Si le travail alchimique comporte diverses techniques recourant à des procédés diététiques, gymniques, respiratoires, ou de visualisation, l’essentiel de ce travail s’opère par la méditation dans la quiétude, grâce à laquelle le cinabre intérieur peut être obtenu sans effort. Restant dans un état de parfaite tranquillité, ne réagissant qu’à un stimulus extérieur, c’est ainsi que l’adepte utilise son esprit. Il est tel l’étoile polaire de la Grande Ourse, pivot céleste immuable autour duquel gravitent les étoiles. Il y a dans l’absence de mouvement quelque chose que l’on peut appeler mouvement, présence dans la sérénité de l’eau vive et de la lumière qui fertilisent le paysage intérieur. Au sein de cette clarté spirituelle, la lune brille de tout son éclat dans un ciel sans nuage.
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Gabriel Monod-Herzen : Le paradoxe alchimique
Il existe, ou plutôt il existait, un paradoxe alchimique. Depuis le 1ier quart du XVIIIe siècle en France et un peu plus tard en Angleterre, l’Alchimie était scientifiquement et moralement condamnée par les plus hautes autorités intellectuelles comme un tissu de superstition exploitées par des escrocs, et nulle voix ne prenait sa défense. Mais on constatait en même temps que cette doctrine fausse et ses pratiques avaient obtenu, après mûr examen, parfois l’adhésion et en tous cas le respect d’esprits aussi élevés et désintéressés que ceux de Saint Albert le Grand ou d’Arnaud de Villeneuve. En même temps, on voyait les Alchimistes accepter de souffrir la torture plutôt que de révéler leurs secrets : on comprend mal comment une pure supercherie pouvait obtenir de telles preuves d’estime et de dévouement.