6 février 2025
Une autre semaine, une autre dose d’écocatastrophisme, de pressions et de manipulations psychologiques.
Si vous trouviez un ver dans votre pain de mie, vous seriez horrifié. Vous partageriez probablement des photos et votre indignation sur les médias sociaux, avant de retourner le pain au magasin où vous l’avez acheté.
La poudre de vers de farine vient d’être approuvée par l’Union européenne en tant que nouvel ingrédient alimentaire et est désormais légalement autorisée à constituer jusqu’à 4 % des produits alimentaires tels que le pain, les biscuits, les gâteaux, le fromage, les pâtes et les snacks à base de pommes de terre.
Mais pourquoi des vers de farine ? Pourquoi le pain ? Et pourquoi maintenant ?
Les vers de farine, les larves de coléoptères ténébrions, sont présentés comme une alternative respectueuse de l’environnement à l’élevage traditionnel, car ils auraient une empreinte carbone plus faible et nécessiteraient moins de ressources pour leur élevage.
Le problème, c’est que nous ne voulons pas manger d’insectes et de petites bestioles. Il est juste de dire que malgré l’absence quasi totale de demande, des organisations supranationales comme les Nations unies et des entités comme le Forum économique mondial, ainsi que des célébrités et des émissions culinaires à la télévision, se sont toutes lancées dans la promotion des insectes, les saluant comme l’avenir de l’alimentation.
La mandibule dans la porte
Comme l’indique une étude réalisée en 2022 et intitulée « Consumers’ acceptance of the first novel insect food approved in the European Union: Predictors of yellow mealworm chips consumption (Acceptation par les consommateurs du premier nouvel aliment à base d’insectes approuvé dans l’Union européenne : Facteurs prédictifs de la consommation de chips de vers de farine jaune) », la plupart des consommateurs européens « réagissent avec dégoût » aux aliments à base d’insectes. C’est apparemment notre faute si nous avons une « néophobie » (peur de la nouveauté), plutôt qu’une aversion justifiée pour des aliments qui rompent dans les déchets, les excréments et les corps en décomposition.
Comme Patrick Fagan et moi-même l’avons écrit dans Free Your Mind, la campagne en faveur des « insectes comestibles » est un excellent exemple d’incitation et de manipulation psychologique. Puisque nous ne faisons pas le « bon » choix par nous-mêmes, il faut nous influencer sournoisement, nous inciter, nous tromper et nous manipuler pour que nous devenions de sages petits serfs mangeant des insectes.
Les pains, les pâtes et les snacks sont des aliments bien appréciés, communs et savoureux, et constituent donc l’endroit idéal pour cacher quelques insectes, ou du moins leurs formes en poudre. Comme l’indique l’étude, « l’inclusion d’insectes en tant qu’ingrédients dans des aliments familiers et appréciés, tels que les biscuits et les chips aux saveurs préférées, peut constituer un pas de plus vers leur acceptation ».
Et puis il y a le choix du ver de farine comme ingrédient. Je vous mets au défi de saliver et de lécher les babines en voyant cela :
Pourtant, il suffit de considérer le nom. Les insectes actuellement proposés comme nouveaux aliments ont tendance à avoir un lien avec la terminologie alimentaire : les mealworms (vers de farine) nous rappellent les repas et les crickets (grillons) sont phonétiquement similaires au mot chicken (poulet). Ces noms sont moins répugnants que certains de leurs concurrents du monde des insectes. Les propagandistes n’essaient pas de nous faire manger des cafards, des araignées ou des guêpes, bien qu’ils soient tous les trois aussi aptes (ou non) à la consommation que les grillons.
Malgré cela, les vers de farine et les grillons ne font pas encore partie de notre lexique nutritionnel culturel. Broyer leurs os, ou l’absence d’os, et en faire notre pain est une façon de les camoufler.
Une autre méthode consiste à avancer par petites étapes, presque invisibles, en espérant que l’on ne s’aperçoive pas de cette ruse répugnante. C’est là qu’intervient la technique du pied dans la porte — ou plutôt de la mandibule dans la porte. Il s’agit de nous habituer progressivement à l’idée de manger des bestioles rampantes, par le biais de lentes et subtiles augmentations. Quatre pour cent de farine de vers ? On peut s’y risquer pour un triple biscuit aux pépites de chocolat. Et de là à 8 %. Puis à 20 %. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’un jour, vos biscuits préférés soient remplacés dans le rayon du supermarché par un paquet de chips aux vers de farine.
Eh bien, c’est l’idée. Je ne pense pas que cela va décoller. Et je ne suis pas la seule. Des hommes politiques italiens se sont vivement opposés au vote du Parlement européen. L’un d’entre eux a qualifié cette initiative d’« affront aux agriculteurs et aux traditions culinaires de nos pays », tandis qu’un autre a demandé : « L’UE veut-elle des insectes sur la table ? Qu’ils les mangent eux-mêmes ! » Tout à fait.
Les médias sont complices de cette poussée. Des articles de la BBC sur les « bienfaits pour la santé » du lait de cafard aux chefs cuisiniers qui vantent les mérites des gougères de grillon dans des émissions populaires telles que The Great British Bake Off, le discours dominant est soigneusement contrôlé. Des articles, des communiqués de presse et des études sur les avantages environnementaux de la consommation d’insectes inondent nos fils d’actualité, nous poussant à accepter une réalité qui ne nous convient pas tout à fait. Plus nous sommes exposés à cette idée, plus nous sommes susceptibles de l’accepter comme une évidence.
Il ne s’agit pas seulement de nous faire manger des insectes aujourd’hui. Il s’agit de changer les habitudes à long terme des générations futures.
Prenons l’exemple des enfants ciblés par des « ateliers » au Pays de Galles, où on leur enseigne les avantages environnementaux des « protéines alternatives » telles que les insectes. On nous dit que les enfants sont plus ouverts d’esprit et qu’en changeant leur attitude très tôt, nous pouvons influencer les choix alimentaires qu’ils feront à l’âge adulte. C’est la forme ultime d’ingénierie comportementale et je ne pense pas que ce soit la raison pour laquelle nous envoyons nos enfants à l’école.
Manipuler les enfants pour remodeler la société
Cela m’amène à évoquer un autre sujet d’actualité récent concernant l’« environnementalisme ».
La manipulation des enfants ne s’arrête pas à l’alimentation. Elle s’étend à la question du climat au sens large, où les jeunes esprits sont inlassablement bombardés d’un message terrifiant : la planète est en train de mourir, et c’est leur responsabilité de la sauver.
Un nouveau sondage commandé par Greenpeace révèle que 78 % des enfants de moins de 12 ans sont aujourd’hui « préoccupés » par le changement climatique. Pourquoi ne le seraient-ils pas ? Les médias ne cessent de parler de catastrophes climatiques et l’environnement fait partie intégrante du programme scolaire. Extinction Rebellion a publié des vidéos ridiculement alarmistes comme « Conseils aux jeunes face à l’anéantissement ». Les intrigues des feuilletons télévisés sont délibérément teintées de panique écologique. Et le titre catastrophiste du jour, gracieuseté de Sky News : « Dangerous climate breakdown warning as hottest January on record shocks scientists » (« Dangereuse rupture climatique, le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré choque les scientifiques »).
Mais il y a peut-être une autre raison pour laquelle les enfants semblent avoir peur : cette enquête a été financée par Greenpeace, une organisation qui a tout intérêt à attiser les flammes de l’angoisse climatique.
Comme Sir Humphrey Appleby l’a si habilement démontré dans Yes, Minister, les sondages peuvent être conçus pour produire les résultats souhaités. Lorsque des organisations comme Greenpeace commandent des enquêtes axées sur des questions anxiogènes concernant l’avenir de la planète, il convient de se demander si elles cherchent réellement à obtenir une représentation précise des préoccupations des enfants. Ne s’agit-il pas plutôt de promouvoir un agenda qui joue sur la peur, l’incertitude et la culpabilité ? Veulent-ils que ces enfants grandissent en croyant qu’ils sont directement responsables de la résolution d’une crise existentielle qu’ils ne peuvent même pas entièrement comprendre ? En d’autres termes, un sondage sur la peur cherche-t-il à fabriquer cette peur ?
Ce n’est pas nouveau. Dans mon article de 2022 intitulé « Little Climate Foot Soldiers », j’ai souligné comment les enquêtes sur l’anxiété des enfants face au climat sont souvent faussées pour amplifier la détresse émotionnelle des jeunes.
Cela nous ramène à l’étude « Young People’s Voices on Climate Anxiety, Government Betrayal and Moral Injury: A Global Phenomenon (La voix des jeunes sur l’anxiété climatique, la trahison des gouvernements et les blessures morales : Un phénomène mondial) ». Elle a été réalisée par CAST (le Centre pour le changement climatique et les transformations sociales). Bien qu’elle prétende que les jeunes sont très effrayés par le changement climatique, l’étude n’a cherché à obtenir leur accord que sur des affirmations très négatives telles que « l’avenir est effrayant » et « l’humanité est condamnée ». Il n’a pas été demandé aux répondants d’approuver les affirmations neutres ou positives. S’ils n’étaient pas effrayés par un avenir périlleux au début de l’enquête, ils l’étaient probablement à la fin.
Lorsque l’on pousse les enfants à la panique, il n’est pas surprenant qu’ils soient « inquiets » du changement climatique. C’est une inversion grotesque de la relation adulte-enfant. Le bien-être psychologique et émotionnel des enfants est sacrifié pour servir les objectifs d’adultes mal informés et exploiteurs. Le culte du climat est psychopathique.
Cette peur fabriquée est ensuite utilisée pour justifier des interventions climatiques de plus en plus radicales, allant de l’acceptation du déclin économique et des restrictions de notre mode de vie aux taxes sur le carbone et, oui, à la consommation d’insectes.
C’est comme un chien malade qui se mord la queue : la peur est créée, la peur est sondée, et la peur est ensuite utilisée pour justifier encore plus de peur.
La guerre pour notre assiette et la guerre pour l’esprit de nos enfants ne font qu’un. De la poudre de vers de farine dans le pain à l’endoctrinement et à la terreur des enfants, nous assistons à une attaque en règle contre nos choix, notre culture et notre avenir.
Il ne s’agit pas seulement de savoir ce qu’il y a sur le menu, mais aussi de savoir qui décide de la commande.
Laura Dodsworth est écrivaine, photographe, commentatrice. Autrice de deux best-sellers du Sunday Times, « Free Your Mind » et « A State of Fear », des livres Bare Reality et créatrice du film 100 Vaginas.
Texte original : https://www.thefreemind.co.uk/p/from-bugs-in-bread-to-brainwashing