Orlando Moreira : Le mythe d’Hector et la réalité du chien

Moreira soutient que Camus, aussi pénétrant fût-il, a manqué quelque chose de crucial : en défendant sa dignité face à un monde absurde, il est resté aveugle à une vérité émotionnelle. Ce qui peut finalement nous soutenir n’est pas la révolte courageuse de l’intellect, mais l’humilité et la vulnérabilité du doute et de l’incertitude. Car le soin apporté à l’autre ne commence ni dans la défiance ni dans la condescendance, mais dans le fait de permettre à l’autre d’être insuffisant, tout comme nous le sommes nous-mêmes.

Marcel Hennart : Le désespoir existentialiste

Par son reniement même de toute transcendance, JEAN-PAUL SARTRE nous incite à expérimenter l’état du monde en la méconnaissance de son sens profond. Nous trouvons chez lui une vue presque bouddhique : « la diversité des choses, leur apparente individualité n’était qu’une apparence, un vernis ». Mais une fois que Sartre prétend gratter ce vernis, nous voilà bien loin de trouver l’Être dont la Mayâ n’est que le reflet. « La vraie mer est froide et noire, pleine de bêtes; elle rampe sous cette mince pellicule verte qui est faite pour tromper les yeux ».