Robert Powell
Entrer dans le Courant de la Conscience

Traduction libre De même que la rivière, en entrant dans l’océan, perd son identité, ainsi l’individu, en entrant dans le courant de la conscience, perd sa propre existence séparée. Voyons comment cela fonctionne en pratique. Chacun se réfère intuitivement à lui-même comme point de référence de base à partir duquel il observe les objets multiples […]

Traduction libre

De même que la rivière, en entrant dans l’océan, perd son identité, ainsi l’individu, en entrant dans le courant de la conscience, perd sa propre existence séparée. Voyons comment cela fonctionne en pratique.

Chacun se réfère intuitivement à lui-même comme point de référence de base à partir duquel il observe les objets multiples de ce monde, ce qui lui permet de se faire automatiquement le sujet. Il y a un flux de conscience ou de pensées sans fin et nous pensons qu’il y a le penseur, qui est le sujet ultime. Cependant, si l’on approfondit un peu plus cette question, comme l’a fait, par exemple, le regretté J. Krishnamurti, on découvre qu’il n’y a vraiment que la pensée et pas de penseur séparé. Ce dernier est une construction de la pensée dans son sein, une image ou un concept sans substance en soi. Cependant, lorsque beaucoup de ces images ou structures de pensée sont maintenues ensemble dans le temps et qu’elles reçoivent ainsi un faux sentiment de continuité par la mémoire, cela donne à la pseudo-entité une substance imaginaire ou une réalité. Ensuite, lorsque cette pseudo-entité s’associe ou s’identifie à un corps apparemment réel, la tromperie s’amplifie. Parce que le corps est clairement mortel et vulnérable, l’idée se fait jour que le « je » est tout aussi vulnérable et éphémère. Mais comment la situation se présente-t-elle lorsqu’il n’y a que la pensée sans penseur du tout, lorsque la pensée est perçue comme impersonnelle et n’appartenant ni à vous ni à moi ? Le penseur n’est-il donc pas un objet comme les autres ? On voit alors très clairement que toute l’idée de notre mortalité et de notre peur de la mort est basée sur une mauvaise compréhension de la nature de ce « je ». S’il n’y a pas de penseur en premier lieu, il ne peut y avoir ni naissance ni mort. Tous les événements qui se produisent dans le corps et dans le monde sont continuellement observés (witnessed). C’est très clairement le cas et personne ne peut le contester. Mais la question est de savoir qui est le témoin ?

Alors qu’auparavant, on pensait que les événements étaient observés witnessed de façon intermittente, tant que l’entité corps-esprit persistait, il est clair aujourd’hui que l’observation se poursuit indéfiniment et quelles que soient les circonstances. Il n’est même pas correct d’affirmer que cette observation se fait soit par vous ou moi, soit par quelqu’un d’autre, car ces dernières entités n’existent pas et ne vivent que dans notre imagination sous la forme de pensées évanescentes. L’observation peut être vue comme se déroulant éternellement par mon Moi, le « Je » réel et impersonnel qui se tient au-delà du courant de la conscience comme l’arrière-plan le plus éloigné sur lequel le monde phénoménal entier est constamment projeté.

Une autre façon d’envisager ce problème est de voir que le « je » ou la vision (insight) du « je suis » à un moment donné est associé à un corps particulier – c’est-à-dire que notre perspective est toujours celle d’une entité corps-esprit particulière. Il ne nous vient pas à l’esprit de voir que la perspective d’une autre entité corps-esprit comme étant également celle de notre propre corps. Il s’agit d’une situation circulaire : parce que nous sommes identifiés uniquement à une entité corps-esprit particulière, notre perception est de voir un monde peuplé d’entités corps-esprit similaires, plutôt que de voir la situation réelle. La vérité est que les corps en eux-mêmes sont de simples cadavres, sans conscience, en l’absence du Soi qui les vitalise et que ces corps, en tant qu’apparences multiples, sont projetés sur l’unicité du « Je ».

>Ainsi, ce sont les corps qui vont et viennent, mais ce qui est associé au corps ne va et ne vient pas. C’est seulement lorsque l’on s’est identifié à un corps particulier que cela est difficile à comprendre. En d’autres termes, il faut que cette idée erronée soit perçue ou « transcendée » avant que la vérité ne se fasse jour. Lorsque c’est le cas, il y a cette extraordinaire réalisation du véritable soi, qui apporte avec elle une immense vitalité et une véritable libération. Concentrons donc notre recherche sur le sentiment du « vrai Je » (I-ness), alors que toute notre vie nous faisons constamment référence à ce « Je », sans le connaître réellement. La manière la plus directe d’y parvenir est de réaliser le « vrai Je » (I-ness), au niveau le plus profond, qui demeure après que toutes les fausses notions de « Je » aient été écartées, que toutes les fausses structures de pensée qui ont donné naissance à des entités de soi imaginaires aient été vidées. Avec la dissipation de toute identification avec une image corporelle, on a fait le dernier pas vers la liberté et il y a la réalisation de notre « Je » le plus profond, qui est notre « Je » réel, qui a toujours existé et qui ne cessera jamais de l’être non plus. Chacun se réfère toujours à lui-même avec un simple mot « Je », et tous ces différents « Je » se réfèrent à « mon-soi » ou au Soi. Je préfère ici le terme « Je » à « mon-soi » car ce dernier soulève la question de sa nature réelle. Il tend à nous égarer, car le pronom personnel « mon » implique déjà une identité particulière ou une « personne ». Ainsi, une fois que je suis sorti de l’identification habituelle avec le corps, je ne suis plus le produit final de l’identification mais je me reconnais comme Cela qui, dans son état d’ignorance, tend toujours à s’identifier avec un corps, et donc je suis Cela avant l’identification avec le corps. Mon existence est éternelle : il n’y a pas d’interruption dans mon être, je suis toujours le Soi, en éveille ou en sommeil, dans ou avec tel corps ou un autre. Je ne suis jamais que dans le présent, car je suis la Présence ou l’Existence même. C’est le même « Je » qui, depuis des temps immémoriaux, a subi des expériences sans fin, ou mieux, qui a des expériences sans fin projetées sur Lui et qui en subira toujours de nouvelles. Et parce qu’il incorpore la totalité du temps, il n’est en soi pas du tout touché par le temps. C’est le même « Je » qui doit être associé à d’innombrables corps et qui a tendance à s’identifier avec n’importe lequel de ces corps particuliers, mais aussi qui a la liberté de s’abstenir de cette identification.

En somme, je suis la pure Conscience ou la Conscience dans laquelle toutes les entités, le monde entier, font leur apparition. Parce que cette pure Conscience est antérieure à tout, et donc dépourvue de tout attribut, elle est conçue dans sa propre nature comme un pur Vide. Mais parce que rien ne peut exister en dehors de ce Vide, il peut tout aussi bien être appelé Plénitude. En raison de ces paradoxes, on peut peut-être mieux s’y référer comme l’Innommable.

Une fois que l’on est entré en contact avec le « Je » le plus profond qui se trouve avant que toute structure conceptuelle ou mentale ne prenne pied, il y a une expérience directe – ou peut-être un meilleur mot serait-il « réalisation » – de notre Immortalité. Il n’est alors plus possible de revenir vers l’ignorance. Bien qu’extérieurement on puisse paraître comme avant, mais intérieurement on ne peut jamais être le même.

Pour avoir une idée de cette vision totalement différente, il pourrait être utile, comme première approximation, de penser que le « Je » immuable est associé séquentiellement à une série infinie de corps différents dans une longue chaîne d’incarnations. Je peux donc me voir rejeter et assumer corps après corps dans une séquence sans fin. Il y a une succession ininterrompue de vagues fraîches sur l’océan, mais en regardant sous l’apparence de la surface, il n’y a que l’océan éternel. Une autre catégorisation symbolique se trouve dans la littérature sacrée, où le « Je » a été représenté comme un aurige, conduisant le chariot du corps. Les chariots peuvent changer, mais il n’y a qu’un seul aurige dans tout le corps qui, successivement, conduit une multitude de chariots.

Mais en vérité, toutes ces images ne servent qu’à nous préparer, à nous orienter, vers la réalisation explosive ultime que seul le « Je » existe, notre véritable Soi. Ni les corps ni les chariots ne sont réels ! Ils sont simplement des projections sur le Réel ou le Soi éternel. Ces projections ont acquis une sorte de réalité apparente par une identification erronée de la Conscience avec ces apparitions. Dès que je vois que je ne suis ni mon corps, ni un corps-esprit, mais rien d’autre qu’une pure Conscience, l’arrière-plan ultime de mon monde de perception, et que ce corps ou ce monde ne peut avoir d’existence en dehors de moi, j’ai brisé l’envoûtement qui me maintenait dans l’ignorance.

Penser constamment sur un mode particulier donne une certaine réalité à cette pensée, conduit à devenir cette conceptualisation. L’image du corps, comme étant de nature essentiellement physique, répond aux besoins de l’esprit de concret et de permanence. Mais même ce sentiment de sécurité disparaît lorsque l’on s’interroge sur la nature du monde physique, ce qui permet de reconnaître qu’il n’est aussi que de la nature de la conscience. L’image corporelle est en réalité sous-tendue par la séparation entre l’esprit et la matière en tant que deux domaines totalement différents – le « tangible » et l’« intangible » – que la plupart d’entre nous ont accepté sans critique. C’est cette dernière séparation qui, à mon avis, est à l’origine de toute confusion sur notre nature fondamentale. Ensuite, « lorsque l’on retrouve ses sens », à ce propos important, on déclare tout d’abord que « tout est “mental” » – le premier pas vers la non-dualité. Mais immédiatement, après une telle déclaration, elle est vue comme fausse, car elle ne peut plus donner aucun sens. Définir quelque chose comme « mental » n’a de sens que tant qu’il y a le « physique ». Ainsi, dès que l’on constate que le physique n’existe pas vraiment en tant que tel, le mental disparaît également de la vision. Ce qui reste alors est simplement : « tout est ». Et ce « tout », cette Totalité, ne peut être que la Conscience ou le Soi.

La libération du contenu

Et maintenant, où allons-nous à partir de là ? Jusqu’à présent, on a simplement posé les bonnes fondations pour le mode de vie advaitique, qui est la vie en accord avec ce qui est à chaque niveau de l’existence et du fonctionnement d’une personne. On a fondamentalement affaibli une tendance bien ancrée à tout voir à travers les yeux de l’identification au corps, et donc secondairement aussi de l’identification à l’esprit. C’est un premier pas essentiel, mais il reste des traces du mode de vie dvaitique, car les habitudes de l’existence égoïste ne sont pas encore complètement déracinées. La question qui se pose est donc la suivante : Comment se fondre réellement dans la Conscience sans laisser de trace derrière soi ? Si l’on a compris ce que l’on est vraiment, alors ce qui reste, ce qui se manifeste encore, ce sont les vasanas – les énergies et les tendances qui continuent des incarnations passées. Ces vasanas qui ont la dynamique d’un ego apparent doivent être remués afin qu’ils puissent être traités et brûlés.

À ce stade, l’interface entre le temporel et l’intemporel est essentielle à la transformation. Le temps signifie le passé et le futur, et donc la pensée, le concept. Tant que la pensée, basée sur le concept d’un « Je » – c’est-à-dire la séparation physique et mentale – se poursuit, il y a samsara ou misère. Il s’agit donc d’un ralentissement du processus de pensée basé sur l’expérience. Toute expérience étant basée sur le passé, la conscience est détournée de son contenu.

Le temps est essentiel à l’interface entre le bonheur et le malheur. Le moment présent, ce moment même, ne nous dérange jamais, puisqu’il se situe juste entre deux pensées. C’est toujours le moment qui vient de passer, ou qui est passé depuis un certain temps et dont on se souvient, qui donne naissance à la pensée qui perturbe notre paix ; mais le fond est toujours paisible. Et l’avenir est le passé continué.

Le sentiment d’un manque, d’une carence, naît toujours de la pensée, qui est engendrée par l’esprit. Dépasser l’esprit, c’est sortir du temps et devenir purement et totalement ce moment, pure Présence. Dans cette Présence, rien d’autre n’existe. C’est le pur Néant – l’intemporel ou l’Éternel parce qu’il se trouve au-delà du changement. Le changement fait partie du contenu de la conscience – la Conscience elle-même étant le fond immuable sur lequel l’esprit projette son jeu d’ombre de samskara. Ainsi, « ce moment » est « ceci », Existence pure, qui est synonyme de Conscience pure et de Béatitude – SatChitAnanda.

La plupart d’entre nous pensent que la méditation est la voie nécessaire vers l’illumination. Mais la méditation, au mieux, ne peut être qu’une approche initiale, car elle est encore un mouvement au sein de la conscience ordinaire, au sein de l’esprit, et donc une modification du contenu de la conscience. Ce que nous indiquons, c’est un dépassement de l’esprit, une libération du contenu de l’esprit. L’esprit doit se retirer des affaires, c’est-à-dire de toute affaire qui ne le concerne pas. C’est pourquoi feu le sage indien Sri Poonja a souligné que la principale exigence est simplement de rester tranquille et de voir ce qui se passe. C’est-à-dire que l’esprit doit « simplement dire non » à tout ce qui n’entre pas dans son domaine d’activité. Lorsque nous nous endormons le soir, sommes-nous gênés par toutes les contraintes de l’état de veille ? Non, nous avons mis tout cela de côté et profitons de notre liberté, en jouissant pleinement de la béatitude du sommeil profond. Au réveil, nous assumons à nouveau tous les fardeaux qui découlent de l’écoulement du temps, qui sont associés au passé. Poonjaji appelle le passé un « cimetière » et nous exhorte à le laisser sévèrement seul. La pensée est toujours ce passé, et Ramana Maharshi conseille de remonter à la source de chaque pensée dans le Cœur. Si l’on fait cela, on constate que les pensées dépendent toujours d’un « Je » conceptuel et qu’en l’absence de ce dernier, aucune pensée ne surgit. Retracer toute pensée jusqu’à sa source expose le « Je » conceptuel et irréel.

Qu’est-ce que la conscience ?

Le fait que cette question soit posée montre l’étendue de l’aliénation de notre moi réel. La conscience est la chose la plus proche de nous, car elle est ce que nous sommes en tant que manifestation. Lorsque vous regardez un objet, ce que vous observez c’est toujours la conscience, puisque tous les objets apparaissent dans la conscience. Pensez un instant à un film projeté sur l’écran. Toutes les personnes et tous les objets du film apparaissent sur l’écran ; nous oublions normalement l’écran parce que nous sommes tellement fascinés par le jeu de la lumière et de l’obscurité sur cet écran. C’est exactement comme cela avec la Conscience qui est l’écran sur lequel le monde est projeté.

La Conscience est la seule chose à laquelle nous pouvons prétendre. Et comme elle est aussi la seule chose qui existe et que toutes les autres choses trouvent leur origine en elle, la conscience ne peut pas être définie en termes de ces autres choses ; cependant, les autres choses peuvent et doivent finalement être définies en termes de conscience. Mais comme dans l’histoire du dixième homme, elle est rarement prise en considération lorsqu’il s’agit de faire le point sur notre être apparent dans ce monde.

La conscience est la totalité de notre expérience, mais nous avons perdu de vue cela à cause d’une concentration sur des objets particuliers dans le champ de la conscience. Et notre aliénation a résulté de l’identification au complexe corps-esprit. Dissipez cette identification et vous réaliserez la Conscience.

Si nous sommes Conscience, comment se fait-il que nous puissions, comme on dit, « perdre conscience » ou devenir inconscients ?

Il se peut que cela apparaisse ainsi parce que nous ne sommes pas assez perceptifs. Il se peut que notre mode de vie actuel, notre style de vie basé sur les sens, la perception de notre existence ait été tellement émoussée que nous ne sommes pas en mesure de réaliser notre nature ultime. Par exemple, au réveil d’un sommeil sans rêve, nous dirons que nous avons perdu conscience. Mais quelle conscience ? Certainement la conscience du temps et de l’espace, mais tout cela est-il la Conscience ? Pourtant, nous dirons : « J’étais béatement endormi » – nous ne disons pas « Je n’étais pas là » pendant le sommeil. Donc, quelque chose en nous doit avoir été conscient de notre Être pendant le sommeil sans rêve. Ainsi, même si nous semblons inconscients aux yeux du monde entier – et je dis cela dans les deux sens, à l’égard de nous-mêmes et des autres – la conscience est toujours là, car elle est notre nature inhérente, en fait nous ne sommes rien d’autre. Et ce n’est pas parce que la conscience est toujours avec nous que nous observons en continu. Laissez-moi vous donner une analogie. Si vous êtes dans une pièce où le niveau de bruit est continuellement bas – ce qu’on appelle le « bruit blanc » – ce qui se passe après un certain temps, c’est que vous ne remarquez plus le bruit. Vous semblez être en silence. Pourtant, le vrai silence ne devient apparent que lorsque le bruit blanc a cessé. Et de même, on réalise que la Conscience est toujours notre vrai Soi – le même état, à la fois dans le sommeil profond et entre les incarnations – seulement lorsque l’esprit et le corps ne s’immiscent plus. Peut-être que les valeurs basées extrêmement sur les sens de notre société agissent comme un bruit blanc en nous empêchant de reconnaître notre être réel.

Ne devrions-nous pas étudier le cerveau, aussi dualiste que soit une telle étude, afin de découvrir et de mieux comprendre ce qu’est la conscience ?

L’étude scientifique du cerveau intéresse la science ; elle est au même niveau que la physiologie et l’informatique. Le cerveau, comme l’esprit, est en réalité un organe du sixième sens, un outil, utile à la survie physique, mais rien de plus. La conscience utilise le cerveau, s’exprime à travers lui, mais elle n’est pas dans le cerveau, le cerveau est dans la conscience. Ainsi, même si la science parvenait à une connaissance parfaite de cet organe, cela ne serait pas différent d’une connaissance parfaite de l’œil ou de l’oreille – cela ne rapprocherait pas l’homme d’un iota de la paix et de l’épanouissement. Oubliez donc le cerveau, mais interrogez plutôt directement la conscience, votre vraie nature, comment vous fonctionnez réellement dans la dualité – en oscillant toujours entre les états de plaisir et de douleur, de paix et d’agitation – afin d’atteindre le non-état de « Je suis ». Cela vous donnera alors un indice de tout ce que vous devez savoir, et tout, toutes les bénédictions, dont vous avez besoin et qui sont votre droit de naissance, deviendront vôtres.

La meilleure façon pour vous de poursuivre cette voie sans voie n’est pas la recherche scientifique, qui, comme vous le dites à juste titre, est complètement dualiste, mais votre propre méditation, votre propre enquête, afin que vous puissiez obtenir les informations nécessaires de première main et non par ouï-dire, et finalement un goût du non-duel, de l’intemporel, qui seul est réel.