Jean Klein
Une observation non sélective

Pédagogiquement parlant, je vous conseillerais d’observer ce qui est perçu : votre corps, vos sensations, votre émotivité, vos pensées, votre entourage, tout ce qui fait partie de la mani­festation ; vous verrez qu’en réalité, votre attention est distraite, partielle, meublée par la mémoire, par vos insécurités, vos peurs, vos anxiétés, etc. Cette constatation va aiguiser votre lucidité qui, par la suite, perdra son caractère volitif. Une fusion s’élaborera, à ce moment-là, entre l’observateur et l’observé. Si vous regardez avec plus d’acuité, un peu plus en pro­fondeur, vous vous apercevrez que l’objet de votre intérêt existait uniquement parce qu’il était maintenu, alimenté par le méditant. Lorsque celui-ci perd sa qualité, l’objet en question ne trouve plus d’argument pour subsister et meurt en quelque sorte. Seule la disparition du contrôleur permet donc une véritable transformation.

(Revue Être. No 4. 15e année. 1987)

Le titre est de 3e Millénaire

Je me demande, au fond, à quoi sert la méditation ? J’aimerais que vous m’éclairiez sur ce point ?

S’il est permis de parler de but, on peut dire que la médi­tation, dans la plupart des cas, est un moyen d’entretenir nos illusions. L’entité qui cherche la vérité des choses, la paix ne l’obtiendra ni par l’intermédiaire d’une béquille ou d’une autre, ni par celui de l’intellect, on se heurte aux limitations de ce dernier. Une découverte aussi évidente entraîne instantanément la cessation de la méditation qui n’a plus de raison d’être et donc la disparition du méditant. Il reste un éveil dans la présence.

Pédagogiquement parlant, je vous conseillerais d’observer ce qui est perçu : votre corps, vos sensations, votre émotivité, vos pensées, votre entourage, tout ce qui fait partie de la mani­festation ; vous verrez qu’en réalité, votre attention est distraite, partielle, meublée par la mémoire, par vos insécurités, vos peurs, vos anxiétés, etc. Cette constatation va aiguiser votre lucidité qui, par la suite, perdra son caractère volitif. Une fusion s’élaborera, à ce moment-là, entre l’observateur et l’observé.

Si vous regardez avec plus d’acuité, un peu plus en pro­fondeur, vous vous apercevrez que l’objet de votre intérêt existait uniquement parce qu’il était maintenu, alimenté par le méditant. Lorsque celui-ci perd sa qualité, l’objet en question ne trouve plus d’argument pour subsister et meurt en quelque sorte. Seule la disparition du contrôleur permet donc une véritable transformation.

Un grand nombre d’habitudes de penser et d’agir s’interposent, s’ajoutent à notre inattention et un climat défavorable s’installe, augmentant nos insuffisances naturelles. Devons-nous faire un effort de volonté pour combattre ces distractions, afin d’arriver à l’observation pure, spontanée ? C’est un état naturel, mais il me semble qu’il faille une discipline de spartiate pour arriver à maintenir notre intérêt.

Examinez sur le vif votre mode de fonctionnement. Vous vous apercevrez que tout d’abord, vous êtes libre de pensées. Par la suite, après l’action, vous vous mettez à nommer, à qualifier.

Aucune discipline n’est nécessaire ?

Regardez soigneusement le développement de ces deux mouvements, vous serez étonné par l’interférence psychologique qui a réussi à s’infiltrer entre la première et la deuxième étape. En second lieu, votre observation n’était plus réelle, mais imprégnée d’un dynamisme de sécurisation. Vous aviez arraché quelques éléments de ce qui s’était présenté, en vue de vous réconforter, votre regard était devenu sélectif.

Rendez-vous compte de cela à chaque instant, au fur et à mesure, très clairement ; peu à peu, la transformation sur­viendra. Seulement, n’oubliez surtout pas ceci : celui qui veut s’améliorer fait partie de ce qui est à changer et le mental n’a pas la possibilité de se modifier lui-même. Vous êtes naturellement attentif, vous n’avez pas à l’apprendre, c’est une fonction inhérente au cerveau.

On oublie cette fonction, il faudrait se la remémorer cha­que matin, sinon, on est repris par le ronronnement habituel.

L’observation doit trouver elle-même sa source en quelque sorte. Par exemple, au moment où vous êtes absolument émer­veillé, vous êtes véritablement vigilant, vous attendez sans attendre, dans une ouverture complète. C’est un abord réceptif des choses inédites, elles le sont toutes dans ce cas-là et cet accueil s’adresse à lui-même. La solution se trouve déjà conte­nue dans la question qui naît, sinon vous ne pourriez répondre qu’avec les éléments du passé. On en revient toujours à l’atten­tion non-volutive.

Pour moi, la compréhension n’est pas forcément spontanée, le plus souvent, c’est une réflexion faite à l’aide de la mémoire ; l’individu s’en sert pour extorquer la vérité aux faits.

Seule une lucidité libre de toute attente, de tout souvenir permet à la perception d’avouer son secret. Cette clairvoyance doit être ouverte aux choses et ne procéder à aucune analyse. Laissez-vous imbiber par ce qu’elle perçoit, afin d’en obtenir la révélation.

C’est comme si vous regardiez le regard, vous ne le scrutez même pas, cela se contemple en vous, vous vous laissez entiè­rement imprégner. En passant par vos facultés cérébrales, bien sûr, mais pour finir, tout est simplement une expression de votre observation. Il n’y a pas de dualité.

Cette lucidité sans but se réfère toujours à elle-même, elle est sans objet. Quelle est sa source ?

Lorsqu’elle est en extension, elle se dépouille totalement, c’est la conscience.

Si j’essaie de voir le point de départ de mon observation, je suis sans cesse ramené à mon corps, mon mental, à l’idée d’être une personne particulière. Il me semble que cet obstacle se dresse constamment devant moi. Je ne suis pas cet individu, je le sais intellectuellement. Alors, comment le vivre ? Comment sortir de ce dilemme ?

L’attention pure, sans représentation est votre espace, votre totalité, tout ce qui vous apparaît s’y rapporte. Néanmoins, tant que vous vous considérez comme une entité particulière, chaque évocation en entraîne une autre. C’est une relation d’objet à objet. Le mieux serait de vous poser cette question Qu’y a-t-il de plus près du près ? C’est forcément la conscience, toutes choses, vous-mêmes y compris, en sont une expression, une prolongation à laquelle vous donnez un nom. Retirez ce nom, vous voilà identique à ce que vous évoquiez, une émana­tion de la Réalité. La différence illusoire entre son essence et la vôtre s’est évaporée, le témoin et ce qu’il examine se sont fondus dans l’Ultime.

Tout ce qui existe est en quelque sorte dans la conscience qui n’est ni devant, ni derrière, ni en haut, ni en bas, elle occupe l’espace et s’y exprime, s’y prolonge sans subir le moin­dre changement. Elle est du reste au-delà des conceptions de notre intellect.

Peut-on tout de même la situer dans l’espace ?

L’objet apparaît dans la conscience. Il est important de savoir que nous en sommes un jaillissement parmi tous les autres. Seulement, il est impossible de nommer, de localiser ce dont nous émanons. Si vous arrivez à une profonde tran­quillité, une attente vide de désir ou de besoin, vous connaîtrez déjà une ouverture qui se réfère à elle-même. Tout ce que vous regardez alors, corps, activité cérébrale sont détendus, reposés réceptifs, c’est une première étape.

Ensuite, lorsque cet apaisement s’approfondit, votre atten­tion est plus alerte, plus aiguë. Vous avez certainement remar­qué, si vous les laissez s’exprimer librement, une véritable explosion, quand vous contemplez vos peurs, vos anxiétés ; l’énergie condensée sous cette forme s’est libérée grâce à votre présence en tant qu’observateur. Les justifications psycholo­giques n’auraient pas permis cette élimination. Enfin, le moment arrive où tout se fond dans l’unité primordiale.

L’objet considéré en général comme un obstacle devient-il parfois aussi une aide ?

Vu sous l’angle de la dualité, par un regard intéressé, il est un obstacle, mais lorsque notre vision devient pure en l’absence d’un soi-même, il nous révèle la réalité, la plénitude.

Quelle différence faites-vous entre le témoin et le schizo­phrène ?

Si vous gardez la notion d’être une entité indépendante, le témoin demeure, il part quand ce réflexe vous a quitté. C’est une vision originelle, sans percipient ni chose perçue, votre totalité se saisit elle-même sans intermédiaire.

Que devient alors le témoin ?

Cette abstraction a disparu.

Il n’y a pas de joie sans objet non plus ?

Le mot joie est interprété le plus couramment d’une façon psychologique. Vivre sciemment votre absence n’a pas de for­mulation possible, peut-être pourrait-on dire « état d’amour », personne n’aime, ce n’est pas non plus un état, on n’est nulle part et pourtant éminemment là.

La présence du moi est-elle nécessaire à la réalisation de l’absence ?

Le moi, la personne est une fabrication de notre société, de nos imaginations, de notre éducation, de notre expérience, c’est un ramassis de choses avec lesquelles on s’identifie et qui vous laissent en insécurité. Notre discrimination nous fait discerner que nous vivons dans un univers de concepts et que nous cherchons à nous en dégager par de multiples compensa­tions. Devant notre impuissance, quelque chose en nous se demande : Comment en sortir ? N’essayez pas d’avoir une réponse, vous n’ignorez pas que celui qui veut s’évader de cet univers de contraintes en fait lui-même partie ; vous êtes enfermé dans une cage, pourquoi taper contre les barreaux ? Cette conviction provoque un arrêt. Vivez-le et vous vous trou­verez enfin en dehors de tout ce processus. Une grande humi­lité surgira. Les situations se développeront clairement devant vous dans cette simplicité. Tout sera alors net, limpide, éclatant d’authenticité.

Vous avez parlé des limites de l’intellect. À quoi cela correspond-il ?

L’amour, la joie, la liberté ne peuvent être pensés. Il est possible d’avoir une idée, des informations à leur sujet mais vous n’en connaîtrez pas le goût de cette manière là. À un moment donné, après avoir fouillé à droite, à gauche, en haut, en bas, on lâche prise et on se trouve sans direction. Il reste la source de toutes les directions, c’est-à-dire, celle du cœur qui a une autre dimension.

Nous apprenons à penser, à agir dans la vie courante. Nous le faisons dans un sens ou dans un autre. Si nous nous apercevons que nous avons commis une erreur, est-il positif d’abandonner, de ne pas essayer de tirer une leçon de cette erreur sur tous les plans ?

Constatez sur le vif que vous agissez généralement à tra­vers les mêmes réseaux, cherchant la sécurité. Dans ce cas, votre façon de vivre est stagnante, sans créativité, sans enver­gure. Voyez-le, voyez vos réactions, vous ne vous laisserez plus entraîner dans ce processus sans issue, un lâcher prise s’en dégagera.

N’est-ce pas un abandon, ou un appui sur une instance supérieure ?

C’est un abandon de la mémoire. Ce que vous appelez votre peur psychologique est sur la pellicule, votre attention qui l’éclaire n’y est pas.

Il est indispensable de revenir à notre innocence primor­diale pour observer correctement. Ce n’est pas facile avec les interventions du mental, des émotions, de tout ce bataclan qui nous joue des tours.

Examinez aussi cela, sans juger pour autant. Bientôt, ils n’auront plus de rôle à jouer.

La joie de vivre se trouve dans le regard ?

La joie de vivre, le bonheur n’ont pas besoin de satisfac­tions provenant de l’extérieur. Ce sont des expressions de l’être, ils sont là pour nous le révéler.

Pour en revenir au problème de l’ascèse, comment se fait-il que l’on perde cet état naturel, vécu en face de vous, et que l’on peut connaître aussi parfois ailleurs ; mais les acti­vités l’emportent rapidement dans leur sillage. Ne serait-il pas utile de créer volontairement des moments pour le retrouver ? Je prends un exemple très précis : Se lever tôt le matin pour consacrer une heure à la méditation, sachant fort bien que plus tard on ne le fera plus. C’est une décision de l’intellect, mais n’est-ce pas aussi se donner la possibilité d’un vécu ? Cette question est importante pour moi : Faut-il faire intervenir la volonté dans ce qui n’en nécessite pas ? N’y a-t-il pas un entraînement de l’instrument qui le rende de plus en plus souple, libre ?

Cette joie que vous constatez quelquefois, cette paix se manifeste toujours en l’absence d’un vous-même. Dès que vous ne faites plus intervenir votre mental, vous sortez de ce personnage.

Je voudrais bien ne plus laisser de prise au moi, mais justement, je n’arrive pas à rester serein ! Il revient toujours.

Vos efforts vous font abandonner la sérénité, voyez-le. Par quelle ascèse voulez-vous conquérir ce que vous ne pouvez cesser d’être !

On quitte souvent cet état par un besoin de s’objectiver comme entité personnelle et aussi par peur de la voir disparaî­tre. On se demande : Que vais-je devenir, alors ?

C’est surtout une mauvaise habitude. Dans la journée, quand vous vous prenez pour une personne, vous êtes en rela­tion avec les objets. Rappelez-vous les moments de calme pen­dant lesquels vous n’aviez plus de perception, vous aviez la sensation ultime de la disparition de toute représentation. Cet oubli du moi provoque une dilatation, une expansion consi­dérable.

J’ai peur de me laisser aller dans cette espèce de vide.

Bien entendu, le « je » ne veut pas mourir, il se défend à sa manière. Dans la disparition d’un vous-même, vous êtes appelé par une présence.

Je dois donc changer ma façon de vivre ?

Ne changez surtout rien. Soyez uniquement lucide, vigilant.

Et quand après bien des années, on ne connaît toujours pas ce regard innocent, dont vous nous parlez, doit-on garder cette attitude en acceptant ce manque, cette fausse vision ?

Oui, dans la véritable attente, dénuée de projection, tout vous est donné. Les éléments qui composent cette pause pro­viennent de la Réalité et vous y dirigent ensuite à nouveau.

Dans un lieu sans espace ?

En termes religieux, on pourrait dire : Il est.

***

C’est uniquement dans votre absence que vous vivez votre présence. Celle-ci ne peut être ni pensée, ni concrétisée. Ce que vous avez l’habitude de nommer présent est un artifice de la mémoire auquel vous attribuez la situation du moment. Restez dans ce vide où tout peut advenir. Vous vous trouverez alors face à la vie, aux événements, sans choisir, sans sélectionner, sinon vous resterez dans la chaîne des plaisirs et des souf­frances. Transcendez cette complémentarité, cette dualité.

L’absence dont vous parlez est-elle la mort ?

La mort est un concept, une idée, de même que la pensée de la naissance. Savez-vous à quel moment vous êtes né ? Ne vous attardez pas là-dessus, essayez plutôt de comprendre la vie qui s’exprime évidemment sous de multiples aspects qui naissent et meurent. La vie n’est pas liée à cela, elle est. Vous disparaissez à tout instant pour renaître aussitôt.

On peut se souvenir d’une première perception, c’est en quelque sorte notre naissance ; comme lorsqu’on s’éveille le matin ?

Oui, de même, vous créez le monde dès que vous le concré­tisez dans votre esprit.

Voir la lumière me semble le premier souvenir que l’on ait. Il remonte très loin.

Oui, c’est votre première perception, elle a varié constam­ment depuis lors, mais celui qui perçoit est immuable.

Quand vous dites, attendre sans attendre, c’est parce que tout est là ? Vivre notre absence devient aussi un concept, dans ce cas ?

Si vous prenez ce mot dans le sens courant du terme, c’est un concept. C’est une absence à l’absence que nous devons vivre. Libérez-vous du réflexe d’être quelqu’un à ce moment-là, vous serez la totalité et la vraie communication avec le monde s’ébauchera, s’ouvrira.

Le Maharshi recommandait de poser sans cesse la ques­tion : Qui suis-je ? Cela ne conduit-il pas à avoir une image de soi-même ?

La personne ne peut résoudre ce problème. La réponse vivante vous envahira en quelque sorte. Si vous êtes empli de cette interrogation lancinante, angoissante, vous comprendrez l’impossibilité de la formuler, de l’approcher par la mémoire. Que vous restera-t-il alors ? Vous ne chercherez plus à compren­dre, à agir, vous vivrez totalement avec le « Qui suis-je ? » en le laissant se vider peu à peu de l’angoisse qu’il a provoquée et qui se consumera d’elle-même. La solution est sur un plan où il n’y a plus de pensée, d’extériorisation, elle se dévoile seu­lement lorsque vous n’intervenez plus. Ne cherchez pas à appré­hender, à produire, à manipuler, vous serez ouvert, vous accueil­lerez tout ce qui se présentera à vous.

Cette question garde pour moi une connotation intellec­tuelle, j’ai l’impression de mieux ressentir : Qui s’éveille le matin ? Qui perçoit quelque chose ? Qui agit ? et je me demande si cela ne me fait pas dériver, ne m’écarte pas du principal ?

Vos interrogations demeurent mentales, abordez-les d’une autre manière.

Dois-je me poser la question ainsi : Que suis-je ?

Je verrai d’abord ce que je ne suis pas, en d’autres mots, ce qui n’a pas de réalité en soi : le corps, les sensations, les affectivités, les pensées ; ils dépendent de la conscience. Cette élimination vous apportera peu à peu une sorte de repos inté­rieur, sans anticipation. Après avoir parcouru ce chemin, vous vous trouverez en face d’un immense : Je ne sais pas, un vrai : Je ne sais pas, où il n’y a plus de savoir possible. C’est le sai­sissement d’un soi-même qui vous amène là où centre et péri­phérie n’ont plus de raison d’être, qui est pure conscience.

Peut-on prolonger le : Qui suis-je ? par : Deviens ce que tu es ? Sois ce que tu es ?

Cela vous conduira à vivre totalement votre absence. Les événements de la vie s’y manifestent, ils y apparaissent et disparaissent. Vous avez une relation spéciale avec ce qui vous entoure lorsque vous réalisez ce qui ne se peut nommer, vous n’êtes plus collé à rien, plus impliqué dans les situations, vous n’avez plus de résistances, de réactions.

Pour accéder à cet état, ne faut-il pas procéder à un travail d’observation du moi et constater que tous ces éléments assez enracinés ont été dissous par le feu de l’attention ?

Comme nous l’avons déjà formulé, pédagogiquement, on devrait considérer ce qui est perçu comme un objet ; par exemple, le corps. Quand il devient une perception directe, la complicité avec son conditionnement issu du passé, se présen­tant sous forme de réaction, de résistances disparaît. C’est la personne qui maintenait ce fantasme.

Dans une lucidité sans sélection, cette image n’est plus alimentée, donc elle ne survit pas. Un lâcher prise des diffé­rentes couches de réactions négatives, superficielles s’est effec­tué. Les ressources énergétiques de votre corps, mieux dirigées, se sont développées, ses réflexes sont beaucoup plus subtils. Une véritable explosion va se produire, toutes les énergies bloquées, fixées, maintenues par la personne s’élimineront.

Ce travail se développe dans le temps ?

L’élimination se réalise dans le temps ; par contre, la prise de conscience « Je suis » est instantanée. Votre absence réelle est spontanée, vous la vivez d’une façon foudroyante.

Cela peut se produire maintenant ou dans quarante ans ?

À l’instant même. Et tant mieux pour vous !

On ne peut décider du moment où cela va vous envahir ?

Ce n’est pas une décision, c’est une ouverture en nous qui a permis cette illumination. Vous saisissez ce que je vous propose ou non. C’est tout.

***

Ce qui est inscrit sur le thème astrologique d’une personne sera-t-il dépassé d’une manière foudroyante, dans l’affirmative ? N’est-ce pas ce que vous suggérez ?

La personne n’est pas dans le thème. Celui-ci est un ensemble de fonctions, un ensemble de faits façonnés par la suite en tant qu’individu ; la vie qui s’exprime par ce dernier, même le témoin se situent en dehors.

L’étude astrologique serait donc simplement le chemine­ment historique de la personne ?

L’accumulation des éléments qui se présentent est attri­buée à une personne. En réalité, celle-ci n’existe pas. C’est une composition faite de choses dont vous êtes seulement le témoin et avec lesquelles est construit l’individu. Comparez ce schéma avec les événements se succédant sur une pellicule au cinéma, l’éclairage qui les développe n’est pas dans le film.

Il est très important de vous en rendre compte si vous voulez comprendre un thème astrologique et le transmettre à quelqu’un d’autre ; vous devez lui faire saisir ce qu’il n’est pas.

Au lieu de préciser à la personne incriminée : Vous êtes de ce signe, vous êtes comme ceci ou autrement, il serait pré­férable de lui suggérer : Ce pourrait être tel, mais vous n’êtes pas cela ?

À proprement parler, la vérité d’un être n’est pas dans le thème, les éléments que l’on y trouve tout comme l’individu et le thème du reste sont des concepts.

Nous avons abordé la question du témoin entraînant une prise de conscience qui n’occulte pas le déroulement de la vie courante. Cette prise de conscience conduit-elle à être le témoin du témoin ? Est-ce le : Je suis ?

Cette notion est une béquille très importante dans l’ensei­gnement, elle vous évite de toujours entrer dans les mêmes réseaux : Je suis celui qui agit, qui souffre, se réjouit ; je suis l’auteur, l’acteur de mes actions. Nous nous servons de ce biais pour sortir de ce moule et afin de faciliter la compré­hension. Par la suite, votre thème se déroulera dans votre conscience. Lorsque vous l’aurez parfaitement assimilée, vous verrez que cette imagination est également vous-même. L’indi­vidu est une prolongation, une extension du Soi, de la Conscience.

Au fond, vous pouvez considérer la vie comme un rêve, le « Je suis » vous approche au maximum de la réalité. Quand il devient une totalité vécue, il s’efface aussi. C’est la béatitude infinie.