William M. Briggs
Si vous pensez que l’évolution a pensé à penser, réfléchissez-y à deux fois  !

Traduction libre 4 mars 2024 Il existe un argument populaire selon lequel puisque l’homme a évolué, alors ses pensées ne garantissent pas la vérité, et que ses tendances à aimer ou à approuver un argument reflètent, en moyenne, ce qui est le mieux pour sa survie et que l’accord d’un argument avec la vérité est […]

Traduction libre

4 mars 2024

Il existe un argument populaire selon lequel puisque l’homme a évolué, alors ses pensées ne garantissent pas la vérité, et que ses tendances à aimer ou à approuver un argument reflètent, en moyenne, ce qui est le mieux pour sa survie et que l’accord d’un argument avec la vérité est une coïncidence.

Ce qui, en tant qu’argument, se réfute de lui-même. Comme cela a été souligné à de nombreuses reprises. Parce que si vous croyez que la conclusion découle des prémisses et vous donne une vérité, vous êtes en train de dire que ce n’est peut-être pas du tout une vérité, mais simplement une croyance réconfortante.

La situation est bien pire que cela. Car l’idée que nous ne pouvons pas connaître la vérité s’applique à tous les arguments, et même à toutes les perceptions. Chaque sens peut être faux ou incomplet, et seulement suffisamment aligné sur la réalité à des niveaux garantissant la survie, mais sans garantie de fidélité parfaite. Il s’agit là d’un autre argument qui se réfute de lui-même. Parce que vous avez besoin de vos sens pour lire et apprécier cet argument.

En effet, une fois que l’on s’engage sur la voie de douter de la connaissance, on ne peut plus faire confiance à aucun argument. Même les arguments qui disent que nous devons être sceptiques. Aucune déduction, quelle qu’elle soit, ne peut être considérée comme vraie. Le concept même de déduction ne peut être considéré comme vrai.

Ce type de « matérialisme strict », comme le dit CS Lewis dans ses Miracles (dans le chapitre « La difficulté cardinale du naturalisme [The Cardinal Difficult of Naturalism] »), « se réfute lui-même pour la raison donnée il y a longtemps par le professeur Haldane : “Si mes processus mentaux sont entièrement déterminés par les mouvements des atomes dans mon cerveau, je n’ai aucune raison de supposer que mes croyances sont vraies… et donc je n’ai aucune raison de supposer que mon cerveau est composé d’atomes” ».

Ainsi, une adhésion parfaite à l’évolution néodarwinienne implique logiquement que la théorie de l’évolution néodarwinienne ne peut être prouvée. Rien ne peut être prouvé. La science n’est plus qu’une autre croyance réconfortante. Pas d’atomes, pas de science. Et il est impossible de prouver l’évolution, comme nous le verrons.

Le naturalisme, dit Lewis, « offre la prétention d’être un compte rendu complet de notre comportement mental ; mais ce compte rendu, à l’examen, ne laisse aucune place aux actes de connaissance et de compréhension dont dépend la valeur de notre pensée, en tant que moyen d’accéder à la vérité ».

On pourrait dire qu’au fur et à mesure que l’évolution se poursuit, les sens deviennent supérieurs, ce qui conduit à une plus grande perception, et donc à des arguments qui se rapprochent de la vérité parce que l’utilité a augmenté. Mais comme le montre Lewis (et comme le reprendra plus tard Alvin Plantinga), l’évolution, bien qu’elle puisse expliquer des capacités supérieures, ne suffit pas pour parvenir à la connaissance.

L’inférence elle-même est sur la sellette : le naturaliste a rendu compte de ce que nous pensions être nos inférences, ce qui suggère qu’elles ne sont pas du tout de véritables intuitions. Nous, et lui, voulons être rassurés. Et cette rassurance s’avère être une inférence de plus (si elle est utile, alors elle est vraie) — comme si cette inférence n’était pas, une fois que nous acceptons son image de l’évolution, aussi suspecte que toutes les autres. Si la valeur de notre raisonnement est mise en doute, vous ne pouvez pas essayer de l’établir par le raisonnement.

Peut-être cela vous paraît-il logique maintenant. Mais ce que vous n’avez peut-être pas vu venir, c’est que cela fonctionne aussi en sens inverse. Lewis poursuit (je souligne) :

Si une preuve qu’il n’y a pas de preuves est absurde, il en va de même pour une preuve qu’il y a des preuves. La raison est notre point de départ. Il ne peut être question de l’attaquer ou de la défendre. Si, en la traitant comme un simple phénomène, vous vous placez en dehors d’elle, il n’y a alors aucun moyen d’y revenir, si ce n’est en posant la question.

La raison est là. Nous pensons, nous sommes. On ne peut y échapper.

L’homme cité par Lewis est JBS Haldane, le célèbre biologiste et mathématicien britannique. C’est à lui que l’on attribue la boutade « Je donnerais ma vie pour deux frères ou huit cousins », à propos de la similitude du patrimoine génétique entre proches parents. S’il a dit cela, c’était manifestement une blague, car personne ne raisonne jamais ainsi. Et, comme nous l’avons vu, la biologie ne peut pas rendre compte de la raison.

Haldane serait d’accord. Et en fait, il l’a fait. Sa citation est tirée de l’essai « When I Am Dead » (Quand je serai mort), publié en 1927 dans Possible Worlds :

Mais si la mort marque probablement ma fin en tant qu’esprit individuel fini, cela ne signifie pas qu’elle marquera ma fin tout court. Il me semble extrêmement improbable que l’esprit soit un simple sous-produit de la matière.

En effet, si mes processus mentaux sont entièrement déterminés par les mouvements des atomes dans mon cerveau, je n’ai aucune raison de penser que mes croyances sont vraies. Elles sont peut-être valables d’un point de vue chimique, mais cela ne les rend pas valables d’un point de vue logique. Je n’ai donc aucune raison de supposer que mon cerveau est composé d’atomes.

Pour échapper à cette nécessité de scier la branche sur laquelle je suis assis, pour ainsi dire, je suis obligé de croire que l’esprit n’est pas entièrement conditionné par la matière. Mais en ce qui concerne mon propre esprit, très fini et imparfait, je peux voir, en étudiant les effets des drogues sur lui, de l’alcool, de la maladie, etc. que ses limites sont en grande partie dues à mon corps.

Sans ce corps, il peut périr complètement, mais il me semble tout aussi probable qu’il perdra ses limites et se fondra dans un esprit infini ou quelque chose d’analogue à un esprit dont j’ai des raisons de soupçonner qu’il existe probablement derrière la nature. Je n’ai aucune idée de la manière dont cela pourrait se faire.

Moi non plus Jack. Moi non plus.

Texte original : https://www.wmbriggs.com/post/50736/