Michel Random : Quand la sagesse danse: Mawlana et le soufisme

Le soufisme s’adresse comme toute mystique à la fusion amoureuse, qui est l’ultime connaissance. Celui qui a réalisé son unité en lui-même a réalisé son unité en Dieu. « Dieu c’est moi » crie Halladj au 9è siècle et ce cri va déchaîner la plus grande controverse de tout l’Islam entre les mystiques et les orthodoxes. La loi musulmane (la sharia) considère que l’accès de l’homme à Dieu se fait à travers le Prophète Mohammed. La conjonction mystique apparaît comme une hérésie digne de mort. Et effectivement le cri d’Halladj le conduisit à être crucifié et mis à mort.

Jean Chevalier : Pour mieux comprendre l'islam mystique

On n’insistera jamais assez, quand il s’agit de valeurs mystiques, sur le fait que la Parole ne découvre son sens qu’en s’incarnant dans la vie. Les musulmans repoussent toute incarnation du Verbe de Dieu parce qu’ils ne croient pas à un Dieu en trois personnes et parce qu’une Incarnation comme celle d’un Christ-Dieu contredirait, à leurs yeux, la souveraine transcendance. Mais parmi eux, en faisant par leur vie l’expérience de la vérité coranique, les mystiques ont, en quelque sorte, incarné la Parole et, en se désincarnant par leur ascèse, c’est elle qu’ils ont manifestée. Ils lui ont alors donné un sens et une valeur qui font exploser toutes les capsules des mots.