Catherine Anne
Le symbolisme du tarot 4 : L'Impératrice

L’Impératrice, c’est la lame n° 3. Nous allons aborder aujourd’hui le chiffre trois. Le Bateleur, c’était le nombre un — ce n’est pas un chiffre, c’est le Principe Universel —. La Papesse, c’était le deux, le principe féminin, avec le deux vous ne pouvez pas faire une figure fermée. Et on arrive enfin au trois qui est la première figure fermée élémentaire : le triangle qui, symboliquement parlant, est équilatéral ; quelle que soit la base sur laquelle on le pose, il est droit et juste. Le triangle, c’est le deux plus le un, c’est-à-dire le principe masculin plus le principe féminin. Logiquement, il en résulte enfantement de quelque chose. Dans le Tarot, le chiffre trois, c’est le chiffre de l’intelligence, le symbole de l’intelligence.

(Revue Panharmonie. No 200. Octobre 1984)

Je voudrais que l’on place cette causerie sous le signe de MA ANANDAMAYEE dont vous avez vu le portrait tout à l’heure car elle est considérée comme un Maître. C’est une indienne qui a quitté son corps l’an dernier, je dirai plutôt qu’elle est entrée dans la Lumière ; elle n’a pas été incinérée comme c’est la coutume en Inde, mais elle a été enterrée assise, en position de lotus comme cela se fait en Inde pour les grands Maîtres et pour les Sages. Elle était d’ailleurs considérée comme une incarnation, un avatar. Personnellement, je ne l’ai pas rencontrée, mais je crois que Madeleine l’a rencontrée plusieurs fois.

L’IMPÉRATRICE : Pour commencer, faisons une lecture de la Bible tirée de l’Apocalypse de Jean, Nouveau Testament (Ed. Gallimard). C’est le seul texte authentique. Tandis que je lis, regardez votre lame de l’Impératrice, celle de Wirth.

— Ch. XII de l’Apocalypse — « Et on a vu un grand signe dans le ciel, une femme vêtue de soleil avec la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle est enceinte, elle crie dans les douleurs de tourment d’enfanter… Quand le dragon a vu qu’il était jeté sur la terre, il a poursuivi la jeune femme qui avait enfanté le mâle, et les deux ailes du grand aigle lui ont été données pour s’envoler au désert, à cent lieues, là où elle a été nourrie ».

C’est tout ce que je vous dirai de Jean, qui soit visible sur la lame de Wirth. Il est évident que Stanislas de Ghaïta, quand il a dessiné cela, s’est repéré à ce passage de l’Apocalypse. C’est la description presque exacte de la lame : les deux ailes de l’aigle, l’auréole de soleil, les douze étoiles et le pied sur une lune. Vous avez remarqué que la lune est renversée, ce n’est pas par hasard, évidemment.

L’Impératrice, c’est la lame n° 3. Nous allons aborder aujourd’hui le chiffre trois. Le Bateleur, c’était le nombre un — ce n’est pas un chiffre, c’est le Principe Universel —. La Papesse, c’était le deux, le principe féminin, avec le deux vous ne pouvez pas faire une figure fermée. Et on arrive enfin au trois qui est la première figure fermée élémentaire : le triangle qui, symboliquement parlant, est équilatéral ; quelle que soit la base sur laquelle on le pose, il est droit et juste. Le triangle, c’est le deux plus le un, c’est-à-dire le principe masculin plus le principe féminin. Logiquement, il en résulte enfantement de quelque chose. Dans le Tarot, le chiffre trois, c’est le chiffre de l’intelligence, le symbole de l’intelligence.

Vous avez devant vous l’Impératrice qui est sous le signe de Mercure. La Papesse était parfaitement passive, le visage caché. L’Impératrice, au contraire, a un visage ouvert, pas voilé, elle a un manteau qui a glissé des épaules, elle est de face, visible, disponible. Autant la Papesse est le principe divin de toute religion, autant la Papesse était passive, autant l’Impératrice est active, sous le signe de Mercure comme planète, Mercure comme Dieu (Hermès, Thot chez les Égyptiens) est aussi sous le signe de l’enseignement.

Le Bateleur est passé devant la Papesse. Il a entrevu tout ce qui était en puissance. Et maintenant, étant sorti vivant de devant la Papesse — il n’a pas essayé de soulever son voile, le voile d’Isis — il rencontre l’Impératrice. Elle va être son premier maître, elle va lui apprendre le B.A. BA de l’occultisme, de l’ésotérisme et du symbolisme… C’est l’Impératrice qui est l’incarnation du rythme vivant. (Cette lame est plus particulièrement pythagoricienne). Je vous rappelle que pour Pythagore tout est nombre, tout se résume en vibrations, que ce soit les formes, les pensées, les couleurs, tout émet une vibration. L’Impératrice est celle qui enseigne les vibrations aux gens qui lui sont désignés.

Je la décris brièvement. Elle a une robe rouge, un manteau bleu. Dans le Wirth, pas dans le Marseille dont le symbolisme est faux. Le trois, dans le Tarot, c’est le chiffre de l’intelligence. L’Impératrice est couronnée, donc connaissante, elle tient à la main un sceptre qui rappelle le bâton du Bateleur, et dans l’autre main un blason avec un aigle blanc et un écusson rouge. C’est très occidental. Dans le Marseille, l’aigle est de couleur jaune sur fond clair, c’est un symbolisme différent.

Donc l’Impératrice, Mercure, c’est l’enseignement. C’est-à-dire que, une fois qu’on est mûr, que l’on a compris, l’Impératrice vous éclaire sur le chemin et vous permet de faire vous-même votre chemin. Elle ne va pas mâcher le travail comme à l’école, rien ne vous tombe jamais tout prêt entre les mains, c’est à vous de faire le travail, de progresser selon ce qu’il y a en vous. Et l’Impératrice va être la lumière qui va éclairer le chemin et vous prévenir des grosses embûches, mais elle ne les supprime pas.

A l’Impératrice est attribuée la seule phrase comme sûre de Pythagore, transmise oralement par ses disciples : « Le sentiment de celui qui possède la plus haute intelligence ne peut être que celui du lien qui relie toutes les existences ».

Et on se retrouve au Bateleur et à la Papesse : Tout est dans tout. Il n’y a pas de haut, pas de bas, pas de milieu. Nous sommes dans un monde que nous voyons, que nous percevons, mais en même temps il y a tous les autres mondes et nous nous raccordons de façon vibratoire à celui dont nous sommes le plus proche. C’est donc à nous de choisir, d’évoluer pour aller dans le sens du meilleur.

L’Impératrice a deux ailes — Elle vole de ses propres ailes — qui rappellent celles de l’aigle dans l’Apocalypse, et elle tient dans une main un blason sur lequel figure l’aigle. Il regarde vers la droite, il est blanc et il représente l’âme. Le symbolisme de l’aigle est dans toutes les civilisations sans exception, toutes les royautés, tous les empires, c’est universel. C’est l’oiseau qui s’élève le plus haut dans le ciel pour redescendre le plus vite dans les profondeurs. Je rappelle que l’ancien scorpion, au Moyen-âge, c’était l’aigle : l’aigle de Saint Jean. Il y a eu beaucoup de raisons pour transformer l’aigle en scorpion, mais ce qu’il faut retenir c’est le symbolisme de l’aigle. L’aigle peut regarder impunément le soleil en face, il est donc un des symboles de la lumière : récemment on a fait des études sur l’aigle et on sait maintenant que s’il regarde le soleil en face c’est parce qu’il a une double paupière. Cela n’enlève rien au symbolisme qui est né il y a des millénaires et qui subsiste tel quel. Le nombre de paupières importe peu finalement.

Tout est basé sur l’aigle sur ses deux ailes, et sur le regard qu’il porte sur la lumière, c’est-à-dire que lorsque l’aigle regarde le soleil, il est censé enfermer la lumière et il ramène ses rayons sur la terre.

Un peu comme dans les respirations du Yoga, quand on respire on enferme le prana à l’intérieur. L’aigle, blanc ici, est le symbole de l’âme. Il est sur fond rouge. Il prend son essor poussé par l’élan vital. Le rouge c’est le sang, la vie, l’élan vital, les pulsions vitales, et c’est aussi l’union des contraires : la vie matérielle (rouge) et l’âme (blanc).

Faisons une petite digression sur l’héraldisme. Autrefois en Occident — c’est typiquement occidental — toutes les premières familles nobles du Haut Moyen-âge, avant l’an 1000, se sont fait dessiner un blason. C’est ce blason que tient l’Impératrice. Et ce blason était fait d’après des formes, des vibrations capables de propulser la famille en avant. Les héraldistes étaient en même temps des magiciens. Le fondateur d’une famille se faisait faire un blason conforme à ses aspirations. Ce blason est resté pendant des siècles dans la même famille, mais ses vibrations ne lui ont pas forcément convenu, ce qui expliquerait les déboires de certaines familles nobles.

L’Impératrice tient ce blason entre les mains pour bien signifier le début d’un rituel. Nous reviendrons tout à l’heure sur le rituel, nous allons d’abord voir les aspects iconographiques de l’Impératrice. En effet, l’Impératrice est la mère de tous les rituels, ce que ne sont ni la Papesse ni le Bateleur, comme on pourrait le croire. Partout où il y a rituel, c’est l’Impératrice qui préside : Mercure, l’intelligence suprême mêlée au rythme vivant. Elle a autour de la tête une couronne ou aura qui symbolise le soleil. Tout autour douze étoiles (trois sont cachées derrière la tête) et la plus haute d’entre elles, celle qui est juste de sa tête, est celle du Capricorne, sacré en Astrologie. C’est le 10e signe, le plus élevé spirituellement. Si on part du Capricorne, on voit que sont cachés : les Gémeaux, le Cancer et le Lion, les signes de l’été, de moisson, de facilité. Le Capricorne n’est pas le plus important parce que c’est le signe de la naissance du Christ, mais parce que c’est l’équinoxe d’hiver, le renversement des tendances de la nature. La mort c’est l’automne et la nature redémarre à partir du Capricorne. Le renouveau de la nature ne se fait pas au printemps où tout rejaillit, mais bien en hiver où tout germe. En Occident on prend comme point de repère le coucou, or à partir du 25 décembre le coucou recommence à chanter. On en concluait que c’était le renouveau de la nature et en effet, dès janvier, février, il y a des petits bourgeons.

Le 25 décembre, depuis la nuit des temps, est une date fêtée par tous. Dans toute l’antiquité gréco-latine, c’était le culte de Mithra, le dieu à tête de taureau. C’était un dieu purificateur qu’il faut considérer comme on le faisait autrefois. — Le péché n’existe que dans la tradition judéo-chrétienne ! — Dans l’antiquité, pour se purifier, on sacrifiait un taureau sur un grillage, les gens qui voulaient se purifier se tenaient sous ce grillage et le sang du taureau coulait sur eux. C’est tout le symbolisme du sang. On le fêtait à Rome pendant très longtemps.

Quoique Constantin ait été le premier empereur chrétien, on a continué à fêter Mithra pendant encore deux ou trois siècles. La religion d’état, le christianisme, ne s’y opposait pas ; alors, pour concilier la coutume et la nouvelle religion, l’Église de l’époque a situé Noël le 25 décembre. C’est d’ailleurs le même symbolisme : le renouveau de la nature dans la personne d’un petit enfant qui vient de naître.

Je vous ai lu tout à l’heure dans l’Apocalypse que l’Impératrice, la femme couronnée d’étoiles, avec son pied sur la lune, se tordait dans les douleurs de l’enfantement ; et ce petit enfant qui nous est donné pour le renouveau du monde, qui a pris tout notre karma sur lui, ce petit enfant, c’est tout l’enseignement que l’Impératrice va nous dispenser, à des degrés divers, selon notre évolution personnelle.

Voilà pourquoi l’étoile la plus élevée est le Capricorne. Culte de Mithra. Signe de la terre. La couronne est en pointe, à trois étages. La pointe du haut se retrouve sur tous les Bouddhas Khmers, Thaïlandais, Laotiens. Tous les Bouddhas qui ne sont ni indiens ni chinois. C’est un petit monticule sur la tête qui représente le chakra au sommet de la tête, point d’impact de certaines réceptions du corps. C’est au-dessus de ce chakra que se trouve l’étoile du Capricorne.

L’Impératrice tient dans la main gauche, la main sacrée, la main du cœur, de la spiritualité, un sceptre qui rappelle le bâton du Bateleur et qui est dominé par un globe surmonté d’une croix. Au point de vue alchimique, le globe surmonté d’une croix c’est le signe de l’antimoine. Le sceptre signifie qu’elle est sur terre, parmi nous, pour nous enseigner, nous guider. La couronne est toujours signe de connaissance (même quand on a un chapeau en dessous, comme dans la lame de la Force) et le bâton signifie qu’on est sur terre, qu’on vient apprendre. L’Impératrice a fait le choix d’aller enseigner les hommes sur la terre. A côté d’elle, il y a la fleur de lys qui est le symbole de l’initiation (de la pureté bien sûr). Si on prend une fleur de lys stylisée, ce qui a toujours existé à toutes les époques, on a un losange au milieu qui signifie l’eau, constitué en fait de deux triangles apposés par la base, symbolisant l’eau et le feu, et de chaque côté sont placées deux lunes montante et descendante qui représentent l’équilibre des deux natures. Quand on a parfaitement réalisé l’équilibre des deux natures, que les pointes des deux triangles sont parfaitement l’une sur l’autre, à ce moment-là l’initiation a été atteinte. La fleur de lys c’est l’emblème du Royaume de France, de Florence, de je ne sais combien de familles, de villes dans tous les pays ; c’est surtout le symbolisme de l’initiation. L’initiation passe à travers l’Impératrice, c’est-à-dire à travers l’intellect. On nous a enseigné depuis toujours qu’une démarche spirituelle ne doit pas être intellectuelle, en effet, seulement si a une intelligence, il faut s’en servir, c’est un outil. Puisqu’on a un outil, c’est qu’il doit servir à quelque chose. Il faut savoir s’en servir. L’intellect représente par l’Impératrice cet outil dont on doit se servir. Quand on fait une méditation, si on dit : « arrêtez vos pensées, cela fait aussi partie de l’intellect », cela doit se faire naturellement, il ne faut pas commander. On ne doit pas considérer l’intellect comme un ennemi, il faut aussi se servir de son pouvoir de discrimination. Par pouvoir de discrimination, j’entends l’adhésion de L’intelligence. Au début d’une démarche, il faut adhérer, ce n’est qu’à la fin qu’on peut comprendre.

L’Impératrice est chaussée de noir. Elle est partie du noir, de l’incréé, de la matéria prima, comme le Bateleur, comme tout dans ce monde. Ce pied est posé sur la lune renversée. La Papesse avait sur la tête une tiare surmontée d’une lune à l’endroit, le Bateleur avait la coupe, le réceptacle d’amour, l’hiéroglyphe du cœur chez les Égyptiens c’est la coupe. Là, la lune est renversée sur ses pointes, l’Impératrice a dominé ces questions. La Papesse n’a pas à dominer, elle est. L’Impératrice, c’est l’enseignement, c’est l’intellect, et elle enseigne aux hommes à dominer leurs instincts. C’est l’intelligence qui utilise la part du rêve et de l’imagination au lieu de les suivre. Je vous disais qu’il fallait aussi se servir de ses défauts, ce sont des matériaux de construction.

La robe est rouge, c’est l’élan vital. Elle est sur terre, ce qui ne l’empêche pas d’être connaissante. Son manteau glisse de ses épaules car elle n’a pas à se cacher. Autant la Papesse est complètement revêtue, entourée de son manteau qui représente la gnose, autant l’Impératrice se met à l’aise, elle a laissé tomber son manteau qui est bleu doublé de vert (comme celui de la Papesse), parce qu’elle a dominé l’occulte. Le vert, c’est l’occulte, c’est de là que naît la vie. Et le bleu c’est la sagesse qu’elle porte aussi sur elle.

L’Impératrice avec ses étoiles autour de la tête, la couronne qui représente la connaissance, rappelle qu’il est impossible d’isoler l’homme du cosmos. Tout est dans tout. Si je tape sur la table, ça engendre des vibrations qui vont se perdre dans le rythme cosmique. Nous sommes tous ici réunis pour parler du Tarot et du symbolisme, nous faisons à nous tous un égrégore, c’est-à-dire que nous émettons les mêmes vibrations, dans un même sens. C’est une vibration très forte qui va se perdre dans le cosmos. Je rappellerai pour mémoire cette parole du Christ qui a dit : « Lorsque trois ou quatre personnes sont réunies en mon nom, je suis au milieu d’elles ».

Valeur symbolique de cette lame :

C’est l’Impératrice qui enseigne tout. Depuis notre plus jeune âge, nous sommes éduqués, conditionnés suivant des techniques parfois très différentes : les Indiens comme les Indiens, les Papous comme les Papous, et les petits Français comme les petits Français, ce qui ne veut pas dire que tout le monde pense et se comporte de la même façon.

L’Impératrice enseigne le geste sûr, le geste pur. C’est-à-dire qu’elle enseigne le symbolisme, l’occultisme, tout ce qui est spirituel. Cela passe au départ par l’intellect (comprendre) et donne tous les rituels. J’insiste lourdement sur l’importance énorme des rituels, quels qu’ils soient, de quelque origine qu’ils soient : ouverture du jour chez les Incas, salutation au soleil Indienne… Tout ce qui est rituel émet une vibration énorme. Nous sommes habitués depuis notre plus jeune enfance à observer certains rituels qui relèvent d’un conditionnement, mais ce qu’il faut, c’est que le rituel soit pensé. Lorsque vous vous lavez les mains avant d’aller à table, vous n’êtes pas conscients du geste, ce n’est donc pas valable. Il faut être « ici et maintenant ». Si en vous lavant les mains vous pensez que vous vous purifiez, que vous coopérez à la purification cosmique, cela change du tout au tout.

C’est l’Impératrice qui enseigne à être conscient de son geste, à utiliser en même temps le symbole, qui est un concentré d’énergie (nous y reviendrons une autre fois). Le geste et le mot utilisés en un temps sur un symbole donné, donnent une puissance incroyable au rituel. Ce peut être le rituel d’exorcisme chrétien ou tout autre rituel. Quand ils sont faits en groupe (par exemple avant une méditation), les rituels émettent des vibrations encore plus fortes que tout ce qu’on peut imaginer. Il faut donc en être parfaitement conscient, il faut être conscient de ce qu’on émet. Si on est conscient, on fait le chemin qu’on a choisi et on coopère à la construction du cosmos qui se renouvelle à chaque instant.

En un mot, le rituel (symbole + geste + mot) donne le maximum d’impact à toutes les énergies qui nous rattachent à l’Absolu (quel que soit son nom : Jésus, Jéhovah, Dieu…). Toutes les religions sont d’accord sur ce point. Une fois qu’on a eu une formation sacrée, spirituelle ou religieuse, on doit déboucher après une certaine évolution, sur « le chemin ».

C’est pour cela que j’ai mis cette causerie sous le signe de MA ANANDAMAYEE : elle est indienne, son patrimoine c’est le Védanta, et elle a quand même d’après son comportement, son enseignement, quelque chose qui l’associe à l’Impératrice. Quand on pratique le Tarot, on s’aperçoit que l’Impératrice est une lame mal comprise, mais on oublie la puissance de vibration qui émane de cette lame. Elle ne doit en aucun cas parmi les vingt-deux lames majeures être considérée comme une lame mineure. C’est la troisième lame, c’est le premier chiffre figurant quelque chose : le triangle. C’est l’intelligence, on ne peut pas la considérer comme mineure, c’est l’intelligence mise à notre niveau à nous.

L’Impératrice telle que nous la rencontrons va enfin nous faire avancer et nous mettre sur le chemin d’un vrai maître (elle n’est pas un maître, elle est universelle). C’est la lame neuf, l’Ermite, qui sera un maître. Elle porte un collier doré qui passe au milieu de la poitrine et qui, sous les seins, forme une ceinture. C’est-à-dire que tout ce qui est plexus solaire, sternum, le chakra de la gorge, tout cela est censé lui donner la force. Quand on porte une croix, son centre est sur le plexus solaire ou sur le chakra de la gorge (regardez les costumes folkloriques des femmes, ou les croix pectorales des primats de l’Église). Et cela ne concerne pas uniquement la croix chrétienne.

L’Enseignement, au sens sacré, doit se transmettre. Il est impossible, impensable, de le garder pour soi. Il faut le transmettre à des personnes qui le demandent bien entendu, qui sont en état de le recevoir. Si vous apprenez un jour une partie infinitésimale de quelque chose, il est de votre devoir de la transmettre. Si vous gardez votre savoir pour vous, vous bloquez la chaîne d’union.

Je pense à des gens qui ont de petites connaissances en Yoga, par exemple des techniques pour inverser une respiration, changer un métabolisme ; si on ne le transmet pas, on fait du mal à l’autre. Il faut absolument transmettre. Je vais prendre un exemple personnel : Quand Gabriel Monod-Herzen a quitté son corps, je ne l’ai pas remplacé, on ne remplace pas Gabriel, j’ai repris ses cours à Roscoff et je suis allée demander à plusieurs personnes que je connaissais ce qu’elles en pensaient car cela m’inquiétait, ensuite on m’a demandé un autre cours et j’ai accepté sans savoir comment j’y arriverai, ni comment je l’organiserai. En réalité, je n’ai pas eu le choix, la vie m’a placée ici, donc j’ai accepté de le faire. Mais vous, de votre côté, il vous appartient de transmettre à votre tour.

Au point de vue Astrologie, l’Impératrice est reliée à Mercure. Elle est surtout comparable à Vénus Uranie des Grecs. Autant la Papesse c’est Isis, intouchable, la Vierge Mère des chrétiens, autant l’Impératrice est plus accessible, c’est Athéna, Vénus, Uranie. La Papesse c’est la gnose, l’Impératrice c’est la transmission de cette gnose.

Je termine par un mot de Claudel qui est plaisant ; il disait à propos de l’Impératrice : Madame Sainte Minerve, déesse des professeurs…

Question : La lune est blanche avec une partie hachurée noire. Est-ce le Yin et le Yang ?

Réponse : Oui, il y a là dualité. Dans le Tarot, il n’y a pas de hasard. Tout a été étudié pour transmettre une onde de forme. Le Tarot émet des ondes de formes qui sont très fortes. C’est toute l’alchimie, l’hermétisme, la gnose contenus en vingt-deux lames. C’est aussi le Védanta mais sous une forme occidentale. C’est la connaissance universelle transmise avec précision sous forme d’ondes de formes, ensuite par les couleurs, par les formes, et normalement quand on sait s’y prendre on doit retrouver le nombre d’or dans chaque lame. Il faudrait passer des années sur une seule lame (comme l’ont fait Delcamp ou d’autres). Pour la lune, vous retrouvez dans les petites stries noires un multiple du nombre occulte de Mercure. Il y en a vingt-sept. C’est trois fois neuf. Il n’y a pas de hasard dans le Tarot, même dans les cartes de certains jeux qui paraissent maladroitement dessinées, avec un aspect médiéval.

Question : Un jeu de Tarot chez soi émet-il des ondes ?

Réponse : Oui, et c’est pour cela qu’il ne faut pas jouer avec. Si vous voulez vous tirer les cartes, prenez un jeu de trente-deux cartes, mais ne prenez pas le jeu du Tarot. Le Tarot en tant que transmission initiatique s’est fait sous forme de jeu pour échapper à l’Inquisition. On recherchait des tracts, des livres, des parchemins. A partir de l’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie, la connaissance de l’Occident se présente sous forme d’un jeu.

Question : Quelles sont les figures qu’on pourrait mettre chez soi ?

Réponse : Toutes, même la Mort, même la Maison-Dieu. Sinon c’est comme un rituel qui ne serait pas complet. Prenez par exemple un rituel que tout le monde connaît : le signe de croix ou la bénédiction du prêtre qui est un mudra = doigts du soleil et d’Apollon repliés sur la paume, cachés par le doigt de Vénus, doigts de Saturne et de Jupiter levés. Les deux doigts levés prennent les énergies du haut et les transmettent vers la terre en faisant le signe de la croix. S’il est mal exécuté, cela n’a plus de valeur. C’est pourquoi un jeu de Tarot exposé incomplètement est déséquilibrant, il manque des vibrations ou bien il y en a en trop. Il faut donc exposer les vingt-deux lames.

Aujourd’hui, j’ai beaucoup insisté sur les vibrations pour alléger un peu la lame de la Mort qui risque d’être trop longue. De toutes façons tout est dans tout dans chacune d’entre elles, c’est simplement l’accent qui est différent. C’est pour cela qu’on ne peut pas supprimer la Mort. Vous reconnaissez le vieux squelette de nos légendes, le meneur de pas des danses macabres, c’est la Mort avec sa faux (elle a treize vertèbres, on ne s’est pas encore penché là-dessus). Vous dites : Quelle horreur ! en voyant cela, c’est parce que nous vivons dans une civilisation qui nous a appris à craindre la mort. Or, c’est par la mort que passent les réincarnations, c’est par le treize que passe l’initiation.

Un jeu de Tarot se change au fur et à mesure de ce qu’on y met. Ça c’est typiquement l’Impératrice. L’Impératrice nous apprend à être différents. Il y a trois façons d’être : il y a la façon dont on est réellement, la façon dont on se voit, et la façon dont les autres nous voient. On a tendance à vouloir projeter dans sa vie une image de soi qu’on voudrait rendre favorable aux autres ; l’Impératrice nous apprend à être authentiques, à réfréner le côté coquetterie, forfanterie ou pédanterie, tout ce qu’il peut y avoir en trop, tout ce qui n’est pas la juste mesure.

Question : Tout à l’heure, vous avez parlé du centre qui est le plexus. Or, chez les Japonais, c’est le Hara.

Réponse : Non, ce sont des choses différentes. Je parle du centre vital spirituel. Le plexus solaire est juste en dessous du sternum et le Hara est à cinq doigts du nombril. Le Hara japonais est le point vital. Quand un Japonais se fait hara-kiri, il cherche de la pointe de son sabre le point du Hara, mais s’il le rate, il ne meurt pas. Tous les arts martiaux sont basés sur le Hara, c’est-à-dire sur la respiration par le ventre, qui est l’équilibre. L’Occident parle beaucoup plus du plexus solaire que du Hara. Je me demande dans quelle mesure les vibrations ne sont pas différentes au point de vue physique entre un centre oriental et un centre occidental… Les cathédrales ont été construites par des gens qu’on appelle maintenant des compagnons, mais qui sont les ancêtres de tout ce qu’il y a de spirituel actuellement. Les compagnons ont été formés en Orient et les connaissances se sont transmises en Occident. Tout le Moyen-âge était beaucoup plus proche de l’Orient que nous ne le sommes maintenant.

Question : Dante était un initié ?

Réponse : Dante était un grand initié. Relisez la « Divine Comédie », la description minutieuse des sept ciels (les sept demeures de Thérèse d’Avila).

Question : Il parlait beaucoup du chiffre neuf aussi.

Réponse : Le neuf est la somme de tous les nombres occultes qu’on connaît. Le nombre occulte du soleil est cent-huit (huit et un égale neuf), la lune soixante-douze (sept et deux égale neuf), Mercure soixante-trois (six et trois égale neuf). Ce sont les neuf chevaliers que Bernard de Clairvaux a envoyés à Jérusalem pour apprendre les secrets de Ptolémée. Ils sont revenus et ont fondé l’Ordre des Templiers qui fut l’ancêtre du compagnonnage, des Rosicruciens…

Question : Peux-tu nous parler du nombre vingt-deux qui correspond à quatre-vingt-quatre?

Réponse : Non, vingt-deux correspond à quatre.

Partout où il y a le vingt-deux (et non pas le quatre puisqu’il s’agit de numérologie), c’est un maître nombre et ça va être l’année du grand tournant où vont se préparer les choses. Quand dans quelques années on se retournera en arrière, on verra que tout a démarré de 1984, notamment lorsqu’on sera en 89.

Le Fou n’est pas le vingt-deux, il est dissocié de la chaîne. Le symbolisme des nombres s’arrête à vingt et un ; après, on fait les additions.