Inaugurée par les byzantins et les Arabes, fabuleuse dans son expression, merveilleuse dans son projet, l’alchimie impose aux chatoyantes spéculations de la Gnose maintes parures orientales. Elle s’enchante aux allégories colorées et complexes. Elle tient en mépris la sobriété des métaphores classiques. Habile à inventer entre les ordres divers de l’être des correspondances fantasques, elle impose à ses sectateurs une ascèse bien réglée. Tandis que, dans l’« Œuf philosophique », globe de cristal soigneusement clos, ils surveillent la coction et la métamorphose du « compost », mélange secret d’où, comme d’un embryon, prisonnier de l’utérus, naîtra la pierre philosophale, ils doivent passer par les exercices gradués d’une lente purification. Ils professent la croyance que pour parfaire le « Grand Œuvre », régénération de la matière, ils doivent poursuivre la régénération de leur âme. Cette gnose tâche vite à prendre un aspect chrétien. De même que dans leur vase scellé, la matière meurt et ressuscite, parfaite ; de même, ils souhaitent que leur âme, succombant au trépas mystique, renaisse pour mener en Dieu une existence extasiée.