Bert Olivier
Philosophie du droit pour le monde moderne

Traduction libre 29 mai 2024 Le philosophe français Jean-François Lyotard, qui a apporté des idées philosophiques importantes dans diverses sous-disciplines philosophiques, considérait son livre, Le Différend (publié initialement en 1983), comme son œuvre la plus importante, et ce à juste titre. C’est un texte solidement argumenté qui décrit les conditions dans lesquelles on peut se trouver […]

Traduction libre

29 mai 2024

Le philosophe français Jean-François Lyotard, qui a apporté des idées philosophiques importantes dans diverses sous-disciplines philosophiques, considérait son livre, Le Différend (publié initialement en 1983), comme son œuvre la plus importante, et ce à juste titre. C’est un texte solidement argumenté qui décrit les conditions dans lesquelles on peut se trouver dans une situation où, quels que soient les efforts déployés, on ne parvient pas à résoudre une divergence d’opinions entre deux ou plusieurs parties. Dans ce cas, un « différend » s’est manifesté. Pour reprendre les termes de Lyotard (Le différend, 1988 ; p. xi) :

À la différence d’un litige, un différend serait un cas de conflit entre deux parties (au moins) qui ne pourrait pas être tranché équitablement faute d’une règle de jugement applicable aux deux argumentations. Que l’une soit légitime n’impliquerait pas que l’autre ne le soit pas. Si l’on applique cependant la même règle de jugement à l’une et à l’autre pour trancher leur différend comme si celui-ci était un litige, on cause un tort à l’une d’elles (au moins, et aux deux si aucune n’admet cette règle).

En termes plus simples, contrairement à un « litige », où un jugement juridique (ou simplement lié à l’argumentation) est rendu — sur la base de règles ou de lois acceptées par les parties — sur le bien-fondé et le mal-fondé des revendications ou des arguments en cause, un cas où il n’y a pas d’accord sur les règles de jugement pertinentes, constitue un différend. En outre, un différend constitue un « tort » (p. xi) :

Un tort résulte du fait que les règles du genre de discours selon lesquelles on juge ne sont pas celles du ou des genres de discours jugé/s.

En d’autres termes, un différend (c’est-à-dire un tort) se produit lorsque quelqu’un applique des règles à une situation où ces règles ne sont pas valables — comme juger un match de football au moyen des règles s’appliquant au rugby, ou un mariage au moyen des règles relatives à une société — commettant ainsi une injustice à l’égard de l’une ou de toutes les parties. Ou, plus proches de ce dont je voudrais discuter ici, les motifs (« genre de discours ») pour lesquels une partie refuse un certain impératif, ne sont pas reconnus par ceux qui émettent l’impératif ou le « mandat », qui jugent sur la base d’un motif différent et inconciliable (« genre de discours »), commettant ainsi une injustice à l’égard de la première partie.

Lorsque cela se produit, on est confronté à un différend. En effet, si une telle situation devait être appréciée en fonction des « phrases » (règles, critères) invoquées par une seule des parties, il s’agirait d’une injustice. En outre, compte tenu de cette inconciliabilité, il s’ensuit qu’un différend ne peut être « résolu ».

Cela vous semble-t-il familier ? Si ce n’est pas le cas, c’est que vous étiez endormi, ou comateux, depuis quatre ans et demi. Qui n’a pas connu la frustration, et parfois le chagrin, d’être incapable de franchir le pont de (mauvaise) compréhension qui vous sépare des membres de votre famille, amis ou collègues depuis 2020, en particulier après la sortie des soi-disant « vaccins » contre le Covid ?

Certains les ont acceptés avec gratitude (en croyant qu’ils tiendraient leur promesse de les guérir du Covid ou de les protéger contre le « virus »), tandis que d’autres, les considérants avec scepticisme pour diverses raisons, ont refusé de céder à la pression de leurs pairs et du gouvernement en se soumettant à l’impératif iatrocratique de « se faire vacciner ». Les défenseurs et les détracteurs (respectivement) des « vaccins » ont eu beau s’affronter et se juger mutuellement, aucun des deux camps n’est parvenu à convaincre l’autre. C’était un exemple clair d’un différend (qui deviendra bientôt) mondial. (Pour une enquête plus approfondie et plus pénétrante sur la « pandémie » du point de vue du différend de Lyotard, voir mon article sur le sujet).

À quel point ce différend est profond, et l’est toujours, était évident par l’aliénation (désormais familière) entre des personnes qui étaient autrefois des amis intimes, ainsi qu’entre des collègues qui travaillaient autrefois ensemble amicalement, mais qui ont maintenant tendance à s’éviter autant que possible. Lorsque la question du « vaccin » s’est imposée au sein des familles, on peut dire qu’elle a donné lieu aux disputes les plus âpres, à des séparations et à des déchirements, dans de nombreux cas sans aucune chance apparente de réconciliation. Pourquoi en est-il ainsi ? Existe-t-il un moyen de résoudre un différend ? Pour comprendre qu’un différend est reconnaissable comme quelque chose où les positions des parties opposées sont totalement inconciliables — incommensurables, en fait — peut-être que des exemples paradigmatiques suffiraient à le rendre compréhensible.

Se référant à l’historien négationniste Robert Faurisson, Lyotard évoque un tel exemple dans Le Différend. Selon Faurisson, après avoir analysé des milliers de documents et consulté de nombreux historiens, il n’a pas trouvé un seul témoin « déporté » qui ait « réellement vu de ses propres yeux » une chambre à gaz — une qui était utilisée pour exécuter des personnes au moment où elle a été vue. En d’autres termes, la seule preuve qu’il jugerait acceptable est que quelqu’un qui est mort de son utilisation en témoigne. Lyotard l’exprime ainsi (p. 3-4) :

Son argument [celui de Faurisson] est : pour identifier qu’un local est une chambre à gaz, je n’accepte comme témoin qu’une victime de cette chambre à gaz ; or il ne doit y avoir, selon mon adversaire, de victime que morte, sinon cette chambre à gaz ne serait pas ce qu’il prétend ; il n’y a donc pas de chambre à gaz.

Comment le différend opère-t-il ici ? Faurisson demande une preuve formulée en termes d’exigence que son adversaire est incapable de satisfaire, sous la forme d’un survivant d’une chambre à gaz nazie qui y aurait effectivement péri. Comment cela se fait-il ? Parce que seul un tel survivant aurait été témoin du fonctionnement de la chambre à gaz. Il est évident que cette demande est impossible à satisfaire, dit l’adversaire, pour des raisons évidentes. D’où le différend — Faurisson et son adversaire ont des critères incommensurables, inconciliables. Pour le premier, seul un survivant d’une chambre à gaz en fonctionnement suffirait ; pour le second, il suffit que les chambres à gaz (à Auschwitz ou à Dachau) soient encore là pour être inspectées.

Un autre exemple de différend devrait suffire à en clarifier son sens, à savoir le conflit concernant les droits fonciers entre les aborigènes australiens et les entreprises de développement en Australie. La législation garantissant les droits fonciers des aborigènes australiens a été promulguée après le cas dit « Mabo » de la Haute Cour en 1992 (McIntosh 1997), mais elle n’a pas réussi à atténuer les signes d’inconciliabilité (c’est-à-dire un différend) entre ce que veulent les promoteurs commerciaux et ce que les aborigènes peuvent désormais revendiquer, à savoir le droit de prendre des décisions concernant leurs terres ancestrales.

Le problème réside dans le fait que les promoteurs s’appuient sur les droits de propriété commerciale relatifs à l’aménagement du territoire et aux ventes à but lucratif, tandis que les aborigènes affirment que leurs cimetières ancestraux se trouvent sur les terres contestées. Il s’agit là d’un cas manifeste de différend : des revendications contradictoires reposant sur des « règles de jugement » différentes — une notion occidentale de la propriété, d’une part, et une conception prémoderne de la terre comme n’« appartenant » à personne, mais comme étant sacrée pour ceux dont les ancêtres y sont enterrés.

Rappelons que j’ai déjà fait allusion aux « vaccins » Covid comme étant le lieu où les divergences d’opinions les plus véhémentes et l’aliénation entre des personnes qui s’accusent mutuellement, d’anciens amis et des membres de la famille se sont produites pendant la « pandémie » (ce qui ne veut pas dire qu’un tel affrontement de points de vue n’a pas eu lieu également en ce qui concerne les confinements, le port du masque et la distanciation sociale). Ce différend s’est répété dans l’espace médiatique, où l’on a été témoin des désaccords les plus virulents sur ces sujets qui, en outre, ont montré une dimension de pouvoir indéniable — dans le sens où les médias « officiels » projetaient le message d’une prétention supérieure à la crédibilité, et dénigraient tous les détracteurs de la narration officielle. Gardons à l’esprit que ce terrain était — et est encore, en grande partie — traversé par ce qui est probablement le différend le plus répandu que le monde ait connu dans l’histoire de l’humanité.

Il n’est pas difficile de trouver des exemples représentatifs de cette situation. Compte tenu de l’importance accordée aux communications médiatiques officielles et télévisées du président, le 16 décembre 2021, le président Biden a fait une déclaration apparemment autoritaire sur les « vaccins » et les « boosters (rappels) » Covid, lorsqu’il a annoncé (The White House 2021) :

Pour les personnes non vaccinées, nous nous attendons à un hiver de maladies graves et de décès — si vous n’êtes pas vaccinées — pour eux-mêmes, leurs familles et les hôpitaux qu’elles vont bientôt submerger.

Mais il y a une bonne nouvelle : si vous êtes vacciné et que vous avez reçu votre injection de rappel, vous êtes protégé contre les maladies graves et la mort — un point c’est tout.

Deuxièmement, les piqûres de rappel sont efficaces.

Troisièmement, les rappels sont gratuits, sûrs et pratiques.

Malgré les affirmations confiantes de Biden concernant l’efficacité et la sécurité vantées des « vaccins », il existe de nombreuses affirmations contraires, étayées par des études scientifiques. Un article récent de Ramesh Thakur montre à quel point l’efficacité des « vaccins » était négligeable dans les pays où un grand nombre de personnes ont été « vaccinées », tandis qu’un autre article, dans lequel le Dr Robert Malone présente les conclusions du Dr Denis Rancourt sur les chiffres de la mortalité due à la « vaccination » dans le monde (à ce stade, mais d’autres suivront probablement) — qui divergent également des déclarations de Biden concernant la sécurité et l’efficacité des « vaccins » — revient à contredire brutalement ces affirmations (implicitement mensongères).

Même dès le 5 janvier 2022, un article intitulé « Covid vaccine scientific proof lethal », publié sur le site Saveusnow (qui peut être supprimé à tout moment par les représentants de la narration officielle), s’ouvre sur l’affirmation suivante :

Plus de mille études scientifiques prouvent que les vaccins COVID-19 sont dangereux, et tous ceux qui poussent cet agenda commettent un crime passible d’accusation de faute grave en fonction publique [en gras dans l’original].

Les 1 011 articles couvrent des sujets différents, mais apparentés, dont les liens sont fournis. Ils couvrent de nombreux événements indésirables liés au vaccin, tels que la thrombose de la veine porte, l’hémorragie cérébrale fatale, la thromboembolie veineuse aiguë, la thrombose veineuse cérébrale, la myocardite et de nombreux autres cas de thrombose et de thrombocytopénie. À la lumière de ces études, l’auteur ou les auteurs remarquent à juste titre que :

La fausse propagande « sûre et efficace », diffusée par des fonctionnaires qui continuent aujourd’hui à promouvoir ce vaccin, constitue une violation manifeste à leurs devoirs. Le titulaire d’une charge publique est soumis à un devoir de prévention de la mort ou des blessures graves qui surviennent uniquement par la nature même de ses fonctions publiques, et il en est conscient.

Nombre d’entre eux ont manqué à ce devoir et, ce faisant, ont imprudemment causé un risque de décès ou de blessure grave, en continuant à pousser les injections de COVID 19 sans tenir compte des dangers désormais confirmés qui y sont associés. Certains de ces risques sont la coagulation sanguine, la myocardite, la péricardite, la thrombose, la thrombocytopénie, l’anaphylaxie, la paralysie de Bell, la maladie de Guillain-Barre, le cancer, y compris des décès, etc. [En gras dans l’original]

Il n’est guère nécessaire d’en rajouter ; il existe de nombreux exemples de contradictions scientifiquement fondées entre les affirmations fallacieuses de Biden (et on pourrait y ajouter celles d’Anthony Fauci et de Bill Gates) sur la sécurité et l’efficacité des « vaccins ». Une source indispensable d’informations à ce sujet est le livre de Robert F. Kennedy (2021), The Real Anthony Fauci. Bill Gates, Big Pharma and the Global War on Democracy and Public Health (New York: Skyhorse Publishing), dans lequel il écrit (p. 28) :

Le Dr Fauci a encouragé sa propre canonisation, ainsi que l’inquisition préoccupante contre ses détracteurs qui osaient blasphémer. Dans une interview je suis l’état du 9 juin 2021, il a déclaré que les Américains qui remettaient en question ses déclarations étaient, au fond, antiscience. « Les attaques dirigées contre moi », a-t-il expliqué, « très franchement, sont des attaques contre la science ».

Pour être clair, cette impasse entre ceux — comme Fauci, Gates et Biden — qui ont menti ouvertement sur l’efficacité des « vaccins » (qui ont sans doute été très efficaces pour mettre fin à la vie de millions de personnes, mais pas pour sauver ces vies), et ceux qui se sont appuyés sur des études scientifiques pour démontrer que ce n’était pas le cas, marque un différend lyotardien.

Il faut ajouter à cela les millions de personnes qui, dès le début de la « pandémie », ont flairé le pot aux roses en ce qui concerne les exigences en matière de confinement, de port de masque et de distanciation sociale et qui, sans nécessairement pouvoir mettre le doigt dessus, « savaient » que quelque chose ne tournait pas rond. Eux aussi font partie des millions de personnes dont la perspicacité et les intuitions contrastent de manière flagrante avec celles des millions de personnes qui sont tombées dans le panneau. Il s’agit également d’une composante du même différend.

En conclusion : si un différend indique un espace où il est vain de parvenir à un accord entre différentes parties parce que juger leurs positions divergentes au moyen des « phrases » (critères) utilisées par une seule d’entre elles constituerait inéluctablement une injustice, existe-t-il une possibilité de surmonter ou de « dissoudre » le différend, étant donné qu’il ne peut pas être résolu ?

Après tout, la partie officielle dans la situation actuelle a essayé, depuis au moins 2020, de forcer un (pseudo-)consensus (par le biais d’une véritable légion de soi-disant « fact-checkers (vérificateurs de faits) », comme ceux sous la bannière de Reuters), mais ne peut pas réellement réussir (même si, pour ses partisans, elle réussit ostensiblement), car l’autre partie, la « résistance » (y compris Brownstone), conteste tout aussi activement les affirmations promues et les politiques poursuivies par le courant dominant. Alors, comment cela peut-il faire place à un accord, dans l’ensemble ?

La réponse est assez surprenante. En apparence, si l’une des parties au différend prend l’ascendant sur le plan cratologique (lié au pouvoir) de manière si décisive que toute opposition disparaît et que la partie triomphante élimine effectivement toute dissidence, le différend disparaîtrait ostensiblement, bien qu’en principe il subsisterait encore. Mais le différend ne serait surmonté, ou dissous, que si quelque chose — un événement d’une telle portée — se produisait, qu’un côté du champ dans lequel le différend se manifeste, serait, à toutes fins utiles, décisivement vaincu ou démontré comme reposant sur des bases fallacieuses.

De quel type d’événement s’agirait-il (ou devrait-il s’agir) ? Il pourrait prendre la forme d’une sorte d’intervention militaire, où les forces militaires du côté du récit « officiel » (ou de la « résistance ») sont vaincues de manière décisive. Ou (plus probablement), d’un procès très médiatisé devant une cour internationale largement reconnue (telle que la Cour pénale internationale ou CPI), où des preuves convaincantes d’un comportement criminel ou de malversations de la part de représentants du courant dominant (ou de la résistance) obligent la cour à rendre un verdict qui détruit effectivement les fondements discursifs de l’une des parties (et donc les critères ou les règles qu’elle utilise pour défendre son point de vue).

Il est peu probable que cela se produise dans les circonstances actuelles, où les tenants du récit officiel détiennent toujours un pouvoir immense, surtout si l’on en juge par le fait que la Cour internationale de justice de droit commun de Bruxelles (qui n’a malheureusement pas de juridiction contraignante sur les personnes) a déjà rendu un verdict précisément dans ce sens, comme l’écrit Kevin Annett :

La Cour internationale qui a forcé le pape Benoît à quitter ses fonctions en 2013 a porté un coup à la corporatocratie COVID en condamnant de hauts responsables de Pfizer, GlaxoSmithKline, de la Chine et du Vatican pour crimes contre l’humanité.

Le verdict de la Cour condamne soixante-quinze personnes à la prison à vie, saisit leurs biens et dissout leurs sociétés, et interdit légalement la fabrication, la vente ou l’utilisation de leurs vaccins COVID, considérés comme des « produits de génocide médical et de meurtre de masse ».

À l’issue d’un procès de quatre mois convoqué en vertu du droit international, les juges de la Cour internationale de justice de droit commun (CIJC) ont rendu aujourd’hui leur verdict et leur sentence historiques, ainsi que des mandats d’arrêt et d’expropriation à l’encontre des accusés.

Parmi les personnes condamnées figurent Albert Bourla et Emma Walmsley, PDG de Pfizer et de GlaxoSmithKline Pharmaceuticals, Xi Jinping, président de la Chine, le « pape » François (Jorge Bergoglio), la « reine » Elizabeth (Windsor) et Justin Trudeau, Premier ministre du Canada.

N’aurait-il pas été incroyablement exaltant que ce verdict et cette sentence (hypothétique) eussent un pouvoir contraignant ? Mais ce n’est pas le cas. C’est pourquoi la lutte continue et nous n’abandonnerons jamais. Le fait que cela en vaille la peine a été confirmé récemment lorsque l’on a appris que l’Organisation mondiale de la santé avait essuyé un revers colossal en ne parvenant pas à faire approuver les amendements qui garantiraient la ratification du « traité sur les pandémies » qu’elle recherchait. Il y a aussi d’autres victoires que nous, la résistance, poursuivons sans jamais envisager de reculer.

Texte original : https://brownstone.org/articles/philosophy-of-law-for-the-modern-world/