacer « sans douleur et avec douceur » vers un « splendide ciel bleu ». Heim a survécu à sa chute, mais l’expérience l’a tellement ému qu’il a commencé à recueillir des récits d’expériences similaires vécues par d’autres alpinistes. Oubliés pendant des années, les travaux de Heim ont été redécouverts lorsque ce que nous pourrions appeler le « boom des EMI et de la vie après la mort » des années 1970 et 1980, dans les travaux d’Elizabeth Kübler-Ross, Raymond Moody, Kenneth Ring et d’autres, les a remis en lumière. Un autre récit assez connu d’une EMI est celui de C. G. Jung qui, en 1944, à la suite d’une crise cardiaque, s’est retrouvé en orbite autour de la terre et confronté à un étrange temple et à des Hindous flottant dans l’espace. Jung était sur le point de franchir le seuil comme le Dr Wiltse lorsqu’il s’est retrouvé ramené sur terre, déçu à l’idée de revenir à la vie [7].

Lommel et Alexander apportent-ils quelque chose de nouveau à cette étude ? Leurs qualifications scientifiques et médicales apportent certainement une nouvelle attention à cette étude, même si, bien sûr, tout n’est pas positif, et les revendications et l’expertise des deux hommes ont fait l’objet d’un examen approfondi et de critiques. Mais ce qui rend leur étude et d’autres convaincantes – du moins pour les personnes ouvertes d’esprit – c’est en partie la similitude entre les récits qu’elles étudient et des rapports plus anciens sur ce qui se passe lorsque nous mourons. Comme l’explique clairement Ptolemy Tompkins dans The Modern Book of the Dead, les récits de la vie après la mort que l’on trouve dans le Livre des morts égyptien et dans le Livre des morts tibétain se recoupent largement, pour ne parler que des deux plus célèbres rapports antérieurs sur l’au-delà. Et ces deux ouvrages ont beaucoup en commun avec des recherches récentes, telles que les idées sur la « vie entre la mort et la renaissance » glanées par le « scientifique spirituel » Rudolf Steiner grâce à son accès aux « archives akashiques ». Par exemple, Steiner établit lui aussi du « bilan de vie » un élément central du processus de mort, en préparation à la réincarnation.

Mais, comme l’explique Tompkins, il existe aussi des différences. Le scientifique et philosophe religieux suédois Emanuel Swedenborg, qui a beaucoup écrit sur le cerveau, a voyagé au paradis, en enfer et dans un royaume intermédiaire qu’il a appelé le « monde des esprits », non pas par le biais d’une EMI mais en provoquant des états visionnaires [8]. Il a donné sa propre « preuve » de l’existence de sphères supérieures dans son livre Heaven and Hell, mais son récit est quelque peu différent de celui d’Eben Alexander, tandis que ceux de Swedenborg et d’Alexander diffèrent considérablement de ceux de Steiner.

Il existe suffisamment de similitudes entre ces récits pour suggérer que, d’une certaine manière, eux et d’autres voyageurs ont rencontré différentes parties du même paysage intérieur. Et si les « preuves » du paradis que nous avons évoquées ici sont un tant soit peu fiables, nous aurons tous, à un moment ou à un autre, l’occasion de le traverser, dans cette vie et dans la suivante.

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1

Gary Lachman A Secret History of Consciousness, Lindisfarne Books, 2003, XXV-XXVI.

2

Site : www.ebenalexander.com

3

John Searle The Mystery of Consciousness, Granta Books, 1997, 6

4

Aldous Huxley, Avant-propos, F. W. H. Myers, Human Personality and Its Survival of Bodily Death, Dover Publications, 2005, 7

5

Ibid. 212-217

6

Le « bilan de vie » a une base solide dans le cerveau, comme l’a découvert le neurochirurgien Wilder Penfield. En opérant un patient conscient – le cerveau ne ressent pas la douleur – Penfield a découvert que lorsque certaines parties du cerveau étaient stimulées, le patient « revivait » des expériences de son passé avec ce que nous appellerions un « rappel total ». Il semble que le cerveau stocke d’une certaine manière toutes les expériences que nous avons vécues et, avec le déclencheur requis, peut les « rejouer ». Le « bilan de vie » semble en être une expérience plus intense et totale.

7

Gary Lachman, Jung the Mystic, Tarcher/Penguin, 2010, 186-88.

8

Gary Lachman, Swedenborg, Tarcher/Penguin, 2012, 87-98.