Shankaracharya - L'adoration suprême (Parâ Pûjâ)

Comment tourner autour de Celui qui est infini, comment s’incli­ner devant Celui qui exclut toute dualité ? Comment célébrer Celui qui ne peut être décrit même avec les paroles du Véda ?

(Revue Être. No 3. 3e année. 1975)

Comment adorer Celui qui est indivisé et immuable, Celui dont l’essence est l’Unité et qui n’admet aucune détermination, Celui qui est sans second, qui est Être, Conscience et Béatitude ?

Où invoquer Celui qui est la Totalité, où est le siège de Celui qui supporte tout, pourquoi apporter de l’eau pour les pieds du Très-Pur, pour la bouche de l’Immaculé ?

De quel usage est un bain pour Celui qui est sans souillure, un vêtement pour Celui qui contient tout, un cordon sacré pour Celui qui est sans famille et sans caste ?

À quoi servent des parfums pour Celui qui ne peut être oint, des fleurs pour Celui qui n’est vêtu de rien ? Quelle parure offrir à Celui qui est au-delà de toute distinction, quel ornement à Celui qui n’a pas de forme ?

Que faire avec l’encens pour Celui qui ne peut être souillé, avec des lumières pour Celui qui voit tout ? Qu’est cette offrande d’ali­ments pour Celui qui jouit uniquement de sa propre Béatitude ?

Le bétel convient-il à Celui qui traverse la béatitude totale ? Celui dont la forme propre est la pure conscience essentiellement lumineuse est ce qui fait resplendir le soleil et les autres astres.

Comment tourner autour de Celui qui est infini, comment s’incli­ner devant Celui qui exclut toute dualité ? Comment célébrer Celui qui ne peut être décrit même avec les paroles du Véda ?

Pourquoi balancer des lumières devant Celui qui brille par lui-même, pourquoi verser de l’eau lustrale sur les bras de Celui qui est tout-puissant ? Comment dévêtir Celui dont la plénitude contient l’intérieur et l’extérieur ?

Telle est l’adoration suprême, en tout temps et en tout lieu, mais c’est avec la bouddhi parfaitement concentrée sur le Seigneur des dieux qu’elle doit être accomplie par les plus excellents connaisseurs de Brahma.

Le Soi c’est Toi-même, ma pensée est (ton épouse) Pârvati, mes souffles vitaux sont tes compagnons, mon corps est ta demeure, mon sommeil est ton samâdhi, ma marche est l’accomplissement de Ta circumambulation et toutes mes paroles sont des hymnes qui Te louent. Quelque action que, je fasse, ô Shiva, elle est toute entière Ton adoration.

Traduit du sanscrit par René Allar