Patrice Sammut
Douleur et conscience

(Revue Le Chant de la Licorne. No 25. 1988) Où naît la douleur, pourquoi varie-t-elle selon chaque individu, pourquoi le sommeil mais aussi l’excitation en modifient-ils l’impression ? Quel est cet état de conscience qui perturbe notre confort et comment s’en préserver ? La douleur n’est pas une donnée palpable, mesurable ob­jectivement, mais un phénomène […]

(Revue Le Chant de la Licorne. No 25. 1988)

Où naît la douleur, pourquoi varie-t-elle selon chaque individu, pourquoi le sommeil mais aussi l’excitation en modifient-ils l’impression ? Quel est cet état de conscience qui perturbe notre confort et comment s’en préserver ?

La douleur n’est pas une donnée palpable, mesurable ob­jectivement, mais un phénomène en grande partie lié au fonction­nement interne de chacun. La dif­ficulté réside également dans l’étendue des situations qui peu­vent en être l’origine. Dans son effort analytique, la médecine of­ficielle a totalement dissocié la douleur d’origine physique de celle liée à des problèmes psy­chologiques. La première est abordée avec l’étude de chaque organe ou partie du corps: on parle d’arthralgies, de lombal­gies, de myalgies… La deuxième constitue ce pan entier de la psy­chiatrie que représentent les né­vroses. Enfin, entre ces deux ex­trêmes, il est plus délicat de clas­ser toutes les douleurs fugaces ou sans point de départ évident, comme les migraines, les colopa­thies spasmodiques ou les né­vralgies et qui, on le verra, peu­vent être rattachées à un niveau intermédiaire, énergétique. Plu­tôt que reprendre cette distinc­tion physique/mental, imparfaite car incomplète, il est possible d’aborder la douleur d’une ma­nière globale, en tentant de défi­nir ce qui rapproche, et non ce qui distingue, tous ces types de dou­leur, en s’efforçant d’en cerner au mieux les causes afin de pouvoir définir les meilleures stratégies de traitement.

Le parcours de la stimulation douloureuse

Pour comprendre le phéno­mène douloureux; il est d’abord nécessaire de distinguer ce qui est du domaine de la perception et ce qui relève de la sensation. Les perceptions constituent tou­tes les informations qui arrivent à la conscience. Elles renseignent cette dernière sur le monde, ex­térieur grâce aux cinq sens, et in­térieur grâce à des récepteurs situés sur les différents viscères de l’organisme. C’est de la dis­tinction entre ce qui est interne, «à soi», et ce qui est externe que naît la dualité sujet/objet. Il faut savoir que cette distinction entre soi-même et le monde extérieur n’est pas spontanée. Elle nécessite chez le nourrisson et le petit enfant une progressive adapta­tion. La conscience peut égale­ment être focalisée sur tout ce qui, issu de la mémoire, ressurgit sous forme d’images, de sons, d’odeurs…

D’un point de vue ésotéri­que, la perception relève d’un niveau intermédiaire, plus subtil que le plan physique, plus dense que l’émotionnel, et parfois nom­mé éthérique. Elle a pour support le système nerveux, dont les ré­cepteurs, soumis à des excita­tions plus ou moins spécifiques (rayons lumineux, vibrations so­nores, température, pression…) transmettent ces informations par les nerfs sensitifs ou senso­riels au cortex, où elles sont inté­grées. Le cortex (litt: écorce) est la zone périphérique du cerveau, où «s’incarne» la conscience.

La perception est en elle-même d’une totale neutralité, si­gnal plus ou moins élaboré informant la conscience. C’est une fois la perception intégrée, que lui est attribuée une consonance agréable ou désagréable. Cela ne dépend dès lors plus du niveau éthérique mais de l’émotionnel, de la sensation. L’individu réagit à une information par l’approbation, le rejet ou l’indifférence, et ce à des degrés et selon des nuances infinis. Le plaisir est évi­demment issu de la première possibilité, la colère ou la douleur émanent de la deuxième. On peut mieux comprendre ce méca­nisme lorsque la douleur débute alors qu’on est endormi: au dé­part, nous ne percevons rien. Une piqûre, une brûlure, passent par exemple inaperçues. Mais, si la stimulation est plus violente ou continue, la perception atteint la conscience et amène le réveil. On ne peut encore parler de souf­france à ce stade. Quelque chose nous fait changer de niveau de conscience, nous nous éveillons, puis nous réalisons que c’est no­tre corps qui a été piqué, et alors commence la souffrance. Celle-ci est d’autant plus vive que la conscience s’identifie au corps ou à ce qu’elle considère comme elle-même ou lui appartenant.

Certaines déformations ou pathologies permettent égale­ment d’illustrer ces différents niveaux de la perception.

Pour que la perception puisse exister, il est tout d’abord nécessaire que l’individu soit un tant soit peu éveillé. Même si la conscience ordinaire n’est, com­parée à celle d’un être totalement illuminé, qu’un état de somnam­bulisme plus ou moins profond, c’est cette attention qui permet de faire parvenir à la conscience les informations sur le monde qui l’entoure. En cas de sommeil, d’anesthésie générale ou de toute autre forme de « non conscience », la perception consciente du monde ordinaire n’a pas lieu. Cela ne signifie pas forcément que rien ne puisse être enregis­tré durant de tels états. On sait, par exemple, que l’opéré en nar­colepsie capte des informations issues du bloc opératoire, mais ce dans certaines zones inacces­sibles à la conscience de veille ou à la mémoire. Ceci explique les traumatismes psychiques et les perturbations survenant parfois après une intervention chirurgi­cale. Il est certain que dans un tel état ne peut exister de sensation douloureuse, ni même de per­ception d’une atteinte à l’intégrité corporelle.

Chez les lobectomisés (ma­lades mentaux ayant subi une ablation du lobe préfrontal du cer­veau dans un but «thérapeuti­que», pratique barbare et heureu­sement peu employée), on peut mettre clairement en évidence la distinction entre perception et sensation douloureuse. Chez ces patients en effet, la conscience du stimulus douloureux est en­tière (ils sentent parfaitement une piqûre, brûlure ou autre lé­sion), mais à aucun moment n’apparaît le caractère désagréable ou de rejet, même si la stimula­tion est violente. Il existe donc un blocage complet entre percep­tion et émotion, lié ici à un trau­matisme cérébral. Le sujet fonc­tionne alors comme s’il était com­plètement détaché d’une partie de son corps, bien qu’il soit capa­ble d’en recevoir des perceptions sensitives et de lui ordonner de se mouvoir. Il ne s’identifie plus à elles.

Le masochisme illustre clai­rement un dérèglement de la ré­action émotionnelle aux percep­tions. Ici, le sujet est conscient et perçoit la stimulation (piqûre, brûlure…), l’intègre avec une grande intensité, mais, alors que la plupart d’entre nous ressenti­raient cette stimulation comme douloureuse, il lui est attribué un caractère agréable, voluptueux. Sans aucun jugement moral, on peut considérer que dans ce cas existe une anormalité en ce qui concerne «l’accueil» de la per­ception au niveau émotionnel.

La douleur: résultat de l’opa­cité de la conscience

Il est clair, à ce stade, que la douleur n’est pas uniquement conditionnée par des facteurs ex­térieurs. Au contraire, c’est de la réaction de l’individu à certaines stimulations que naît le caractère douloureux. On peut alors se de­mander quels peuvent être les facteurs orientant cette réaction vers le pôle désagréable ou agréable, qu’est ce qui condi­tionne ce jugement.

Il est tout d’abord nécessaire de comprendre que la cons­cience avec laquelle nous fonctionnons le plus souvent n’est qu’une petite partie de nos capa­cités psychiques ou spirituelles. Elle est en grande partie condi­tionnée par les émotions, qui voi­lent la clarté naturelle de l’esprit. Tout ce qui dépasse le cadre de cette conscience ordinaire a sou­vent été regroupé, du moins en Occident, sous le terme d’incons­cient, ou de subconscient. Cet océan, qui baigne notre cons­cience de veille, comporte en particulier la mémoire de toutes les expériences vécues par l’indi­vidu, dans cette incarnation mais aussi dans toutes les formes de vie qu’il a été amené à emprunter jusqu’ici. C’est le résultat, le sa­voir faire et le savoir être accu­mulés au cours de toutes ces ex­périences, qui a permis de géné­rer les structures de notre forme de vie actuelle, tant sur les plans physique ou énergétique qu’émotionnel ou mental. La conscience elle-même est liée à ce passé, et c’est en partie cette mémoire qui oriente les différen­tes réactions émotionnelles, en fonction de ce qui a déjà été expé­rimenté. Ainsi, le contact d’une source de chaleur excessive avec la peau produit une réaction de rejet qui se manifeste, dans notre conscience de veille, par une douleur et un mouvement de re­trait, parfois par un sentiment de colère, contre la fatalité ou sa propre inattention. Le réflexe et la douleur sont le résultat de mil­liers, voire de millions d’expé­riences analogues dans une infi­nité d’existences passées, qui, pour des impératifs de survie, ont conditionné l’organisation et la réalisation de structures visant à éviter ou à minimiser les effets d’une telle situation dangereuse. La colère, quant à elle, peut être due à la mémoire ou au trauma­tisme d’expériences plus récen­tes, à des dogmes ou à des illu­sions. Une personne peut, par exemple, être persuadée possé­der une grande vigilance et refu­ser, le plus souvent inconsciem­ment, d’admettre son inatten­tion. Ce genre d’a priori altère la souplesse du psychisme de l’in­dividu et laisse à ce niveau l’équi­valent de cicatrices.

La douleur impose le changement

Nous touchons ici le point es­sentiel du phénomène doulou­reux. Loin d’être une denrée né­cessaire à l’évolution, comme on le croit parfois dans certains mi­lieux spiritualistes, la douleur est en fait un signal avertissant de la nécessité d’un changement. Changement de position dans le cas d’une brûlure, changement d’intensité de mobilisation dans le cas d’un membre fracturé où la douleur impose le repos néces­saire à la consolidation. Les migraines ou les douleurs du colopathe sont, elles, les témoins d’un déséquilibre énergétique, à régler avant l’apparition de trou­bles plus graves et en particulier de lésions organiques. Au niveau émotionnel également, c’est sou­vent une nécessité douloureuse qui provoque les modifications des habitudes ou du mode de vie. Et c’est de nos capacités à réagir que dépendra la cessation ou le passage à la chronicité. Car si mouvoir un membre ou le mettre au repos devient une évidence sous l’injonction d’un processus douloureux, il n’en est pas de même pour les transformations subtiles ou les prises de cons­cience, nécessaires dans certai­nes circonstances et concernant notre comportement, nos sentiments, nos attachements, nos peurs, nos aversions… Il paraît parfois plus avantageux à notre psychisme de souffrir plutôt que de céder ou se transformer. Cette cristallisation, le plus sou­vent inconsciente, va alors géné­rer des troubles de toutes natu­res, tant sur le plan émotionnel – névrose – qu’énergétique ou phy­sique. Parmi ceux-ci, les cancers, qui comptent parmi les patholo­gies les plus douloureuses, sur­tout dans leur phase terminale, ont pour source primordiale un blocage émotionnel face à une situation donnée. La transforma­tion, indispensable à la guérison, doit se situer dans ces cas à des niveaux très profonds de l’indivi­du, ce qui explique les difficultés et l’insuffisance de la plupart des traitements, mais, aussi la surve­nue de quelques guérisons spon­tanées, mettant le corps médical dans la plus grande perplexité. Elles contredisent en effet les axiomes qui voudraient faire des tumeurs malignes des patholo­gies ayant, sans traitement exté­rieur, une évolution obligatoire­ment fatale. Dans tous ces cas, spectaculaires mais encore trop rares aujourd’hui, on constate dans la vie des patients des chan­gements radicaux, touchant par­fois le mode de vie mais surtout la manière d’appréhender les dif­férentes réalités de l’existence.

Le seul vaccin contre la dou­leur: réaliser la véritable na­ture de l’esprit

Confronté au problème de la douleur, on peut se demander s’il existe une solution radicale, induisant une immunisation défi­nitive. La réponse découle de l’origine même du phénomène: c’est l’identification à nos percep­tions, à notre corps, à nos senti­ments qui fait naître la sensation désagréable ou agréable. Celui qui est capable de reconnaître la douleur en tant que perception, sans s’identifier à elle, n’en res­sentira aucune souffrance. Mais cette éventualité, facilement abordable d’un point de vue intel­lectuel, est malheureusement difficile à réaliser dans la vie quo­tidienne. Elle sous-entend un ni­veau de développement spirituel très avancé, la réalisation de la véritable nature de l’esprit et de l’aspect illusoire des phénomè­nes extérieurs et intérieurs, ce qui concerne en définitive bien peu d’entre nous.

Des solutions palliatives

En attendant la période idylli­que où le monde ne sera plus peuplé que d’êtres totalement réalisés, il est nécessaire de chercher d’autres solutions, en ayant toujours conscience que quelque soit le niveau où l’on se place, on ne peut effectuer qu’un traitement palliatif, puisque ce dernier ne réglera pas l’origine du problème qui résulte de l’opa­cité de la conscience. Le traite­ment est donc d’autant plus satis­faisant qu’il amène un éclaircissement de nos facultés conscien­tes.

Sans aborder en détail toutes les possibilités thérapeutiques, il est possible et intéressant de hié­rarchiser les différents niveaux d’intervention contre la douleur.

Il est d’abord évident que le travail le plus aléatoire, tant d’un point de vue théorique que prati­que, est celui ne prenant en compte que le niveau physico-chimique. Toutes les thérapeuti­ques symptomatiques restent en effet à un niveau par trop superfi­ciel, se contentant de combattre la douleur sans s’occuper des causes plus subtiles. Cela expli­que les phénomènes d’accoutu­mance, obligeant à recourir à des drogues de plus en plus puissan­tes et dont les effets secondaires sont loin d’être négligeables. Sur le plan psychique, la névrose, mal d’être si fréquent dans une socié­té qui s’est coupée de ses racines terrestres et spirituelles, est anesthésiée par l’usage d’anxio­lytiques, qui coupent à l’individu toute possibilité de remise en question et le cristallisent peu à peu en momie vivante, à moins que les troubles ne se répercu­tent sur les plans plus denses et ne génèrent des pathologies dé­génératives ou auto-immunes (tout se passe alors, d’un point de vue biologique, comme si l’orga­nisme se suicidait).

Devant les insuffisances des thérapeutiques matérielles et matérialistes s’est développée une tendance opposée, qui con­siste en un travail sur le plan émotionnel. C’est le domaine de la psychothérapie, de la psycha­nalyse et des thérapies compor­tementales, dont les objectifs sont plus ou moins liés au pro­blème de la douleur. La difficulté à ce niveau réside dans la subtili­té même du monde de l’émotion. La subjectivité inhérente aux travaux sur ce plan permet difficile­ment de mesurer les résultats obtenus. Souvent, en améliorant tel ou tel point de la personnalité, il est possible d’en désorganiser d’autres. Le thérapeute doit donc maîtriser parfaitement ce niveau, afin de ne pas tomber dans les pièges très subtils qui ne man­queront pas de se présenter. Le malade devra s’assurer qu’il est bien en présence d’un tel prati­cien, ce qui demande là aussi, beaucoup de discernement.

En fait, il semble que le tra­vail sur le plan énergétique soit le plus à même de traiter avec effi­cacité le problème de la douleur, que celle-ci concerne le corps physique ou l’émotionnel. À la jonction entre ces deux niveaux, les structures sont suffisamment denses et organisées pour qu’on puisse élaborer des stratégies précises et reproductibles sur tous. Ce plan est aussi suffisam­ment subtil pour pouvoir agir de manière globale sur les différents éléments qui constituent un être humain. Ainsi, l’acupuncture, l’homéopathie, la pharmacopée énergétique, agiront tant sur les plans physique que psychique. On peut être frappé par l’efficaci­té de quelques aiguilles, permet­tant d’effectuer une intervention chirurgicale sans anesthésie gé­nérale. La transformation et la guérison d’une pathologie men­tale après l’administration d’une haute dilution d’un remède ho­méopathique n’en est pas moins surprenante. Enfin, en pratiquant ces disciplines d’une manière compatissante, en invoquant et en se plaçant sous la tutelle des forces de guérison universelles, l’effet thérapeutique peut dépas­ser les niveaux perceptibles et être à même de favoriser l’évolu­tion du patient à travers les trans­formations qui lui sont imposées.

Prévenir vaut néanmoins mieux que guérir

Si la recherche d’un traite­ment efficace est utile, toute ten­tative de prévention l’est encore davantage. Après ce que nous avons défini, deux points méri­tent d’être soulignés:

Le maintien d’une bonne souplesse à tous les niveaux de l’individu est un facteur permettant une adaptation correcte aux contingences de l’existence. Ce qui se conçoit aisément au niveau physique a des correspondances aux niveaux énergétique et émotionnel. Un enraidissement ou une cristallisation aboutissent alors au dogme, à l’intolérance, à l’imperméabilité, qui coupent toute possibilité de croissance et d’évolution. Il est frappant de constater qu’une des caractéristi­ques de tous les sages et maîtres accomplis est une grande jeu­nesse d’esprit, la capacité de dé­couvrir l’environnement et de s’y adapter. Le fonctionnement de l’enfant devient ainsi un exemple: sans a priori, il découvre le monde et s’y intègre avec une parfaite fluidité.

Il est également nécessaire, pour éviter la douleur et la souf­france, de cultiver un potentiel énergétique maximum. On cons­tate en effet que l’affaiblissement dû à la perte d’énergie augmente fortement la sensibilité aux trau­matismes, qu’ils soient physi­ques ou psychiques. Le cancé­reux, épuisé par l’évolution de sa maladie ou par les traitements très lourds qu’il a subis, ressent d’une manière souvent intolérable des gestes aussi légers qu’une prise de sang. Une mauvaise nouvelle ou une contrariété est d’autant plus mal vécue qu’elle nous surprend dans un état de fatigue profond.

Il n’est pas possible de donner ici une liste exhaustive de tous les exercices ou pratiques permettant de développer ces qualités : on peut toutefois noter que les arts martiaux permettent, s’ils sont pratiqués avec régularité, d’accu­muler et de canaliser l’énergie tout en développant souplesse et adaptabilité. Chi-Kong, Tai-Chi, Do-In apportent des résultats ana­logues, l’idéal étant de pouvoir aborder ces disciplines d’une manière traditionnelle, en tant que voies de réalisation spirituelle et sous la conduite d’un maître accompli. En effet, la progression ne se fait plus dès lors uniquement sur un plan horizontal mais englobe tous les niveaux de l’être pour l’amener à la réalisation, qui lui permettra de prendre cons­cience du caractère illusoire et relatif de sa douleur.