Traduction libre
Expression appropriée de l’énergie créatrice. Le travail en tant qu’expression naturelle. La dépendance à l’égard du travail pour la survie. La foi relative et les miracles. La dualité et le conflit de la foi relative. La foi véritable ou suprême. L’action de l’énergie suprême.
Nous avons discuté de l’énergie créatrice ou de l’inspiration et de son expression, de l’importance d’une expression appropriée pour que cette énergie fonctionne harmonieusement et de la manière dont une expression erronée ou inappropriée bloque le flux de cette énergie. Je vais vous donner un exemple. Supposons que vous ressentiez un amour et une affection immenses pour toute l’humanité — en marchant dans la rue, vous êtes soudain saisi par ce sentiment et vous commencez à embrasser tous les gens que vous voyez. Cela risque de créer une réaction chez chacun d’eux — ils peuvent ne pas apprécier ou partager votre sentiment. Vous interférez avec leur sens de la décence et, tôt ou tard, vous entrerez en conflit. Quelle que soit l’intensité de votre sentiment, il est important de comprendre quand il doit être exprimé, quand il ne doit pas l’être et comment le doit-il. C’est l’action de l’intelligence. Il est urgent de trouver la bonne expression de cette énergie : chacun de nous doit l’exprimer. Mais si vous commencez à utiliser cette expression sans intelligence, ou comme un moyen d’obtenir de l’argent, un nom ou une renommée, vous bloquez l’énergie.
Un conditionnement très profond de l’esprit humain veut que nous travaillions pour vivre, pour nous nourrir, pour nous vêtir, pour gagner de l’argent. Ce concept est en conflit avec une vérité fondamentale de la vie. Comprenez bien que je ne prêche pas l’inertie ou un mode de vie parasitaire. Certains pourraient interpréter mes paroles comme signifiant qu’il ne faut pas travailler pour gagner sa vie, qu’il ne faut vivre que des revenus des autres. L’idée que vous n’allez pas travailler et que d’autres doivent vous nourrir est également source de conflit et bloque cette énergie. En même temps, nous savons que si nous exprimons cette énergie créative à des fins commerciales, l’énergie est détruite. Nous devons donc trouver un moyen d’exprimer cette énergie sans conflit, afin de résoudre le problème de nos besoins vitaux. En Occident surtout, le travail est presque vénéré. Ceux qui ne travaillent pas pour gagner leur vie ou de l’argent sont considérés comme un fardeau pour la société, comme des gaspilleurs. Il est très étrange que ce concept soit si répandu en Occident, qui est en grande partie chrétien, car le Christ a prêché le contraire : les gens ne devraient pas s’inquiéter de leur nourriture ou de leurs vêtements, car dans la nature, les animaux, les oiseaux et les plantes ne s’inquiètent pas. Il a dit que tout serait fourni par la nature ou par Dieu. Nous semblons simplement avoir oublié l’esprit de cet enseignement. La question se pose toujours : si nous ne travaillons pas pour gagner notre vie, d’où viendra la nourriture ? Toute la société civilisée est basée sur le principe « pas de travail, pas d’argent ».
Aujourd’hui, de nombreux gourous se sont laissés prendre à ce principe et font payer leurs conférences et leurs camps de méditation. Lorsque nous commençons à calculer jusqu’au dernier centime de cette manière, je me demande si nous dépendons du Seigneur ou de Mammon. Pour moi, les voies du Seigneur n’ont pas changé, malgré tant de changements dans la structure sociale. Si des miracles se sont produits à l’époque du Christ, ils peuvent se produire aujourd’hui. Si les miracles ne se produisent pas, c’est que nous avons perdu la simplicité de cœur.
Il est important de comprendre que si nous ne changeons pas ce conditionnement de base dans notre conscience et notre inconscient, nous devrons travailler pour de l’argent. C’est la voie de l’intellect, du commerce et des affaires. Mais cela peut changer si vous comprenez que votre action est une expression de cette énergie créatrice. Une action appropriée doit avoir lieu pour exprimer cette énergie créatrice. Mais cette expression de l’énergie n’a pas besoin d’être liée aux finances et à l’argent, ni à aucun motif extérieur. Je devrais travailler parce que c’est ma nature de travailler, parce que c’est en harmonie avec ma nature de travailler, et dans ce cas, je peux recevoir de l’argent pour ce travail. Mais en ce qui concerne ma subsistance et ma vie, je dois dépendre du Seigneur.
Cette énergie créatrice peut tout faire, y compris l’impossible, et elle peut aussi me nourrir, je ne dois donc pas avoir peur. Je l’ai constaté dans ma propre vie. J’ai voyagé dans le monde entier et, de temps en temps, plusieurs personnes ont également voyagé avec moi. Je n’ai jamais demandé de frais d’initiation, d’interview ou de frais fixes pour ces camps de méditation, et je n’ai jamais demandé d’argent à qui que ce soit. Mais l’argent est toujours venu sans qu’on le demande, et je n’ai jamais été dans le besoin, pas plus que les personnes qui m’accompagnent n’ont jamais été dans le besoin. Chacun d’entre vous qui a cette foi honnête et sincère dans le Seigneur, dans cette énergie, peut tester la véracité de ceci. Et s’il échoue encore, je pense, comme l’a dit le Christ, que vous êtes un homme de peu de foi. Il n’y a pas de moyen ou de méthode pour créer cette foi ; c’est une question de compréhension. Si vous ne croyez pas au Seigneur ou à cette énergie créatrice, il est préférable de vous appeler athées plutôt que religieux, parce qu’en général, les croyants ont des conflits bien plus graves que les non-croyants. Les athées ne croient pas en Dieu ; ils croient en leur propre effort et en leur propre lutte. Les croyants parlent de Dieu, mais dépendent de leur propre lutte et de leurs propres efforts ; c’est la pire forme de conflit. Mais une fois que vous pouvez déconnecter le travail de l’argent, dans votre conscience comme dans votre inconscient, vous entrez dans une dimension qui est celle de la grâce. Lorsque vous vivez dans cette dimension, vous ne manquez jamais de moyens financiers, de santé ou de nécessités matérielles. Vous vivez une vie riche et pleine, exempte de conflits, de soucis et d’anxiété.
Une autre chose à comprendre est qu’une personne qui ne gagne pas elle-même sa vie et à qui d’autres personnes donnent de l’argent ne vit pas nécessairement une vie parasitaire. Si vous n’avez pas de division en vous, pas d’identification entre le mien et le tien, si vous êtes en totale harmonie à l’intérieur et avec l’univers à l’extérieur, vos besoins seront comblés. Il suffit d’avoir cette foi simple.
Vous vous souvenez peut-être que lorsque le Christ marchait sur l’eau, Pierre lui dit : « Maître, moi aussi je veux marcher sur l’eau ». Et le Maître a dit : « D’accord, viens et marche avec moi. » Le Christ n’a pas donné à Pierre un mantra à répéter, il ne lui a pas enseigné une technique ou une méthode. Il lui dit simplement : « Si tu as la foi, viens, et tu pourras marcher. » Il a guéri les malades et ressuscité les morts, et à chaque fois il a dit : « C’est ta foi qui te guérit. » La foi est l’énergie qui naît de la simplicité et de l’innocence. Une fois qu’on l’a, l’impossible devient possible.
Des questions ?
Q : Lorsqu’il y a un conditionnement intellectuel lourd au niveau inconscient qui bloque la possibilité de la foi, comment une personne peut-elle développer cette foi ?
Dr : Ce conditionnement lourd dans l’inconscient a été développé pendant des siècles. Pour dépasser ce conditionnement, il faut commencer par de petites choses simples. Vous n’avez pas besoin de quitter votre travail ou de changer complètement et radicalement votre style de vie. Commencez par de petites choses dans la vie, et quoi que vous disiez, pensiez ou croyiez, agissez en conséquence. Commencez par éliminer le blocage entre votre pensée et vos actions, et une fois que vous aurez mis votre existence psychologique au diapason de votre existence physique, cette énergie commencera à circuler, et la foi commencera à fleurir.
Comprenez que la foi n’est pas une illumination totale. Ce en quoi vous croyez n’est peut-être pas totalement vrai, mais si vous y croyez et agissez en conséquence, cela devient vrai pour vous. Des miracles se produisent dans la vie des chrétiens, dans la vie des bouddhistes, dans la vie des hindous et des musulmans, dans tous les pays des miracles se produisent pour des personnes qui professent des croyances religieuses différentes. Ces miracles ne sont pas liés à une forme particulière de croyance ou de système religieux extérieur ; ils concernent quelque chose de beaucoup plus profond et intérieur, qui ne repose pas sur la logique ou la rationalité, mais dépend uniquement d’une certaine qualité, la simplicité du cœur. Ces miracles ne se produisent pas seulement dans la vie des mystiques et des croyants, mais aussi dans celle des agnostiques et des athées. Il y a deux ans, j’ai lu qu’un soldat chinois avait guéri de son cancer en lisant le livre de Mao Tse-Tung, qui ne croit même pas en Dieu.
Que Dieu existe ou non, il n’y a pas de preuve et il ne pourra jamais être prouvé. Mais si vous croyez que Dieu existe, et que vous y croyez totalement, alors cela devient une réalité pour vous. Il est également très important de comprendre que, bien que nous disions que Dieu est le Père de tous, il ne semble pas s’occuper de tout le monde ; de nombreuses personnes meurent de faim et de famine, de nombreuses personnes meurent dans des accidents d’avion et autres, de nombreuses personnes meurent dans des catastrophes, dans des inondations et des fléaux. Mais les fidèles survivent toujours ; Dieu protège ceux qui ont la foi.
Si vous voulez que les biens et les bénéfices du monde et les miracles se produisent dans la vie, une certaine dualité est nécessaire — une croyance en l’existence d’une puissance extérieure à vous. Vous devez établir une relation avec cette énergie dont le pouvoir est suprême. À moins de faire preuve d’une totale simplicité de cœur, vous ne pouvez pas croire en Dieu, et vous pouvez donc avoir besoin d’un maître ou d’un gourou. Un tel maître devient important parce qu’il peut démontrer dans sa vie l’action ou le résultat de cette foi relative. Sans cette démonstration, il est impossible de suivre un tel chemin. Sans la croyance en l’omnipotence du maître ou de Dieu, l’impossible ne peut devenir possible. Votre maître peut être absolument incompétent, mais si vous croyez sincèrement qu’il est omnipotent, il le sera pour vous. Pourtant, il y a toujours une certaine quantité d’ego subtil qui opère, parce que vous avez l’impression que cette énergie n’opère que pour vous, et pas pour les non-croyants ; que seules vos prières sont exaucées, mais pas celles d’autrui ! En l’absence d’une clarté totale, des conflits peuvent facilement surgir entre les croyants de différentes confessions.
La vérité ne peut être divisée, l’amour ne peut être divisé, la liberté ne peut être divisée. L’amour n’est possible que lorsque nous commençons à vivre au-delà du monde des croyances, des notions et des idées. Sinon, votre croyance et ma croyance nous diviseront. L’esprit de toutes les religions est le même, il n’y a pas de différence fondamentale. Mais des personnes ayant des intérêts particuliers et un esprit intellectuel ont déformé les religions. Et ils commencent à se battre au nom de Dieu. Nous sommes dans une contradiction stupide : nous disons que Dieu est le Père de tous, mais nous nous battons avec nos frères au nom de ce Père. L’esprit humain est capable d’illusions sans fin. En Inde, l’année dernière, dans la maison de notre propriétaire, un cochon, un chat, une volaille et un chien vivaient en paix. Ces animaux ont une intelligence que les êtres humains n’ont pas. Ils reconnaissent qu’ils ont un seul maître, un seul Seigneur, et ils ne se battent pas. L’esprit humain est si intelligent dans ses arguments, ses déductions logiques et ses discours spirituels qu’il parle sans cesse de Dieu, dit que « notre Père est un », et pourtant les gens s’entre-tuent au nom du Père. Il est donc important de voir le défi, de comprendre l’illusion de notre mode de pensée.
En empruntant la voie de la foi relative, le conflit entre l’homme et l’homme demeure. La foi relative peut résoudre de nombreux problèmes communautaires ou sectaires, mais elle ne résoudra pas le problème humain dans son ensemble. Si vous regardez l’histoire de toutes ces religions organisées, vous verrez que chaque religion est entrée en conflit avec une autre religion ; et non seulement cela, mais les gens d’une même religion sont entrés en conflit entre eux. Les croisades ont opposé musulmans et chrétiens, mais même au XXe siècle, en Irlande, les protestants se battent contre les catholiques. Pourtant, tous deux doivent allégeance au Christ, le Messie de l’amour et de la bonté.
Quelle est donc cette foi qui est libre de ce conflit, qui est vraie pour tous ? La vraie foi ou la foi la plus élevée ne dépend pas de la croyance. Elle dépend de preuves directes. Cette foi suprême est le besoin de l’humanité aujourd’hui. Sans cette foi totale et complète, les guerres et les conflits ne peuvent prendre fin, la douleur humaine ne peut cesser. Quelle est cette foi véritable ? Tout d’abord, je dois comprendre que l’intérieur et l’extérieur ne font qu’un ; il n’y a pas de division. Je dois commencer par moi-même, par la conscience de soi. Je dois être conscient de toutes mes pulsions et passions animales et instinctives. Toute identification à des personnes, à des objets, à des notions ou à des idéaux bloque le mouvement de l’énergie suprême. Même si je m’identifie à Dieu ou à la Réalité suprême, je bloque également ce mouvement. Une fois que j’ai vu mes motivations conscientes et inconscientes, et que j’ai découvert que la source du mal est mon ego en moi, j’accède à une dimension qui est libre de tout conflit, dans laquelle l’intérieur et l’extérieur, l’individuel et l’universel ne font qu’un. Lorsque vous accédez à cette énergie qui est au-delà du mental, au-delà du conscient et de l’inconscient, vous constatez que cette énergie est totale et illimitée. Cette énergie est sans conflit. Elle ne peut être utilisée à des fins égoïstes ; dès que vous essayez de l’utiliser à des fins égoïstes, elle est bloquée. Cependant, une fois que vous pouvez communiquer avec cette énergie et vous abandonner à elle, elle s’occupera de tous vos besoins et de tous vos problèmes.
La vraie foi n’est possible qu’avec une conscience totale de soi. À moins que votre esprit ne soit complètement transformé et que vous n’ayez dépassé toutes les tendances égoïstes animales, vous ne pouvez pas vivre en communion avec l’Énergie suprême. Cette énergie suprême n’est pas la propriété d’aucune secte, d’aucune nationalité, d’aucun groupe de personnes. Elle n’est ni partielle ni partiale. Elle est comme le soleil, qui brille également sur les maisons des riches et des pauvres, sur les maisons des vertueux et des non vertueux. La plupart des religions sectaires prêchent ou croient que Dieu détruira les pécheurs. Il est important de comprendre que Dieu ne détruit personne. Si les pécheurs sont blessés, c’est leur propre péché, leur propre conflit qui les détruit, et non Dieu. Une fois que vous vivez sans conflit, cette énergie vous protège en permanence. Cette énergie n’entre pas en conflit avec la raison ou la rationalité, elle n’entre pas en conflit avec les émotions, elle ne provoque pas de conflit entre l’homme et l’homme.
Q : La foi réelle est donc un phénomène spontané résultant d’une perception directe ?
Dr : La vraie foi ou la foi suprême est toujours un événement ou une découverte spontanée. Elle se situe au-delà des limites de la croyance et du conditionnement. Avec la croyance et le conditionnement, des miracles peuvent se produire. Cependant, l’énergie qui répond aux prières et aux supplications n’est pas l’énergie suprême, mais l’énergie de l’inconscient. Et toutes ces prières, même si elles sont exaucées, perpétuent le conflit. Vous pouvez prier pour avoir une bonne voiture, et une bonne voiture peut arriver. Mais lorsque le prix de l’essence ou les taxes augmentent, vous entrez à nouveau en conflit. Un problème en crée un autre et le problème de base n’est jamais résolu. Pourtant, si l’Énergie suprême prend en charge vos problèmes, elle les résout d’une manière si harmonieuse que tout le monde est satisfait. Le problème est finalement et totalement résolu ; il ne crée pas d’autres problèmes. Et chaque fois que vous arrivez à un point d’abandon et d’impuissance, cette énergie prend le relais. Si vous êtes confronté à un problème que vous ne pouvez pas résoudre, mettez-vous dans un état de silence total et confiez votre problème à cette énergie. Si vous restez dans ce silence pendant un certain temps, vous arriverez à un point où vous sentirez que cette énergie a commencé à agir, qu’elle a pris en charge votre problème. Lorsque vous aurez ce sentiment, laissez aller le problème, laissez-le à cette énergie et oubliez-le complètement. Oubliez votre problème. Vous serez surpris de voir que, lentement mais sûrement, votre problème disparaît, complètement et totalement. Cela peut prendre un certain temps, mais cela se produira. Soyez patient.
Rome
26 juin 1974