William Briggs
Comment « la science » est créée

Traduction libre 28 février 2024 LOGIQUE ÉTENDUE ET RAISONNEMENT PLAUSIBLE — CONTENU ORIGINAL – THÉORIE DES PROBABILITÉS Suivez-moi sur ce sujet qui n’est pas si facile, car je vais vous révéler une astuce utilisée pour vous faire « suivre la science ». La croyance est un acte. L’incertitude est un état. La décision est un choix. La probabilité […]

Traduction libre

28 février 2024

LOGIQUE ÉTENDUE ET RAISONNEMENT PLAUSIBLE — CONTENU ORIGINAL – THÉORIE DES PROBABILITÉS

Suivez-moi sur ce sujet qui n’est pas si facile, car je vais vous révéler une astuce utilisée pour vous faire « suivre la science ».

La croyance est un acte. L’incertitude est un état. La décision est un choix. La probabilité est un calcul. Il n’y a pas de différence entre la croyance et la décision dans le sens où elles sont toutes deux des actes. De même que l’incertitude et la probabilité sont toutes deux des compréhensions.

Ce qui devrait être évident, mais qui étrangement ne l’est pas dans certains milieux, c’est que la croyance n’est pas la même chose que l’incertitude, et que par conséquent la décision n’est pas la même chose que la probabilité. Les confondre mène à la science.

Prenez n’importe quelle proposition. Disons, Y = « Ce dé, lorsqu’il sera lancé, tombera sur 3 ». Et prenez n’importe quel indice ; appelez-le E. Nous pouvons alors former la probabilité objective Pr(Y|E). Il s’agit de l’incertitude de Y compte tenu des indices — prémisses, hypothèses, données, modèles, tout ce que vous avez. C’est vous qui choisissez cela. Le E est subjectif, le Pr(Y|E) ne l’est pas.

La probabilité n’a pas besoin d’être un nombre, mais en fonction d’E., elle peut l’être. Lorsqu’elle l’est, elle peut être une valeur comprise entre 0 et 1, inclusivement. De fausse à vraie. Conditionnellement fausse ou vraie, compte tenu d’E., ou n’importe où entre les deux. Y peut aussi être nécessairement fausse ou vraie, mais seulement si E l’est elle-même (par rapport à une « preuve » plus profonde).

Il n’y a pas beaucoup de controverse à ce sujet ; le peu qu’il y a (dans des interprétations diverses) ne nous intéresse pas aujourd’hui.

Si votre E fait que Pr(Y|E) = 1 (ou 0), vous passez à l’action, c’est-à-dire que vous croyez ou décidez avec une certitude (conditionnelle). Mais qu’en est-il si Pr(Y|E) = p, avec p quelque part dans l’intervalle (0,1), et peut-être ce n’est même pas un nombre mais une notion vague ?

Les gens pensent à deux choses — car nous parlons exclusivement de la pensée aujourd’hui. La première est de parier, la seconde est de croire. Il s’agit dans les deux cas d’actions.

Parier, c’est prendre un risque. Vous agissez comme si Y était vrai ou faux, tout en reconnaissant qu’il pourrait s’avérer être le contraire de ce que vous pariez qu’il est. Les éléments permettant de déterminer dans quelle mesure vous agissez comme si Y était vrai ou faux sont tout aussi subjectifs que l’est le choix de E.

Même si deux personnes sont d’accord à la lettre sur tous les aspects de Y et d’E., et qu’elles doivent donc être d’accord sur Pr(Y|E), elles peuvent encore être en désaccord de manière infinie sur la façon de parier sur Y, sur la façon d’agir comme si c’était vrai ou faux. Pour prendre un exemple trivial, le comportement (l’action) d’un milliardaire qui parie sur le prix d’une action à une date future ne sera pas le même que celui d’un obscur internaute ayant peu d’argent. Tout le monde le sait.

Sans aller trop loin, nous pouvons également ajouter à E pour renforcer Y jusqu’à le rendre conditionnellement vrai ou faux, de sorte que nous croyons. Nous ajoutons quelque chose comme « assez proche ». Mais cette manœuvre varie également largement et dépend fortement de l’état d’esprit de la personne qui passe à la croyance. Sans entrer dans les détails, je pense que l’idée est (plus ou moins) claire pour la plupart.

Récapitulation :

1. Pour des raisons subjectives, nous choisissons un Y dont nous aimerions connaître l’incertitude.

2. Nous choisissons ensuite subjectivement une série d’indices E avec lesquelles nous jugeons Y.

3. Nous formons Pr(Y|E), qui, si E est suffisamment riche, peut être un nombre dans l’intervalle [0,1], sinon il s’agit simplement d’une notion.

4. Nous parions ou croyons ; nous agissons, l’action pouvant être un effort purement mental. 5. Agir et croire sont sensible et dépendent des conditions individuelles, de sorte que ce qui est « le mieux » varie presque sans fin.

L’exception à cela, ou plutôt son achèvement naturel, est lorsque E lui-même est nécessairement vrai, conditionnellement à un indice plus profond. Dans ce cas, lorsque Pr(Y|E) = 1 (ou 0), il faut croire et agir comme si Y était vrai (ou faux), bien que la manière d’agir soit à nouveau dépendante et conditionnelle. (Bien entendu, un comportement irrationnel peut faire exploser cette situation).

Voilà, mes amis, ce qu’est, ou devrait être, toute la science.

Les problèmes viennent de toutes parts. Le choix de Y n’est pas facile et est sujet à diverses incertitudes. La plupart des erreurs proviennent du choix du E, où résident les théories, les modèles et les données. Les scientifiques veulent toujours vous faire croire que le E qu’ils ont subjectivement choisi doit être traité comme s’il était nécessairement vrai et non comme une supposition (imprécise) et hautement conditionnelle. Pourtant, si nous modifions n’importe quelle partie de E, ne serait-ce qu’en soustrayant ou en ajoutant un seul point de données, nous modifions Pr(Y|E) !

Nous passons constamment en revue des exemples de ce type et nous n’insisterons pas davantage sur ce point aujourd’hui.

La grande erreur, celle qui a fait basculer la science dans le scientisme, ou plutôt le point où la science devient scientiste, consiste à forcer tout le monde à agir, parier ou croire de la même manière que les scientifiques. Encore une fois, même si nous sommes d’accord avec le scientifique sur Y et E, et que nous sommes exactement d’accord, il ne s’ensuit pas du tout que nous devrions agir ou parier de la même manière.

Vous ne serez peut-être pas surpris d’apprendre qu’en statistique, les p-valeurs, les facteurs de Bayes et d’autres mesures similaires (il en existe une nouvelle appelée e-valeurs) commettent exactement cette grave erreur. Elles passent toutes de la probabilité, que tous les scientifiques devraient annoncer, à l’action, qu’elles insistent pour que vous suiviez. Les p-valeurs et leurs semblables sont toutes des décisions, dont nous avons convenu qu’elles ne sont jamais universelles. Mais qui, en science, sont traitées comme telles. « Suivez la Science ! » découle directement de cette erreur.

Les scientifiques devraient annoncer leur Y et leur E, puis énoncer Pr(Y|E) — et s’arrêter. Puisque le E choisi par les scientifiques (avec quelques exceptions pour les mathématiciens et autres) ne sera pas nécessairement vrai, et seulement contingent, tous doivent considérer ce que des preuves différentes feraient à Y.

En tout état de cause, c’est toujours faire preuve de scientisme que de dire « Pr(Y|E) signifie que nous devrions tous faire ce qui suit », et ce même s’il n’y a aucun problème avec Pr(Y|E). Il s’ensuit que la quasi-totalité des recherches impliquant des statistiques sont profondément imprégnées de scientisme.

C’est pourquoi la science s’avère si brisée. Il n’y a donc rien de tel que de « suivre la science ».

Texte original : https://brokenscience.org/how-the-science-is-created/