Henri Methorst : Krishnamurti

A mon avis, Krishnamurti est le seul à avoir tenté d’établir ce contact intime entre la complexité subtile et illogique de la psychologie humaine avec ses frustrations d’une part, et la flamme d’un amour intelligent et perceptif de l’autre et d’avoir réussi à communiquer ce qui est incommunicable grâce à sa façon éducative et psychologique de procéder. Je suppose que plusieurs grands esprits dont nous ne possédons plus exactement les paroles ont été inspirés de la même mentalité. Mais son « message » est en cela différent de toutes les méthodes, de tous les enseignements qui exhortent et encouragent et se servent de systèmes par le fait que lui abolit radicalement la distance, l’« aliénation » qui existe entre l’homme et son propre esprit, entre l’homme et les buts qu’il poursuit. Car tout ce qui n’est pas authentique, qui n’est pas immédiat, dont on se laisse persuader et par lequel on est conditionné, est une auto-aliénation et n’est pas « créateur » (terme dangereux) — dans un sens comparable à celui que donne Erich Fromm à l’aliénation et le danger créé par la société d’abondance et du succès.

Gabriel Monod-Herzen : Connaissance du Yoga

Yoga signifie union, et même unification : c’est à la fois un état et l’ensemble des moyens per­mettant de l’atteindre. Pour les penseurs de l’Inde, le yoga est l’un des six points de vue auxquels on peut se placer pour arriver à connaître notre nature et la raison d’être de notre existence, afin d’en atteindre le but. Car la vie a un but, une signification dont l’existence est prouvée par celle d’un signe particulier qui accompagne chaque mouvement qui nous en rapproche : la joie, le bonheur (qu’il ne faut pas confondre avec le plaisir).