Mattias Desmet
La prise de pouvoir de l’OMS

Traduction libre 9 juin 2024 La semaine dernière, des discussions ont eu lieu lors d’un sommet de l’OMS à Genève concernant le soi-disant traité sur les pandémies. Parallèlement à ce sommet, le Inspired Global Leadership Summit (le Sommet du leadership mondial), une conférence critique à l’égard du traité sur les pandémies, a été organisé. J’ai été […]

Traduction libre

9 juin 2024

La semaine dernière, des discussions ont eu lieu lors d’un sommet de l’OMS à Genève concernant le soi-disant traité sur les pandémies. Parallèlement à ce sommet, le Inspired Global Leadership Summit (le Sommet du leadership mondial), une conférence critique à l’égard du traité sur les pandémies, a été organisé. J’ai été invité à prendre la parole lors de ce sommet et j’ai accepté l’invitation. Permettez-moi d’expliquer pourquoi.

Lors du sommet de l’OMS, entre autres, 300 amendements au Règlement sanitaire international (RSI) ont été proposés. Ces amendements permettraient à l’OMS de déclarer unilatéralement une urgence médicale internationale si un conseil d’experts et de virologues non spécifié le jugeait opportun. L’objectif déclaré est de répondre plus efficacement aux pandémies en élaborant une soi-disant « politique de santé unique ».

Que comprend la politique de santé unique ? Si vous parcourez le site web de l’OMS, vous trouverez quelque chose comme ceci : les humains font partie d’un système écologique plus large ; tout est interconnecté — les humains, les animaux, les plantes et le système climatique ; par conséquent, une approche holistique est nécessaire. Personne ne s’opposerait à cette vision. Même les New Agers et les derniers hippies ne s’y opposeraient pas.

Et comment compte-t-on mettre en œuvre la politique de santé unique ? C’est là que cela devient un peu plus délicat. L’OMS veut coordonner au niveau mondial la prévention et la gestion de ce que l’on appelle les urgences médicales internationales. Une fois qu’une telle urgence est déclarée, l’OMS prend radicalement le contrôle : elle veut conclure de manière autonome des contrats avec des sociétés pharmaceutiques, imposer des restrictions de voyage aux citoyens et rendre obligatoires des interventions médicales standardisées. Elle souhaite également mettre en place un système mondial plus large de biosurveillance, y compris des passeports de vaccination permanents. Pour ce faire, l’OMS a repris la technologie du certificat numérique Covid de l’UE à partir du 1er juillet 2023. Vous savez, le certificat fondé sur l’hypothèse, prouvée erronée par la suite, selon laquelle le vaccin Covid arrêterait la propagation du virus.

L’urgence médicale confère donc un pouvoir quasi absolu à l’OMS. La question se pose alors : qui peut déclarer l’urgence médicale internationale dans le cadre de la législation proposée ? La réponse ne vous surprendra pas : le directeur général de l’OMS. Et pour cela, il n’est même pas nécessaire qu’il y ait une épidémie virale. Les changements climatiques susceptibles de déclencher une telle épidémie suffisent pour déclarer une urgence.

Permettez-nous d’émettre quelques réserves. Premièrement, il est devenu suffisamment clair que les experts et les virologues de l’OMS sont assez prompts à constater une urgence médicale. De plus en plus au cours des dernières décennies. Par exemple, en 2023, l’OMS a considéré la variole du singe comme une urgence médicale lorsqu’environ 16 000 cas ont été détectés dans une population mondiale de plus de 8 milliards de personnes.

Les experts et virologues en charge ont constaté que « nous n’avions aucun contrôle » sur la variole du singe, et les grands médias ont contribué à diffuser leur message. Résultat : en peu de temps, de longues files d’attente se sont formées devant les centres de vaccination et les grandes sociétés pharmaceutiques sont entrées en action. À elle seule, la Belgique, à elle seule, a investi 110 millions d’euros pour des vaccins contre la variole du singe. On ne sait pas combien de vaccins ont été administrés, mais soit ils ont été remarquablement efficaces, soit il s’agissait d’une fausse alerte à la pandémie. Je pense que cette dernière option est la plus plausible.

Si vous parcourez les textes de l’OMS, vous trouverez un discours convaincu du caractère bénéfique d’une approche technocratique de la santé mondiale, où les interventions médicales « justes », « scientifiques », « rationnelles » sont imposées d’en haut à la population par le biais d’une surveillance aussi stricte que possible.

L’OMS (et les institutions mondialistes apparentées) se considère sans aucun doute comme l’ultime représentant de la tradition des Lumières, le summum de la rationalité. J’ose douter de la véracité de ces propos. Et je le dis avec modération. Pour revenir à l’exemple de la variole du singe : d’un point de vue rationnel, quelqu’un doute-t-il vraiment que ces 110 millions d’euros en Belgique aient pu être mieux dépensés pour lutter, par exemple, contre la pauvreté et l’éducation des enfants ?

Et l’OMS représente-t-elle vraiment le type d’ouverture d’esprit que les principaux philosophes des Lumières avaient à l’esprit ? Lisez les textes généralement considérés comme la base de la tradition des Lumières. Que dit Kant, par exemple, dans son essai « Qu’est-ce que les Lumières » ? Il dit, sans équivoque, que le but de la tradition des Lumières est de libérer le citoyen de son immaturité. Il est trop facile de laisser un enseignant déterminer ce qui est juste et faux, un prêtre ce qui est bien et mauvais, et oui, un médecin ce qui est sain et malsain. Pensez par vous-même. Osez penser. Sapere Aude.

Voici ce que je pense : dans leur quête d’une approche rationnelle de la santé, des institutions comme l’OMS se sont involontairement retrouvées dans le contraire. Elles ne représentent plus la science, la rationalité et les Lumières, et encore moins une société avec l’autodétermination et le droit à la liberté d’expression. Dans ses ambitions absolutistes et totalitaires, la rationalité s’est transformée en irrationalité absurde, et la poursuite des Lumières annonce une nouvelle ère de ténèbres.

Le traité sur les pandémies est négocié par tous les membres de l’Assemblée générale de l’OMS, qui comprend les 193 pays membres des Nations unies. Les résultats seront contraignants pour tous ces 193 pays. Cela signifie qu’aucun État ne peut s’y soustraire, sous peine de sanctions économiques (sévères) imposées par les Nations unies. Si une majorité simple vote finalement en faveur des amendements, la législation entrera en vigueur dans un délai de 12 mois, c’est-à-dire en mai 2025.

Le vote est essentiellement un moment où des politiciens démocratiquement élus voteront pour ou contre l’abolition de la démocratie. Si une majorité simple est atteinte, nous aurons fait un grand pas vers le remplacement de la démocratie par la technocratie, un monde où les citoyens sont passivement soumis à des « experts ».

L’année dernière, j’ai exprimé mon opinion à ce sujet au Parlement européen à Strasbourg et à Bruxelles, ainsi qu’au Sénat américain à Capitol Hill. Et je l’ai encore fait la semaine dernière à Genève. Les personnes de toutes les orientations politiques doivent s’unir pour remettre fondamentalement en question cette tendance technocratique. Elles doivent s’unir, non pas en masse, mais en groupe. Quelle est la différence entre une masse et un groupe ? Une masse se connecte parce que tout le monde partage fanatiquement la même opinion ; un groupe se connecte parce que les gens s’accordent mutuellement le droit de s’exprimer en tant qu’êtres humains, quelles que soient leurs opinions. Dans une masse, les opinions divergentes sont un motif de haine et d’agression ; dans un groupe, les opinions divergentes sont un motif d’amour. C’est précisément là où l’autre est différent qu’il devient intéressant. Comme je l’ai dit ailleurs : Si nous n’aimons l’autre que parce qu’il est identique à nous-mêmes, nous n’aimons pas l’autre, mais notre propre image miroir, et ce que nous ressentons n’est pas de l’amour, mais du narcissisme.

Et l’acte qui mène à la connexion est un acte aussi vieux que l’humanité elle-même : l’acte de parler sincèrement. En définitive, c’est cet acte, dont les hommes étaient capables autour des feux de camp de la préhistoire, qui surpassera la puissance du plus grand appareil de surveillance technologique. C’est l’art de parler, le phénomène de la vérité, qu’il faut redécouvrir à l’époque de la technocratie. C’est le citoyen qui maîtrise l’art de parler sincèrement que Kant avait à l’esprit dans son essai sur les Lumières — et non le citoyen qui suit et subit sans réfléchir le discours expert de l’OMS.

Texte original : https://words.mattiasdesmet.org/p/the-who-power-grab