Radha Burnier : Vérité et illusion

A ce propos, il est important de comprendre que les deux faces de la réalité ne peuvent pas être « expérimentées » en même temps. Une personne ne peut pas voir au même moment le même objet comme étant un serpent et une corde. Personne ne peut vivre les incidents d’un rêve et parallèlement les réalités de la conscience de veille. Le rêve doit cesser pour qu’une personne puisse avoir cette dernière conscience. Pour que la réaction change, il faut que la vision du serpent fasse place à celle de la corde. Ceux qui cherchent le spirituel ont le plus souvent l’impression qu’ils peuvent s’accrocher à toutes les choses du monde et en même temps avoir les choses spirituelles. Cela est impossible parce que la croissance en spiritualité correspond à un éveil à une nouvelle dimension de la réalité. La Voix du silence dit : « Le soi de matière et le Soi de l’esprit ne peuvent jamais se rencontrer. L’un doit disparaître, car il n’y a pas place pour les deux ».

Swami Hridayananda Sarasvati : Raja Yoga 11

Donc le pouvoir d’illusion dissimule, obnubile la réalité et fait que nous ne sommes plus conscients de cette réalité et alors, cette force projette l’irréel. L’irréel étant ce qui a un début et une fin, ce qui est soumis au changement, ce qui est périssable un jour ou l’autre. Cela concerne tout dans l’univers, que ce soit la lune, le soleil, les montagnes, tout ce que vous pouvez penser, car tout change et périt et un jour cela disparaît. Donc tout cela peut être considéré comme irréel, tout ce qui peut être saisi par nos sens est irréel de ce point de vue là.

Frédéric Lionel : Vouloir ce qui est voulu

De par son origine grecque le terme « ascèse » désigne un exercice et, par extension, une purification facilitant une transformation par laquelle s’appréhende sa propre réalité, en tant que cellule d’une Réalité transcendantale. Elle entraîne un « moi » harmonieux, conscient de participer à une harmonie en grandissante sublimation. L’ascèse souhaitable débute par la décision d’abandonner la piste où se déroule la perpétuelle course aux ambitions et aux désirs. Elle épuise, depuis des millénaires, des générations d’humains. Jamais encore, néanmoins, cet épuisement n’a, comme aujourd’hui, frisé le désastre, car jamais encore les moyens dont disposaient les hommes ne furent aussi puissants.

Gabriel Monod-Herzen : Il n’y a de choix que dans le présent

Qu’est-ce qui fausse notre choix ? La partie du mental qui constitue notre mémoire. De mauvais souvenirs, même subconscients, nous incitent au refus par analogie. Au contraire, de bons souvenirs nous font accepter la chose immédiatement. C’est d’autant plus dangereux que la moitié du temps on n’en est pas conscient. C’est ce que les Bouddhistes appellent « l’illusion du moi », car ce n’est pas moi qui fais un choix, mais le souvenir

Frédéric Lionel : L'attrait de l'occulte

Un maître Zen un jour déclara : « Si le fait de prendre la position du lotus suffisait pour gravir le sentier, toutes les grenouilles seraient des Bouddha. » Pour déceler le pourquoi de sa propre insatisfaction et le mécanisme de la pensée qui conduit à l’illusion, barrière sur le chemin de l’initiation, il faut être vigilant. Seule la vigilance dégage la voie de la Connaissance, et seule la Connaissance est initiation aux choses de la Vie et détermine des actions qu’inspire la Sagesse.

Alexandra David Neel : La discipline spirituelle bouddhiste

Une attention soutenue, des investigations perspicaces nous montrent que nous ne sommes pas une unité mais une pluralité, que nous abritons, temporairement, des hôtes d’origines différentes, venus de toutes les directions de l’univers, en longues suites de causes et d’effets entremêlés, sans qu’il nous soit possible de leur découvrir un point initial de départ.