Le « retournement » psychique du chien de Pavlov s’obtient par des moyens qui n’honorent guère la sensibilité de l’expérimentateur : jeûne, sévices divers, stimuli contradictoires et incompréhensibles affolant l’intelligence et l’instinct de l’animal. Ce sont des moyens à la mesure du chien. Les épreuves des soldats observés par Sargant étaient en partie à la mesure du chien qui est en l’homme, et en partie à la mesure de l’homme. Les « retournements » observés se situaient au niveau des épreuves endurées. Dans le cas d’épreuves uniquement physiques, le soldat subissait des névroses plus ou moins « animales ». Les épreuves morales entraînaient des désordres plus typiquement humains, plus profonds, ou, si l’on préfère, d’un niveau plus élevé. Ainsi il semble que la « conversion » se situe au niveau où on la provoque et où l’être qui la subit est capable de la vivre.