(Revue Le Chant de la Licorne. No 25. 198)
L’astrologie médicale implique la compréhension d’un certain nombre de réalités essentielles qui en rendent l’étude efficace et la pratique cohérente. Cet article évoque les différents niveaux de conscience qui permettent d’aborder cette discipline à ses degrés successifs, à travers la diversité des liens entre perception et représentation du monde.
L’astrologie médicale est une discipline traditionnelle qui permet d’étudier les relations qui existent entre les phénomènes célestes et la nature humaine. Son but est de participer à l’élaboration du diagnostic des maladies et de leur traitement, en tenant compte d’informations subtiles, habituellement négligées par une approche matérialiste de la médecine. Il s’agit donc d’une science spirituelle qui repose sur une très vaste connaissance s’exprimant à travers un langage et des techniques diverses. Dans le meilleurs des cas, son étude est motivée par la perception de la souffrance, la compréhension de ses causes et la volonté de participer à son soulagement.
Une voie initiatique
L’astrologie médicale est donc, d’une part, un moyen de pratiquer l’art de guérir à un niveau très complet, ceci pour le plus grand bénéfice des malades, et d’autre part une méthode d’édification du thérapeute qui, en développant ses capacités d’investigation, c’est-à-dire en dissolvant progressivement les barrières de sa perception, accède à un état de conscience plus élevé. Il s’agit donc également d’une voie initiatique.
En tant que discipline traditionnelle, l’astrologie médicale possède une expérience millénaire. Toutes les grandes médecines traditionnelles s’y réfèrent : médecine chinoise, médecine indienne, médecine égyptienne… Au Tibet, l’enseignement de la médecine et de l’astrologie se faisaient dans une même université: Men Sri Kan (école de médecine et d’astrologie). La pratique conjointe de ces deux sciences s’est poursuivie, après l’invasion du Tibet, à Dharamsala (Inde), au Tibetan Medical and Astrological Institute.
En Occident, médecine et astrologie ont fréquemment été associées. Hippocrate affirmait « nul ne peut se dire médecin s’il n’est point astrologue », et Paracelse faisait de l’astrologie un des quatre piliers de sa médecine.
La médecine matérialiste : une perversion de l’art de guérir
Bien que les origines de l’astrologie médicale soient très anciennes, ce qui est le cas de toutes les sciences traditionnelles, son étude provoque de multiples révolutions de la conscience, car elle repose sur une connaissance révélée en permanence, ce qui est le cas de toute voie initiatique. En cela, elle est radicalement différente de la médecine matérialiste actuellement au pouvoir, laquelle est dogmatique, mais sans racines traditionnelles et progressiste, mais sans pérennité. Cette profonde divergence entre médecine matérialiste et médecine initiatique aboutit à ce qu’aujourd’hui astrologie et médecine sont pratiquées de manière totalement dissociée, ce qui conduit à une dégradation de l’une et de l’autre.
On peut se demander pourquoi l’astrologie est aujourd’hui complètement séparée de la médecine. Il faut comprendre qu’on ne peut aborder conjointement astrologie et médecine sans une connaissance approfondie des mécanismes qui animent l’être humain, tant sur le plan physique qu’à des niveaux plus subtils. Or, avec l’évolution des techniques, l’Occident s’est développé davantage sur un plan matériel que spirituel. De ce fait, la médecine a perdu son identité en revendiquant un statut scientifique qui lui a permis d’accéder à un pouvoir social et économique, le critère scientifique, même usurpé, étant une caution dans une société matérialiste. Ainsi, la médecine (ou ce qu’il en reste) officielle a acquis un monopole d’état au prix de sa dignité et de son utilité à l’humanité souffrante. Il est évident que les progrès scientifiques ont eu certaines répercussions positives sur les techniques médicales, induisant notamment le développement de méthodes d’investigation fouillées – à défaut d’être cohérentes, ou même utiles – et d’une chirurgie très élaborée, extrêmement fine mais, hélas, coûteuse (ou rémunératrice) et omniprésente.
Le mythe du progrès
En épousant le parti de la science, la médecine s’est appropriée le mythe du progrès : tout ce qui est ancien est archaïque, inutile et dépassé, tout ce qui est nouveau est provisoirement idéal. Ainsi coupée de ses racines, la thérapeutique moderne devient incapable de puiser dans son expérience millénaire, pourtant riche de solutions éprouvées face à bien des problèmes. Même l’information des thérapeutes est consciemment ou inconsciemment censurée: qui sait, de nos jours, que l’épilepsie fut guérie d’une manière systématique, avec des procédés reproductibles, par Paracelse et ses disciples ? Qui connaît aujourd’hui les remarquables propriétés thérapeutiques de la prunelle (Prunella vulgaris), plante très commune, mais actuellement introuvable en officine ?
Ainsi, le jeune médecin, malgré toutes les certitudes que lui confère son titre universitaire, est-il totalement dépourvu d’une connaissance subtile de l’être humain telle que l’ont conservée les thérapeutes héritiers de la Tradition.
L’astrologie en question
En ce qui concerne l’astrologie, elle s’est également coupée dans une grande mesure de ses racines initiatiques, tiraillée entre le désir d’une reconnaissance scientifique qu’on ne lui accorde pas et qu’elle est souvent incapable d’assumer, et une vulgarisation qui la ridiculise, sans parler des tendances psychologisantes ou fatalistes que Paracelse dénonçait déjà au XVIème siècle. L’indigence intellectuelle et le manque de connaissances et de rigueur dialectique avec lesquels l’astrologie est traitée de nos jours entraînent un appauvrissement de ses applications et de son efficience.
Médecine sacrée / Médecine profane
Si le réductionnisme de la pensée moderne a atteint l’astrologie et la médecine, faisant éclater leur cohérence interne et les rendant inconciliables, il n’est cependant que l’aboutissement d’une dégradation progressive. Par exemple, à l’époque d’Hippocrate, la médecine avait un caractère sacré, voire sacerdotal. Pourtant, ce médecin grec favorisa le développement d’une médecine laïque, sans doute dans un souci de démocratisation, tout en transmettant à certains la médecine initiatique qu’il avait reçue, notamment lors de ses études en Égypte. Mais, à partir de Gallien, considéré à tort comme son successeur, la médecine est devenue un corps doctrinal rigide. Parallèlement, une lignée de thérapeutes s’est perpétuée d’une manière plus discrète. Détentrice d’une connaissance ésotérique très ancienne, elle fut le vecteur de transmission d’une médecine initiatique à laquelle astrologie et alchimie étaient associées. Cette transmission s’est poursuivie grâce à des maîtres comme Raymond Lulle, Arnaud de Villeneuve, Paracelse, Robert Fludd, David de Planis-Campy…
Médecine et astrologie : apports réciproques
Si l’on aborde conjointement astrologie et médecine dans leur dimension initiatique, ces deux disciplines se complètent parfaitement.
La médecine apporte à l’astrologie un champ d’applications concret, utile au soulagement de la souffrance, nécessitant rigueur et précision. De ce fait, l’astrologie ne se limite plus à ses aspects métaphysiques ou psychologiques. Les qualités que doit développer le praticien permettent une compréhension plus précise des lois astrologiques.
L’astrologie apporte à la médecine un moyen de prendre en considération l’être humain dans sa plus grande globalité, puisqu’elle le situe au sein d’un environnement extrêmement vaste, aux dimensions de l’univers. Elle fournit une méthodologie permettant d’accéder aux causes spirituelles des maladies. Cette connaissance spécifique du paramètre temporel (mécanismes des causes et des conséquences, notamment) donne à la médecine un moyen de mieux situer les temps d’intervention : instant de la prise d’un remède, choix d’une date d’opération… De plus, l’expérience montre que, pour beaucoup de praticiens, l’étude de l’astrologie favorise certaines prises de conscience philosophiques et éthiques transcendant la pratique de leur art.
Perception et réalité
L’astrologie est une voie d’accès à la sagesse basée sur une compréhension subtile des rapports entre la perception que nous avons des mondes intérieurs et extérieurs à nous. Or, l’apprentissage de la sagesse implique, de la part de celui qui s’engage sur cette voie, une aspiration à la connaissance, une grande discipline et la dissolution progressive des voiles qui altèrent la conscience. Cette évolution peut être facilitée par une démarche stratégique juste. La grande difficulté est que nous ne pouvons percevoir l’essence des phénomènes tant que nous n’avons pas réalisé quelle est la véritable nature de notre esprit. Sans une connaissance immanente de nous-mêmes, notre perception de l’Univers et de notre propre existence est extrêmement subjective. Pour dépasser l’empirisme de nos sens, de nos émotions, de notre raisonnement, il est nécessaire de maîtriser le rapport entre notre perception et la représentation qu’elle nous permet de construire du monde. Or, il existe des niveaux de subtilité différents de ce rapport, chaque niveau permettant d’une part d’assembler un monde cohérent, selon nos moyens d’investigation, et, d’autre part, de réaliser le caractère illusoire des assemblages perception/réalité qui s’expriment aux niveaux inférieurs.
Par exemple, un des niveaux les plus grossiers est celui qu’utilise notre conscience pour définir une réalité collective suffisamment stable pour nous permettre de communiquer les uns avec les autres, d’avoir le même code de rapports « signifiant/signifié ».
Du fait de cette nécessité d’une perception similaire à plusieurs individus, la « réalité » qui en découle n’est qu’une représentation sans aucun critère objectif. Ainsi, la science, qui implique une éducation basée sur la restriction de nos champs de perception – puisqu’il faut que ceux-ci, pour être vrais, donc retenus, soient perceptibles par tous – impose à la conscience des limites si étroites qu’il lui devient impossible d’accéder à des niveaux de réalité plus subtils, ni même de concevoir que la description du monde qu’elle tente d’amalgamer est sans fondement. Ceci est d’ailleurs vrai pour tout corps doctrinal. Ici, science et religion se rejoignent dans le même processus de castration de la conscience.
L’être humain: entité double
Chaque être humain possède un certain nombre de moyens d’investigation et d’assemblage de perceptions. Dans la représentation collective de l’univers qui nous est inculquée, en tant qu’êtres sociaux, le langage et la raison sont les plus importants. On peut comparer notre monde « objectif » à une île dont les deux tours de contrôle (ou miradors) sont le langage et la raison. Au sein de cette île, chaque chose a sa place selon ces deux paramètres: le bien, le mal, soi-même, les autres, la vie, la mort, l’amour, Dieu… En fait, tout ce qui est exprimable, ce qui permet de communiquer avec les autres mais nous enferme dans un état de schizophrénie par rapport aux différents niveaux de nous-mêmes.
À l’inverse, ce qui est en dehors de l’île correspond à un assemblage de réalités inexprimables et incompréhensibles. C’est un champ de perceptions plus souvent fréquenté par le poète ou par le sorcier, le chaman… Les moyens d’investigation et d’assemblage sont, à ce niveau, émotions, pouvoir, volonté, conscience, notamment. Autant de navires permettant d’explorer l’océan illimité qui entoure l’île.
Il est extrêmement difficile de faire communiquer ces deux parties de nous-mêmes, car, lorsqu’une perception de l’océan devient exprimable ou compréhensible, elle est immédiatement annexée à l’île. On peut donc considérer le fonctionnement scientifique comme une tentative de colonisation (démarche typiquement occidentale) des espaces situés en dehors de l’île. À l’inverse, lorsqu’une « réalité » initialement localisée dans l’île échappe au contrôle du langage et de la raison, elle se trouve séparée de nos systèmes de référence, ce qui peut être dangereusement perturbant pour notre pseudo-équilibre psychologique: en découvrant d’autres champs de perceptions, on risque de paraître fou aux yeux de ceux qui n’y ont pas accès.
L’astrologie, en tant que voie initiatique, est un véhicule amphibie qui, mettant en communication tous les niveaux de l’île et de l’océan, nous permet d’accéder de manière intentionnelle et volontaire à la totalité de nous-mêmes, étendant à l’infini notre champ d’investigation, nous faisant ainsi échapper à la fois à la schizophrénie des insulaires et au délire des explorateurs maritimes.
La pyramide de la connaissance
Pour avoir accès, de manière consciente et volontaire, à la totalité de soi-même, il est nécessaire d’expérimenter des champs de perception différents qui nous donnent accès à des niveaux de réalité plus ou moins subtils. Le fait de passer d’un état de conscience à l’autre assouplit nos structures mentales et nous permet de relativiser les certitudes que nous avons quant à la réalité de notre interprétation des phénomènes. Du fait de cette nécessité d’explorer des états de conscience multiples, toute connaissance initiatique se transmet à travers différents niveaux qui rassemblent un ensemble de valeurs (doctrines, éthique, cosmologie, techniques, méthodes…) dans un système cohérent, en fonction du niveau de représentation du monde dans lequel il se situe. Bien entendu, le mode d’enseignement est directement lié au degré de subtilité de la connaissance.
On peut schématiser ceci sous la forme d’un triangle qui représenterait les différents degrés de conscience. Qu’il s’agisse de médecine, d’astrologie, d’art, de philosophie, de religion ou de n’importe quelle autre discipline, on peut regrouper ces différents niveaux à travers quatre étapes. Ainsi, l’astrologie médicale peut être étudiée, enseignée ou pratiquée sur les plans extérieur, intérieur, secret et profond ou absolu, ultime.
L’astrologie extérieure
Le plan extérieur de l’astrologie est son « anatomie »; dans ce cas, il s’agit de l’astronomie, science qui permet de déterminer la position des différents corps célestes, de comprendre et de prévoir leurs mouvements. C’est à partir de cette connaissance du niveau extérieur qu’il est possible de reproduire d’une manière schématique une situation particulière des différents corps du macrocosme, dans une représentation telle qu’une carte du ciel. La compréhension des relations entre temps et espace est fondamentale. La forme circulaire du zodiaque exprime un paramètre temporel, céleste. La disposition des maisons dépend du lieu de naissance, donc d’un paramètre tellurique; les cuspides des quatre maisons angulaires déterminent un quadrilatère en relation avec l’espace. Ceci explique le fait qu’une carte du ciel doit être orientée en fonction des maisons – milieu du ciel – car l’espace est orientable et non le temps, dont les repères s’expriment plus difficilement d’une manière géométrique. Bien que temps et espace soient étroitement liés en astrologie, il est préférable de respecter cette disposition du thème.
Ce travail est généralement appris au tout début des études d’astrologie; il fait surtout appel à la raison et au langage. Ces deux outils de notre conscience sont tout d’abord utilisés de manière rudimentaire (calculs mathématiques, mémorisation des figures géométriques et des signes graphiques). L’apprenti a acquis une pleine maîtrise de ce niveau lorsqu’il a intégré l’astrologie en tant que science des nombres, des proportions et des symboles appliqués au macrocosme. Il est alors capable de pénétrer au deuxième niveau de connaissance.
L’astrologie intérieure
Le plan intérieur de l’astrologie repose sur la science des analogies grâce à laquelle est mise en relation une partie ou une autre du macrocosme avec ses correspondances dans le corps de l’homme ou dans n’importe quel élément de la nature. Cette conception est à l’origine de la théorie des signatures, dont on ne connaît généralement que l’aspect le plus grossier, c’est-à-dire la comparaison des formes entre elles. En fait, les analogies qui sont à la base de l’interprétation en astrologie, sont davantage déterminées par des relations subtiles, archétypales, entre les corps célestes et l’objet de notre étude, que sur un rapport matériel. Paracelse insiste beaucoup sur cette connexion fondée sur la connaissance des arcanes et non sur un rapport de similitude entre les formes:
« Nous vous avons déjà fait savoir que le firmament a été créé en même temps que les hommes et doit durer autant qu’eux. C’est pourquoi celui-ci a engendré à la fois son cours et sa prédestination, mais n’engendrera ensuite aucune descendance. C’est pourquoi tous les cours de celui-ci ont été prolongés de telle sorte qu’il puisse atteindre sa prédestination. L’homme accomplit tous ses cours en une heure si son Entité naturelle a été achevée en une heure. C’est pourquoi le changement de la Lune n’a aucune influence sur le cerveau. La cause en est que le cerveau est rénové par le cœur plusieurs centaines de milliers de fois, tandis que, pendant ce temps, la Lune ne reçoit du Soleil qu’une seule et même lumière, et il (le cerveau) accomplit, dans sa prédestination, autant de nouvelles lunes et de pleines lunes que la Lune elle-même dans sa prédestination. Car Dieu l’a formé et constitué de la même manière. La critique ou explication Astronomique de la crise sur l’Entité naturelle, manifeste la crise suivant son mouvement propre et non selon le firmament du ciel. Ainsi, au regard de l’Entité naturelle, il n’y a aucune relation entre Saturne et la rate ni entre la rate et Saturne. Évaluez donc le temps compris entre l’instant de la création et la prédestination d’un être, et ordonnez donc au ciel de rester le ciel de son firmament! »
La connaissance de l’astrologie intérieure repose sur l’exploration du ciel interne de l’homme, ou firmament du microcosme. Elle implique une connaissance subtile de la physiologie en tenant compte des cycles du temps, dont l’impulsion est donnée par la conscience organisatrice de chaque être qui, en élaborant un archétype individuel, initialise un rythme particulier, sorte de mécanique céleste intériorisée à l’origine de la circulation de nos différentes énergies. Cette astrologie intérieure est essentiellement déterminée par les cycles de l’Entité naturelle. Chaque organe possède une nature céleste qui est le siège d’un esprit, sorte d’entité viscérale, et d’une énergie spécifique qui circule dans le corps selon un certain trajet. Il ne me paraît pas superflu, encore une fois, de citer Paracelse : « Le mouvement des esprits et des astres corporels a lieu de son origine ou principe de ce membre, jusqu’à la fin de ce membre, avec retour vers son origine, comme une réflexion à son centre. Voici un exemple. Le cœur répand son esprit dans tout le corps, non autrement que le soleil répand le sien parmi tous les astres et sur la terre elle-même. Cet esprit (du cœur) est utile au seul corps, pour sa sustentation, et non aux sept autres membres. Il court du cerveau au cœur, puis revient du cœur à son centre spirituellement; mais il ne franchit pas d’autre limite. Le foie fait circuler son esprit vers le sang seul, sans toucher ailleurs. La rate dirige son cours dans les flancs et les intestins. Les reins se fraient leur voie par les lombes, les voies urinaires et les parties voisines. La voie du poumon se trouve dans le périmètre de la poitrine et de la gorge. Le fiel prend son mouvement dans le ventricule et les intestins. Toutes ces parties ayant chacune leur destination bien établie, vous devez donc connaître que si l’une d’elles s’égare et pénètre dans les voies étrangères, par exemple la rate dans les voies du fiel, alors, nécessairement, les maladies s’engendrent. »
Le plan intérieur est le niveau le plus subtil qui puisse être communiqué dans un livre. Au-delà, les degrés de compréhension de l’astrologie ne reposent plus suffisamment sur la raison et le langage pour être décrits. Ils appartiennent au domaine de l’inexprimable et doivent, pour être accessibles à l’étudiant, être expérimentés par celui-ci, ce qui ne peut être réalisé qu’en rompant la barrière de la perception et en accédant à des états de conscience qui se situent au-delà de tout dialogue extérieur ou intérieur. Je ne ferai donc qu’évoquer les parties secrète et profonde de l’astrologie.
L’astrologie secrète
Le plan secret consiste à observer, à appréhender, à conduire une investigation sur les raisons profondes des lois d’analogie que nous avons évoquées à propos de l’astrologie intérieure. Il ne s’agit plus seulement d’un stade de constatation mais d’une véritable pénétration dans l’essence des lois astrologiques. En observant les formes extérieures du macrocosme et du microcosme, la dissolution des barrières de la perception entraîne la visualisation des archétypes du ciel externe et du ciel interne de l’homme, permettant une compréhension très complète des énergies primordiales qui sont mises en mouvement.
L’astrologie ultime
Le plan profond, que l’on appelle aussi absolu, consiste à réaliser d’une manière complète le fait que, fondamentalement, les objets de notre perception ne sont pas seulement différents selon le niveau de conscience à travers lequel on les perçoit, mais qu’ils n’ont pas de réalité individuelle. Ainsi, ce qui nous paraît exister intrinsèquement au niveau extérieur se révèle être intégré dans un ensemble d’objets apparemment différents mais en analogie sur le plan archétypal; au niveau secret; il est possible de comprendre la nature ésotérique de cette relation et, au stade profond, on découvre que l’objet en question, au-delà de la multiplicité de ses apparences inhérentes aux nombreux niveaux de perception à travers lesquels on le voit, ne possède pas de nature propre, c’est-à-dire que sa nature est une vacuité au sein de laquelle toutes les choses sont indifférenciées. L’aspect profond permet d’atteindre la réalisation de la véritable nature de l’esprit, et par là même la plus grande liberté de conscience possible. À ce niveau, l’astrologie peut être considérée comme une voie d’accès à l’ultime libération.
Apprentissage traditionnel : une vision globale de la Connaissance
Si l’on revient à la représentation sous forme d’un triangle de ces différents aspects de la connaissance, on peut dire que les diverses disciplines qui composeraient un savoir universel sont représentées par les multiples faces d’une pyramide. Plus on s’élève vers le sommet, moins la distance à parcourir pour couvrir tous les aspects de la connaissance est longue; au niveau profond, ils se rejoignent en une conscience claire, sorte d’omniscience. L’enseignement abordé d’un point de vue matérialiste consiste à parcourir les différents sujets d’un savoir extérieur, à la base de la pyramide, à grands renforts d’étude, alors qu’un apprentissage traditionnel consiste à pénétrer progressivement les différents niveaux de maîtrise d’une discipline, ce qui permet d’embrasser plus spontanément les sujets parallèles à celle-ci. Ainsi, selon le type de public, selon la nature de l’enseignant et en fonction des objectifs et des contingences de l’apprentissage, la transmission se polarise au niveau extérieur, intérieur, secret ou profond.
Différentes causes de maladies
Nous avons vu précédemment que l’astrologie ne pouvait être associée à la médecine que dans le cadre d’une vision énergétique et spirituelle de l’être humain qui permette d’intégrer les différents niveaux de cause des maladies et leur intrication. En effet, il ne s’agit pas seulement de connaître l’étiologie immédiate d’une pathologie, mais il faut la comprendre depuis ses mécanismes les plus profonds jusqu’à son émergence symptomatique. La connaissance des causes reposant sur le facteur temps, l’astrologie peut être très utile dans l’analyse étiologique d’une maladie.
De plus, elle permet de déterminer, pour un sujet donné, la limite entre physiologie et pathologie. Ceci mérite une explication complémentaire. Comment définir la maladie ? Il est évident que celle-ci s’exprime sous forme d’une souffrance, d’un handicap, d’un inconfort ou autre, dans la plupart des cas. Cependant, une pathologie peut se développer dans le corps pendant un temps assez long sans que le patient ne s’en rende compte. Il est donc nécessaire de savoir, à partir d’investigations cliniques diverses, si une personne est malade ou non, et, le cas échéant, quelles fonctions sont perturbées et à quel niveau de gravité. Pour cela, il est impératif de cerner avec précision les limites entre santé et maladie. Une approche grossière de la médecine définit un certain nombre de critères de normalité en fonction de paramètres très généraux (âge, sexe…). De ce fait, la frontière entre ce qui est sain et ce qui est malade repose sur une conception statistique de la santé.
Individualisation du diagnostic
Or il ne faut pas confondre la normalité, qui repose sur une standardisation du fonctionnement correct de notre organisme, et la santé, qui est l’expression d’une harmonie individuelle.
Prenons un exemple: celui du diagnostic par les pouls. Dans la médecine matérialiste, il est si rudimentaire qu’on se limite à compter le nombre de pulsations dans un temps donné. Si le rythme est supérieur ou inférieur à une valeur statistique moyenne, on en déduit l’existence d’une perturbation. En médecine énergétique chinoise, par exemple, le diagnostic par la palpation des pouls est infiniment plus élaboré et communique des informations précises et subtiles. Cependant, dans l’absolu, le même problème subsiste : même si l’on tient compte de l’âge, du sexe, du régime alimentaire, de la morphologie, de la saison, de l’heure, du climat, et des autres paramètres habituels, on peut rencontrer deux personnes identiques du point de vue de ces caractéristiques, mais l’une malade et l’autre saine. Ceci amène les praticiens à rechercher un critère de normalité qui soit propre à chacun. En d’autres termes, il appartient de savoir comment doivent être les pouls d’une personne donnée, à un moment donné, en tenant compte de tous les paramètres que nous avons cités précédemment, pour qu’elle soit en bonne santé. Les critères qui permettent de fixer précisément, à chaque instant et pour chacun, la frontière entre santé et maladie ne peuvent pas reposer exclusivement sur la clinique et encore moins sur les statistiques.
En fait, l’astrologie, en apportant un critère extrêmement individuel et extérieur à l’examen clinique, permet de définir une « normalité » propre à chacun. Associée à l’examen, elle indique dans quelle mesure le patient est conforme à son archétype initial, dans quelle mesure son état est compatible avec les objectifs de son incarnation, avec les orientations de sa conscience organisatrice, comment son esprit et sa forme communiquent mutuellement.
Ce texte est extrait du deuxième volume du traité fondamental d’astrologie médicale.
BIBLIOGRAPHIE
Marié Eric, Traité fondamental d’astrologie médicale, Tome I, Éditions Paracelse
Marié Eric, Introduction à la médecine hermétique à travers l’œuvre de Paracelse, Éditions Paracelse
Marié Eric, Astrologie et médecine ésotérique, Éditions Paracelse