Le système prédateur-proie est un système en coévolution homologue au système plante-herbivore. Comme ce dernier c’est essentiellement une course de sélection basée chez la proie sur l’aptitude à échapper au prédateur, et chez celui-ci sur l’habilité à capturer la proie. Ce système nous est beaucoup plus familier que le système plante-herbivore; pour quelque raison étrange, beaucoup de biologistes paraissent considérer que les plantes se contentent d’être là, sans défense, en attendant d’être dévorées! Pourtant, tous connaissent les sens aiguisés et la vitesse de l’antilope, les crocs du tigre, les épines du porc-épic, et les yeux et les serres du faucon. Je ne vais pas m’étendre ici sur la vaste littérature consacrée à ce sujet, mais je tiens à faire remarquer que la relation prédateur-proie est trop souvent considérée comme statique, en dépit des travaux effectués sur certains reptiles et sur les assemblages mimétiques. Il y a tout lieu de croire que la plupart des espèces sont en perpétuelle évolution pour échapper à leurs prédateurs, et que les prédateurs sont toujours en train d’essayer de rattraper leur retard ou de prendre de l’avance. L’extinction de l’une ou l’autre espèce peut être très souvent le résultat d’une « victoire » de l’un ou l’autre camp.