Ravi Ravindra
Un cœur sans limite – Le Travail avec Jeanne de Salzmann

Un cœur sans limite est un recueil de souvenirs extraits des carnets de Ravi Ravindra et qui donne un aperçu de l’enseignement extraordinaire de Mme Jeanne de Salzmann. Le récit que présente Ravindra de ses entretiens, de sa correspondance et de ses rencontres avec Mme de Salzmann est profondément intime sans être purement personnel. Son […]

Un cœur sans limite est un recueil de souvenirs extraits des carnets de Ravi Ravindra et qui donne un aperçu de l’enseignement extraordinaire de Mme Jeanne de Salzmann.

Le récit que présente Ravindra de ses entretiens, de sa correspondance et de ses rencontres avec Mme de Salzmann est profondément intime sans être purement personnel. Son questionnement, ses doutes et ses intuitions ne diffèrent pas des nôtres. Dans les témoignages de cet élève, on entend la voix de Mme de Salzmann : la clarté de sa perception et la force de sa vision transparaissent tout au long du livre.

Il y a trois forces, celle du corps, celle du penser et celle du sentiment. Si elles ne sont pas ensemble, également développées et en harmonie, il ne peut s’établir une relation stable avec une force supérieure. Tout dans le Travail est une préparation à cette relation. C’est le but du Travail. L’énergie supérieure veut descendre au niveau du corps, mais elle ne le peut pas sans notre travail. C’est seulement en travaillant que vous pouvez réaliser ce pourquoi vous êtes là et participer à la vie du cosmos. C’est cela qui peut donner un sens et une signification à votre vie. Autrement, vous n’existez que pour vous-même, égoïstement, et votre vie n’a pas de sens.

Jeanne de Salzmann fut la plus proche associée de Gurdjieff pendant plusieurs décennies et, à la mort de celui-ci en 1949, elle devint le chef spirituel du Travail. Jusqu’à son décès en 1990 à l’âge de 101 ans, elle assuma cette tâche avec une énergie et une créativité remarquables : assurant notamment l’établissement des Fondations Gurdjieff, le renforcement des liens entre les groupes et la publication des écrits de Gurdjieff. Sous sa conduite fut produit le film Rencontres avec des hommes remarquables, mis en scène par Peter Brook, ainsi qu’une série de films documentaires sur les danses sacrées.

Maître spirituel, Jeanne de Salzmann manifestait une relation avec des énergie subtiles et en les inspirant dans l’accomplissement de leur responsabilité d’êtres humains.

Paroles de Mme de Salzmann

Un alignement juste

Vous ne vous aimez pas assez vous-même, ce “Soi” qui désire et qui a besoin d’émerger.

Avant tout, vous devez ressentir le besoin de vous connaître vous-même. Vous êtes quelque chose et vous ne le connaissez pas. Vous devez reconnaître que vous ne savez pas qui vous êtes et que vous avez besoin de le savoir. Cette ouverture est le pas le plus important.

Vous avez besoin d’un savoir qui n’est pas un savoir livresque. A ce moment-là la tête peut s’informer en lisant des livres où vous reconnaissez vos expériences. Ce qu’il faut, c’est la perception directe.

Vous voyez ce côté, le côté mécanique, et vous savez que quelque chose existe de l’autre côté. Qu’est-ce qui peut établir le lien entre les deux ? Quelquefois il est possible de se placer au milieu.

Que servez-vous ? Il y a quelque chose en vous — une énergie plus haute — qui mérite le respect. Sans elle vous servez seulement vos plaisirs. Cela ne veut pas dire que vous ne devriez pas vous occuper des besoins du corps et de l’esprit. Si vous ne respectez pas et ne servez pas l’énergie plus fine en vous — qui n’est pas vous — le travail ici n’a aucun sens.

Je ne peux pas le faire, mais je dois essayer. Si la relation ne se fait pas, restez devant le manque de relation. Il est nécessaire de connaître ce manque. Je ne peux pas le faire mais cela peut se faire en moi ; et j’ai un rôle à jouer.

La Terre échange avec des niveaux plus hauts d’existence. Pour cela, un appareil est nécessaire. L’humanité est cet appareil. Cet échange n’est pas automatique ; un travail est nécessaire.

Vous avez besoin d’une relation entre la tête et le corps. L’un ne devrait pas être plus fort que l’autre. Ils doivent être de force égale. Alors le sentiment surgira.

Sans l’homme, la Terre ne peut pas recevoir l’énergie d’un niveau supérieur. Ainsi, si certains travaillent consciemment, ils permettent la descente de cette énergie. Sinon il y a disharmonie sur la Terre. On peut le sentir.

Il est important d’amener le corps et le penser — un autre penser, pas la pensée ordinaire — à la même fréquence de vibration. Il s’ensuit une relation, comme entre un homme et une femme, qui peut donner naissance à un enfant — un sentiment nouveau. L’énergie supérieure est là, mais nous ne la recevons pas parce que nous sommes fragmentés. Le but de l’existence de l’Homme sur Terre est de permettre l’échange d’énergie entre la Terre et les niveaux supérieurs d’existence. Sans cette relation entre le corps et le penser, cet échange ne peut pas se faire.

L’homme a une fonction particulière que d’autres créatures ne peuvent pas remplir. Il peut servir la Terre en devenant un pont pour certaines énergies plus hautes. Sans cela la Terre ne peut vivre comme elle le devrait. Mais l’homme par nature, est inachevé. Pour remplir la fonction qui lui revient, il a besoin de se développer. Il y a en lui une partie qui n’est pas satisfaite par sa vie. Au travers des traditions religieuses ou spirituelles, il pourra percevoir ce dont cette partie a besoin.

L’univers tout entier est constitué de forces et d’énergies. Il faut qu’elles soient en relation les unes avec les autres. La Terre possède son propre niveau d’énergie ; les êtres humains lui sont nécessaires pour réaliser la relation juste avec d’autres énergies. C’est cela que l’homme est appelé à servir.

Pour pouvoir amener une énergie supérieure au contact avec la Terre, l’homme doit avoir une relation harmonieuse, un juste échange, entre ses centres. Tout est en mouvement. Les énergies de nos centres aussi sont en mouvement, mais pas en harmonie entre elles.

Tête et corps ont chacun leur résistance. Il faut le comprendre. Demandez-vous fréquemment : “Qui suis-je ?” et “Pourquoi suis-je là ?”

Exigez quelque chose de vous-même. Si vous ne réussissez pas à vous relier, privez le corps de ce qu’il aime.

Vous avez besoin d’être dans un état particulier pour comprendre les choses d’en haut. Les religions sont devenues partiales et leur sens réel a été perdu. M. Gurdjieff a apporté une voie qui intègre l’intellect, le sentiment et le corps, sans mettre l’accent sur l’un plus que sur les autres.

Si même un pied n’est pas correctement aligné, la relation avec l’énergie supérieure peut être rompue.

Le but de l’existence humaine

Sans la relation avec l’énergie supérieure, la vie n’a pas de sens. L’énergie supérieure est le Soi permanent, mais vous n’y êtes pas relié. Pour établir cette relation, il faut générer une substance fine. Sinon l’énergie du corps est trop basse pour établir le lien avec la très haute énergie qui vient d’en haut. Vous devez persévérer — rester devant le manque. Petit à petit, arrangez-vous pour trouver des conditions qui vous aident.

Un groupe de personnes est nécessaire pour qu’un certain niveau d’énergie puisse apparaître. Vous devez travailler seul et aussi avec d’autres — souvent.

Il y a une énergie qui s’efforce d’évoluer. C’est pourquoi elle entre dans un corps. Si quelqu’un travaille et contribue à l’évolution de cette énergie, à sa mort, cette énergie accède à un niveau supérieur. Si on ne travaille pas, l’énergie retourne à son propre niveau. Mais alors cette vie humaine est gaspillée.

Tout le travail concerne les énergies. Il faut comprendre la relation des énergies au-dedans de soi-même et au-dehors dans les groupes. Un échange est possible. C’est le sens du travail. Travaillez souvent pendant la journée, avec d’autres et seul.

La relation entre le penser — le niveau supérieur de la pensée — et le corps est la chose la plus immédiate sur laquelle travailler. Lorsque ces deux énergies s’unissent, il en naîtra quelque chose de neuf.

Il faut plus d’intensité et un tempo plus rapide dans le corps pour que sa force puisse égaler celle du penser. C’est seulement à ce moment-là qu’ils pourront être en relation l’un avec l’autre.

Les idées, la musique et les mouvements dans l’enseignement de Gurdjieff se complètent mutuellement. L’un n’est pas complet, n’est pas un tout, sans les deux autres.

Votre corps n’est pas seulement à vous. Vous avez besoin de travailler pour relier ce qui est plus haut avec ce qui est plus bas. C’est cela le but de l’existence humaine.

Le lien entre deux niveaux

Ce que les religions appellent Dieu est un niveau plus haut, au-dessus du penser, mais compris par une partie plus haute du penser. L’homme est fait pour créer un lien entre deux niveaux, pour recevoir de l’énergie d’un niveau supérieur afin d’avoir une action sur le niveau au-dessous — pas une réaction…. Tant que l’ego domine, rien n’est possible.

Il n’y a pas de miracles. Tout est jeu de forces.

On a besoin de trouver une attention plus active qui puisse vaincre la passivité. Il s’ensuivra une réelle action intérieure ; et ainsi une transformation.

Rien n’existe seul. Tout est en relation avec d’autres niveaux. Si l’énergie du corps n’est pas en relation avec quelque chose de plus haut, elle sera prise par quelque chose de plus bas.

Le plus important, ce sont les impressions. Il n’est pas facile de recevoir des impressions sans réagir.

Pour être relié à un niveau supérieur, il faut se libérer, dans un certaine mesure, du niveau d’existence où l’on se trouve. La passivité du corps et du penser y fait obstacle. Le processus a besoin d’une attention active.

L’important, c’est d’être. S’il n’y a pas de véritable “Je”, alors l’ego prend les commandes. L’énergie ne peut être sans relation. Si elle ne sert pas intentionnellement le “Je”, elle sert automatiquement l’ego.

Le monde a besoin de certaines vibrations qui ne sont produites que lorsque quelques-uns travaillent intentionnellement.

Au début et pendant longtemps, on lit, on discute les idées, on pratique les mouvements, on travaille avec d’autres, et on fait encore bien des choses de ce genre. Puis vient un temps où cela ne suffit plus. On a besoin de comprendre directement ce que cela veut dire : les centres ne sont pas reliés. Les idées ne peuvent pas donner l’énergie nécessaire. La partie supérieure du penser a besoin d’être reliée au corps.

Les croyants parlent du Seigneur. C’est une énergie d’un niveau très haut. Ils disent “le Seigneur m’aide” et c’est vrai. Mais quelque chose m’est demandé. Je dois me préparer pour que ce Seigneur puisse m’aider.

L’homme peut servir la Terre en devenant un lien entre deux niveaux. Il peut recevoir de l’énergie d’un niveau supérieur pour avoir une action sur le niveau plus bas, non une réaction.

Si nous n’en préparons pas d’autres à prendre notre place et à occuper notre niveau, pour que se produisent les vibrations ou les énergies justes, nous ne sommes pas libres de continuer notre travail dans les sphères plus élevées. La meilleure façon pour nous d’exprimer notre gratitude envers ceux qui nous enseignent est de travailler pour qu’ils n’aient pas à revenir à des niveaux inférieurs. S’ils sont délivrés de la Terre, ils pourront continuer leur travail à des niveaux supérieurs. Sans cela, ils sont obligés de revenir et de poursuivre leur travail ici.

Les idées seules ne peuvent pas nous changer. La vraie transformation est amenée par une énergie plus haute — venant d’au-dessus de la tête — qui entre dans le corps et agit sur lui. Il y a une résistance en tout point conforme aux lois. Petit à petit le corps reconnaîtra que cette transformation est bonne pour lui aussi, alors il coopérera. Il faut lui donner ce dont il a besoin, pas nécessairement ce qu’il désire.

Veillez dans votre travail au moment où il est nécessaire de lâcher prise. Quelque chose doit être abandonné. L’ego fait l’effort, mais on arrive à un certain point où l’ego doit devenir passif. Le point de transition est subtil. Il peut y avoir trop d’effort ou trop peu.

L’ego ne veut pas servir

Tout est là dans le corps ; mais nous ne nous en rendons pas compte. C’est pourquoi il est très important d’atteindre un état tranquille, de se détendre. Mais on ne peut essayer directement de se détendre. Si je me souviens de mon but intérieur ; d’être présent à moi-même, alors je perçois mes tensions et puis quelque chose lâche prise de manière fondamentale.

Aucune énergie ne peut être sans relation ; si nous ne sommes pas reliés vers le haut, nous serons entraînés vers le bas et dispersés. L’important c’est d’être. S’il n’y a pas de “Je” véritable, “l’ego” prend le dessus.

S’il n’y a pas de “Je”, il n’y a que l’ego. Alors laissez-le. Je reconnais la présence du “Je” par son désir de servir. L’ego ne désire pas servir. Mais jusqu’à l’apparition du “Je”, laissez faire l’ego. Il peut être utile. Que pourriez-vous faire d’autre ? Quand le “Je” apparaît, automatiquement l’ego perd son énergie et devient sans importance. Il peut encore être là mais il n’est plus le maître.

Mourir au vieux moi est nécessaire à une nouvelle naissance.

M. Gurdjieff disait : “Mourez à vous-même”, ce qui ne veut pas dire mourir. Cela signifie mourir à toutes ses habitudes.

Si la cheville ou le bras sont d’une manière plutôt que d’une autre, la liaison est perdue et l’énergie supérieure ne peut pas passer.

La souffrance consciente est ce qu’il y a de plus important. Les religions et les traditions ont inventé toutes sortes de postures et de pratiques pour souffrir, mais ensuite elles en ont oublié la raison d’être.

L’énergie supérieure est là mais ne peut descendre que si le corps est disponible et en équilibre, sans tension.

Tout est là dans le corps. La relation dépend de la disponibilité du corps. Vous devez exiger quelque chose. Vous devez connaître de mieux en mieux votre résistance, celle du corps et celle du penser.

Le Seigneur est là, mais il a besoin de mon corps pour venir. Le corps n’est pas prêt. Il doit être préparé. Si la tête et le corps sont reliés, alors apparaîtra l’énergie supérieure que les religions nomment Seigneur.

Cela ne peut se faire ni facilement ni à bas prix. Mais il faut le faire. C’est nécessaire au maintien de notre monde. Le corps doit servir autre chose que lui-même.

Les deux courants d’énergie

Il est important de travailler maintenant. Maintenant est la seule possibilité, pas plus tard. Pour réaliser cette possibilité, quelque chose vous est demandé.

C’est un moment où les idées ne suffisent pas. Il y a une force, une force supérieure ; elle est en nous, mais elle ne peut pas avoir d’action tant que notre état ne le permet pas : tant que nos centres ne sont pas reliés. A ce stade les idées ne coopèrent pas, on doit sentir l’insuffisance intérieure, être touché, en souffrir et donner toute son attention à cette relation intérieure qui ouvrira la porte à l’énergie supérieure.

Le corps ne comprend pas le penser. Si le corps comprend que lui aussi reçoit quelque chose, alors il coopère. Il a besoin d’être un instrument.

Si l’on est ouvert à un courant vertical, c’est ce qui crée le corps astral. L’autre courant, l’horizontal, est l’énergie du corps physique. L’un des courants n’est pas aux dépens de l’autre ni à sa place. Sans le courant vertical, l’existence n’a pas de sens. Mais sans l’autre courant d’énergie, aucune action n’est possible dans le monde. Pour être complet, un être humain doit être relié à ces deux courants.

La chose la plus importante est l’attention consciente — de plus en plus fine, de plus en plus forte.

Le corps a besoin d’être discipliné (puni ou récompensé) mais non pas torturé. Il doit apprendre à obéir à quelque chose de plus haut. Le corps doit être disponible.

Sans travail, votre vie ne signifie rien. Sans une relation avec un autre niveau d’énergie, le travail ne signifie rien. Si vous n’avez pas cette relation, vous n’êtes rien.

Quand la relation avec l’énergie supérieure est là, on ne réagit pas. On voit ce que n’importe qui ou n’importe quoi sert. On ne réagit pas aux choses de l’intérieur non plus. On voit comment faire usage de l’énergie que l’on est maintenant en train de gaspiller en émotions négatives et en pensées tournoyantes.

Tout le travail c’est d’être relié à l’énergie supérieure et de la laisser passer à travers moi, même quand je suis en mouvement. Les mouvements sont une aide pour cela.

Tant l’effort que le lâcher prise sont nécessaires. Il est important de connaître le point de transition. C’est très subtil. L’ego fait l’effort, puis l’ego doit lâcher-prise. Recherchez toujours l’équilibre.

Être libéré du corps

Il est nécessaire de maintenir un contact entre le penser et le corps, c’est-à-dire une sensation. Cela permet une ouverture pour l’énergie qui vient d’au-dessus de la tête. Pendant qu’on est en relation avec cette énergie, il y a une sorte de liberté que l’on peut sentir. Autrement, il y a toujours une peur.

Le corps n’est pas la chose la plus importante. La chose importante est le “Je” réel, qui est indépendant du corps physique. Mais le corps est très nécessaire parce que l’énergie supérieure a besoin du corps pour se manifester. Le corps est nécessaire pour que le “Je” puisse avoir une action. Ce “Je” peut créer un nouveau corps si la liaison est assez forte, c’est-à-dire si l’on permet à l’énergie supérieure de passer jusqu’en moi. La réponse consciente ou attention, qui procède en moi, qui est personnelle, sert de fil conducteur pour relier le “Je” et le moi. Le “Je” n’est pas personnel. Le “Je” a le pouvoir de m’éveiller et de servir la Terre. La Terre dans son ensemble a besoin d’énergie plus consciente.

Il est nécessaire d’être libre du corps. On peut voir qu’il a sa place et sa fonction ici. Même si peut-être je n’en ai plus besoin moi-même, il se peut que j’aie besoin de rester dans le corps par considération pour les autres. J’ai besoin du corps jusqu’à ce qu’un nouveau corps se développe. Le corps a tout le temps des exigences : “moi, moi, moi”. Mais quand je suis relié à une énergie plus subtile alors je ne réagis pas comme “moi, moi, moi”.

L’être tout entier a besoin de cette relation. Quand on est relié à quelque chose de plus haut et que l’on sert un but commun, alors on ne réagit pas.

Le deuxième corps peut se placer à l’extérieur du corps ordinaire, devant ou derrière, s’il est fort et concentré. Il a sa propre intelligence. Cela est possible avec le travail sur l’attention.

Lorsqu’on est calme et détendu, on devrait essayer de bouger ses bras ou de marcher un peu sans perdre la présence. Le corps est nécessaire, mais ce n’est pas le plus important. Il doit obéir à quelque chose d’autre. En fait, le corps désire et aime le contact avec l’énergie qui vient d’en haut, qui vient de Dieu. Mais nous sommes pris par l’automatisme. il faut libérer le corps subtil de la prison des habitudes du corps ordinaire.

Tout est jeu de forces, celles d’en haut et celles d’en bas. Et tout fait partie de l’énergie consciente.

Entre l’ego et le Soi

Ce qui est le plus important est la relation avec l’énergie supérieure. Et quand on n’est pas relié, on doit rester devant le manque de relation. Restez devant tout ce qui se passe : restez devant votre relation ou votre manque de relation. Restez devant.

Sans un contact avec le vrai Soi, votre vie n’a pas de sens. Sans cette relation vous n’êtes rien.

On doit être sans aucune tension quelle qu’elle soit. Alors l’énergie plus fine vient d’elle-même, automatiquement.

Maintenant c’est un moment très spécial pour le Travail. Beaucoup de choses sont maintenant possibles. Il est nécessaire de savoir travailler. Sur quoi ? Avec quoi ? Pourquoi ? De façon absolument claire.

Le niveau change toujours. Il doit ou monter ou descendre, il ne peut pas rester le même.

Il est important de comprendre que toutes les religions perdent le contact avec leur véritable sens au corps du temps. Il peut arriver la même chose à notre Travail, si nous n’y prenons pas garde. Parfois l’une ou l’autre activité ou idée est mise en avant parce qu’on en a besoin ; puis on peut la prendre pour le tout et perdre le sens qu’elle recèle.

L’attention a besoin de suivre un mouvement, par exemple la respiration ou la sensation qui descend le long de la colonne vertébrale, comme dans certains exercices. Sans cela, on ne peut pas rester ouvert. Quand l’énergie du penser inférieur et celle du corps sont ensemble, une nouvelle énergie apparaît alors, qui peut s’ouvrir à l’énergie supérieure.

Vous devez être plus exigeant vis-à-vis de vous-même. Demandez au corps de coopérer ; sinon, punissez-le. Ne mangez pas ou mangez moins. Le corps n’écoute pas les idées, mais il écoutera les ordres directs comme ceux-là. Le corps est très important, mais il doit obéir.

On ne peut pas être sans l’action ; l’action juste est nécessaire dans le monde. C’est pourquoi nous avons besoin d’être simultanément conscients des deux courants d’énergie : celui d’en haut et celui d’en bas.

Tout se joue entre votre “ego” et votre “Je”. Le second corps doit être substantiellement ressenti à travers tout le corps.

Si nous avons un corps, c’est pour un autre but. Votre corps n’est pas seulement à vous.

Le sens et la signification de la vie

Rien ne dure longtemps. Il faut recommencer encore et encore. Il y a deux forces, celle d’en haut et celle d’en bas. L’une vient d’au-dessus de la tête, l’autre du corps. Nous avons besoin du corps et il a son importance, mais il ne doit pas dominer. Par lui-même, il ne signifie rien. Il existe pour autre chose.

Il y a trois forces — celle du corps, celle du penser et celle du sentiment. Si elles ne sont pas ensemble, également développées et en harmonie, il ne peut s’établir une relation stable avec une force supérieure. Tout dans le Travail est une préparation à cette relation. C’est le but du Travail. L’énergie supérieure veut descendre au niveau du corps, mais elle ne le peut pas sans notre travail. C’est seulement en travaillant que vous pouvez réaliser ce pourquoi vous êtes là et participer à la vie du cosmos. C’est cela qui peut donner un sens et une signification à votre vie. Autrement, vous n’existez que pour vous-mêmes, égoïstement, et votre vie n’a pas de sens.

Même un tant soit peu, essayez toujours quelque chose. Ne soyez pas en réaction. Quand vous parlez, vous marchez ou quoi que vous fassiez, gardez un peu de sensation. Cette zone (indiquant son ventre) est particulièrement importante. Il est important de n’avoir aucune tension là.

Chacun est emprisonné dans ses postures et attitudes physiques, et dans les attitudes émotionnelles et mentales qui en découlent. Il est nécessaire de trouver une manière d’être qui nous libère de cette limitation. Il est nécessaire de trouver une relation avec l’énergie supérieure.

Les idées sont nécessaires, autrement on est piégé par les impressions, mais les idées seules ne suffisent pas. On doit avoir une action.

Il est nécessaire de faire face à l’idée que la Terre tombera si nous ne travaillons pas. Cela aidera votre travail et vous aidera à comprendre que votre travail est nécessaire.

L’énergie qui vient d’en haut est le second corps. On peut la ressentir dans le corps tout entier.

Pourquoi êtes-vous sur Terre ?

L’important n’est pas la durée de la vie mais de développer quelque chose qui peut donner un sens à sa vie. Qu’espérez-vous de la vie ? Pourquoi êtes-vous sur Terre ?

Si Dieu était ici, près de vous, et qu’Il ne vous touche pas, ou du moins vous pensez qu’Il ne vous touche pas, comment L’inviteriez-vous à vous toucher ? Comment vous ouvririez-vous à Lui ?

Le corps doit obéir à quelque chose de plus haut, autrement il n’a pas de but. Il ne peut pas ne servir que lui-même. Le corps lui-même est voué à la destruction, mais il peut servir autre chose.

Les énergies de qualités différentes ont des durées différentes. L’énergie d’un niveau supérieur ne meurt pas à la mort d’un niveau inférieur. L’énergie supérieure est dans le corps mais elle n’appartient pas au corps.

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Ravi Ravindra naquit en Inde où il reçut sa première éducation. Depuis 1966, il vit au Canada. Il est professeur émérite de l’Université Dalhousie à Halifax en Nouvelle-Ecosse où il était auparavant professeur de religion comparée et professeur adjoint de physique. Depuis de nombreuses années il étudie l’enseignement de Gurdjieff et pendant les dix dernières années de la vie de Mme de Salzmann il travailla directement avec elle.

Parmi les autres ouvrages de l’auteur figurent : Le Yoga du Christ, Entretiens avec Krishnamurti : Deux oiseaux sur le même arbre, Science and the Sacred, Yoga and the Teaching of Krishna, Whispers from the Other Shore : Spirituel Search – East and West.

Texte retrouvé sur internet. Le site d’origine est inconnu.