Une brève introduction
Dr Arash E. Zaghi est professeur au département d’ingénierie civile et environnementale de l’université du Connecticut. Il a obtenu son doctorat en génie civil à l’université du Nevada, à Reno, en 2009. Initialement axée sur l’ingénierie structurelle et la conception de ponts, la carrière de M. Zaghi a pris un tournant décisif à la suite du diagnostic de dyslexie et de TDAH qu’il a reçu à l’âge de 32 ans. Cette révélation personnelle l’a incité à explorer l’intersection des sciences cognitives et de l’enseignement de l’ingénierie, en particulier les points forts des personnes neurodiverses dans les domaines des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). En reconnaissance de ses recherches pionnières, le Dr Zaghi a reçu le Presidential Early Career Award for Scientists and Engineers (PECASE) en janvier 2025. Créé en 1996, le PECASE est la plus haute distinction décernée par le gouvernement américain à des scientifiques et ingénieurs exceptionnels en début de carrière, en reconnaissance de leurs recherches innovantes et de leur engagement au service de la communauté. Au-delà de ses travaux sur la neurodiversité, le Dr Zaghi a développé un intérêt profond pour les fondements de la physique quantique. Il travaille activement à l’avancement de la dynamique quantique relationnelle (DQR), un cadre qui intègre la conscience dans le tissu de la mécanique quantique. Ses publications récentes proposent que les expériences conscientes puissent émerger naturellement de la dynamique de l’information quantique, offrant ainsi un pont mathématiquement solide entre la physique quantique et les sciences cognitives. L’approche interdisciplinaire du Dr Zaghi continue de remettre en question les paradigmes traditionnels et de favoriser une meilleure compréhension de l’esprit humain et de la nature fondamentale de la réalité.
Le professeur Zaghi présente la Dynamique quantique relationnelle (DQR), un nouveau développement de la Mécanique quantique relationnelle (MQR) de Carlo Rovelli reposant sur une base mathématique et métaphysique solide. La DQR contourne la régression infinie inhérente à la MQR (tout étant constitué de relations entre méta-relations, et celles-ci consistant en des relations entre méta-méta-relations, etc., à l’infini) en proposant que, bien que toutes les entités physiques soient effectivement relationnelles, les relations — et même l’espace-temps lui-même — naissent au sein d’un champ de conscience sous-jacent.
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La physique quantique, malgré toute sa précision, a toujours été confrontée à une ambiguïté fondamentale : qu’est-ce qui constitue exactement la réalité lorsque nous ne l’observons pas ? Les interprétations traditionnelles ne parviennent pas à offrir une solution satisfaisante, recourant souvent à des observateurs externes ou à des effondrements subjectifs pour tenir compte des résultats des mesures. La mécanique quantique relationnelle (MQR) de Carlo Rovelli offre une perspective distincte [1-3] ; elle abandonne complètement les états physiques absolus et indépendants de l’observateur. Au lieu de cela, les systèmes quantiques ne possèdent des états que par rapport à des interactions spécifiques. Dans cette perspective, la réalité devient un réseau de relations plutôt que des entités physiques isolées ou des observateurs universels. L’interprétation de Rovelli s’attaque puissamment aux paradoxes quantiques, tels que les scénarios de l’ami de Wigner (dont je parlerai plus loin) en affirmant que différents observateurs peuvent avoir des descriptions valides, mais apparemment contradictoires, qui ne sont réconciliées que lorsque des interactions se produisent.
Cependant, bien que la MQR résout élégamment des paradoxes, elle s’arrête à une description mécanique, laissant ouvertes des questions métaphysiques plus profondes. La dynamique quantique relationnelle (DQR) va plus loin en intégrant la conscience et l’information directement dans cette ontologie relationnelle [4]. Plus précisément, elle propose que les interactions quantiques ne soient pas simplement des processus physiques passifs, mais des « mises à jour de conscience » intrinsèques, chaque interaction représentant un acte primitif de conscience mutuelle entre les systèmes en interaction. Les événements quantiques deviennent eux-mêmes des expériences, brouillant les frontières entre l’observateur et l’observé, la matière et la conscience [5-6].
Dynamique quantique relationnelle : L’information quantique rencontre la conscience
L’innovation de la DQR réside dans l’intégration rigoureuse de la théorie quantique et de la théorie de l’information intégrée (TII) [7-8], un modèle important des sciences cognitives développé pour quantifier la conscience. La TII suggère que la conscience émerge naturellement des systèmes dont l’information interne est hautement intégrée, comme le cerveau humain. La DQR adopte l’approche de la TII, en définissant une mesure quantitative de la conscience apparaissant au cours des interactions quantiques. Deux mesures sont essentielles :
Information mutuelle quantique (I) : Quantifie la corrélation entre deux systèmes quantiques en interaction. Une information mutuelle élevée indique que les systèmes reflètent fortement l’état de l’autre.
Information intégrée (Φ) : Mesure la cohérence informationnelle interne ou l’intégration holistique au sein de chaque système quantique.
La DQR combine ces idées pour définir une « métrique de la conscience », calculée en multipliant l’information mutuelle échangée au cours d’une interaction par l’information intégrée dans les systèmes en interaction. De ce point de vue, chaque interaction est fondamentalement un événement au sein de la conscience elle-même. Lorsque des systèmes hautement complexes interagissent, l’événement qui en résulte est plus profond et plus riche en raison de leur intégration informationnelle interne étendue. Inversement, des systèmes plus simples avec une intégration interne minimale génèrent des interactions de moindre complexité. Cette perspective n’implique pas qu’un observateur distinct assiste à un événement quantique ; au contraire, toutes les interactions sont des expressions directes du même champ de conscience sous-jacent. La différence réside uniquement dans la profondeur avec laquelle le champ relationnel de la conscience s’intègre et se reflète à travers chaque interaction unique.
La DQR établit une correspondance formelle entre les processus quantiques et les mises à jour des états de conscience au moyen d’un cadre mathématique basé sur la théorie des catégories. La théorie des catégories est une branche des mathématiques qui se concentre sur les relations et les transformations entre différentes structures, plutôt que sur les structures elles-mêmes. Cette perspective est particulièrement précieuse en mécanique quantique, car elle permet aux physiciens de modéliser des processus quantiques complexes en tant que systèmes interconnectés en mettant l’accent sur la façon dont les différentes parties interagissent et se composent pour former un tout. En utilisant la théorie des catégories, nous pouvons représenter les états et les opérations quantiques d’une manière qui met en évidence leur nature compositionnelle, ce qui facilite l’analyse et la compréhension du comportement des systèmes quantiques. Cette approche est particulièrement utile lorsqu’il s’agit de systèmes intriqués, pour lesquels les propriétés de l’ensemble ne peuvent être pleinement comprises en examinant les parties isolément. La DQR introduit un foncteur catégorique [NDLR Un opérateur mathématique entre catégories] qui traduit les événements quantiques (transformations physiques) en mises à jour des états de conscience, en préservant les identités et la cohérence séquentielle.
Cette structure mathématique robuste garantit un alignement cohérent des faits entre les observations imbriquées, par exemple dans les expériences multi-observateurs de l’ami de Wigner. Cette expérience de pensée illustre un scénario déroutant en mécanique quantique. Imaginez un scientifique (l’ami de Wigner) effectuant une mesure sur un système quantique à l’intérieur d’un laboratoire scellé. Du point de vue de l’ami, la mesure donne un résultat défini. Cependant, du point de vue de Wigner, qui se trouve à l’extérieur du laboratoire et n’a pas observé la mesure, le système reste dans une superposition d’états. Cela conduit à un paradoxe où deux observateurs ont des descriptions contradictoires du même événement. Les interprétations relationnelles, telles que la MQR et la DQR offrent une solution élégante à ce paradoxe en proposant que les propriétés des systèmes quantiques ne sont pas absolues, mais relatives à l’observateur. En d’autres termes, le résultat d’une mesure dépend de la relation entre l’observateur et le système observé. L’application de la théorie des catégories dans ce cadre relationnel nous permet de modéliser systématiquement ces interactions dépendantes de l’observateur. En représentant les observateurs et les systèmes comme des objets et leurs interactions comme des morphismes (transformations) dans une catégorie, nous pouvons clairement voir comment différentes perspectives découlent de différents contextes relationnels. Cette approche résout le paradoxe en reconnaissant que la description de chaque observateur est valable dans son propre contexte relationnel, sans exiger une réalité universelle indépendante de l’observateur.
Observateur et observé : La coémergence dans une perspective non-duelle
Du point de vue non dualiste, qui est au cœur des traditions philosophiques orientales, l’idée que l’observateur et l’observé existeraient indépendamment l’un de l’autre est une illusion. La DQR capture formellement cette vision non-duelle : l’observateur et l’observé n’existent pas avant leur interaction mutuelle. Au contraire, leur identité émerge de manière relationnelle. Avant l’interaction, les notions mêmes « d’observateur » et « d’observé » sont indéterminées. Grâce à l’interaction, les deux acquièrent leurs états simultanément, leurs distinctions émergeant de leur réflexion mutuelle.
Du point de vue de la théorie des catégories, cette idée de non-dualité peut être exprimée clairement par ce que l’on appelle le lemme de Yoneda. Le lemme de Yoneda est une idée fondamentale selon laquelle l’identité d’un objet est entièrement définie par sa relation avec tous les autres objets [9]. En d’autres termes, pour connaître parfaitement un objet, il n’est pas nécessaire d’en trouver l’essence isolée, mais de comprendre comment il interagit avec tout le reste. Appliqué à la mécanique quantique, cela signifie que les objets quantiques — qu’il s’agisse d’observateurs ou de systèmes observés — n’ont pas d’existence indépendante ou de propriétés inhérentes en dehors de leurs interactions. Leur identité et leurs propriétés émergent entièrement du réseau de relations auquel ils participent. Cette intuition mathématique s’aligne remarquablement bien avec la vision relationnelle au cœur de la DQR, soulignant que la réalité est fondamentalement construite à partir de relations plutôt que d’objets isolés.
Comprendre les inégalités de Bell à travers la DQR : l’analogie du puzzle
Les inégalités de Bell sont au cœur des débats sur la réalité quantique. Au cœur de ces inégalités se trouve une question : les mesures quantiques peuvent-elles refléter des valeurs préexistantes, attendant d’être découvertes ? Les théories traditionnelles supposent que ces valeurs cachées existent indépendamment de l’observation. Cependant, les expériences montrent de manière répétée des violations de ces inégalités, remettant en cause les intuitions classiques et suggérant que les systèmes quantiques n’ont pas de propriétés prédéterminées.
La DQR aborde cette énigme différemment en soulignant que la réalité est fondamentalement relationnelle, ce qui signifie que les propriétés quantiques n’apparaissent que lorsque les systèmes interagissent [10]. Les inégalités de Bell, du point de vue de la DQR, illustrent le fait qu’il n’existe aucun moyen universel d’attribuer des propriétés physiques aux systèmes en dehors de ces interactions. Au contraire, les propriétés physiques apparaissent conjointement avec l’acte de mesure, entièrement façonnées par leur contexte relationnel.
Pour y voir plus clair, considérons une analogie concrète : l’assemblage d’un puzzle. Chaque pièce du puzzle correspond à un contexte expérimental spécifique — un ensemble de mesures que vous effectuez ensemble. Individuellement, ces pièces (contextes) semblent parfaitement sensées, chacune présentant des informations locales cohérentes. Le problème commence lorsque vous essayez d’assembler ces pièces en une seule image unifiée, représentant une réalité globale et classique avec des propriétés physiques prédéterminées.
Dans le monde classique, on s’attendrait à ce que les pièces du puzzle s’emboîtent parfaitement, formant une image cohérente. Cela équivaudrait à attribuer des valeurs définies et cachées à toutes les propriétés quantiques avant toute mesure. Mais dans les expériences quantiques, en particulier celles qui violent les inégalités de Bell, les pièces du puzzle refusent de s’aligner correctement. Elles semblent correctes sur le plan individuel, mais mal assorties sur le plan collectif. Les bords s’opposent : ce qu’un contexte de mesure suggère comme résultat pour une observable donnée entre en conflit avec le résultat suggéré par un autre contexte qui partage la même observable. Quelle que soit la manière dont vous tournez ou réorganisez ces pièces, aucune image globale n’émerge.
La DQR fournit une explication claire : le puzzle n’échoue pas parce que la réalité est incomplète ou mystérieuse, mais parce que nous avons mal compris l’objet du puzzle. Il n’y a pas d’image absolue, indépendante de l’observateur, qui attendrait d’être découvert. Au contraire, chaque pièce — le résultat de chaque interaction ou mesure — n’a de sens que par rapport à son propre contexte. Les contradictions surviennent lorsque nous tentons à tort d’intégrer ces perspectives locales dans un point de vue absolu et universel.
Ainsi, les violations des inégalités de Bell ne sont pas paradoxales dans la DQR — elles sont attendues. Elles mettent en évidence la structure relationnelle de la réalité, où les propriétés physiques et même les observateurs émergent d’un réseau d’interactions mutuelles. Cette perspective relationnelle résout élégamment l’énigme des inégalités de Bell en recadrant nos attentes : il n’y a jamais eu de puzzle complet. Il n’y a que le déploiement relationnel de la réalité, pièce par pièce, interaction par interaction.
Le filet d’Indra : L’intrication quantique et l’émergence de l’espace-temps
Dans le bouddhisme Mahayana, le filet d’Indra est une métaphore profonde illustrant l’interconnexion et l’interdépendance de tous les phénomènes de l’univers. Ce concept est illustré de manière frappante dans le Sutra de l’Avatamsaka (Sutra de la guirlande de fleurs), un texte central de l’école Huayan du bouddhisme chinois [11]. Le sutra décrit un filet infini appartenant à la divinité Indra, qui s’étend à l’infini dans toutes les directions. À chaque nœud de ce filet est suspendu un joyau aux multiples facettes, et chaque joyau reflète tous les autres joyaux du filet, créant ainsi un réseau infini de reflets.
Cette imagerie véhicule plusieurs idées philosophiques clés. L’interconnexion : Chaque entité de l’univers est liée à toutes les autres. Tout comme chaque joyau reflète tous les autres, chaque phénomène est lié à tous les autres. Cela souligne l’idée que rien n’existe de manière isolée [12]. Interpénétration : Les reflets à l’intérieur de chaque joyau contiennent les reflets de tous les autres, illustrant le fait que chaque partie de l’univers contient le tout, et que le tout est présent dans chaque partie. Ce concept suggère que les frontières entre les entités individuelles sont illusoires et que tout s’interpénètre. Origine dépendante : La métaphore s’aligne sur le principe bouddhiste de l’origine dépendante, qui postule que tous les phénomènes naissent en dépendance d’autres phénomènes. Dans le filet d’Indra, l’existence et l’apparence de chaque joyau dépendent des reflets de tous les autres, ce qui symbolise la causalité mutuelle et l’interdépendance de toutes les choses.
Alan Watts a redonné vie à cette image ancienne en la comparant à une immense toile d’araignée scintillant d’innombrables gouttelettes de rosée :
Imaginez une toile d’araignée multidimensionnelle, recouverte de gouttelettes de rosée au petit matin. Chaque gouttelette contient le reflet de toutes les autres gouttelettes. Et, dans chaque gouttelette de rosée réfléchie, les reflets de toutes les autres gouttelettes dans ce reflet. Et ainsi de suite à l’infini. Telle est la conception bouddhiste de l’univers en une image [13].
Ainsi, aucune gouttelette n’existe de manière indépendante ; chacune naît entièrement des reflets et des relations de toutes les autres. Dans cette vision profonde, la réalité n’a pas de parties séparées et isolées — tout n’existe qu’en relation. Tout comme les gouttelettes sur la toile, les entités quantiques de la DQR n’ont pas d’identité intrinsèque ni d’existence fixe en dehors de leurs interactions. Chaque partie de la réalité émerge de toutes les autres et les reflète, reflétant un univers tissé d’interconnexions pures.
La DQR donne à cette métaphore une réalisation mathématiquement rigoureuse, en montrant comment les réseaux d’intrication quantique — des réseaux d’information mutuelle — donnent naissance à la réalité physique. L’espace-temps lui-même apparaît comme une caractéristique secondaire, et non fondamentale et absolue. Au contraire, l’espace et le temps découlent naturellement des modèles d’intrication et des corrélations quantiques. Chaque événement, chaque entité et chaque observateur existe de manière relationnelle, en tant que partie intégrante d’un réseau global d’informations quantiques.
Ainsi, le filet d’Indra cesse d’être simplement métaphorique [14-15]. L’information mutuelle quantique code mathématiquement les « reflets » des joyaux ; l’information intégrée quantifie la nature holistique de l’ensemble du réseau, garantissant que le tout (le réseau cosmique total) est irréductible à ses parties. Les théorèmes rigoureux de la DQR démontrent qu’un état quantique totalement interconnecté possède inévitablement une information intégrée positive, ce qui rend le holisme quantique explicite et vérifiable.
Au-delà de la primauté de l’espace-temps : Ouvrir de nouvelles frontières avec la DQR
La dynamique quantique relationnelle (DQR) remet en question l’un de nos dogmes scientifiques les plus profonds, à savoir que l’espace et le temps constituent la scène fondamentale sur laquelle se déroule la réalité. Au lieu d’être primaire, la DQR propose que l’espace-temps lui-même émerge d’une couche plus profonde de relations quantiques et d’événements interconnectés. Ce renversement audacieux ouvre des possibilités passionnantes, nous poussant à dépasser des cadres bien établis et nous invitant à réimaginer la physique fondamentale et ses applications. »
L’une des implications profondes est la perspective de combler enfin le fossé entre la mécanique quantique et la gravité, deux piliers de la physique actuellement en proie à de profondes tensions conceptuelles. En abandonnant l’hypothèse selon laquelle l’espace-temps est absolu, nous pourrions découvrir que la gravité elle-même découle des réseaux d’intrication quantique. Les expériences visant à sonder l’intrication gravitationnelle (situations dans lesquelles la gravité sert de médiateur aux corrélations quantiques entre des objets massifs) ne deviennent pas simplement des tests de la mécanique quantique, mais des fenêtres sur la manière dont l’espace-temps émerge de manière relationnelle. Des résultats positifs dans ces expériences signifieraient que la gravité n’est plus une force classique distincte, mais qu’elle est entièrement quantique et relationnelle, naturellement intégrée à la mécanique quantique, plutôt que d’y être en opposition.
En outre, l’ontologie relationnelle de la DQR offre des moyens prometteurs de résoudre les paradoxes persistants et les difficultés conceptuelles de la théorie quantique. Des phénomènes, tels que le paradoxe de Frauchiger-Renner, le paradoxe EPR et le problème de la mesure, traditionnellement considérés comme des contradictions déconcertantes, apparaissent naturellement cohérents lorsqu’ils sont compris dans le cadre de la dynamique relationnelle. Les réalités dépendantes de l’observateur ne signalent plus un paradoxe ; elles reflètent la structure relationnelle fondamentale de la réalité elle-même. Des tests, tels que les expériences de l’ami de Wigner imbriqué, où différents observateurs détiennent des faits apparemment incompatibles, deviennent des occasions de confirmer la nature relationnelle des faits plutôt que des menaces pour l’objectivité.
Vidéo connexe sur le paradoxe de Frauchiger-Renner
En outre, la DQR ouvre de nouvelles voies pour l’exploration des liens entre physique et conscience. En incorporant formellement la conscience et l’information intégrée dans la dynamique quantique, elle invite à des recherches empiriques sur la manière dont des systèmes de complexité variable ou des niveaux d’intégration liés à la conscience peuvent influencer les processus quantiques. Ces explorations pourraient transformer la façon dont les sciences cognitives, les neurosciences et la physique quantique interagissent, en révélant potentiellement de nouvelles transitions quantiques-classiques et en apportant un nouvel éclairage sur la conscience elle-même.
Un pont entre la physique quantique et la sagesse orientale
La dynamique quantique relationnelle (DQR) nous offre plus qu’une nouvelle perspective scientifique : elle propose une réconciliation profonde entre la sagesse spirituelle ancienne et la physique moderne. Les traditions philosophiques orientales décrivent depuis longtemps la réalité comme une tapisserie d’interconnexions, soulignant qu’aucun objet ou observateur n’existe de manière isolée. Cependant, ne disposant pas du langage mathématique que nous possédons aujourd’hui, ces traditions ont utilisé des métaphores puissantes — des images comme le filet d’Indra et des récits poétiques — pour communiquer des vérités sur l’interdépendance universelle. Ces métaphores ont trouvé un écho profond, guidant d’innombrables chercheurs vers une compréhension intuitive de la réalité.
Aujourd’hui, grâce aux mathématiques avancées et à la précision de la physique quantique, nous sommes enfin en mesure de formaliser rigoureusement ces intuitions intemporelles. La DQR prend au sérieux l’essence de ces anciennes intuitions, suggérant qu’en leur cœur, elles pourraient être remarquablement proches de la structure réelle de notre univers. La réalité n’est pas composée de choses isolées ; c’est un champ dynamique de relations. L’observateur, l’observé et l’acte même d’observer proviennent simultanément d’une unité fondamentale — un tissu non-duel de l’Être, élégamment décrit par les cadres mathématiques que nous possédons aujourd’hui.
En adoptant la DQR, nous honorons les intuitions profondes des anciennes traditions de sagesse, non pas simplement comme des allégories poétiques, mais comme des pointeurs vers une vérité plus profonde. La convergence frappante entre les mathématiques rigoureuses et les métaphores anciennes n’est pas une coïncidence ; elle suggère plutôt que le voyage de l’humanité vers la compréhension de la réalité a toujours été guidé par des aperçus de la même vérité sous-jacente, exprimée à travers les langages disponibles à l’époque. Aujourd’hui, grâce à la dynamique quantique relationnelle, nous pouvons intégrer ces aperçus dans une compréhension cohérente et logique du cosmos.
En refusant d’ignorer les puissants messages transmis de génération en génération et en appliquant la précision des mathématiques modernes, nous nous trouvons à un carrefour transformateur. Nous ne découvrons pas seulement quelque chose de nouveau, nous redécouvrons une réalité dont nous avons l’intuition profonde, mais qui n’a jamais été exprimée avec autant de clarté. La DQR nous invite à voir le cosmos comme une unité vivante, se reflétant sans cesse dans des interrelations infinies. Cette prise de conscience n’est pas seulement un progrès scientifique, mais aussi la reconnaissance profonde et intemporelle que nous sommes des expressions intégrales d’un tout interconnecté, qui se déploie sans fin, à jamais unifié dans le miroir infini de l’existence elle-même.
Références
[1] Rovelli, C. (1996). Relational quantum mechanics. International Journal of Theoretical Physics, 35(8), 1637-1678. https://doi.org/10.1007/BF02302261
[2] Adlam, E., & Rovelli, C. (2023). Information is physical Cross-perspective links in relational quantum mechanics. Philosophy of Physics, 1(1), 1-19. https://doi.org/10.31389/pop.8
[3] Rovelli, C. (2025). Relational quantum mechanics. Dans E. N. Zalta & U. Nodelman (Eds.), The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Spring 2025 ed.). Metaphysics Research Lab, Stanford University. https://plato.stanford.edu/entries/qm-relational/
[4] Zaghi, A. E. (2024). Consciousness-centered ontology of relational quantum dynamics (RQD). arXiv preprint arXiv:2412.05979. https://doi.org/10.48550/arXiv.2412.05979
[5] Zaghi, A. E. (2025). A conceptual framework for integrating awareness into relational quantum dynamics (DQR). arXiv preprint arXiv:2502.12016. https://doi.org/10.48550/arXiv.2502.12016
[6] Zaghi, A. E. (2025). Formalizing awareness into relational quantum dynamics (DQR). OSF Preprints. https://doi.org/10.31219/osf.io/h79m6
[7] Tononi, G. (2004). An information integration theory of consciousness. BMC Neuroscience, 5, article 42. https://doi.org/10.1186/1471-2202-5-42
[8] Albantakis, L., Barbosa, L., Findlay, G., Grasso, M., Haun, A. M., Marshall, W., Mayner, W. G. P., Zaeemzadeh, A., Boly, M., Juel, B. E., Sasai, S., Fujii, K., David, I., Hendren, J., Lang, J. P., & Tononi, G. (2023). Integrated information theory (IIT) 4.0: Formulating the properties of phenomenal existence in physical terms. PLOS Computational Biology, 19(10), e1011661. https://doi.org/10.1371/journal.pcbi.1011661
[9] Yoneda, N. (1954). On the homology theory of modules. Journal of the Faculty of Science, University of Tokyo, Section I, 7, 193-227.
[10] Zaghi, A. E. (2025). Relational quantum dynamics (RQD) and Bell’s inequalities. OSF Preprints. https://doi.org/10.31219/osf.io/4bxc9
[11] Cleary, T. (Trans.). (1993). The Flower Ornament Scripture: A Translation of the Avatamsaka Sutra. Publications Shambhala. ISBN 978-0877739401.
[12] O’Brien, B. (2018, 24 janvier). The Flower Ornament Scripture: A Translation of the Avatamsaka Sutra. Learn Religions. https://www.learnreligions.com/indras-jewel-net-449827
[13] Contributeurs de Wikiquote. (n.d.). Indra’s net. Wikiquote. Consulté le 21 mars 2025, à l’adresse suivante : https://en.wikiquote.org/wiki/Indra%27s_net
[14] Tem Noon. The essence of relationality: Yoneda lemma and the jeweled net of indra, 2021. URL : https://temnoon.com/the-essence-of-relationality-yoneda-lemma-and-the-jeweled-net-of-indra / Accès : 2025-03-15.
[15] Miri Albahari. Perennial idealism: A mystical solution to the mind-body problem. Philosophers’ Imprint, 19(44), 2019. URL: https://philarchive.org/archive/ALBPIA-4