Traduction libre
Stephen Wolinsky [1] est un élève direct de Nisargadatta Maharaj, l’auteur de Je Suis, un livre qui depuis les années 1970 et encore aujourd’hui a une forte influence sur ceux qui cherchent. La voie que Nisargadatta Maharaj a enseigné est l’Advaita Vedanta. Comme l’explique Wolinsky, « Advaita signifie substance une, non deux et Vedanta signifie évidemment la fin des Védas ». Wolinsky applique cette conception selon laquelle tout dans l’Univers est constitué d’une seule substance à des domaines tels que la psychologie quantique, un ajustement de la théorie psychologique qu’il a élaboré sur la base des enseignements de Maharaj. Une phrase, apparemment simpliste, qui illustre cela en sanskrit est neti neti : une chose n’est pas ceci et n’est pas cela. Puisque tout n’est que la substance une, tout est illusoire – ce n’est ni ceci ni cela. Tout ce que nous voyons n’est ni ceci, ni cela. De par sa nature même et du fait que le langage est dualiste, c’est un concept difficile à percevoir et à comprendre. Mais il peut être libérateur…
***
Comment vous êtes-vous lié à Nisargadatta Maharaj ?
Stephen Wolinsky : On m’a donné le livre Je suis en 1976. Je suis allé voir Nisargadatta Maharaj en 1977 de manière très désinvolte. Je ne l’ai même pas vu, je suis allé à midi et ensuite je suis parti. J’y suis retourné en 1978 et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment établi une relation avec lui. Le principal enseignement de Maharaj est qu’il y a trois principes de base du yoga, quel que soit le yoga : Vous n’êtes pas le mental, vous n’êtes pas le corps et vous n’êtes pas l’acteur.
Pour Maharaj, la spiritualité était définie par une seule chose et c’était la réalisation de qui vous êtes. Cela n’avait pas d’importance en ce qui concerne la voie ou la technique. Soit vous savez qui vous êtes, soit vous ne le savez pas ; son seul objectif était de vous faire savoir qui vous êtes.
L’approche qu’il a utilisée était très conflictuelle. « Quoi que vous pensiez ou croyiez être, vous ne l’êtes pas. »
Peu importe si je suis heureux, triste, aimant, gentil ou compatissant, si je suis un grand yogi, si je crois que le monde est une substance une : Cela n’a rien à voir avec ce que vous êtes. Ce sont des pensées, des idées ; ce sont des points de repère qui vous indiquent au mieux la direction à suivre pour découvrir qui vous êtes. Il existe un célèbre dicton zen : « Le doigt qui pointe vers la lune n’est pas la lune. »
Pour la plupart des gens, la voie devient leur religion. Ils sont plus attachés au faire qu’à ce qu’ils font réellement pour l’obtenir. Parce que la façon dont vous le faites n’a vraiment pas d’importance. La seule chose qui compte est : Allez-vous découvrir qui vous êtes ou non ?
Maharaj a dit : « Oubliez-moi, oubliez Maharaj, et même oubliez les enseignements, et restez simplement dans la conscience, et votre propre unique voie, quel qu’elle soit, émergera pour vous ». C’est important car cela nivelle tout. Ce qui me convient le mieux, est différent de ce qu’il est pour vous ou pour quelqu’un d’autre. Si on reste dans la conscience, pour chacun émergera son propre « camp unique ». Je pense que malheureusement, dans la spiritualité, tout est à la même enseigne. Tout le monde reçoit le même mantra, tantra, yantra, la même chose à faire comme si c’était bon pour tout le monde. Je pense qu’une grande partie des problèmes ou souffrances que les gens rencontrent est due au fait qu’ils adoptent le système d’un autre et essaient de s’y adapter plutôt que de rester dans la conscience de leur propre moi et de leur propre système et de voir ce qui en ressort.
Cela me fait penser à l’enseignement de Krishna dans la Bhagavad Gita selon lequel il vaut mieux faire mal son propre dharma que bien celui d’un autre.
SW : Absolument. Selon la personne assise en face de lui, Maharaj essayait de trouver la clé qui ouvrait sa porte. Par exemple, Maharaj disait à l’un de ses étudiants : « Votre pratique est d’étudier la physique quantique ». Ce n’est pas que la physique quantique en tant que modèle soit significative. Ce qui est significatif, c’est que les connaissances du yoga peuvent être acquises grâce à la physique quantique, en raison de la façon dont l’esprit de cette personne est organisé. Pour quelqu’un d’autre, elles peuvent venir par le biais de chants. Pour quelqu’un d’autre, elles peuvent venir par la méditation.
Cela explique pourquoi il y a tant de voies différentes. Un enseignant compétent sera celui qui vous aidera à débloquer votre voie spécifique.
SW : Si l’on se regarde sur les histoires des maîtres soufis d’il y a environ 1000 ans, disons qu’il y a dix maîtres soufis et que l’on passe au maître soufi numéro un. Il s’assied et vous dit « Je ne suis pas le bon maître soufi pour vous, allez voir le maître soufi numéro cinq ». Après s’être assis et entretenu avec le maître soufi numéro cinq, il dit : « Vous devez voir le maître soufi numéro sept ; c’est le gars qui est le meilleur pour vous. » À ce stade, la « pratique » est centrée sur l’élève, et non sur l’enseignant. Je vais vous envoyer là où vous avez besoin d’aller, plutôt que de vous garder parce que j’ai besoin de vous.
Quand Maharaj dit : « Oubliez-moi, oubliez les enseignements, oubliez Maharaj, restez dans la conscience comme le portail vers l’absolu », ce qu’il dit, c’est que si vous ne dépendez pas de vos pensées, souvenirs, émotions, perceptions, associations, peu importe, vous pouvez toujours atteindre un état de non-état. Vous ne dépendez pas de l’esprit, ni du corps subtil. L’état non-état est l’état du « Je suis ». Ce qui rend Maharaj unique, c’est qu’il dit que c’est un état temporaire, une station. Comme vous êtes dans l’état non-état, ne dépendant pas de pensées, de souvenirs, d’émotions, d’associations, de perceptions, etc., si vous lâchez ce « de », alors il ne reste que la conscience.
Maharaj a abordé cette question de deux manières. La première était le classique neti neti de l’Advaita Vedanta : ni ceci, ni cela. Ni mes pensées, ni souvenirs, ni mes émotions, ni mes associations, ni mes perceptions, etc. L’autre approche est que tout est conscience ; rien n’existe en dehors de la conscience. Si je SUIS la conscience, alors je ne suis pas mes pensées, mes sentiments, mes souvenirs, mes émotions, mes associations, mes perceptions, etc. Je ne connais qu’une seule autre personne qui ait parlé de cette manière au cours des 2000 dernières années, et c’était Nargajuna, le fondateur de la voie du milieu, le bouddhisme Madhyamaka.
La conscience est un état, une apparence, quelque chose qui apparaît comme moi. Ce n’est pas moi. Je suis antérieur à la conscience. C’est probablement l’affirmation la plus originale : la réalisation complète est la réalisation d’avant la conscience, avant l’émergence de la conscience elle-même, y compris son très subtil(le) frère ou sœur le vide. Le vide et la conscience sont la même substance, les deux faces de la même pièce. Le vide est la conscience ; la conscience est le vide. La forme est le vide ; le vide est la forme. Le vide est une forme subtile de conscience, mais je ne suis ni l’un ni l’autre. Je suis l’absolu avant la conscience.
Donc, si le vide et la conscience font partie de la même chose et que nous vivons dans un monde de Purusha (conscience/vide) et de Prarkiti (manifestation) où s’exprime la dualité, quelle est la relation entre la dualité et la non-dualité ?
SW : La dualité et la non-dualité n’existent pas. La non-dualité et la dualité n’existent que dans le langage. Le langage est binaire et dualiste par nature.
Il n’existe donc que dans la langage.
SW : Wittgenstein a appelé cela un jeu de langage. La non-dualité est un concept qui n’existe pas en dehors du langage. Les gens essaient de la comprendre par le biais d’un concept. La non-dualité n’existe pas, comment pourrait-elle exister ? Elle nécessite un autre qui la perçoit. Le principe de base de Narajuna est qu’il n’y a pas d’unité, il n’y a pas de similarité. Il n’y a pas de différences, rien ne survient, rien ne s’efface. Rien n’est semblable, rien n’est différent. Il n’y a pas d’unité, il n’y a pas de dualité, avant le langage. C’est un jeu de langage.
Comment la Bhakti et l’accent mis actuellement sur la dévotion au sein de la communauté du yoga s’intègrent dans cela ?
SW : Si vous restez dans la conscience, votre propre voie unique apparaîtra comme un portail vers l’absolu. Ce que l’ultime bhakti ou bhakta veut, c’est que l’amant et l’aimé, le dévot et l’objet de dévotion, ne fassent qu’un. Pour Maharaj, lorsque vous concentrez votre attention sur votre propre conscience, c’est de la Bhakti Yoga et le mantra serait : « Être la conscience, c’est vénérer la conscience ». Les gens lui demandaient : « Pourquoi n’y a-t-il pas de Bhakti ici ? » Il a dit : « Je suis un bhakta, je suis un atma bhakta. Je vénère la conscience. Je me vénère moi-même. »
Je pense que les gens voient souvent ces choses comme étant opposées les unes aux autres. Que c’est un choix entre les deux.
SW : Ce n’est pas le cas. Tout s’évanouit comme n’étant ni ceci, ni cela. Tout s’évanouit n’étant qu’une apparence faite de conscience. En concentrant votre attention sur la conscience, vous vénérez la conscience, les deux ne font plus qu’un. Et dans ce processus, vous avez le neti neti de l’Advaïta Vedanta parce que lorsque vous devenez la conscience, tout le reste disparaît comme n’étant pas ceci, n’étant pas cela. Tout ce qui n’est pas antérieur à la conscience disparaît.
L’enseignement principal de Maharaj, pour 95% des gens, était : « Accrochez-vous au “Je suis’’ et laissez tout le reste de côté ». Si quelqu’un entrait et disait : « Je ne suis pas le “Je Suis”, je ne suis pas mes pensées, mes souvenirs, tout le reste, je suis juste le “Je Suis” », il disait, le “Je Suis” est un état temporaire, c’est une station. Si j’étais à San Francisco et que je prenais un train pour New York, il y a Salt lake city, et Denver et Kansas city ; il y a toutes ces gares. New York est la destination, métaphoriquement – il y a toutes ces gares. Pourquoi voudriez-vous descendre à une gare en particulier ? Ce qui rendait Maharaj unique, c’était que la conscience était une station.
Pourquoi cette conférence combinant science et non-dualité est-elle importante maintenant ?
SW : Il y a un célèbre dicton sanskrit, drishti shristi vada, le monde n’est là que tant qu’il y a un « moi » pour le percevoir. La science est un modèle, c’est une carte. Elle dépend de quelqu’un qui perçoit, c’est évident. Le « moi » survient après le fait, après que les événements se soient déjà produits, alors comment pourriez-vous être l’auteur ? Maharaj a dit un jour : « Les fluides se rassemblent et le “Je suis” apparaît. » Il a résumé 80 ans de neuroscience en une phrase. Les neurosciences ont prouvé que le système nerveux est en retard et que la perception du “Je” se fait par une réaction biochimique dans le cerveau après que l’événement se soit déjà produit.
Un atome est surtout un espace vide. Si vous preniez le noyau d’un atome et l’électron qui l’entoure et que vous agrandissiez la taille du noyau à celle du soleil et celle de l’électron à celle de la Terre, vous verriez qu’un atome, comme le système solaire, est fait de plus que 99% d’espace vide. Et notre monde est constitué d’atomes. Mais le système nerveux et le cerveau utilisent un processus d’abstraction ou d’omission pour remplir notre vision, de sorte que nous voyons un monde solide, tout le vide a disparu. Une illusion est définie comme le fait de voir ou de faire l’expérience de quelque chose qui n’est pas là. Vous ne voyez pas le vide ; par conséquent, ce que vous voyez est une illusion. Le corps que je regarde est une abstraction. Je ne regarde pas ma main en disant : « Il y a du vide qui flotte là. » Je vois des mains. Pourquoi ? Parce que le cerveau et le système nerveux ont omis tout le vide. Par conséquent, je vois quelque chose qui est une représentation abstraite de quelque chose qui n’existe pas.
Cela valide les trois principes de base du yoga. Je ne suis pas le mental (pensées, souvenirs, émotions, associations, perceptions, etc.) Je ne suis évidemment pas le corps, car le corps est une abstraction. Je ne suis pas l’acteur ; le « je » surgit après que l’événement se soit déjà produit. Je ne suis pas l’auteur.
J’utilise la science comme une épine pour enlever une épine. Cette épine, appelée « Le moi se présente après l’action ou l’événement », elle peut maintenant déballer et déconstruire toutes les pensées sur qui vous êtes, ce que vous avez fait, ce que vous n’avez pas fait, tous vos souvenirs, tout se déconstruit sur la base de plusieurs faits scientifiques. Maharaj ne dirait pas qu’il faut croire en la science, il faut utiliser une épine pour enlever une épine.
Le « je » survient après coup ; c’est un fait. Cela signifie que le « je » n’est pas l’auteur. Cela déconstruit toutes vos idées sur la psychologie, toutes vos idées sur le moi. Je m’expérimente en tant que moi ou en tant que personne parce que c’est un processus biochimique dans le cerveau. S’il n’y a pas de processus biochimique dans le cerveau, alors je n’ai pas d’expérience de l’être, je n’ai pas d’expérience du soi, sans parler de la psychologie ou de la spiritualité.
Ce n’est qu’une histoire, c’est une abstraction. Elle n’existe pas vraiment. Mais vous allez souffrir dans la mesure où vous croyez aux jeux de langage. La cause et l’effet ne sont qu’une façon de penser les choses. En 1964, John Stewart Bell, dans ce qui est considéré comme la plus importante découverte de la science, a démontré que non seulement il n’y avait pas de localité, mais qu’il n’y avait pas de causes locales. Il n’y a qu’une chose et on ne peut pas la séparer. Vous ne pouvez pas dire que cette chose isolée ici a causé cette chose isolée là-bas. Mais le mental, les pensées, les souvenirs, les émotions, les perceptions, les associations, tous veulent une cause et veulent dire que c’est arrivé à cause de cela.
Il y a un dicton célèbre qui dit que l’un des buts du système nerveux est d’organiser le chaos. La troisième définition du chaos dans le Webster’s Dictionary est l’espace vide qui a précédé la création de l’univers. Le système nerveux doit abstraire l’ordre du chaos. Le sens du moi n’est pas quelque chose de spirituel, c’est une réaction biochimique dans le cerveau. Lorsque le corps meurt, les substances chimiques ne se rassemblent pas.
La psychologie telle qu’elle existe actuellement dans notre société a-t-elle un but ?
SW : Si vous regardez la psychologie et remontez 2500 ans en arrière, à Socrate et aux premiers Grecs, leur principale question était : enquête, enquête, enquête. Cela a changé avec la révolution industrielle, quand nous avons demandé aux gens qui vivaient dans des sociétés tribales, dans l’agriculture, etc., d’aller dans les villes, d’être non-humains et de travailler dans des usines sur des chaînes de montage. La psychologie est passée d’une tentative de découvrir qui je suis à une tentative de vous aider à vous débrouiller dans une société folle. Comment pouvez vous être réparé de manière à ce que cela ne vous dérange pas de conduire une heure et demie dans la circulation dans chaque sens et de travailler de neuf à cinq et d’avoir deux semaines de congé. La psychologie est donc passée de la question « Qui suis-je ? » à « Comment faire et comment puis-je m’en sortir ? » Comment je peux être plus, faire plus, avoir plus, avoir plus d’argent, avoir de meilleurs rapports sexuels, avoir une plus grande maison. La question « Qui suis-je ? » n’existe plus depuis 150 ans. Tout le monde est parti à l’extérieur avec la psychologie au lieu d’entrer dans la conscience d’avant les pensées, les souvenirs, les émotions, l’association et les perceptions. La psychologie quantique essaie de la ramener à ses racines. En gros, le thème est : « Tout ce que vous pensez être, vous ne l’êtes pas ».
Les gens cherchent à cause de la souffrance qu’ils ressentent, que ce soit la souffrance de vivre dans un monde de fous, ou la souffrance de l’attachement aux perceptions, pensées et émotions. Pensez-vous que le processus d’enquête aide finalement les gens à trouver le lieu qui n’a rien à voir avec la souffrance ?
SW : La question est : « Qui est la personne ? Ce n’est pas un processus facile. Je ne me suis pas engagé dans cette démarche parce que je voulais servir le monde. Je me suis impliqué dans la psychologie et la spiritualité il y a plus de quarante ans parce que je souffrais. Je souffrais et j’étais prêt à faire n’importe quoi pour sortir de la douleur. Je n’étais pas assis avec Maharaj dans la béatitude. J’étais dans la béatitude mais j’avais beaucoup de pisse.
Cependant, lorsqu’on parle d’identification avec la conscience – on parle ici de grands sauts. La plupart des gens, a dit Maharaj, la plupart des gens qui reçoivent les enseignements restent dans le « je suis » et lâchent tout le reste. L’étape la plus difficile est de réaliser que vous n’êtes pas vos pensées, vos souvenirs, vos émotions, vos perceptions, vos associations, peu importe. La plupart des pratiques spirituelles, c’est cela, vous réalisez que vous n’êtes pas vos pensées, que vous utilisiez un mantra, un yantra ou un tantra, vous essayez de rendre tranquille votre esprit. Ça ne se produira jamais, peu importe les efforts que vous déployez.
Vous savez que : les pensées surgissent et se retirent et là, il y a un espace. Le problème est que cet espace est fait de la même substance qu’une pensée, et l’espace et la pensée sont holographiques. Quand je vais dans l’espace, quand je sors de l’espace, tout revient. Pourquoi ? Parce que l’espace et la pensée sont faits de la même substance – bien sûr que ça revient ! Donc, l’espace et la pensée sont la même substance, mais ils sont tous deux faits de conscience. Vous devez atteindre la conscience, si vous n’y arrivez pas, alors l’espace va créer à nouveau des pensées.
Cela semble faire partie du langage à nouveau ; nous percevons l’espace et nous percevons les pensées.
SW : Là, il y a celui qui perçoit. Encore une fois : drishti shristi vada. Il n’y a pas de monde que s’il y a quelqu’un pour le percevoir. Le Bouddha a dit qu’aucun être n’est jamais entré dans le Nirvana. Pourquoi ? Parce que Nirvana signifie extinction. Aucun être n’est jamais entré – pour qu’un être éteint entre dans quelque chose qui n’existe pas, cela ne peut arriver.
Cela revient à utiliser l’épine pour sortir l’épine, à utiliser les outils du langage pour parler de quelque chose qui existe au-delà du langage.
SW : C’est juste. Quand vous dites avant votre dernière pensée, qui étiez-vous ? Il n’y a vraiment pas une telle chose antérieure. Mais si je dis, avant votre dernière pensée, avant toute cette conversation, y a-t-il dualité ou non-dualité ou ni l’un ni l’autre ? De toute évidence, il n’y a ni l’un ni l’autre. Tout ce que vous pouvez faire, c’est utiliser le langage pour vous indiquer la conscience antérieure à la pensée. Le principe de base de Maharaj était : « Tout ce que vous pouvez enseigner, c’est la compréhension ; le reste vient tout seul. »
Il y a une différence entre pouvoir intellectualiser quelque chose et pouvoir le connaître effectivement et le vivre.
SW : Je suis d’accord. Beaucoup de gens comprennent qu’il s’agit d’une carte. Vous n’êtes pas votre système, vous n’êtes pas votre passé, vous n’êtes pas vos souvenirs et vos émotions et ainsi de suite. Vous n’êtes pas l’espace, vous n’êtes pas le « Je suis ». Je ne suis pas ici maintenant, je réalise que le maintenant dépend de celui qui perçoit, je ne suis pas le maintenant, je ne suis pas la présence, je ne suis pas la conscience, et qu’ultimement je suis l’absolu avant la conscience. Ok, j’ai compris maintenant. Tout cela est une carte pour vous, c’est une histoire. Ce que vous êtes est antérieur à l’histoire.
Maharaj a donné des concepts comme des épines pour enlever les épines. L’une de ses déclarations était : « Mes mots, s’ils sont implantés en vous, détruiront tous les autres mots et concepts. » Si vous croyiez l’Advaita seulement (substance une, pas deux), à partir d’une seule substance, cela déconstruirait tout. S’il n’y a qu’une seule substance, il ne peut y avoir de cause à effet. Meher Baba a fait une déclaration intéressante : « L’ego ou le “je” est comme un iceberg : 90% en est sous l’eau. Lorsque vous observez, il remonte à la surface et se dissout ». C’est une autre façon de décrire le neti neti. Vous êtes dans le neti neti ou vous vénérez la conscience en tant que Bhakti, en vous concentrant sur la conscience, en portant votre attention sur la conscience, c’est-à-dire la dévotion, jusqu’à ce que le fidèle ne fasse plus qu’un avec la conscience, c’est un processus interne.
Il semble que ce soit un processus interne que vous répétez sans cesse.
SW : Quelqu’un a demandé à Maharaj combien de temps cela prendrait et il a dit : « Pour s’établir dans cet état, cela pourrait prendre un certain temps ». Il a également dit : « Accrochez-vous seulement à votre existence. Accrochez-vous au sens du “Je suis” et tout le reste disparaîtra ».
Quel est, selon vous, son objectif principal, l’essence de son message ?
SW : « Oubliez-moi, oubliez Maharaj, oubliez les enseignements. Restez dans la conscience comme un portail vers l’absolu. »
_________________________________
1 Nombreux livres de Wolinsky sont en accès libre à stephenhwolinskyphdlibrary.com.