Joan Tollifson
Le Vide. Ouverture et liberté

17 septembre 2023 Votre vraie nature est ouverte et libre, mais vous la couvrez. – Nisargadatta Maharaj Nous recherchons habituellement des expériences particulières, des certitudes et quelque chose à saisir. Mais en ne s’accrochant à rien du tout, il y a une ouverture et une liberté immenses. – Extrait de www.joantollifson.com Est-il possible, pendant un instant, de laisser […]

17 septembre 2023

Votre vraie nature est ouverte et libre, mais vous la couvrez.

– Nisargadatta Maharaj

Nous recherchons habituellement des expériences particulières, des certitudes et quelque chose à saisir. Mais en ne s’accrochant à rien du tout, il y a une ouverture et une liberté immenses.

– Extrait de www.joantollifson.com

Est-il possible, pendant un instant, de laisser tomber le passé et l’avenir, de laisser tomber tous les mots, concepts et idées qui se sont accumulés (conscience, esprit, matière, illumination, éveil, absence de choix, libre arbitre, spiritualité, et ainsi de suite)… de laisser tomber tout cela, ainsi que l’histoire de notre vie et toutes nos préoccupations actuelles, est-ce possible ?

Et si c’est le cas, que reste-t-il ?

Ne cherchez pas la réponse à l’une ou l’autre de ces questions dans la pensée. Allez à votre expérience directe et immédiate.

Laissez tomber tout effort pour « comprendre ». La question de ce qui reste ne cherche pas une réponse sous la forme du « mot juste » ou de « l’idée juste ». C’est une invitation à quelque chose d’entièrement différent, une ouverture tombante. Laissez donc tomber toutes les réponses, tous les mots, toutes les idées, toutes les histoires, toutes vos opinions, identités et croyances.

Que reste-t-il ?

Si vous vous sentez obligé de chercher à comprendre comme s’il s’agissait d’une grande énigme, ou si vous essayez de vivre quelque chose de spécial, laissez tomber tout cela. C’est la simplicité même — simple, simple, simple.

Se reposer en ne sachant rien, en étant simplement. N’être rien du tout.

Là encore, il s’agit d’une expérience à explorer et non d’une réflexion à mener.

Vous découvrirez peut-être que ce qui reste en l’absence de tout le reste est un vide indescriptible, une absence de fondement, un néant. Et ce néant n’est pas un vide mort et nihiliste ; au contraire, il est vibrant de vie et plein de tout. Si nous devions l’exprimer avec des mots, nous pourrions le décrire comme une présence consciente et ouverte ou une vivacité omniprésente, indivisible, illimitée et libre.

Et plus nous sommes attentifs à tout ce qui apparaît ici — une pensée, un souvenir, une émotion, une chaise, une table, un ami, un arbre, un nuage, un son — plus nous découvrons qu’il est indéfinissable, irrésolu, impermanent et inséparable de tout ce qu’il n’est apparemment pas. Nous découvrons que le passé et le futur sont introuvables, inexistants, et que ce que nous appelons le moment présent disparaît aussi vite qu’il apparaît, parti avant même d’arriver. Et pourtant, c’est toujours le moment présent, ce moment unique et sans fond dont nous ne nous éloignons jamais. Nous sommes toujours ici, dans cette immédiateté ou ce présent sans lieu. Le moment présent est intemporel, éternel, toujours présent. Ici est infini, sans taille ni forme, comme cette sphère proverbiale dont le centre est partout et la circonférence nulle part.

Si on ne l’entend que sur le plan conceptuel, tout cela peut sembler très philosophique — un tas d’idées métaphysiques à méditer, puis à approuver et à croire, ou à débattre et à douter. Mais ce que j’évoque ici n’est pas du domaine des pensées et des idées — c’est du domaine de l’expérience ou de l’être. C’est non conceptuel, insaisissable, et pourtant, en même temps, absolument inévitable et toujours juste ici. Aucun mot n’est jamais tout à fait juste. Les mots ne sont que des pointeurs ou des descriptions — évocateurs au mieux, mais toujours seulement des pointeurs vers quelque chose d’ineffable.

Des mots tels que vide (no-thing-ness), vacuité, absence de soi, absence de choix peuvent sembler moroses et niant la vie s’ils sont entendus uniquement en tant qu’idées, et surtout si ces idées sont mal comprises. Mais lorsque nous découvrons directement et par l’expérience ce que ces mots désignent — l’être nu Ici-Maintenant, la non-substantialité de toute chose, l’absence de toute séparation réelle, la non-existence de celui qui est censé « devoir » contrôler, le silence d’écoute qui imprègne tout — cette découverte et cette réalisation sont joyeuses et libératrices — elles font naître un sentiment de soulagement, d’un fardeau enfin déposé — il y a une ouverture, une qualité d’émerveillement et d’amour inconditionnel, une profonde appréciation des façons infiniment uniques et toujours changeantes dont cette pure potentialité, ce vide radieux se manifeste, et comment tout cela se dissout instantanément sans laisser de trace.

Il ne s’agit pas de nier notre humanité ou la personne que nous semblons être dans le jeu de la vie ou dans le merveilleux déroulement kaléidoscopique. Tout peut être présent dans cette immobilité vibrante — les pensées qui passent, les sons, les gens, le mouvement, les événements, l’univers tout entier. Mais il y a un contexte plus large, quelque chose d’infiniment plus subtil, plus intime, plus vide dans le meilleur sens du terme, totalement libre et délié.

C’est ce qu’EST l’ici-maintenant, l’absence de fondement de l’être toujours présente, vide de toute forme persistante. Ce n’est pas autre chose que la vaisselle du petit-déjeuner, une tasse de café, la lessive ou quoi que ce soit d’autre. C’est toujours là. Mais ce n’est pas limité à une chose ou à un lieu en particulier. C’est omniprésent, partout et nulle part. C’est ce que nous sommes, ce que c’est, plus fondamentalement. C’est le vide, la présence qui est le facteur commun à toutes les expériences différentes — et c’est la dissolution instantanée de toute expérience.

C’est le vide du vide — l’abandon de tous les mots, de toutes les indications et de tous les concepts qui viennent d’être utilisés, l’absence de toute vision finale ou de tout lieu ultime où atterrir — l’absence de fondement de ne rien savoir, d’être ici sans s’accrocher à quoi que ce soit.

Encore une fois, il ne s’agit pas de quelque chose à croire ou à ne pas croire, à penser ou à raisonner, ou à essayer de comprendre et de saisir. C’est quelque chose (rien du tout) à découvrir ou à réaliser directement. Comment ? En s’arrêtant simplement — pas pour toujours, mais maintenant, à cet instant — en restant immobile, en écoutant, en laissant tomber tous les mots, les concepts et les idées, en abandonnant complètement.

Ne demeurant nulle part, le cœur-esprit émerge.

– Le Sutra du Diamant

Amour à tous….

Texte original : https://joantollifson.substack.com/p/no-thing-ness