Jean-Louis Siémons
NDE le modèle de la théosophie de Mme Blavatsky

Le modèle explicatif présenté ici, très schématiquement, s’inscrit dans un système très élaboré de représentation du monde et de l’homme formulé, au XIXe siècle, sous le nom général de Théosophie, par Mme Blavatsky (1831-1891) et son principal disciple W.Q. Judge (1851-1896). Dans leurs écrits (encore très mal connus de nos jours), ces auteurs se proposaient de dégager l’ésotérisme des grandes religions et philosophies, avec les prolongements pratiques qui s’imposent pour la vie humaine, individuelle et collective. L’origine des connaissances était essentiellement attribuée à des maîtres orientaux, dont Mme Blavatsky se disait disciple. Dans un climat de matérialisme grandissant, et face à un spiritisme envahissant (et rudimentaire dans ses théories explicatives), la Théosophie a fait beaucoup pour éclairer l’expérience de la mort (et l’itinéraire posthume de l’âme) en se fondant sur une description de la vie consciente de l’homme, qui demeure, aujourd’hui encore, comme un modèle de psychologie transpersonnelle (bien avant la lettre). Point important à retenir: les analyses présentées ne doivent rien à des spéculations personnelles des auteurs, ou à des emprunts à la psychologie contemporaine. Elles sont offertes comme découlant de faits expérimentaux, d’observations directes, gui sont à la portée de certains yogis entraînés. L’identité de ces derniers n’est pas révélée, vu qu’elle ne saurait rien ajouter à la crédibilité de l’ensemble: seule doit compter ici la logique interne du modèle et son pouvoir d’explication face au vécu des NDE.

Une grille d’explication des NDE proposée au XIXe siècle:

le modèle de la Théosophie de Mme Blavatsky

par Jean-Louis Siémons (Textes Théosophiques. mars 1989)

1. Informations préliminaires

  1. 1. Sur la Théosophie.

Le modèle explicatif présenté ici, très schématiquement, s’inscrit dans un système très élaboré de représentation du monde et de l’homme formulé, au XIXe siècle, sous le nom général de Théosophie, par Mme Blavatsky (1831-1891) et son principal disciple W.Q. Judge (1851-1896). Dans leurs écrits (encore très mal connus de nos jours), ces auteurs se proposaient de dégager l’ésotérisme des grandes religions et philosophies, avec les prolongements pratiques qui s’imposent pour la vie humaine, individuelle et collective. L’origine des connaissances était essentiellement attribuée à des maîtres orientaux, dont Mme Blavatsky se disait disciple.

Dans un climat de matérialisme grandissant, et face à un spiritisme envahissant (et rudimentaire dans ses théories explicatives), la Théosophie a fait beaucoup pour éclairer l’expérience de la mort (et l’itinéraire posthume de l’âme) en se fondant sur une description de la vie consciente de l’homme, qui demeure, aujourd’hui encore, comme un modèle de psychologie transpersonnelle (bien avant la lettre).

Point important à retenir: les analyses présentées ne doivent rien à des spéculations personnelles des auteurs, ou à des emprunts à la psychologie contemporaine[1]. Elles sont offertes comme découlant de faits expérimentaux, d’observations directes, gui sont à la portée de certains yogis entraînés. L’identité de ces derniers n’est pas révélée, vu qu’elle ne saurait rien ajouter à la crédibilité de l’ensemble: seule doit compter ici la logique interne du modèle et son pouvoir d’explication face au vécu des NDE.

  1. 2. Une approche holistique et transpersonnelle.

Fidèle à l’esprit des philosophies orientales, la Théosophie reprend et développe largement la conception dynamique d’un univers considéré comme un tout vivant, théâtre d’une immense évolution ascendante de la conscience, vers un éveil progressif, dans des individus humains, appelés à prendre en main leur propre destinée. Dans l’infini du temps, les mondes se succèdent, par périodes cycliques d’activité et de repos. Et les phases alternées de vie, mort et renaissance (dans le processus de la réincarnation) sont pour l’homme l’occasion de développer collectivement les potentialités illimitées de l’humanité, et de retrouver individuellement, et en pleine conscience, la Source Unique et Centrale de la Vie et de la Conscience de ce Cosmos (l’Atman-Brahman des hindous, l’Alaya des bouddhistes, la Déité ineffable d’Eckhart, etc…). Dans l’immense organisme vivant de l’Univers, la loi de karma maintient une harmonie dynamique; au niveau des individus, cette loi de causalité a une dimension éthique: elle les confronte sans cesse aux conséquences de leurs attitudes et comportements, pour corriger leur trajectoire.

Dans cette optique, ce qu’on appelle communément la mort n’est qu’un épisode de la très longue histoire d’un être vivant; et ses processus doivent répondre à une logique, ou a des lois naturelles, coordonnant avec précision les événements successifs marquant l’arrêt des fonctions biologiques et le bouleversement psychologique du changement de plan d’activité de la conscience: la Théosophie met l’accent sur le vécu subjectif du mourir et de la mort, beaucoup plus que sur les descriptions formelles concernant la séparation du corps astral, la rupture de la corde d’argent, etc… où se complaisent bien des auteurs modernes.

Essentiellement, la différence est faite entre la personnalité, le moi contingent de l’homme ou de la femme, engagé dans les fluctuations de son histoire terrestre, « l’ego incarné », et ce qui est appelé, par contraste, son Alter Ego permanent, l’individualité transpersonnelle par excellence, qui est le foyer réel d’identité et de conscience de l’être – le témoin des incarnations successives.

  1. 3. Questions de terminologie.

Pour faire passer leur message au public occidental, les auteurs théosophes ont employé (et parfois créé) un vocabulaire assez varié dont les termes doivent être précisés pour le lecteur moderne.

Le mot personnalité (rappelant persona = le masque d’acteur) évoque le « personnage » éphémère auquel s’identifie l’homme le temps d’une vie. Synonymes divers utilisés: soi inférieur, ego personnel, ego inférieur, moi inférieur, moi illusoire; ou encore: « homme animal » (= l’homme de désirs non disciplinés). Sauf cas très rares (enfants mourant en bas âge), cette personnalité, structurée comme elle l’est, se désagrégera après la mort.

A l’opposé, l’individualité (mot qui entend rappeler la partie permanente, indivise, de l’être) renvoie à une sorte de Moi total, immortel, qui sous-tend le moi partiel terrestre. Termes à peu près synonymes: Ego supérieur, Ego spirituel, rarement: Soi-Ego; le plus couramment utilisé: Ego, qui signifie ici foyer individualisé, et conscient, de la grande Conscience Universelle, dans une entité permanente, hors des contingences spatio-temporelles. Le mot âme, trop vague, prête à confusion, et le mot Soi est réservé généralement à l’Atman originel, qui est impersonnel.

La Théosophie insiste sur le fait que l’Ego est « toujours conscient », « ne meurt pas », et « ne dort jamais » – même dans le sommeil profond. Bien entendu, le mot ne doit pas prêter à confusion: Ego n’entraîne pas égoïsme, séparativité, identification à une forme humaine temporaire, etc… mais implique perception d’une identité foncière.

  1. 4. Du personnel au transpersonnel

Un rêve rapporté par Jung[2] éclaire les relations entre le moi personnel et le Soi-Ego.

Dans cette expérience, le rêveur découvrit au fond d’une chapelle symbolique, richement fleurie, un yogi en méditation qui avait précisément son visage. Rêve interprété comme une parabole:

 » ... mon Soi entre en méditation, pour ainsi dire comme un yogi, et médite sur ma forme terrestre. On pourrait dire aussi: il prend la forme humaine pour venir dans l’existence à trois dimensions, comme quelqu’un revêt un costume de plongeur pour se jeter dans la mer […] il peut faire les expériences du monde et par une conscience accrue, progresser vers sa réalisation. »

Pour la Théosophie, l’Ego est ainsi riche de la quintessence de toutes les expériences de conscience de toutes les personnalités terrestres qu’il a animées, ou « méditées », au fil de la réincarnation. Et pendant qu’il « apparaît », un peu comme un acteur, dans l’un de ses rôles successifs sur la scène, il a une claire conscience de la situation.

L’homme réel ou intérieur [l’Ego], qui incarne ses rôles, sait tout le temps d’une représentation qu’il est [par exemple] Hamlet, pour la brève durée de quelques actes qui forment, sur le plan de l’illusion humaine, la totalité de la vie d’Hamlet. Et il sait aussi que, le soir précédent, il était le roi Lear, lui-même le successeur de l’Othello d’une autre pièce antérieure. Mais le personnage que l’on voit du dehors est censé l’ignorer et, effectivement, dans la vie, cette ignorance n’est hélas! Que trop réelle.

Cela n’empêche pas l’individualité permanente d’en être pleinement consciente – tout en étant incapable d’imprimer cette connaissance dans la conscience de sa personnalité, en raison de l’atrophie de l’œil  »spirituel » du corps physique...[3]

Ainsi, cet Ego qui occupe une position focale dans ce qu’on appelle l »’inconscient » n’est inconscient que pour la conscience limitée à notre cerveau physique. Il se manifeste à sa personnalité de diverses manières (voix intérieure, intuition, rêves, prémonitions etc…), en général lorsque cesse le bruit de fond de l’activité sensorielle, ou mentale, et que se relâche l’hégémonie du moi liée au dynamisme du corps. C’est ainsi que l’approche de la mort réunit les conditions idéales pour que la présence de ce puissant foyer de conscience devienne clairement perceptible à l’homme terrestre – malheureusement un peu tard, pour la majorité des individus…

La méditation (spirituelle) qui est une façon d’imiter temporairement l’approche de la mort est le moyen classique proposé en Orient pour atteindre cette sphère transpersonnelle, tremplin vers d’autres niveaux de conscience – jusqu’au Soi Supérieur.

5. Quelques précisions sur l’Ego transpersonnel

A ce niveau, pour paraphraser st Paul, il n’y a « ni homme ni femme, ni Grec, ni Juif ». Pas de pensée telle que l’organise le mental lié au cerveau. L’Ego est quasi omniscient dans sa nature immortelle:

« L’EG0 immortel, individuel, possède une omniscience divine dans sa nature et sa sphère d’action propres […], il ne connaît dans l’Eternité ni passé ni futur, mais un eternel PRESENT. »[4]

En conséquence,

« Il apparaît tout naturel que la totalité de l’existence de la personnalité que cet Ego anime, de sa naissance jusqu’à sa mort, soit aussi clairement visible aux yeux de celui-ci qu’elle est invisible et cachée à la vision limitée de sa forme mortelle temporaire. »[5]

Cette quasi-omniscience est à l’origine de toutes les prophéties.

Un autre article (de 1889) précise:

« Tandis que les événements que nous jugeons importants sont souvent effacés de notre mémoire, les actions les plus insignifiantes de notre vie ne peuvent disparaître de la mémoire de l »‘Ame » [l’Ego], car pour celle-ci il n’est pas question de MEMOIRE, mais d’une réalité toujours présente, sur le plan qui se trouve au-delà de nos conceptions de l’espace et du temps. »

Il est à remarquer que cette perception claire de l’Ego s’étend même aux expériences où la personnalité ne garde aucune mémoire immédiate d’un événement (cas d’actions accomplies en état de somnambulisme, revécues intensément à l’approche de la mort).[6]

Bien que le « langage » de l’Ego soit sans rapport avec celui de l’homme incarné, ses messages peuvent être (plus ou moins) décodés par l’intermédiaire de la machinerie (astrale et physique) de la psyché. Il arrive que l’Ego « parle » (pour ainsi dire) à sa personnalité, par la voie du rêve. Dans le sommeil profond (où l’Ego est actif), l’impression globale est faite sur la psyché, laquelle, vers le moment du réveil, interprète le message dans son langage propre, comme une séquence d’événements, ou d’images reflétant souvent la symbolique universelle commune à tous les Egos.[7]

Il y aurait ainsi, entre le message global, intemporel, et le déploiement du rêve le même rapport qu’entre la vision immédiate d’une scène, ou d’un tableau, et l’analyse détaillée du même spectacle par l’œil, organisant la vision selon ses propres règles[8].

6. De l’utilité d’un corps « astral ».

Rares sont les systèmes postulant un Moi transpersonnel, intemporel, qui font l’économie de « corps », ou de « véhicules » intermédiaires, assurant une liaison cohérente avec le niveau personnel.

Avec la Théosophie, il faut compter (au moins) sur deux interfaces, répondant à des fonctions très différentes.

a – un corps astral, semi-physique, lieu des énergies vitales, et modèle servant à piloter l’organisation du corps terrestre. Il joue dans l’embryogénèse exactement le rôle prêté de nos jours aux hypothétiques « champs morphogénétiques » de la science « de pointe ». Un aspect de ce modèle quasi physique est capable de se décorporer, sans toutefois s’éloigner à grande distance: il reste alors « ancré » dans le corps (selon un mot de Plutarque). La rupture de cet ancrage avec l’organisme physique signifierait la mort pour ce dernier. A partir de cette première étape de décorporation, le « voyage astral » peut se prolonger sans limite, en mettant toutefois en jeu un autre processus (ce dont le « voyageur » n’a pas conscience): la projection d’une sorte d’antenne astrale – cette fois beaucoup plus mentale que physique – capable de collecter de l’information et même (très rarement) d’agir à distance.

b – un corps astral lié à la vie psychique de la personnalité, intermédiaire fonctionnel entre l’Ego et le cerveau. Pendant l’existence de l’homme, il est largement mobilisé par l’activité des sens et du mental-désir terrestre, ainsi que par le jeu intense des énergies vitales.

La Théosophie indique que l’approche de la mort modifie progressivement la dynamique de ces organismes vivants.

Avec le temps, le programme de vie biologique – normalement assigné au corps dès la naissance (par karma) et géré, en quelque sorte, par le modèle astral – vient petit à petit à épuisement, ce qui entraîne un délabrement progressif de ce corps vital, qui se soldera finalement par la mort. Cette « dissolution » du double invisible tend à relâcher la très forte contrainte exercée par le corps sur la machinerie astrale psychique, ce qui permet la manifestation de certains pouvoirs psychiques demeurés latents auparavant. Ainsi, à mesure que la fin devient imminente, même à l’insu de la personne, l’influence directe de l’Ego sur sa personnalité peut s’exercer efficacement par le canal de l’être astral, libéré et capable de mieux répondre aux résonnances spirituelles.

« Autrement, comment expliquer ces brillants éclairs de mémoire, cette clarté de vision prophétique que l’on trouve aussi bien chez un vieillard affaibli que chez un jeune à l’agonie? Pour certains êtres, plus la mort se rapproche, plus vivants reviennent les souvenirs depuis longtemps oubliés et plus correctes sont leurs prévisions du futur. L’épanouissement des facultés intérieures s’accroît à mesure que leur sang vital devient plus stagnant. »[9]

Si, avec la Théosophie, on ajoute à cela que les Egos des êtres qui s’aiment ne sont nullement séparés par la mort physique mais restent en communion sur leur propre plan, on peut rendre compte aussi de certaines « hallucinations » des mourants, qui croient voir des proches décédés les entourer:

« Une personne malade, particulièrement juste avant la mort, a bien des chances de voir en rêve, ou dans une vision, ceux qu’elle aime et auxquels elle pense constamment. »[10]

II. Ce que l’on savait des NDE à l’époque

Très peu de choses, en fait, en dehors des récits des rescapés de la noyade (et autres accidents), que Mme Blavatsky signalait déjà en 1877[11]. La revue panoramique de la vie était connue aussi dans un autre contexte (aura épileptique), comme l’a indiqué, par exemple, le Dr Féré, en 1889[12] dans une note qui se borne à quelques réflexions sur deux cas curieux observés avec des malades ranimés quelques instants par des injections d’éther.

Bien entendu, les mythes eschatologiques des diverses traditions étaient disponibles et Mme Blavatsky ne manque pas de citer Platon et Plutarque (dont l’histoire de Thespésios) dès 1877, mais ils ne lui servent nullement à développer ses vues sur l’approche de la mort, qui resteront très originales pour l’époque.

III. L’approche de la mort vue par la Théosophie

Dans les grandes lignes:

– L’expérience relatée par les rescapés de la noyade est en fait vécue, sous une forme ou une autre, dans tous les cas, par ceux qui vont effectivement mourir.

– Mais elle précède la mort: ce qui arrivera ensuite appartient à un tout autre domaine d’expérience.

– La NDE est un ensemble de processus naturels qui mobilisent les énergies vitales et psychiques à un point de rupture qui déclenche le reflux de la conscience personnelle, par des niveaux successifs d’expérience, depuis le plan terrestre jusqu’à l’Ego. Ce reflux répond, en sens inverse, à l’influx qui a présidé à « l’incarnation » de la conscience, dès avant la naissance et au cours des années de formation de la personnalité.

– Quels que soient les épisodes traversés dans les zones purement psychiques (visions, ou non, de parents semblant accueillir le mourant, etc…) l’essentiel de l’expérience se situe au sommet de la remontée, lors de la réunion des deux modes de conscience – personnel et transpersonnel – et de la revue panoramique de l’existence. Instant crucial qui fait le bilan objectif de toute une vie (et projette l’image future de l’être à venir, dans le cas de la mort définitive).

– A ce niveau, la NDE doit s’analyser comme une expérience transcendante. Dans le Clef de la Théosophie (publiée en 1889, il y a juste un siècle) Mme Blavatsky écrivait:

« La mort est l’ultime extase de la vie ».

On peut maintenant apporter les précisions suivantes:

1. L’arrêt apparent de la vie n’est que le premier pas vers la mort.

« Tant soit peu de réflexion démontre que les faits vus et observés par les médecins et les spectateurs, ne sont que le retrait de l’âme et de l’énergie de l’enveloppe extérieure appelée « corps ». Pendant ce processus, et bien que la personne puisse accepter les rites de l’église, adhérer à n’importe quelle doctrine, ou même parler du ciel avec son dernier soupir et du bonheur ineffable qui l’y attend, ce n’est que le premier pas. Alors que les traits physiques présentent une expression calme, peut-être même heureuse, que les parents ferment les yeux de l’homme, et que l’on décrète la mort, lui commence seulement à mourir. »[13]

2. C’est le début d’un processus que le mourant subit, sans contrôle possible.

« Lorsque le souffle quitte le corps, nous disons que l’homme est mort, mais ce n’est là que le commencement de la mort; elle se poursuit sur d’autres plans.[14]

L »‘âme doit encore passer à travers d’autres enveloppes, au delà du champ de vision des amis, au delà même du contrôle du mourant. »[15]

L »’âme » renvoie ici à la conscience du mourant qui devra, selon le mot de Judge « […] parcourir en sens inverse la route par laquelle elle était venue [jusqu’à l’incarnation terrestre] », ce qui va l’amener à changer de plan, par conséquent aussi d’enveloppe (ou de « corps »), du physique à l’astral-psychique, jusqu’au spirituel.

Une autre façon d’expliquer les choses:

 » A l’article de la mort, le corps et les sens physiques ayant […] cessé de fonctionner, l’intelligence s’échappe progressivement par la voie de la conscience psychique et finalement par celle de la conscience spirituelle […] »[16]

N.B. Les témoins des NDE sont unanimes pour remarquer que l’expérience est « au-delà même du contrôle du mourant », comme le notait Judge.

3. Le chemin suivi est balisé.

Le parcours subjectif qui va de la « conscience psychique » à la « conscience spirituelle » est un chemin balisé, en ce sens qu’il traverse une série de niveaux de conscience qui ont été reconnus et répertoriés par certaines écoles orientales, expertes dans ce genre d’analyse.

L’individu qui se décorpore ne fait que prendre pied sur le plus bas niveau de conscience « astrale », au demeurant peu différente de la conscience physique – ce que constatent les « expérienceurs » qui, hors du corps, voient le paysage sans déformation particulière. C’est généralement depuis ce niveau qu’ils s’engagent dans le tunnel pour transiter vers la lumière.

En fait, d’après la Théosophie, les niveaux qui font suite pénètrent progressivement dans une sphère d’énergies et d’images psychiques très intenses, où il ne fait pas bon entrer sans préparation, compte tenu de la puissance croissante de fascination de ces images. Dans ces zones de turbulence, l’expérience la plus courante serait le délire, l’hallucination, les cauchemars d’horreur et de tentation monstrueuse – jusqu’à la dernière extrémité du delirium tremens[17]. La conscience personnelle s’y trouverait dans une sorte d’enfer.

Il est vrai qu’il existe des récits de NDE où l’horreur est au menu[18] : il n’est pas impossible que ces sujets aient goûté de ce genre d’incursion dans cette sphère dangereuse. Il semble bien cependant que la règle générale soit que la conscience du mourant transite à travers ces zones intermédiaires de l’astral pour émerger directement dans les niveaux supérieurs d’extase et de lumière. Et cela: en passant par le fameux « tunnel ».

On peut épiloguer sur le symbolisme de ce tunnel. Est-ce une image traduisant pour la psyché l’indescriptible transfert du monde familier de la terre jusqu’à un domaine complètement transcendant, hors du temps et de l’espace? Ou bien intervient-il comme un moyen naturel de protection de la conscience personnelle pour franchir une zone à haut risque? C’est, semble-t-il, une des explications retenues par Kenneth Ring[19]. C’est du moins celle que j’ai proposée, avec les indications précises de la Théosophie que j’avais sous les yeux.[20]

Quoi qu’il en soit, au bout du tunnel: la lumière. Les niveaux supérieurs de la conscience astrale sont effectivement en correspondance (en accord de vibration?) avec ce qu’il y a de plus intime dans l’homme – par quoi il est relié à l’univers. De cette sphère proviendraient (selon la Théosophie) « toutes les belles inspirations de l’art, de la poésie, de la musique, les rêves les plus sublimes, les éclairs de génie, » etc… C’est aussi de ce niveau que surgiraient les véritables réminiscences des vies passées.

Enfin, au sommet de l’échelle (au septième niveau) « c’est là que nous accédons au moment de la mort, ou dans des visions exceptionnel/es. C’est là aussi que se trouve l’homme en train de se noyer lorsqu’il se souvient de son existence ».

Ces indications de Mme Blavatsky renvoient directement et sans ambigüité au contenu de l’expérience des mourants, une fois qu’ils sont entrés dans la lumière. On note aussi que, pour l’auteur théosophe, il ne s’agit en aucune façon d’un délire ou d’une hallucination – d’un état de conscience altérée, mais d’une expérience de surconscience[21] de parfaite lucidité.

D’après l’un des maîtres de Mme Blavatsky,

« Aucun homme ne meurt fou ou inconscient[22] comme l’affirment certains physiologistes. Même un individu en proie à la folie, ou à une crise de delirium tremens, a son instant de parfaite lucidité au moment de la mort, bien qu’il soit incapable de le faire savoir aux assistants.[23]

Ainsi, même si elle est prise dans les cauchemars horribles des étages intermédiaires, la conscience personnelle accède finalement à la paix ultime des niveaux supérieurs, « la dernière extase de la vie ».

4. Le dernier moment est vécu dans la communion entre le personnel et le transpersonnel.

Ici l’épisode le plus marquant est la revue panoramique de la vie, signalée et analysée par la Théosophie au XIXe siècle, comme en font foi les extraits suivants:

« Au dernier moment, la vie tout entière est reflétée dans notre mémoire: elle émerge de tous les recoins oubliés, image après image, un événement succédant à l’autre ».[24]

« Au moment solennel de la mort, même dans le cas de mort subite, chaque homme voit toute sa vie passée se dérouler devant lui dans ses plus minimes détails ».[25]

« […] la vie entière qui vient de se terminer s’imprime, par une série de tableaux, d’une manière indélébile dans l’homme intérieur, non seulement dans ses grandes lignes, mais jusqu’en ses moindres détails, jusqu’aux impressions les plus légères et les plus fugitives ».[26]

Cette revue, effectuée avec parfaite lucidité, a lieu lorsque la conscience de la personnalité terrestre a rejoint sa racine permanente (l »’individualité »), au plus haut niveau indiqué précédemment:

« Pendant un court instant, l’ego personnel devient un avec l’Ego individuel et omniscient ».[27]

Commentant les récits (de NOE) rapportés par le Dr Féré en 1889, H.P. Blavatsky notait dans son article « La mémoire chez les mourants »:

 »Ainsi, tous les milliers de petits détails de la vie quotidienne, les accidents d’une longue vie, sembleraient susceptibles d’être rappelés à la conscience vacillante, au moment suprême de la dissolution. Une longue vie, peut-être, mais revécue en l’espace d’une courte seconde! »

Et les témoignages expérimentaux ne faisaient à ses yeux que renforcer l’affirmation de ses maîtres …

« […] faisant remonter tous ces souvenirs au pouvoir de pensée de l’Ego individuel et non de l’ego personnel (inférieur) ».

En conclusion de ses commentaires, elle observait:

« Mais bien que la mémoire physique d’un homme sain soit souvent obscurcie, un fait en chassant un autre moins vivace, lorsqu’arrive ce grand changement que l’homme appelle la mort, ce que nous nommons « la mémoire » semble nous revenir dans toute sa force et sa netteté. »

« Ceci ne serait-il pas dû, comme nous venons de le dire, au simple fait que, pendant au moins quelques secondes, nos deux mémoires (ou plutôt les deux états de conscience, le supérieur et l’inférieur) fusionnent, en formant ainsi une unité, et que le mourant se trouve alors sur un plan où il n’y a plus ni passé, ni futur, mais où tout n’est que présent indivisible? »

Nous retrouvons ici le Soi-Ego, avec sa perception intemporelle…

« […] d’une réalité toujours présente, sur le plan qui se trouve au-delà de nos conceptions de l’espace et du temps. »

Ainsi l’expérience suprême des NDE[28] résulte à l’évidence de la conjonction, ou de la coexistence, entre le personnel et le transpersonnel dans l’homme, à un moment tout à fait privilégié où la conscience de l’individu atteint un statut de témoin parfaitement lucide et objectif d’un spectacle intérieur, lequel lui est imposé sans que sa volonté puisse intervenir.

A ce propos, le maître de Mme Blavatsky précisait dans une lettre:

« L »expérience des mourants […] rappelés à la vie a corroboré notre doctrine dans presque tous les cas. Ces pensées sont involontaires et l’on n’a pas plus de contrôle sur elles qu’on en aurait sur la rétine de l’œil si on voulait l’empêcher de percevoir la couleur à laquelle on est le plus sensible. »[29]

5. L’expérience de l »’être de lumière », ou de la « lumière », traduit la perception de cette conjonction par la psyché.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que les sujets des NDE s’avouent incapables de rendre leur expérience dans le langage courant. Semblables aux prisonniers de la fameuse caverne imaginée par Platon (au 7e livre de sa République), ils étaient habitués depuis toujours au spectacle quotidien d’ombres chinoises des apparences (la Mâyâ des hindous), enchaînés à leurs conceptions dualistes (moi et les autres), dans un cadre rigide où le temps s’écoule linéairement. Et voici qu’un instant les prisonniers sont libérés de leur chaîne et conduits hors de la caverne où, selon Platon, luit la plus grande lumière. Ignorant qu’ils sont revenus à leur foyer profond d’identité et de conscience, ils l’interprètent comme un « être de lumière », capable de communiquer avec eux « par un dialogue sans mot », comme par une voix du silence « issue de l’âme », etc…

Mais, somme toute, avec la Théosophie, on peut dire que ces témoins sont assez près de la vérité: comment, en effet, décrire autrement cette surprenante rencontre avec l’Ego individuel qui, pendant toute la vie de sa personnalité, a « médité » cette dernière (= l’a tenue dans son aura), en la soutenant de son énergie et en enregistrant tous ses comportements, et qui maintenant rappelle à lui, pour ainsi dire, l’enfant terrestre qui toutes ces années a été son émanation plus ou moins fidèle – le plus souvent inattentive à son inspiration généreuse, en raison de la fascination du spectacle du monde.

Il est à remarquer que cette interprétation théosophique se retrouve aujourd’hui sous la plume de Kenneth Ring (qui l’a peut-être empruntée directement à Mme Blavatsky, ou, plus probablement, à l’un de ses disciples modernes). Parlant de l »’être de lumière », de la « présence », ou de la « voix », il fait l’hypothèse qu’il s’agit en fait de soi-même:

« Ce n’est néanmoins pas seulement une projection de la personnalité mais le soi total, ou ce qui est appelé le soi supérieur dans certaines traditions. Selon ce point de vue, la personnalité [] n’est qu’un fragment détaché du soi total auquel il se trouve réuni au moment de la mort. Au cours de la vie ordinaire, la personnalité [] fonctionne d’une manière apparemment autonome, comme si elle était une entité distincte. En fait, elle reste cependant reliée à une structure du soi plus vaste dont elle n’est qu’une partie [][30]

Quant à l’impression d’amour et de lumière qui est ressentie, l’auteur américain ajoute:

« Selon moi, ce soi supérieur est tellement impressionnant, confondant, affectueux et inconditionnellement tolérant (comme une mère totalement indulgente), tellement étranger à la conscience individualisée [= terrestre] qu’elle le perçoit comme séparé et incontestablement autre. Il se manifeste comme une brillante lumière dorée, mais ce que l’on voit est effectivement une forme supérieure de soi-même. »[31]

Ainsi cette lumière serait comme « un reflet de la nature divine », inhérente à l’être humain, et symboliserait en quelque sorte le soi supérieur. Et cette explication reste valable pour K. Ring, même lorsque les sujets assurent avoir fait une rencontre avec Dieu:

« Puisque la plupart des gens ont l’habitude de penser d’une manière dualiste que Dieu demeure d’une certaine manière ‘là-haut’, tandis qu’ils se trouvent ‘ici-bas’, il est compréhensible qu’ils interprètent leur expérience avec leur soi supérieur comme une rencontre directe avec Dieu. Le concept de « Dieu » est après tout plus familier que ne l’est celui du soi supérieur. »[32]

6. La quasi-omniscience de l’Ego transpersonnel explique le contenu de l’expérience vécue par le mourant.

A ce niveau intemporel, où la relative omniscience de l’Ego embrasse la totalité du vécu de ses personnalités successives, ainsi que les conséquences qui en résultent à plus ou moins long terme (selon la loi de karma), le mourant est conduit à faire les expériences remarquables que l’on est en train de recenser actuellement.

Essentiellement:

a. La revue panoramique objective de l’existence.

Dans les lignes qui suivent, Mme Blavatsky décrit avec précision cette revue, à la fois globale et détaillée, qui est si frappante dans les récits modernes de NDE:

 »Au moment solennel de la mort, chaque homme voit toute sa vie passée se dérouler devant lui dans ses plus minimes détails […]. Mais cet instant suffit pour lui montrer tout l’enchaînement des causes qui ont opéré sa vie durant. Il se voit et se comprend alors tel qu’il est, dépouillé de tout masque flatteur et affranchi de ses propres illusions. Il déchiffre sa vie en spectateur qui contemple d’en haut l’arène qu’il quitte; il sent et reconnaît la justice de toute la souffrance qu’il a subie. »[33]

A la question:

« Et cela arrive-t-il à tout le monde? » la réponse donnée est affirmative:

 »A tout le monde, sans exception.

Cette affirmation (qui concerne tous ceux qui meurent véritablement) n’est pas d’emblée infirmée par le fait que la revue panoramique de l’existence n’est attestée que par un pourcentage limité de rescapés de la mort. Les raisons de cette limitation restent à élucider.

Egalement, si le fait de cette réminiscence soudaine à l’instant critique était connu au XIXe siècle, la brève analyse qui en est donnée ici révèle une connaissance expérimentale approfondie. On peut faire d’évidents rapprochements avec des récits de témoins (tous postérieurs à la mort de Mme Blavatsky):

« Il déchiffre sa vie en spectateur … « 

« J’avais un certain détachement en observant tout ce spectacle. J’avais la sensation d’être à l’extérieur à regarder, comme si cette « répétition » de ma vie avait lieu devant moi. « [34]

« Je vis toute mon existence se dérouler en multiples images, comme sur une scène devant moi.[35]

« … en spectateur qui contemple d’en haut l’arène qu’il quitte. »

« Je rejouai toute ma vie comme si j’étais un acteur sur la scène que j’aurais regardé d’en haut, pratiquement de la plus haute galerie du théâtre. A la fois héros et spectateur, j’étais comme dédoublé. »[36]

Cet étrange dédoublement n’a ici rien de pathologique; il rappelle l’énigmatique remarque de Mme Blavatsky, citée plus haut:

« … pendant au moins quelques secondes, nos deux mémoires […] fusionnent. »

N’est-ce pas qu’à la faveur de l’intercommunication entre « les deux états de conscience, le supérieur et l’inférieur » (rendue possible à cet instant), la mémoire historique de la personnalité terrestre est relue à la lumière de la mémoire globale et intégrale de l’Ego permanent, donnant à la première toute sa profondeur, avec tout le recul objectif propre au Moi transpersonnel, qui n’a jamais cessé de suivre le jeu de sa personnalité incarnée, à la façon d’un spectateur intéressé au spectacle.

Cette mémoire historique doit d’ailleurs être particulièrement détaillée en rapport avec l’enfance, car elle « retient plus fortement les premières impressions qu’elle a enregistrées, lorsque l’homme futur n’était encore qu’un enfant, et plus une âme qu’un corps. « [37]

Ces souvenirs d’enfance très vivaces sont souvent bien attestés dans les NDE. On retrouve avec précision

[ … ] le dessous d’une table aperçu en se traînant à quatre pattes, l’odeur d’un pudding, le pincement de l’élastic d’un masque […], la distance séparant le pied d’une pédale de bicyclette, le contenu d’une armoire de salle de gymnastique – tout se précipite, avec chaque détail sensoriel et le réveil de l’émotion qui l’accompagnait. »[38]

Pour revenir à notre comparaison:

« Il se voit et se comprend alors tel qu’il est, dépouillé de tout masque flatteur et affranchi de des propres illusions. »

« C’était comme s’il me fallait voir certaines bonnes choses que j’avais faites et certaines erreurs […] pour essayer de les comprendre. »[39]

« Je crois bien que le but [de « l’être de lumière »] , en me faisant assister à tout mon passé était de m’instruire. »[40]

« Mais cet instant suffit pour lui montrer tout l’enchaînement des causes qui ont opéré sa vie durant. »

« C’était comme: ‘Très bien! Voilà pourquoi tu as eu cet accident. Voilà pourquoi c’est arrivé. Pour telle et telle, et telle raison! … Tout avait une signification. Absolument tout' »[41]

Cette découverte de la responsabilité de l’homme engagée dans les plus minimes détails de sa vie, et reconnue à l’heure de la mort, est mise en lumière dans le récit suivant d’une femme prénommée Phyllis:

« Cette répétition de la vie ne comprenait pas seulement les actions commises par Phyllis depuis sa naissance […] mais aussi la répétition vécue de chaque pensée jamais pensée et de chaque parole jamais prononcée, PLUS l’effet de chaque pensée, parole et action sur chacun[42] et sur tous ceux qui avaient pu venir dans sa sphère d’influence – qu’elle les ait vraiment connus ou non – PLUS l’effet de chaque pensée, parole et action sur le temps, l’air, le sol, les plantes et les animaux, l’eau et tout le reste qui appartient à cette création qu’on appelle la Terre, et l’espace que Phyllis avait pu occuper à un moment donné […]. Je ne m’étais jamais rendu compte auparavant à quel point nous sommes responsables, et avons à rendre compte de CHACUNE DES CHOSES QUE NOUS AVONS FAITES. C’était écrasant. »[43]

b. la revue de plusieurs existences antérieures.

Dans son commentaire, Mme Blavatsky observe:

 » […] des hommes très bons et très saints peuvent voir non seulement la vie qu’ils quittent mais même plusieurs existences antérieures où avaient été produites les causes qui les firent tels qu’ils furent dans la vie qui vient de se terminer. Ils reconnaissent la loi de karma dans toute sa majesté et dans toute sa justice.« [44]

Ce point particulier n’a pas été mentionné dans les premières enquêtes de NDE, mais s’est confirmé récemment: certains témoins assurent avoir revu des incarnations précédentes au cours de leur expérience. On peut rapprocher ce point de la revue panoramique de « toutes » les existences antérieures, décrite par certains sujets entendus par Frederik Lenz.[45]

c. L’impression d »‘omniscience ».

Le modèle théosophique rend parfaitement compte de cet éclair de « connaissance intégrale », dont on trouve déjà des échos chez Moody[46] :

« Pour certains sujets, il s’agissait d’un instant d’illumination pendant lequel ils accédaient, leur semblait-il, à la conscience universelle. »

Expérience inexprimable, sorte d’éclair de conscience intégrale:

« Cela s’est produit, je crois, tout de suite après le passage en revue de ma vie passée. J’ai eu tout à coup la sensation de posséder la connaissance de toutes choses […] »

« Toute la connaissance était là, pas seulement certains aspects: tout […] »

« Pendant quelques instants, aucune communication n’était nécessaire; j’avais le sentiment que tout ce que j’aurais voulu savoir pouvait être immédiatement connu […] »

En dehors des extraits cités plus haut, on trouve dans la littérature théosophique l’idée, reprise et répétée, que toute la connaissance possible est disponible à la conscience personnelle qui devient capable d’accéder au plan de l’Ego, dans ce qui correspond à ce qu’on appelle le sommeil profond.[47]

Le fait que les témoins des NDE ne gardent malheureusement aucun souvenir du contenu de cette omniscience s’explique par leur manque d’entraînement et de préparation à cette incursion dans la grande mémoire de la nature par le foyer de l’Ego. D’après Mme Blavatsky, à ce niveau très élevé, « les impressions collectées sur ce plan ne se marquent pas sur le cerveau physique ». Il faut toute la science du yoga spirituel pour que le transfert soit possible, volontairement – et sans interférence gênante de la mémoire personnelle, ou de la psyché – jusqu’à la conscience de veille.

d. L’information sur l’avenir de la personnalité terrestre.

Il arrive fréquemment que les rescapés de la mort soient avertis de ce qui les attend dans les jours ou les mois à venir. Ce point était déjà attesté dans les récits de Plutarque.[48]

Pour la Théosophie, les lignes de l’existence sont généralement tracées d’une façon claire (par le jeu de karma), et sont bien visibles à la conscience de l’Ego.

Dans le cas particulier de la renaissance, lors d’une nouvelle incarnation, le canevas de la vie à venir se révèle d’ailleurs dans toutes ses potentialités:

« De même qu’au moment de la mort l’homme passe en revue rétrospectivement la vie qu’il a menée, de même, au moment où il renaît sur terre, l‘Ego […] a une vision prospective de la vie qui l’attend et se rend compte de toutes les causes qui l’y ont conduit. Il en prend conscience et voit le futur […][49]

A ce moment, il n’y a pas encore de personnalité structurée qui pourrait noter les détails de la vision – ce qui est au contraire le cas dans une NDE.

Selon toute probabilité, le rescapé de la mort a bien pu avoir une vision étendue (et globale) du reste de son existence à vivre, mais il n’en garde en définitive que des bribes dans sa mémoire cérébrale.

Dans un article de 1890[50] analysant un cas troublant de prévision détaillée et précise des dates marquantes d’une existence, Mme Blavatsky a proposé des explications qui sont parfaitement transposables aux NDE. Il s’agissait en l’occurrence de l’étrange expérience du général Yermoloff (le héros russe de la guerre du Caucase) qui, dans un moment de somnolence, après une journée de travail à son bureau, avait rédigé de sa main l’histoire du reste de sa carrière, jusqu’à la date précise de sa mort. En revenant à sa conscience normale, l’officier était persuadé d’avoir agi sur l’ordre d’un visiteur étranger, l’obligeant à écrire sous sa dictée. L’interprétation théosophique est remarquable en ce qu’elle fait avec soin la part de l’Ego – « presque omniscient dans sa nature immortelle » – et de la machinerie psychique de la personnalité terrestre, déconnectée de son activité habituelle.

Le général Yermoloff expliqua […] que, travaillant à sa table à une heure avancée de la nuit, il sombra brusquement dans une rêverie: levant les yeux, il aperçut un étranger debout devant lui. En fait, cette rêverie fut très probablement un assoupissement soudain, provoqué par la fatigue et un excès de travail, au cours duquel se produisit une action mécanique, d’un caractère purement somnambulique. Devenant subitement consciente de la Présence du SOI Supérieur[51], la personnalité – l’automate humain endormi[52]tomba sous le contrôle de l’Individualité, et la main, qui avait été occupée pendant plusieurs heures à écrire, reprit mécaniquement sa tâche. A son réveil, la personnalité pensa que le document placé devant elle avait été écrit sous la dictée d’un visiteur dont elle avait entendu la voix, alors qu’en réalité elle n’avait fait qu’enregistrer les pensées intimes ou la connaissance, dirons-nous de son propre « Ego » divin, qui est un Esprit prophétique du fait qu’il est omniscient. La  »voix » de celui-ci n’avait été que la traduction par la mémoire physique[53], au moment du réveil, de la connaissance mentale en rapport avec la vie de l’homme mortel reflétée par la conscience supérieure sur la conscience inférieure. »

Dans cette traduction de l’expérience, l’imaginaire a évidemment son mot à dire:

« Tous les autres détails enregistrés par la mémoire sont également justiciables d’une explication naturelle. Ainsi, l’étranger, qui lui apparut portant des vêtements de pauvre petit commerçant ou d’ouvrier, et qui sembla lui parler en dehors de lui-même, appartient, tout comme la « voix » à cette classe de phénomènes bien connus que nous nommons les associations d’idées et les réminiscences dans nos rêves. Les images et les scènes que nous voyons pendant le sommeil, les événements que nous croyons traverser pendant des heures, des jours, voire des années, dans nos rêves, tout ceci se déroule, en réalité, en moins de temps qu’un éclair[54] au moment du réveil et du retour à la pleine conscience […]. Le général Yermoloff avait passé auparavant plusieurs jours à […] examiner des douzaines de personnes des classes pauvres; ceci explique que son imagination aussi vive que la réalité – lui ait suggéré la vision d’un petit commerçant […]« 

Ces passages rendent compte non seulement des avertissements prémonitoires reçus pendant les NDE, mais aussi d’une partie au moins du mécanisme de transfert de l’information, du niveau où l’expérience a été réellement vécue jusqu’à la conscience cérébrale, qui finalement conservera les souvenirs servant de base aux récits des rescapés de la mort.

e. Les « secours surnaturels ».

R. Moody a évoqué quelques cas[55] où des témoins ont été tirés d’un mortel danger par un secours providentiel: une voix qui les appelle par leur nom pour les retenir, en pleine brume, au bord d’une falaise, les guider avec certitude vers un salut inespéré, etc…  une présence ou une lumière, qui réconforte et chasse toute angoisse. Parfois, un ordre intérieur commande la seule conduite qui sauvera la personne.

Avec la grille théosophique, il ne s’agirait pas d’interventions « surnaturelles », où Dieu ou le Christ serait mêlé, mais d’exemples (rares, il est vrai) où l’Ego peut prendre les commandes de sa personnalité, à un moment de stress, ou celle-ci est acculée et perd tout contrôle de la situation. A cet instant, il arrive que l »’automate humain » exécute avec une précision incroyable les seuls gestes permettant à l’homme de sortir indemne du drame.

f. L’impression de pouvoir « choisir » de revenir ou de mourir.

Bien des mourants déclarent n’être revenus qu’à contre-cœur dans leur corps. Ce qui se comprend, après leur expérience transcendante. D’autres insistent pour dire que le choix leur a été offert librement: souvent, en évoquant les êtres chers qu’ils laissaient démunis ici-bas, ils se sont décidés pour le retour; ou bien, ils ont, en quelque sorte, obtenu « l’autorisation de ne pas mourir », afin d’accomplir leur mission.

On peut toujours déclarer que leur heure n’était pas venue: réanimés malgré eux, ils ont pu ensuite s’inventer des raisons morales, en attribuant leur reprise de l’existence à une décision généreuse, etc… Explication facile, qui cependant ne cadre pas bien avec tous les faits[56].

Avec la Théosophie, on ne peut écarter l’intervention d’un sursaut de volonté au dernier moment de la vie, capable de faire pencher la balance dans le sens d’un retour à l’existence, tant qu’il reste une seule chance d’un tel retour.

La revue panoramique de la vie, qui met en relief toutes les conduites en rapport avec les autres – et sûrement avec les personnes aimées – peut susciter un authentique désir chez le mourant de retrouver ces êtres chers, dans un but de réel service. Ce motif altruiste, qui est en parfaite harmonie avec la nature profonde de l’Ego, pourrait bien être assez puissant à cet instant pour infléchir le cours des événements, avec l’aide de l’Ego, mobilisé par cette aspiration de sa personnalité terrestre.

La Théosophie, qui prête à l’homme le libre-arbitre, ne lui refuserait sans doute pas la chance de ce dernier sursaut.

7. La mort définitive n’intervient qu’après le bilan de la vie et le retour de la conscience à la sphère transpersonnelle.

D’après la Théosophie, pendant toute l’approche de la mort,

« […] bien qu’à tous points de vue la personne soit morte à cette vie, l’homme réel est à l’œuvre dans le cerveau et, tant que sa tâche n’y est pas terminée, la personne n’a pas quitté ce monde. »[57]

Ensuite seulement, la vie quitte le corps, irréversiblement:

« Cette œuvre solennelle achevée, le corps astral se détache du corps physique, et l’énergie vitale se retire […]. »[58]

Ce qui se passe après n’a plus rien à voir avec les NDE, mais tout ce qui a précédé semble largement justifier cet avis de Mme Blavatsky[59]:

« La mort se présente toujours à notre soi spirituel comme une libératrice et une amie. »

Ce qui est une autre façon de traduire le curieux passage suivant, extrait d’un livre écrit en 1877:

« Une fois que le principe de vie […] s’est séparé du corps physique, l’âme-Monade libérée, rejoint en exultant l’esprit qui est son parent [= dans un double rôle de père et mère], le rayonnant Augoéidès […][60].  »

Conclusions

Pour tenter d’expliquer les expériences aux limites de la vie, les modèles proposés peuvent différer au point de s’opposer radicalement, sans cependant toujours s’exclure mutuellement.

Selon la discipline choisie, on fera appel à :

– la pathologie

– la psychanalyse freudienne

– la psychologie des profondeurs, transpersonnelle, etc.

– la métaphysique

– la théologie, etc. etc.

Le modèle théosophique n’est pas réductible à un cadre rigide, du fait qu’il prend en compte des éléments qui sont reconnus essentiels dans les principales disciplines mais qui, pris isolément, se révèlent incapables de tout expliquer.

Pour prendre un seul exemple: si la pathologie permet de comprendre la genèse de certains phénomènes (auras liées a des affections temporales ou autres), elle ne saurait prétendre dire pourquoi telles images apparaissent dans la conscience du malade, et comment un événement physiologique peut s’accompagner d’une de ces expériences extatiques décrites par un patient sujet à l’épilepsie, comme Dostoïevski:

« Il est des moments à peine longs de cinq à six secondes, où l’on sent la présence de l’éternelle harmonie [ … ]; terrible est l’effrayante clarté avec laquelle elle se manifeste et l’extase dont elle vous remplir. Si cet état durait plus de cinq secondes, l’âme ne pourrait l’endurer, et devrait disparaître. Pendant ces cinq secondes, je vis toute une existence humaine, et pour ces moments-là je donnerais volontiers toute ma vie sans penser que ce serait trop cher payer.[61] »

Lorsque, à la suite d’un dérèglement du corps, il arrive qu’un homme revoie ainsi l’intégralité de sa vie, dans une ambiance indescriptible de paix, etc… on n’a pas tout dit en mettant le doigt sur la cause physique qui a déclenche le phénomène, ni en évoquant quelque stress psychologique, ou la miséricorde de Dieu.

Nécessairement incomplet dans l’état actuel de nos connaissances, le modèle théosophique présente néanmoins les avantages suivants:

– existant depuis plus de 100 ans, il n’a pas été inventé pour les besoins de la cause, dans l’actuel climat d’engouement pour les NDE;

– il s’inscrit dans un ensemble très élaboré et cohérent, qui prend en compte la vie et la mort, dans une perspective d’évolution humaine reliée au tout de l’univers;

– il est capable d’expliquer des expériences de conscience modifiée faites hors du contexte de la mort[62]

– il conserve à l’homme toute sa dignité et, par sa cohérence, peut servir à inspirer une réelle démarche d’aide aux mourants.

En résumé: essentiellement transpersonnelle dans sa psychologie, la Théosophie de Mme Blavatsky offre les postulats suivants, transposables aux cas des NDE

– dans l’immense échelle (encore très peu explorée en Occident) des états de conscience modifiée ouverts à la personnalité terrestre, une fenêtre particulière s’ouvre d’une façon naturelle (et programmée) à l’homme déconnecté de son cadre habituel par le stress de la mort;

– au niveau extrême de la gamme des états possibles, la conscience personnelle, avec la structure subtile qui la sous-tend, finit par venir en rapport étroit avec son alter ego transpersonnel, dont les fonctions propres s’exercent dans un autre ordre de réalité, hors du cadre spatio-temporel;

– à la faveur de cette sorte de rencontre avec un Moi quasi-omniscient, la personnalité bénéficie de la puissante osmose qui s’établit, et revoit le film de son existence avec toutes les dimensions supplémentaires que lui ouvrent les capacités propres de la conscience transpersonnelle;

– il faut noter cependant que le rapport étroit personnel/transpersonnel qui se réalise à l’heure de la mort n’atteint pas la profondeur d’une complète union véritable et définitive, vu qu’un tel état communiquerait à l’être humain la connaissance totale, et consciente, propre à l’Ego transpersonnel, et du coup élèverait cet être à la stature de ce qu’on serait tenté d’appeler un « dieu ».[63]

– dans certains cas, la vision du mourant englobe l’enchaînement causal d’autres existences antérieures;

– cette expérience extrême qui analyse, avec un relief absolument unique, toutes les attitudes et démarches de la personnalité (en l’instruisant intégralement sur le vrai rôle qu’elle a joué), imprime dans celle-ci une mémoire extrêmement vivante (qui se conserve lors d’une réanimation) dont l’utilité paraît essentielle dans la suite du vécu posthume (selon la Théosophie): en effet, à tous ces souvenirs sont associées des énergies psychiques qui formeront, après la mort, la base des expériences ultérieures de conscience, autour de la note tonique fondamentale qui se dégagera de l’immense symphonie vibratoire de toutes ces énergies résonnant à l’heure ultime de la vie.

– point capital: l’être humain qui, en mourant, vit ces états subjectifs n’est pas encore mort; il reste relié à son corps – à son cerveau, même si l’activité électrique de ce dernier semble totalement stoppée; lorsque le lien est coupé définitivement, le choc de la mort (dû à la séparation finale entre le physique et l’astral) entraîne, dans le cas général[64] l‘extinction de la conscience personnelle « comme la flamme d’une bougie qu’on souffle » – au moins le temps que se réorganise une structure psychique indépendante du cerveau, capable de servir de base à une nouvelle forme de conscience personnelle; mais ceci sort du cadre des NDE.

– en définitive, il est essentiel d’observer que ce modèle théosophique vise l’entrée réelle dans la mort, les récits des témoins recueillis de nos jours devant être interprétés avec prudence, en tenant compte de l’écart inévitable existant entre l’expérience authentique (et ineffable) qu’ils ont pu faire et sa traduction finale à travers le prisme de la psyché; ces témoins n’ont connu que les dernières limites de l’existence et – malheureusement – ne sauraient nous informer sur l’après-vie (= la Vie après la Vie).

Peut-être faut-il encore rappeler, pour terminer, que ce modèle ne repose pas sur les témoignages convergents de voyants et de médiums: il a été proposé à la réflexion des Occidentaux comme le fruit de l’expérience directe de yogis entraînés.

L’un d’eux a écrit:

« Nous vous disons ce que nous savons, car nous sommes conduits à l‘apprendre par expérience personnelle. Vous savez ce que je veux dire et JE NE PEUX EN DIRE PLUS. « [65]

Ce qui renvoie (peut-être) aux secrets de l’initiation de jadis – et nous remet en mémoire ces mots d’Apulée affirmant que « l’acte même de l’initiation figure une mort volontaire »:

« J’ai approché des limites de la mort; j’ai foulé le seuil de Proserpine et j’en suis revenu porté à travers tous les éléments; en pleine nuit j’ai vu le soleil briller d’une lumière étincelante… »[66]


[1] Précisons que dans la décennie 1880-90 (où s’est développée la grande littérature théosophique), Freud (devenu médecin en 1886) en était encore à découvrir l’hypnose. Quant à Jung, il est né en 1875, l’année de la fondation de la « Theosophical Society » par H.P. Blavatsky.

[2] Ma Vie, Gallimard, Paris, 1973.

[3] The Secret Doctrine, II, p.306 (ed. originale en anglais, Londres New York, 1888).

[4] H.P. Blavatsky, article « Un prophète astral », Cahier Théosophique N°139, p.17.

[5] Ibid.  pp.16-17.

[6] H.P.B., article: « La mémoire chez les mourants », C.T. N°139, pp.4-7.

[7] Voir: W.Q. Judge, « Le souvenir des expériences de l’Ego » et H.P.B., « Les rêves », in Les rêves et l’éveil intérieur. Ed. Textes Théosophiques, Paris, 1987.

[8] Voir Les rêves et l’éveil intérieur, op.cit., p.62.

[9] H.P.B., article: « Facts and Ideations », Collected writings, VI, pp.347-9.

[10] H.P.B., Les rêves et l’éveil intérieur, op.cit.,p.56.

[11] H.P.B., Isis Unveiled, l, p.178 (édition originale en anglais).

[12] Dr Ch. Féré: « Notes pour servir à l’histoire de l’état mental des mourants », in Mémoires de la Société de Biologie de Paris, tome 1, 9e série, 16 février 1889, pp.1 08-109.

[13] W.Q. Judge, Notes sur la Bhagavad-Gitâ, p.101. Ed. Textes Théosophiques, Paris, 1947.

[14] W.Q. Judge, L’Océan de Théosophie, Ed. Textes Théosophiques, Paris, 1981, p.104.

[15] W.Q. Judge, Notes sur la B.G., p.102.

[16] H.P.B., article: « La mémoire chez les mourants ».

[17] C’est la raison pour laquelle les écoles spirituelles mettent en garde contre une exploration intempestive de ces niveaux où la folie guette l’imprudent qui s’aventure trop loin dans l’astral.

[18] Voir, du Dr Rawlings, Au delà des portes de la mort, Pygmalion, Paris, 1979.

[19] Kenneth Ring, Sur la frontière de la vie, Robert Laffont, Paris, 1982, p.282. Un lecteur averti peut se rendre compte que cet auteur était sûrement au courant du modèle théosophique d’explication des NDE.

[20] J-L. Siémons, Mourir pour renaître, Albin Michel, Paris, 1987, p.128.

[21] Faut-il préciser que cette expérience exceptionnelle pour l’homme ordinaire, qui lui est accordée au moment exceptionnel de la mort, est loin de représenter le plus haut niveau de samadhi que peut atteindre un yogi spirituel. Il ne s’agit ici encore que de conscience « astrale », c’est-à-dire d’une conscience permise par une machinerie astrale, reliée au cerveau physique, avant la mort définitive.

[22] C’est aussi l’avis du Dr Elisabeth Kübler-Ross.

[23] Lettre à A.P. Sinnett, citée dans l’article: « La mémoire chez les mourants ».

[24] Ibid.

[25] H.P.B., La Clef de la Théosophie, Ed. Textes Théosophiques, Paris, 1983, p.177.

[26] W.Q. Judge, Océan de Théosophie, pp.104-5.

[27] H.P.B. La Clef de la Théosophie, p.177.

[28] The « core experience », selon « expression de K. Ring, curieusement traduite en français par «  »expérience du substrat » (??).

[29] The Mahatma Letters to A.P. Sinnett. Rider and Company, London, eighth impression, 1948, p.170.

[30] Kenneth Ring, op. cit, p.270.

[31] Ibid., p.270.

[32] Ibid., p.271.

[33] Clef de la Théosophie, p.177.

[34] R. Noyes & R. Kletti, « Panoramic Memory: a Response to the Threat of Death », in Omega 8 (1977),

p.184.

[35] A. Heim, « Notizen über den Tod durch Absturz », in Jahrbuch der Schweizer Alpen Club, 27 (1892),

pp.327-37.

[36] Extrait d’une lettre d’Albert Heim à Oskar Pfister

[37] cf. « La mémoire chez les mourants » op.cit. p.8

[38] Carol Zaleski, Otherworld Journeys, Oxford University Press, New York/Oxford, 1987 (p.129)

[39] K. Ring, Sur la frontière de la vie, Ed. R. Laffont, Paris, 1982, p.76

[40] R. Moody, La Vie après la Vie, op.cit. p.87.

[41] K. Ring, Sur la frontière de la vie, op.cit., p.76.

[42] Il arrive que dans un rêve un homme soit prévenu de la mort d’un ami, au moment même où elle survient. Parmi les diverses explications de ce phénomène, un des auteurs théosophes a suggéré (dans un cas précis rapporté) que « le rêve avait sans doute été déclenché par le revue panoramique de l’existence de l’individu mourant qui se déroulait rapidement dans son mental à cet instant: au moment où ce mourant avait pris conscience de ses relations avec X (= le rêveur) ce souvenir avait vibré en liaison avec cet ami, en déclenchant chez lui ce rêve », à un moment où la nature physique de ce dernier était en repos (Voir: Les rêves et l’éveil intérieur, op.cit., pp.105-6).

[43] P.M.H. Atwater, I died Three Times in 1977, Dayton, Va, 1980. (p.22).

[44] Clet de la Théosophie, p.177.

[45] F. Lenz, Litetimes, The Bobbs-Merrill Company, Inc. Indianapolis/New York, 1979. Ces expériences, rappelant les NDE, ont été faites dans des conditions éloignées du stress de la mort.

[46] Raymond A. Moody, Jr., Lumières nouvelles sur la Vie après la Vie, éd. R. Laffont, Paris, 1978.

[47] Voir N°14, Cahier Théosophique, article: « Clairvoyance ».

[48] Voir Bulletin lANDS, N°2, article « Actualité des mythes de la mort chez Platon et Plutarque » (J.L. Siémons).

[49] Clef, op.cit., p. 177. Selon la Théosophie, cette vision a lieu après un long temps d’assimilation des énergies psychiques de l’incarnation précédente, pendant lequel la conscience de l’Ego a été profondément mobilisée, loin des contingences terrestres.

[50] « Un prophète astral », revue Lucifer, Londres, juin 1890. (Voir Cahier Théosophique N°139, pp.17-18).

[51] Il s’agit ici du Soi-Ego individuel, non de sa racine ineffable – l’Atman – qui n’a sûrement pas partie liée avec une personnalité terrestre.

[52] Cet automate renvoie à la machinerie astrale psychique fonctionnant normalement avec le cerveau physique.

[53] Cette mémoire contient bien sûr toute l’imagerie qui peut servir à décoder le message de l’Ego, en termes de conscience terrestre.

[54] C’est ici une nouvelle allusion au phénomène de décodage d’une impression quasi instantanée en un train linéaire d’images, associées à un déroulement appréciable du temps, au moment où la conscience cérébrale redevient active.

[55] R.A. Moody, Jr. Lumières nouvelles sur la Vie après la Vie, op.cit., pp. 59-64.

[56] Voir, par exemple, chez R.A. Moody (La Vie après la Vie, op.cit., pp.122-7), le cas d’un homme averti par l »’être de lumière » de sa mort prochaine (et conduit, en état de décorporation, à la salle d’opération où il devait finir sa vie). Supportant avec sérénité cette nouvelle, l’homme finit pourtant par s’alarmer, en pensant à un jeune neveu dont le sort dépendait de lui: il tenta de rédiger des instructions pour sa femme et… fondit en sanglots en pensant aux conséquences de sa mort. A ce moment, la « présence » se fit de nouveau sentir; après un dialogue sans paroles avec elle, la pensée vint au malade, en toute clarté: « Parce que tu intercèdes pour quelqu’un d’autre, parce que tu penses à autrui et non pas à toi-même, John, je vais t’accorder ce que tu demandes. Tu vivras jusqu’à ce que ton neveu ait atteint l’âge d’homme. »

[57] w.Q. Judge, Océan, op.cit., p.105.

[58] Ibid.

[59] Clef, op.cit. p.76.

[60] Isis Unveiled, op.cit., l, p.303. Le mot grec augoéidès (brillant éclatant) est emprunté à Proclus qui l’utilise (avec le mot astroéidès = semblable à un astre) pour qualifier le corps lumineux de l’âme une fois dépouillée de ses « vêtements » (physique et psychique)..

[61] Cité par Oliver Sacks, in L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, Seuil, Paris, 1988. p.219.

[62] Dès lors qu’on accepte l’idée que les mourants sont encore reliés de quelque manière à leur cerveau physique, et que la grille des différents états de conscience permis dans les plans astraux est accessible par une coordination ad hoc entre la machinerie cérébrale et la machinerie astrale (inséparables pendant l’incarnation terrestre), on peut comprendre que cette coordination puisse être approchée par l’usage de certaines drogues (psychédéliques ou autres) et, bien entendu aussi, par les stimulations volontaires permises par les techniques spirituelles (méditation, etc…) – éventuellement même par des inductions involontaires, qui restent extrêmement rares: voir les cas répertoriés par Frederik Lenz (Lifetimes).

[63] Cet état transcendant, d’après la Théosophie, est en quelque sorte programmé sur la voie ascendante de l’évolution de la conscience humaine. Il exige cependant une radicale métamorphose de structure de l’être psycho-physique, au prix des efforts de nombreuses incarnations.

[64] Il y a ici « des exceptions, et des exceptions aux exceptions », selon un mot du maître de Mme Blavatsky.

[65] Mahatma Letters, op.cit. p.131.

[66] Apulée, L’Ane d’or (éd. Les belles Lettres) Livre XI.