Eric Baret : Le corps et la pensée sont complètement conditionnés. La seule liberté, c'est de voir ces conditionnements!

Je pense qu’il n’y a qu’une crise: quand vous vous rendez compte que tout ce que vous faites, que tout ce que vous pensez vient de votre mémoire, que tout ce que vous rencontrez, c’est le passé et que vous ne pouvez pas avoir la moindre idée créatrice. Vous avez alors le pressentiment profond que ce que vous cherchez n’est pas dans la situation, n’est pas dans la perception. Vous constatez que vous pouvez uniquement aller devant. Tout ce que vous pensez, c’est devant vous, et pourtant, vous vous rendez compte que vous pouvez uniquement projeter le connu, la mémoire. Le neuf, la liberté ne peuvent être dans la projection. La crise émerge de l’évidence que vous ne pouvez penser que le vieux, alors que c’est le neuf que vous cherchez. Vous vous rendez compte que toute votre vie, que toutes vos actions sont faites constamment pour trouver ce neuf, pour trouver le non-désir et vous ne pouvez que répéter les schèmes qui reproduisent les erreurs passées. Votre questionnement ne peut plus être devant. La pensée n’a pas les éléments pour arriver à la non-pensée. Lorsque l’on rencontre ce moment dans la vie, c’est vraiment une crise, un choc. Vous savez très bien où vous ne voulez pas aller. Vous ne savez pas où vous voulez aller, mais vous voyez très bien où ne se trouve pas ce que vous cherchez. C’est un choc très profond. Les jeunes aussi éprouvent cela. À l’âge de quatorze ou quinze ans, on se rend compte qu’on ne veut pas être comme son père ou sa mère, qu’on ne veut pas mener une vie bourgeoise. On s’aperçoit que la société est factice. À cet âge, on sait très bien ce que l’on ne veut pas, mais on n’a pas le pressentiment de ce que l’on veut. Ce sont vraiment des crises très profondes.

Gabriel Monod-Herzen : Vie et oeuvre de Sri Krishna Prem

Ceci est le récit de l’existence d’un homme qui eut deux vies, et de celles que beaucoup d’entre nous ont rêvé. Le 10 Mai 1898 naissait à Cheltenham, Ronald Henry Nixon. Son père, expert en porcelaines chinoises, faisait le commerce de la verrerie et de la porcelaine. Sa mère était christian scientist : elle fit de son fils un végétarien, ce qui lui fut fort utile lors de ses voyages. Quand il eut fini ses études secondaires, le jeune Nixon obtint son admission au King’s College de Cambridge, dans la section des sciences. Il ne devait pas en profiter immédiatement en raison de la guerre de 1914-1918: engagé dans l’aviation, il passa toute l’année 1917 en France ; mais il ne semblait pas avoir d’avenir dans l’armée : l’extrême franchise de ses réponses déplaisait à ses chefs.