Asa Boxer
Cette approche permaculturelle résout les problèmes d’H2O et de CO2

23 février 2025 La semaine dernière, je vous ai laissé réfléchir à la façon dont l’augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère est un symptôme d’une mauvaise gestion des terres. Si vous vous souvenez bien, le travail du sol est à lui seul responsable d’environ 15 à 20 % de l’augmentation de 140 ppm de CO2 atmosphérique accumulée […]

23 février 2025

La semaine dernière, je vous ai laissé réfléchir à la façon dont l’augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère est un symptôme d’une mauvaise gestion des terres. Si vous vous souvenez bien, le travail du sol est à lui seul responsable d’environ 15 à 20 % de l’augmentation de 140 ppm de CO2 atmosphérique accumulée depuis 1750. La raison en est que le labourage expose le carbone du sol à l’oxygène, provoquant ainsi l’oxydation du carbone, ce qui entraîne une perte de carbone du sol sous forme de CO2. Le carbone étant essentiel à la santé du sol, l’idéal serait de le conserver .

La raison pour laquelle le labourage du sol est utilisé en premier lieu est qu’il stimule la croissance des plantes. Voici comment : de nombreux micro-organismes bénéfiques à la croissance des plantes se développent grâce à l’oxygène. Lorsque vous labourez le sol, ces organismes se mettent à fonctionner à plein régime et à proliférer. Le rôle de ces organismes est de décomposer les nutriments présents dans le sol pour les rendre assimilables par les plantes. Pour ce faire, ils se contentent de sécréter des acides sur les roches et les substances du sol (y compris le carbone) afin de les décomposer pour se nourrir. Ensuite, ils les mangent et sécrètent de nouvelles substances. Enfin, ils meurent et se décomposent. Grâce à tous ces flux cycliques, les éléments du sol sont transformés en nutriments assimilables par les plantes. Ainsi, lorsque nous envoyons de l’oxygène à ces petites créatures, elles se multiplient et pullulent, mettant tous ces éléments nutritifs à la disposition des plantes. Le problème, c’est que cette méthode libère bien plus de nutriments que la culture n’en a besoin. Par conséquent, les pluies emportent le reste. Après plusieurs saisons, le sol est appauvri et les microbes tentent de survivre dans un terrain pauvre.

C’est ce qu’explique le gourou de la permaculture, le professeur Toby Hemenway (1952-2016), dans son livre Gaia’s Garden. Mais son récit n’est peut-être pas tout à fait exact. Selon la Dre Elaine Ingham, l’une des pionnières de l’étude de la vie du sol, il y a toujours suffisamment de nutriments dans les roches et le sol (puisque ceux-ci sont constitués d’éléments nutritifs) : le problème, lorsqu’il y en a un, est le déséquilibre. Selon son point de vue, ce qui est détruit par le labourage du sol, c’est 50 % des organismes (à chaque fois que l’on travaille le sol). On détruit aussi la structure du sol qui est une combinaison d’exsudats racinaires, de sécrétions microbiennes et de réseaux de mycélium (ou champignons). Essentiellement, le labourage du sol détruit l’habitat de « deux tonnes [par acre ; 1 acre = 0,404 686 hectare] de vers et deux autres tonnes [par acre] de bactéries, de champignons et d’animaux du sol tels que les mille-pattes et les acariens » (Hemenway, p. 72).

Selon Ingham, un sol sain réduit la consommation d’eau de 70 %, car il est capable de retenir une grande quantité d’eau. L’humus (considéré comme une forme ultra-riche de matière organique) — composé principalement de carbone, d’oxygène, d’azote et d’hydrogène — est difficile à décomposer pour les micro-organismes et devrait donc être abondant dans un sol sain. Cette substance peut contenir entre quatre et six fois son poids en eau (Hemenway, p. 77).

Il va sans dire que les tonnes d’organismes présents par acre retiennent également de l’eau, puisque les organismes sont essentiellement constitués d’eau. Ajoutez à cela la vie végétale et l’eau qu’elle retient, et considérez les forêts et la quantité d’eau que les arbres retiennent, et vous aurez une idée de la quantité d’eau séquestrée dans un écosystème sain. En fait, les arbres contribuent au maintien des nappes phréatiques grâce à leur système racinaire et à la structure du sol qu’ils maintiennent. Le permaculteur Andrew Millison explique, qu’une zone de 800 hectares de sol restauré au Niger — où des personnes ont travaillé sur un projet connu sous le nom de Grande Muraille Verte — a réussi à absorber et à retenir 300 millions de mètres cubes d’eau dans ce qui était auparavant un désert. 15 % de cette « eau s’infiltre dans l’aquifère profond et régénère la nappe phréatique permanente », nous dit Millison. Grâce aux divers services de régulation offerts par les forêts de la Grande Muraille verte (en plus de la restauration de la nappe phréatique), comme notamment la protection contre les vents desséchants et les tempêtes de sable venant du Sahara, l’impact positif est trois fois supérieur à la superficie boisée. Comme le dit Millison, le projet de 300 000 hectares au Niger permet en fait de réhabiliter 900 000 hectares de terres. En bref, une gestion responsable peut réhabiliter un désert en quelques années (le projet du Niger a débuté en 2013).

L’une des questions que j’aborde ici est la manière dont le réchauffement local se produit. Le principal facteur de l’augmentation de la température moyenne est probablement l’effet d’îlot de chaleur. Mis à part cela, le facteur suivant est l’humidité, puisque la vapeur d’H2O est, de loin, le gaz à effet de serre le plus critique. Ce qu’il faut comprendre, c’est que tout le cycle des pluies est déréglé, en raison d’une mauvaise gestion des terres, ce qui explique que des endroits qui, il n’y a pas si longtemps, étaient réputés pour leurs pluies régulières connaissent aujourd’hui la sécheresse, tandis que d’autres sont victimes d’inondations soudaines.

J’ai abordé ce sujet en décembre dans un article que j’ai écrit pour le magazine Analogy, intitulé « Que se passe-t-il avec le climat ? » — en faisant référence à une merveilleuse série d’articles sur la plateforme Substack de Rob Lewis, The Climate According to Life, intitulée « Millan Millan and the Mystery of the Missing Mediterranean Storms » (Millan Millan et le mystère des tempêtes méditerranéennes manquantes) (que vous pouvez trouver ici). Je ne saurais trop recommander cette série. En la lisant, vous comprendrez, grâce aux recherches du Dr Millan, ce qui se passe réellement au niveau du climat.

Le Dr Millan était directeur du Centre méditerranéen pour l’étude de l’environnement et possède des diplômes en mécanique des fluides, en génie industriel, en sciences aérospatiales, en physique de l’atmosphère et en spectroscopie, en météorologie synoptique et en prévisions météorologiques. Un expert de premier plan. Il a entrepris de répondre à la question de savoir pourquoi les orages de l’après-midi « disparaissaient dans tout le bassin méditerranéen occidental, entraînant dans leur sillage l’assèchement des rivières ». Il a également fini par expliquer comment les précipitations qui auraient dû tomber en Espagne finissaient par s’accumuler avec davantage de vapeur d’eau, entraînant finalement des inondations en Europe de l’Est.

Quelle est donc l’approche de la permaculture qui nous aide à remédier à tout cela ? L’agriculture sans labour. Il existe de nombreuses formes d’agriculture sans labour, mais la plus fondamentale pour la permaculture est de mettre un terme à la monoculture, c’est-à-dire à la culture d’une seule espèce sur un même champ. L’un des principes fondamentaux de la permaculture est d’utiliser et de valoriser la diversité. Dans les études écologiques, la biodiversité est synonyme de résilience, car les habitats stables se caractérisent par des redondances : chaque organisme ou élément du système remplit plusieurs rôles. Par conséquent, si une partie du système s’effondre en raison d’une période de sécheresse ou d’inondation, d’un problème de parasites ou autre, une autre peut prendre sa place et une autre peut aider à remédier au problème.

Les monocultures attirent les parasites en masse parce qu’elles épuisent une série de nutriments du sol sans être équilibrées par d’autres plantes complémentaires. De plus, comme elles ne sont pas accompagnées de plantes qui nourrissent les prédateurs des ravageurs, les insectes bénéfiques n’ont pas d’habitat à proximité. Vous pouvez comprendre, à partir des informations que j’ai fournies sur la santé des sols, comment les monocultures entraîneront nécessairement une dégradation des sols, puisqu’elles détruisent l’habitat, non seulement par le travail du sol, mais aussi par l’absence de biodiversité.

Quel est le rapport avec l’agriculture sans labour ? Eh bien, si vous créez une forêt alimentaire biodiversifiée, elle se développe sainement d’elle-même, avec très peu d’intervention de la part de l’agriculteur. J’expliquerai plus en détail le fonctionnement d’une forêt alimentaire dans un prochain article. Je me contenterai de dire qu’elle ne nécessite pas de travail du sol. Pour l’instant, ce que je veux dire, c’est qu’une forêt nourricière en permaculture produit une abondance de nourriture localement, sans qu’il soit nécessaire de recourir à des monocultures massives et à de vastes chaînes d’approvisionnement intercontinentales qui créent de l’insécurité alimentaire. Trop peu de gens savent qu’il n’y a que trois jours de nourriture dans le système des supermarchés (bien que beaucoup plus en aient pris conscience pendant les confinements de 2020-2022 lorsque les problèmes de la chaîne d’approvisionnement ont été portés à l’attention du public).

Les pratiques de permaculture elles-mêmes séquestrent à la fois le carbone et l’eau dans des écosystèmes stables, résistants et biodiversifiés. Pour ceux qui s’inquiètent de l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, c’est la voie à suivre. Pour ceux qui ne considèrent pas l’augmentation du CO2 comme un problème, c’est toujours la voie la plus sage, car nous voulons tous des écosystèmes plus sains, des aliments plus sains et la sécurité alimentaire. Et pour ceux qui pensent que le vrai problème est la vapeur d’H2O ? Eh bien, les pratiques de permaculture résolvent également ce problème, en s’assurant que l’eau va là où elle doit aller.

Texte original : https://dovetailsmagazine.substack.com/p/this-permaculture-approach-resolves