Traduction libre
10 septembre 2023
Il existe de nombreuses formes de méditation. Dans un certain sens, il est préférable de ne pas savoir ce qu’est la méditation, de rester tranquille et de découvrir !
Pour moi, ce mot évoque la simplicité de ne rien faire d’autre que d’être ici, présente et consciente, ce qui est déjà le cas, sans effort. Mais généralement, la simplicité nue de la présence consciente n’est pas remarquée parce que l’attention est focalisée sur les pensées, généralement centrées sur le « moi » apparemment séparé et encapsulé que nous croyons être. La méditation invite quelque chose d’autre à émerger dans la conscience, un sens différent de ce que nous sommes et de ce qu’est tout ce qui se passe. Il ne s’agit pas d’une nouvelle idée, mais d’un sentiment expérientiel différent.
La méditation commence par l’immobilité et le silence, la pleine présence à ce qui est. Il ne s’agit pas de manipuler ou de résister à ce qui est, mais simplement de l’être. Voir les pensées habituelles et les gros titres, les histoires et les croyances qu’elles affirment sans y croire instantanément et sans se laisser hypnotiser par le contenu — et lorsque ce ravissement et l’absorption se produisent, le remarquer simplement — le laisser être et le laisser partir. La méditation consiste à découvrir, à réaliser et à se reposer en tant que conscience ouverte, spacieuse et illimitée qui contemple l’ensemble du spectacle et la présence fluide au cœur de toute expérience.
La méditation est ne pas savoir ce qu’est la méditation. S’interroger ouvertement, écouter sans arrière-plan.
Les gens disent souvent qu’ils ne peuvent pas méditer, qu’ils ne sont pas doués pour la méditation ou qu’ils ont échoué dans cette activité, ce qui signifie généralement qu’il ne s’est rien passé de spectaculaire et/ou qu’ils ne peuvent pas s’arrêter de penser, comme si le but était de ne pas penser et de vivre une expérience spectaculaire. Les personnes déclarent éprouver de grandes difficultés à accomplir une tâche imaginée, comme « essayer de rester présent sans l’intrusion constante de pensées indésirables ».
Mais « essayer de rester présent sans l’intrusion constante de pensées indésirables » est une tâche impossible. Comme on l’a souvent noté, ce à quoi nous résistons persiste. La méditation consiste à relâcher tous nos efforts pour être autre chose que ce que nous sommes exactement, et à découvrir réellement comment et ce que nous sommes en ne faisant délibérément rien d’autre que d’être simplement là et de voir ce qui se révèle. C’est la conscience qui transforme et libère, et non la volonté ou l’effort.
Être ici, c’est simple. Ressentir la respiration, les sensations corporelles… entendre le chant de l’oiseau, le bruit de la circulation ou l’aboiement du chien… sentir la brise sur la peau ou les sensations de chaleur ou de froid. Simplement être ce moment sans fond. Il est presque certain qu’il y aura aussi des pensées. Mais au lieu d’essayer de se débarrasser des pensées, ou d’essayer d’arrêter de les penser, la méditation consiste simplement à les voir pour ce qu’elles sont. Oui, l’attention sera parfois prise dans un film mental ou un train de pensées, mais elle finira par se réveiller spontanément de cette transe hypnotique. La pensée peut alors resurgir avec un jugement sur ce qui vient de se passer et un tout nouveau train de pensées sur le fait que « je » n’aurais pas dû penser et que « je » dois cesser de le faire à partir de maintenant. Mais qui ou quoi est-ce « je » qui doit soi-disant arrêter de penser et qui devrait contrôler tout cela ? Ce penseur-contrôleur n’est-il pas simplement une autre pensée, une image mentale, un ensemble de sensations, une idée ?
La pensée n’est pas l’ennemi, il n’est donc pas nécessaire de lui faire la guerre. La pensée arrive. Qu’est-ce que c’est en réalité ? Ne s’agit-il pas simplement de petites bouffées d’énergie qui disparaissent avant même d’être arrivées à destination ? Et n’est-il pas étonnant que ces petits éclats amorphes puissent donner naissance à des films, des systèmes de croyances et des identités entières ? Les pensées peuvent-elles être considérées comme des pensées et non comme des rapports objectifs sur la réalité ou des commandements qu’il faut suivre ou croire ? Peut-on reconnaître que la pensée n’est qu’une autre forme passagère que prend parfois la présence ?
La pensée peut s’arrêter pendant certaines périodes, mais elle revient toujours à la charge. Cela ne doit pas être un problème. Il suffit d’être conscient de tout ce qui se passe. La conscience est ce qui libère, en voyant le faux comme faux, et non les efforts volontaires du petit moi pour saisir ce qui est vrai. Le « moi » n’est qu’une image-pensée impuissante, une sorte de mirage. Et toutes les expériences spectaculaires qui apparaissent disparaîtront — vivre des expériences étonnantes n’est fondamentalement pas différent d’être perdu dans ses pensées — tout cela n’est que la météo qui passe, des formes kaléidoscopiques impermanentes, des apparences impersonnelles vides de substance.
Bien entendu, la méditation ne consiste pas seulement à s’asseoir en silence une ou deux fois par jour. La méditation concerne en fait toute notre vie et, en fin de compte, il n’y a pas de frontière entre la méditation formelle et la vie de tous les jours. Mais prendre le temps (intemporel) de s’asseoir en silence peut être très utile, révélateur, agréable et libérateur, selon mon expérience. Et cela peut se faire de manière informelle tout au long de la journée — dans le bus, sur un banc public, dans une salle d’attente. Il suffit d’être là, sans sortir son téléphone ou prendre un magazine. Ce qu’apprend l’ensemble du corps-esprit dans ce type de présence silencieuse se traduit dans tous les aspects de la vie quotidienne. Nous devenons plus sensibles, plus compatissants, plus vivants.
Bien sûr, la vie quotidienne est plus difficile que de s’asseoir seul en silence — nous sommes engagés avec d’autres personnes, il y a des situations stressantes, on nous pousse à bout, nous avons des échéances à respecter, etc. Mais TOUT cela apporte de l’eau au moulin — voir comment nous sommes déclenchés, comment nous sommes stressés, comment la souffrance et la confusion sont créées et entretenues — voir les pensées et les scénarios, ressentir tout cela dans le corps, et peut-être de plus en plus, ne pas avoir besoin de suivre les vieilles réactions habituelles. Mais l’accent est toujours mis sur ce qui est, et non sur la réalisation d’une purification ou d’une perfection future imaginée. Dès que l’accent est mis sur le fait d’arriver quelque part, d’acquérir quelque chose ou d’améliorer le « moi », la conscience est prise dans une autre histoire de pensée centrée sur le moi. Cette vieille habitude peut-elle être perçue pour ce qu’elle est à chaque fois qu’elle se manifeste ?
La conscience-présence n’est jamais vraiment absente. Nous ne sommes jamais vraiment séparés ou autres que cette présence consciente, fluide et sans limite, qui englobe absolument tout.
Ce qu’on appelle l’éveil est très, très simple. Il est déjà là. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’être ici maintenant, d’être ce moment sans fond. Et finalement, nous voyons que tout est cela, que cela inclut tout — même consulter inutilement notre téléphone, être perdu dans nos pensées, se mordre les doigts, se saouler, se sentir confus, faire la guerre, se mettre en colère, les expériences d’expansion, les expériences de contraction — tout le paysage des rêves, qui n’est jamais ce que nous pensons qu’il est. La méditation englobe tout cela.
De Toni Packer :
La conscience, la perspicacité, l’illumination, la plénitude —, quels que soient les mots que l’on choisisse pour qualifier ce qui ne peut être saisi par des mots — n’est pas l’effet d’une cause. L’activité ne le détruit pas et la position assise ne le crée pas. Ce n’est pas le produit de quoi que ce soit — aucune technique, méthode, environnement, tradition, posture, activité ou non-activité ne peut le créer. C’est là incréé, fonctionnant librement dans la sagesse et l’amour, lorsque le conditionnement égocentrique est clairement révélé dans toute sa grossièreté et sa subtilité et désamorcé à la lumière de la compréhension.
Le bruit intérieur peut-il être entièrement laissé de côté alors que nous sommes présents ? Lorsque les états changeants du corps et de l’esprit sont simplement laissés à eux-mêmes, sans choix ni jugement, sans réaction de la part d’une volonté contrôlante ou répressive, une nouvelle tranquillité émerge d’elle-même.
S’asseoir tranquillement sans bouger, pendant des minutes ou des heures, quelle que soit la durée, c’est être en contact avec les mouvements du corps-esprit, grossiers et subtils, sourds et clairs, superficiels et profonds, sans aucune opposition, résistance, saisie ou fuite. C’est être en contact intime avec tout le réseau de pensées, de sensations, de sentiments et d’émotions, sans les juger bons ou mauvais, justes ou faux, sans vouloir que quoi que ce soit continue ou s’arrête. C’est une vision intérieure sans savoir, une sensibilité ouverte à ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur, un écoulement sans saisie ni accumulation. Le calme au milieu du mouvement et de l’agitation est libre de volonté, de direction et de temps. Il s’agit d’un abandon total à ce qui est d’un moment à l’autre.
Assis tranquillement, ne faisant rien, ne sachant pas ce qui va suivre et ne se préoccupant pas de ce qui a été ou de ce qui pourrait être, un nouvel esprit opère, qui n’est pas lié au passé conditionné et qui pourtant perçoit et comprend tout le mécanisme du conditionnement. C’est le démasquage du soi qui n’est rien d’autre que des masques — images, souvenirs d’expériences passées, peurs, espoirs, et la demande incessante d’être quelque chose ou de devenir quelqu’un. Ce nouvel esprit qui est le non-esprit est libre de toute dualité — il n’y a pas d’acteur en lui et rien à faire.
– Toni Packer
Extrait de la page d’accueil actuelle de mon site web :
Nous recherchons habituellement des expériences particulières, des certitudes et quelque chose à saisir. Mais en ne s’accrochant à absolument rien, il y a une ouverture et une liberté immenses.
Nous pouvons douter de toutes nos idées sur ce que c’est et sur ce que nous sommes, mais pas de la simple réalité de l’expérience présente et d’être ici, présente et consciente.
La beauté que nous voyons, l’amour que nous ressentons se trouvent dans la conscience, la présence attentive que nous sommes.
Il n’y a pas de ligne d’arrivée dans l’éveil, pas de formule, pas de méthode, seulement ce moment sans fond, cette vitalité, telle qu’elle est.
Amour à tous.…
Texte original : https://joantollifson.substack.com/p/meditation-what-is-it