C’est alors que j’ai fermé les yeux. Je me suis donné sans réserve à la nuit des grands fonds. J’ai lâché prise sur toute réalité. Les voix s’atténuèrent. Puis elles ne furent plus qu’un imperceptible et lointain bourdonnement. Elles disparurent enfin me laissant enveloppé de silence. Je ne sentais plus mon existence, j’étais au delà du temps et de l’espace ; je « m’impersonnalisais » dans l’obscur liquide amniotique d’une matrice originelle retrouvée. Était-ce la paix ? Ou bien peut-être était-ce la mort? Mais ici, toute question corrompait déjà cet océan de calme.
Catégorie : Ruga Pascal
Pascal Ruga : Ton silence
Tant de paroles de par le monde!
Et seul ton silence!
Ton silence d’étoile de mer!
M’a traversé,
A fait s’épanouir la madrépore calme de mon cœur étonné,
De mon cœur tranquille et perdu au sein des hautes herbes,
Au sein des océans percutant leurs symphonies,
Non plus la fatalité d’abandon,
Pascal Ruga : D'une réalisation difficile...
Pour une réalisation pleinement humaine, le plus difficile, c’est d’être présent à ce que nous sommes à chaque instant, de ne plus nous laisser bloquer par une connaissance théorique qui est toujours en porte-à-faux sur la vie. Agrandir le champ de notre sensibilité, c’est nous soustraire à l’emprise du mental dont nous ne connaissons que trop la valeur restrictive et les illusions derrière lesquelles il nous entraîne.
Pascal Ruga : Je n’ai rien à demander
« RIEN », et le mystère d’Amour se confond en cette simple phrase, du même coup tout s’amasserait en une gerbe de lumière compacte où Aimer dépasserait l’homme et ses faiblesses, où la mort serait surprise puisque la vie même ne serait pas demandée…
Pascal Ruga : Le cimetière des mots et l’inspiration poétique

Le Réel c’est l’état poétique pur. Tous les mots ne sont que des approximations. Notre orgueil c’est de vouloir opérer un choix parmi eux, alors qu’il serait plus humble qu’ils nous choisissent, et ainsi de nous abandonner au « naturel » qu’ils nous révèlent.
Pascal Ruga : Existe-t-il une Technique d'approche du réel ?

Une des premières choses dont il faut bien nous convaincre, c’est que le réel ne se poursuit pas. Nous n’avons aucun pouvoir de le révéler en nous à l’aide de techniques plus ou moins progressives. Nous devons nous attacher à comprendre qu’il n’est donné à personne d’appréhender le réel comme étant une entité que l’on conquiert de haute lutte. On ne peut dualiser la nature propre des choses pour en atteindre l’unité. On ne peut être en même temps en deçà et au-delà de ce que nous sommes.
Pascal Ruga : Plénitude du vide

Je ne tardais pas à m’apercevoir que le désir de voir dans ma propre nature n’était qu’un leurre de plus, dès l’instant où cet état était voulu. D’avoir espéré atteindre ce que je pensais être la vérité, même en croyant me dépouiller du désir de la posséder, ne pouvait que me jeter dans une impasse ; car une vérité qui peut s’atteindre n’est pas la vérité, mais une nouvelle cristallisation de la poursuite du moi.
Pascal Ruga : L’Or des Pins

Ce recueillement, cette perte heureuse de soi, ce crépuscule d’août qui perlait son or sur les pins, la surprise de cet instant que j’accueillais d’une âme solitaire, l’appel qui vibrait comme une flèche à peine lancée, cette concordance subtile et très exacte qui illuminait toute la nature; comment pourrais-je nier ces signes qui me marquaient d’une force inconnue, qui forçaient ma vie quotidienne mais quelque peu hasardeuse d’alors, à s’émouvoir d’une beauté qui appartenait plus au sacré qu’à une simple sensation d’esthète ?