(Revue Être. No 1. 3eannée. 1975)
(PRATAHSMARANAM)
Le matin je médite l’essence de l’atma qui vibre dans mon cœur, qui est Être, Conscience et Béatitude, le Quatrième [1], le but des ascètes paramahansas [2]. Ce qui, chaque jour, semble connaître successivement les états de veille, de rêve et de sommeil profond est en réalité Brahma, qui est sans parties et c’est Cela que je suis et non cette réunion d’éléments grossiers.
Le matin je vénère Ce qui dépasse toutes les paroles et toutes les pensées, mais par la grâce de quoi sont manifestées toutes les paroles, Celui que l’on appelle le dieu des dieux, le sans-naissance, l’immuable, le premier, Ce que les Védas ont désigné par les mots : « pas ceci », « pas cela ».
Le matin je salue celui que l’on nomme le Purusha suprême, le Lieu de la plénitude et de l’éternité, resplendissant comme le Soleil au-delà des ténèbres, ce en dehors de quoi il n’y a rien et en quoi ce monde tout entier apparaît comme le serpent dans la corde.
Ces trois stances sont l’ornement sacré des trois mondes et celui qui les récite chaque matin parvient au but suprême.
(Traduit du sanscrit par R.A.)
[1] Précisons que ce Quatrième (Turîyam) n’est ni un autre état ni la somme des trois autres. Chacun de ces derniers est, dans son ordre, une manifestation intégrale du Soi (ou de Brahma), exclusive des deux autres comme l’illusion du serpent exclut toute autre illusion dans la corde.
[2] Les paramahansas forment la catégorie la plus élevée des dix ordres ascétiques fondés par Shankara. Ils sont censés avoir réalisé la délivrance ou s’y consacrer exclusivement.