Tchoang-Tzeu : Joie parfaite

Sous le ciel y a-t-il, oui ou non, un état de contentement parfait ? y a-t-il, oui ou non, un moyen de faire durer la vie du corps ? Pour arriver à cela, que faire, que ne pas faire ? de quoi faut-il user, de quoi faut-il s’abstenir ? — Le vulgaire cherche son contentement, dans les richesses, les dignités, la longévité et l’estime d’autrui; dans le repos, la bonne chère, les bons vêtements, la beauté, la musique, et le reste. Il redoute la pauvreté, l’obscurité, l’abréviation de la vie et la mésestime d’autrui; la privation de repos, de bons aliments, de bons vêtements, de beaux spectacles et de beaux sons. S’il n’obtient pas ces choses, il s’attriste et s’afflige… N’est-il pas insensé de rapporter ainsi tout au corps ?

« Yeh, point germinal » : La rencontre du sacré

Le Maître invite l’homme à trouver son être par le dedans, plutôt qu’en se dispersant dans une multitude d’actes et de mouvements extérieurs. Les cinq couleurs, les cinq sons, les cinq saveurs ne font, dit-il, que désorienter l’homme. Avant tout, celui-ci doit purifier son regard pour parvenir à l’extrême du Vide. Le Vide (wou) est un des grands symboles de la pensée taoïste. Le sage connaît la loi suprême. Vidé de ses passions, de ses désirs, il est pleinement habité par le Tao.

Marie-Ina Bergeron : La Chine et Teilhard

Toute la différence entre la Chine et l’Occident tient peut-être à ce renversement d’attitude à l’égard du monde, à cette inversion des rapports : ici, la nature soi-disant dénuée de toute valeur spirituelle en soi, n’a d’autre raison d’être, que de se plier à tous les caprices, à toutes les fantaisies, à toutes les « mégalomanies » de l’homme d’Occident; là, pour la Chine ancienne, le « ciel » ou nature, est un « maître », l’homme se tient à ses pieds « comme un ruisseau au pied de la montagne » ou « un disciple au pied du sage ». Il l’écoute, il cherche à comprendre son langage non pour l’asservir, mais pour entrer dans l’œuvre qu’elle lui propose d’accomplir de concert avec elle…

Qui donc en connaîtrait l’origine ?

La vie nous est donnée sans notre consentement et sans même que nous en ayons une conscience claire. Qui se souvient d’être né ? Mais l’impossibilité où nous sommes de «savoir» notre origine ne nous empêche pas de la ressentir par toute notre vie. L’expression: «Qui donc en connaîtrait l’origine» n’est qu’un étonnement admiratif du mystère d’être et non un soupir désabusé. Si le discours était désabusé, il ne manquerait pas d’hélas et d’autres formules du genre pour le dire.

Catherine Despeux : L’alchimie intérieure dans le taoïsme

Si le travail alchimique comporte diverses techniques recourant à des procédés diététiques, gymniques, respiratoires, ou de visualisation, l’essentiel de ce travail s’opère par la méditation dans la quiétude, grâce à laquelle le cinabre intérieur peut être obtenu sans effort. Restant dans un état de parfaite tranquillité, ne réagissant qu’à un stimulus extérieur, c’est ainsi que l’adepte utilise son esprit. Il est tel l’étoile polaire de la Grande Ourse, pivot céleste immuable autour duquel gravitent les étoiles. Il y a dans l’absence de mouvement quelque chose que l’on peut appeler mouvement, présence dans la sérénité de l’eau vive et de la lumière qui fertilisent le paysage intérieur. Au sein de cette clarté spirituelle, la lune brille de tout son éclat dans un ciel sans nuage.