Paul Martin-Dubost
Les prières au seigneur de tirupati

Les poètes du sud de l’Inde ont suggéré, dans leurs écrits dévotionnels, deux voies de salut, et cela par le jeu de très belles métaphores. La première est représentée par le jeune singe qui s’agrippe à sa mère pour échapper en toute hâte au danger : c’est une attitude fondée sur l’effort. La seconde est figurée par le petit chat qui se laisse emporter dans la gueule de sa mère, sans avoir à accomplir quoi que ce soit. Le fidèle a donc le choix de faire effort vers Dieu ou de se laisser pénétrer, entraîner par Lui.

(Revue Question De. No 26. Septembre-Octobre 1978)

Paul Martin-Dubost, qui nous présente ici une traduction inédite des prières à Vishnu, les « Matines du Seigneur Venkatesha de Tirupati », a vécu de longues années dans le sud de l’Inde. Il a publié dans la collection des « Maîtres spirituels », aux Editions du Seuil, un essai sur « Çankara et le Védânta ». Il a collaboré au monumental ouvrage de C. Siravamamurti : « l’Art en Inde » (Edit. Mazenod).

Les poètes du sud de l’Inde ont suggéré, dans leurs écrits dévotionnels, deux voies de salut, et cela par le jeu de très belles métaphores. La première est représentée par le jeune singe qui s’agrippe à sa mère pour échapper en toute hâte au danger : c’est une attitude fondée sur l’effort. La seconde est figurée par le petit chat qui se laisse emporter dans la gueule de sa mère, sans avoir à accomplir quoi que ce soit. Le fidèle a donc le choix de faire effort vers Dieu ou de se laisser pénétrer, entraîner par Lui. Ces deux attitudes opposées se reconnaissent d’ailleurs dans les diverses façons dont le divin se révèle, telle la saveur de certains fruits ou plantes. Il faut, par exemple, mâcher un bon temps la chair de la noix de coco avant d’obtenir le goût sucré ; de même le suc de la canne s’intensifie dans la bouche à mesure qu’on la mastique ; quant au raisin, en revanche, il fond de lui-même entre la langue et le palais et répand immédiatement son délice.

Le sage Nârada demanda un jour à Vishnu quelle était sa résidence favorite. Le dieu lui répondit :

« Je ne réside pas dans mon paradis du Vaïkuntha, ni dans le cœur des yogin, ni dans le soleil. Là où mes dévots chantent mon nom, c’est là, dans leur assemblée, que je suis toujours présent, ô Nârada. »

Ainsi, on n’a pas à rechercher Vishnu, on l’accueille tout simplement.

Cette bhakti, cette dévotion, il y a peu d’endroits au sud de l’Inde où elle soit aussi manifeste que dans le sanctuaire de Shrîvenkatesha. Le temple est situé au sommet d’une des sept collines qui représentent les sept têtes du serpent mythique Shesha, sur le mont Tirumalai, près de Tirupati, à 135 km au nord de Madras, en Andhra Pradesh. A partir de Tirumalai, les pèlerins font à pied ou en autocar les dix kilomètres qui les conduisent au sommet de la montagne. Le temple a été construit grâce à des générations de princes et de rois très pieux qui ont fait des donations. C’est, avec ceux de Shrirangam au Tamilnadu et de Guruvâyûr au Kerala, l’un des principaux sanctuaires vishnouites de l’Inde méridionale, et des millions de pèlerins lui rendent visite. Avant de pénétrer à l’intérieur, certains fidèles, hommes et femmes, font don de leur chevelure, prennent un bain dans le bassin Svâmi Pushkarini et pénètrent, à la suite de milliers d’autres fidèles, dans le Saint des saints pour s’incliner devant le Seigneur Venkatesha, le Seigneur du mont du Taureau. L’image de Vishnu comporte quatre bras qui soutiennent le disque, la conque, la massue et font aussi le geste de conférer les grâces (varada) ; dressée sur un piédestal en forme de lotus, elle mesure environ trois mètres de haut et est revêtue de divers ornements et joyaux de très grand prix, dont une émeraude appelée Meru paccha qui serait, paraît-il, la plus grosse émeraude existant au monde. Chaque vendredi, on enlève la couronne du dieu et ses ornements pour la grande ablution rituelle, l’abhisheka. Apparaît alors la statue, ciselée dans une roche volcanique de teinte rougeâtre couverte aujourd’hui d’un enduit sombre que les innombrables ablutions d’huile et de pâte de civette ont déposé au cours des siècles.

La récitation de la geste du dieu Vishnu, le Shrî Venkateshvara suprabhâtam, dont nous offrons ici la première traduction française, est présentée chaque jour dans le temple par les brâhmanes, entre trois heures trente et quatre heures, assistés de plusieurs pèlerins, dans la grande salle aux seize piliers. Ces matines en l’honneur du Seigneur de Tirupati auraient été composées par un certain Prativadi Bhayakara Annan, un contemporain du grand saint vaishnava Vedânta Deshika, qui vécut cent ans entre 1268 et 1368. Les autorités du temple de Tirupati pensent que la récitation régulière du Suprabhâtam commença vers 1430. Il s’agit donc d’une composition psalmodiée, chaque matin, depuis plus de cinq cents ans.

Ces matines se présentent sous la forme de versets sanskrits. Le texte est divisé en quatre parties de 29 versets pour les Matines proprement dites, le « Suprabhâtam » ; nous avons ensuite le « Shrî Venkatesha stotram » ou Hymne à Shrî Venkatesha, de 11 versets ; puis le « Shrîvenkatesha prapatti » ou Recours au Seigneur Venkatesha, de 16 versets ; enfin le « Shrîvenkateshamangalâshashanam » ou Souhait de bon augure au Seigneur Venkatesha, de 14 versets.

Le texte, on va le voir, nous raconte les exploits de Vishnu. Il nous décrit sa forme parfaite avec vêtements, armes, parures et guirlandes. C’est la geste du dieu à travers toutes ses incarnations qui est célébrée. Plusieurs versets rendent hommage aussi à la déesse Lakshmî qui demeure sur la poitrine du dieu et accroit ainsi sa puissance. Nous sommes dans un texte de piété vishnouite et tous les grands dieux du panthéon hindou, ainsi que les divinités planétaires, s’inclinent devant le Seigneur de Tirupati. Le texte n’est pas dépourvu d’une très délicate sensualité, lorsque le poète nous dit, par exemple, que « le corps sombre du dieu emprunte un léger fard rouge aux pointes des seins de Lakshmî ». Mais Vishnu est d’abord l’ami, le refuge, celui qui pardonne les fautes commises par ignorance, celui qui satisfait les désirs de ses dévots. A part lui, il n’y a pas de maître, et le fidèle se réfugie à ses pieds doux comme le nectar pour obtenir la grâce. A la toute fin, le poète nous dit que Vishnu s’est rendu aux prières de ses fidèles, il s’est lassé de son paradis du Vaïkuntha et a choisi de vivre éternellement, avec Lakshmî, sur terre, près du bassin aux lotus, à Tirupati.

Paul-Martin Dubost

MATINES EN L’HONNEUR DU SEIGNEUR VENKATESHA

SHRIVENKATESHVARA SUPRABHATAM

Noble descendant de Kausalyâ, ô Râma, la première samdhyâ commence.

Lève-Toi, Homme-lion, le rite matutinal attend d’être accompli.

Lève-Toi, Lève-Toi, Govinda, Toi qui as pour emblème Garuda.

Lève-Toi, époux de Lakshmî, rends les trois mondes favorables.

Et Toi, Mère de tous les mondes, qui Te complais sur la poitrine du Vainqueur

Des démons Madhu et Kaitabba ! Toi beauté éblouissante,

Auguste maîtresse qui exauces les vœux de tous tes fidèles,

Epouse de Shrî Venkatesha, heureuse aurore à Toi !

Heureuse aurore à Toi, qui as des yeux de lotus

Et la douceur de la lune sur ton visage !

Bienvenue à Toi, déesse, honorée des épouses de Brahnniâ, de Shiva, d’Indra !

Toi que chérit le Seigneur du mont du Taureau, mer de compassion.

Les sept sages, Atri entre autres, ont respecté le rite samdhyâ

Et s’approchent pour honorer le couple de tes pieds

De beaux lotus cueillis dans la Gangâ céleste.

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont du Taureau !

Shiva, Brahmâ, Kumâra, Indra, tous les dieux

Louent Tes exploits, les trois pas, etc.

Shesha les raconte dès la première lueur du jour.

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont du Taureau !

Le vent souffle doucement ses divins parfums

Parmi les beaux alignements d’aréquiers, de cocotiers

Et sur les lotus légèrement épanouis.

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont du Taureau !

Les perroquets ouvrent les yeux dans leurs jolies cages,

Mangent le pâyasam et les bananes restées dans le bol

Et récitent gracieusement leur leçon.

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont du Taureau !

Nârada, sur sa vînâ aux sons mélodieux et aux cordes parfaites,

Chante Ta geste avec de gracieux mouvements des mains,

Complètement et à plusieurs reprises.

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont du Taureau !

Un envol d’abeilles, chargées des sucs du pollen des fleurs

Et heureuses de t’offrir l’hommage de leur chant bourdonnant,

Sort du cœur des lotus du bassin voisin.

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont du Taureau !

Quand l’excellent yaourt est travaillé par la troupe des femmes,

Dans les étables pleines du fracas du barattage,

Pots et points cardinaux se querellent avec colère.

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont du Taureau !

Les vols d’abeilles, au-dessus des lotus amis du soleil,

Créent un bourdonnement intense semblable à celui d’un tambour de guerre,

Pour étouffer l’éclat des nénuphars nocturnes sous la beauté de leur corps.

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont du Taureau !

Ami unique du monde, Toi qui satisfais tous les désirs,

Demeure de Shrî, Océan suprême de compassion pour l’univers,

Dont la forme est divine et dont la poitrine est le siège de la déesse Shri,

Heureuse aurore à Toi, Seigneur du mont Venkata !

Le corps purifié par un bain dans le bassin Svâmi Pushkarini,

Cherchant le bien suprême, Shiva, Brahmâ et le sage Sanandana

Demeurent à Ta porte et reçoivent sur la tête des coups de rotin.

Heureuse aurore à Toi, Maître du mont Venkata !

On donne toujours à Ta demeure les noms de Mont du serpent Shesha,

Mont de Garuda, mont de Venkata,

Mont de Nârâyana, mont du Taureau, et ainsi de suite…

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Les Seigneurs Shiva, Indra, Agni, Yamâ,

Nirriti, Varuna, Vâyu, Kubera, voués à Ton service,

Elèvent sur leurs têtes leurs mains jointes.

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Les rois des oiseaux et des animaux terrestres,

Serpents, éléphants, chevaux,

Cherchent la perfection, chacun dans sa fonction.

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Le Soleil, la Lune, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne, Râhu et Ketu,

Principaux membres de l’assemblée des dieux,

Sont les esclaves des esclaves du dernier degré des esclaves de tes esclaves.

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Les dévots dont luit la tête couverte de la poussière de Tes pieds,

Dont le cœur ne désire ni le paradis ni la délivrance,

Ont l’esprit affligé à l’idée de la fin du monde.

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

En voyant le faîte de ton temple, ceux qui ont atteint

Le but suprême du paradis ou de la délivrance

Attendent une renaissance humaine.

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Maître de la terre, Océan délicieux des qualités de compassion,

Dieu des dieux, dont l’image est le point de refuge unique de l’univers,

Dont le pied est honoré par Ananta, Garuda et autres déités,

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

O Shrî Padmanâbha, Etre suprême, Fils de Vâsudeva, Vaïkuntha, Epoux de [Lakshmî,

Sauveur des hommes, disque à la main, le shrîvatsa marqué sur la poitrine,

Pârijâta pour ceux qui sont venus chercher refuge en Lui,

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Toi dont la belle forme divine détruit l’orgueil du dieu Amour,

Qui laisses Tes yeux errer sur les boutons de lotus des seins de ta bien-aimée,

Toi dont la gloire divine est une mine de qualités bonnes et pures,

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Poisson, Tortue, Sanglier, Homme-lion,

Brahmacârin, Ascète à la hache, Râmacandra,

Balarâma, Fils de Yadu, Kalki,

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Les meilleurs des brâhmanes vaidika apportent de l’eau sainte

Parfumée à la cardamone, au girofle et au camphre, puisée dans des vases d’or

A la rivière du ciel, et se tiennent maintenant, ici, joyeux.

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Le soleil se lève, les lotus sont épanouis,

Les oiseaux remplissent tout l’espace de leurs cris.

Les brâhmanes Shrî Vaishnava, prêts à accomplir les rites de bon augure, s’avancent vers Ton image.

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Les dieux supérieurs, Brahmâ et les autres, les grands sages

A la suite de Sanandana, les meilleurs ascètes saluent Ton image

Avec des objets de bon augure dans les mains.

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Demeure de Lakshmî, Océan suprême des qualités pures,

Vaisseau unique pour traverser l’océan des renaissances,

Toi dont la grandeur se révèle dans les Upanishad, objet du culte des dévots,

Maître du mont Venkata, heureuse aurore à Toi !

Les hommes qui, chaque jour, ont soin de psalmodier la Salutation matutinale

Envers le Maître du mont du Taureau,

Acquièrent la connaissance suprême

Par laquelle il est facile d’atteindre la délivrance.

SOUHAIT DE BON AUGURE AU SEIGNEUR VENKATESHA

SHRIVENKATESHAMANGALASHASHANAM

Bon augure pour Shrînivasa, l’époux de Shrî, trésor de bon augure,

Trésor pour les solliciteurs, Celui qui demeure sur le mont Venkata.

Bon augure pour Venkatesha, dont l’œil sourit sous son beau sourcil

Quand il regarde avec grâce Lakshmî, l’œil de tous les mondes.

Bon augure à Venkatesha, demeure des heureux présages,

Dont le pied sert d’ornement porte-bonheur au sommet du mont Venkata.

Bon augure à Venkatesha, qui ravit sans cesse tous les esprits

Par la riche beauté de ses membres.

Bon augure à Venkatesha, l’éternel, l’immaculé,

Fait de conscience réelle et infinie, soi interne de tout.

Bon augure à Venkatesha, omniscient par lui-même,

Omnipotent, corps de toutes choses, accessible et vertueux.

Bon augure à Venkatesha, brahman suprême,

Dont les désirs sont accomplis, âtman suprême, réalité suprême.

Bon augure à Venkatesha, ce nectar dont ne se rassasient pas

Ceux qui voient le soi sans cesse.

Bon augure à Venkatesha, qui par compassion montre de sa main

Aux hommes ses propres pieds comme lieu de refuge.

Bon augure à Venkatesha, qui arrose le monde de ses regards frais

Comme les flots de nectar d’une rivière de compassion.

Bon augure à Venkatesha, dont la forme fait la beauté de ses guirlandes,

De ses parures, de ses vêtements et de ses armes et qui apaise les souffrances de tous.

Bon augure à Venkatesha qui, dégoûté du Vaïkuntha,

Se plaît avec Lakshmî sur le bord du bassin Svâmi Pushkarini.

Bon augure à Venkatesha, qui demeure à la fois

Dans l’esprit de Manavalamâmuni et dans le monde entier.

Bon augure à Venkatesha, qu’honorent tous les anciens sages

Conduits par mon guru, empressés à te souhaiter le bon augure.

HYMNE A SHRI VENKATESHA

SHRI VENKATESHA STOTRAM

Sois victorieux, Maître du mont Venkata,

Maître du monde, dont les yeux sont larges comme des lotus,

Dont le corps sombre emprunte un léger fard rouge

Aux pointes des seins de Lakshmî.

Protège-moi, Maître du mont du Taureau,

Trésor essentiel, ami de ceux qui cherchent refuge en Toi,

Joyau du diadème de tous les dieux,

Ceux qui ont quatre, cinq et six têtes.

Protège, ô Hari, de Ta compassion supérieure,

O Maître du mont du Taureau,

L’homme qui ploie sous les centaines de fautes commises à tout instant,

Que Tu ne peux absolument pas supporter.

Je ne connais rien de supérieur à l’époux de Lakshmî,

Dont les Véda disent qu’Il est la divinité suprême,

Le maître du mont Venkata, à l’esprit généreux,

Qui se plaît à satisfaire au plus haut degré les désirs des hommes.

Je ne connais rien de supérieur au fils de Vâsudeva, le dieu du bonheur,

Aimé de toutes les bergères, semblable à dix millions d’amours.

Entouré de cent dizaines de millions de bergères

Qu’entraîne le doux son de sa flûte.

O Râma, maître de Raghu, maître de Lakshmî,

Seigneur, accorde Ta faveur, ô dieu, Océan de compassion,

Masse de belles qualités, fils de Dasharatha,

Unique archer de l’univers, à l’esprit ferme.

Je viens saluer Raghurâma, soleil resplendissant

Sur le ténèbre royaume des râkshasa.

Il plaît à la Fille de la Terre,

Et le lotus de son visage est beau comme la lune.

Hors de Râma au beau visage,

Ami accueillant, dispensateur du bonheur,

Au beau corps, à la flèche infaillible,

Je n’honore absolument personne d’autre.

Hors de Venkatesha, il n’est pas de maître.

Je pense, je pense sans cesse à Venkatesha.

Hari Venkatesha, accorde-moi Ta grâce.

Donne, ô Venkatesha, donne-moi ce que je désire.

De loin venu pour saluer le couple de Tes pieds de lotus,

J’obéis au rituel en Te rendant hommage aujourd’hui.

Accorde, accorde-moi les mérites de ma prière quotidienne.

Seigneur Venkatesha.

Hari, pardonne-moi, pardonne toutes mes fautes commises par ignorance.

Joyau de la crête du mont Shesha.

Ici se termine le Shrî Venkatesha stotram.

RECOURS AU SEIGNEUR VENKATESHA

SHRIVENKATESHAPRAPATTI

Je salue la souveraine Mère du Monde, celle qui est aimée de Vishnu, Seigneur du Venkata,

Se plaît à demeurer toujours sur sa poitrine et accroît sa clémence,

Celle qui a les mains ornées de lotus et se tient sur un lotus,

Celle dont brille la délicate tendresse qu’elle porte à ses dévots.

Tout-Puissant Seigneur de Venkata, Océan de compassion,

Créateur de l’univers, omniscient, puissant, affectueux pour ses fidèles,

Corps de toutes choses, maître plein de vertus et si accessible,

Pârijâta pour ceux qui T’approchent, je cherche refuge à Tes pieds.

Je cherche refuge à Tes pieds, qui parfument le souffle des fleurs offertes

Et entassées jusqu’aux anneaux de Tes chevilles ; Tes pieds admirables,

Bien placés l’un à côté de l’autre, Tes pieds toujours nouveaux

Même aux yeux de qui les observe continuellement.

Je cherche refuge à Tes pieds, qui montrent,

Lors de Tes trois enjambées héroïques.

Leur similarité avec un lotus parfumé,

De par la rougeur intense qu’ils doivent à leur hâte soudaine.

Je cherche refuge à Tes pieds, dont la plante est ornée

Des beaux signes de la réalité suprême : le disque, la conque,

Le lotus, le croc à éléphant, la foudre, le parasol, le pot de nectar

Et l’étendard, représentés sous forme de lignes de vie.

Je cherche refuge à Tes pieds dont le carmin intérieur surpasse le rubis,

Dont à l’extérieur les rayons l’emportent sur l’émeraude,

Dont les lueurs de leurs ongles élevés

Effacent l’éclat de la lune.

Je cherche refuge à Tes pieds admirables, à la délicatesse inimaginable,

Qui se ternissent en un instant, même quand Lakshmî

Par amour ou par peur les masse avec ses mains

Semblables à de jeunes pousses.

Je cherche refuge à Tes pieds vermeils,

Qui reçoivent leur incarnat des jeunes pousses

Aux mains des reines divines,

Lakshmî, la Terre, Nîlâ, etc., qui sont d’égale puissance.

Je cherche refuge à Tes pieds,

Auxquels est dédiée une grande offrande de lumière

Par les feux des brillants sertis dans les diadèmes

De Brahmâ, Shiva, etc. toujours prosternés.

Je cherche refuge à Tes pieds, ô Venkatesha, eux qu’on célèbre dans le Rgveda

Sous le nom de : « Suprême demeure de Vishnu », qu’on mentionne comme

Source de félicité en les appelant : « Flots de miel »,

Que Tu montres de Ta main pour confirmer tout cela.

Je cherche refuge à Tes pieds, qu’au temps où Tu étais cocher

Tu as montrés à Arjuna en disant :

Cherche refuge à Mes pieds »,

Et qu’encore maintenant Tu me montres ici.

Je cherche refuge à Tes pieds, que Tu as placés semblablement sur ma tête,

Sur la tête du serpent Kaliya, dans les forêts impénétrables,

Sur le sommet du mont Venkata, sur la tête des Veda,

Et même dans l’esprit de ceux qui n’ont pas d’autre pensée.

Je cherche refuge à Tes pieds, qui foulent les fleurs éparses sur le sol,

Qui ornent le sommet du mont Venkata,

Qui donnent la félicité à l’esprit

Et aux yeux de tous.

Je cherche refuge à Tes pieds, premiers objets de dévotion

Pour ceux qui T’invoquent, doux comme le nectar

Tels les seins d’une mère pour un nouveau-né,

Ils sont égaux entre eux et rien d’autre ne les égale.

Je cherche refuge à Tes pieds, tels qu’a pu les apercevoir Manavalamâmuni,

Avec leurs lotus toujours ornés d’offrandes

Pour que le coin de Ton œil humide

Fasse traverser le samsâra.

Puissé-je être Ton serviteur, ô Seigneur du mont du Taureau,

Toi dont les qualités sont pures, Toi l’éternel associé de Lakshmî,

Ta médiatrice quand Tu es Toi-même intercesseur,

Et par qui il faut passer pour Te rejoindre Toi-même.