Un autre univers, régi par d'autres lois avec Jacques Ravatin par Anne Denieul

On perd son temps, déclare-t-il dès le début de l’entretien, à chercher des solutions en accord avec des modes de pensée rationalistes, comme le font actuellement les différentes écoles de parapsychologie. Accumuler les statistiques, tenter de faire rentrer à tout prix dans la catégorie du reproductible quelque chose qui n’appartient pas à notre logique est absolument ridicule, et la théorie de Costa de Beauregard sur l’inversion du temps ne tient pas. Ces types de phénomènes resteront méconnus et inexplicables, tant que les spécialistes s’acharneront à les analyser avec une grille de logique cartésienne, applicable à des mécanismes physiques, mais insuffisante lorsque le subjectif et le non-reproductible ne peuvent être séparés de l’objectif et de l’apparence.

(Extrait de : Anne Denieul – Le sorcier assassiné. Édition Perrin 1981)

Jacques Ravatin a été nourri dans le sérail, docteur ès sciences en physique-mathématiques, il a l’esprit rompu aux disciplines scientifiques les plus rigoureuses comme aux méthodes en cours.

Il a créé voici cinq ans (1976) le groupe Totaris, destiné à l’étude des systèmes intellectuels et matériels qui échappent aux contraintes de la logique aristotélicienne et aux excès de la méthode analytique, où les recherches sur les émissions dues aux formes sont poursuivies de façon intensive. Il porte un intérêt non moindre à l’univers mystérieux de la magie, dont la réalité lui semble incontestable, mais qui, à son sens, restera inexpliqué tant qu’on s’acharnera à vouloir qu’il fonctionne selon les règles cartésiennes.

« La science est une entité merveilleuse, soupire Jacques Ravatin, malheureusement, elle se trouve aujourd’hui prise dans un étau. C’est folie de croire que le mode de raisonnement utilisé pour la recherche de la connaissance est unique. La pensée est riche de potentialités illimitées. »

Quel risque prend-on, quand on s’aventure contre les tabous ? De passer pour Prométhée ou pour Don Quichotte ? Qu’y faut-il ? Outrecuidance, folie, génie, ou tout simplement du courage ? On les a tous, quand on est sûr d’avoir raison. Mais si l’on se trompait ?

Car il faut aller contre toutes les normes, les lois incontestées du progrès scientifique, qui depuis deux cents ans ont fait leurs preuves, transformé nos modes de vie, changé effectivement le monde.

Il est vrai que de nombreux hommes de science, et parmi les plus grands, se heurtèrent à l’incompréhension de leurs pairs quand ils formulèrent leurs diverses théories. La comparaison peut sembler présomptueuse. Mais la remise en cause est d’une telle ampleur qu’elle peut se situer à de tels sommets.

L’étude des émissions dues aux formes révèle l’existence d’une nouvelle forme d’énergie, encore plus fondamentale que l’électricité, les ondes électromagnétiques, et même l’énergie nucléaire, puisqu’on les retrouve à tous les niveaux d’existence, galaxies, cristaux, atomes, matière vivante comme matière inerte, et pensée. Extension considérable de la radiesthésie, qui devient de leur fait plus compréhensible, elles offrent un intérêt capital en recherche fondamentale et en recherche appliquée. La radionique, dont Roger de Lafforest préconisait l’usage en médecine, est l’une des innombrables applications possibles. On peut en étendre l’emploi à l’industrie chimique, à la métallurgie, à l’agriculture, à la biologie, à l’environnement — les émissions dues aux formes permettraient de lutter efficacement contre la pollution —, à bien d’autres domaines encore.

Jacques Ravatin met tous ses espoirs dans la fondation Arkall, association pluridisciplinaire créée par le groupe Totaris et ouverte à tout chercheur véritable, de quelque origine qu’il soit, éprouvant le besoin d’une approche nouvelle de la nature et de l’homme.

Persuadée que la connaissance ne peut rester enfermée dans des disciplines cloisonnées, cette fondation rassemble spécialistes et non-spécialistes, intuitifs, praticiens et théoriciens, et des chercheurs de tous horizons, mathématiciens, physiciens, chimistes, médecins, allopathes, homéopathes et acupuncteurs, architectes, musiciens, linguistes, historiens, kabbalistes, alchimistes… la liste ne se veut jamais close.

Pourquoi Arkall ? « Parce que… arche d’alliance, explique Roger de Lafforest dans La Réalité magique, parce que ses fondateurs ont réalisé des études sur l’arche d’alliance mystérieusement apparue et perdue ; parce que l’arche est censée contenir la somme des connaissances ; parce que l’arche jette un pont entre la pensée ancienne et la pensée à venir, jette un pont entre les êtres, ceux des temps passés, ceux des temps présents, ceux du futur lointain. L’arche d’alliance fait rêver, suscite des combats intellectuels et religieux, stimule la pensée, rassemble… »

L’objectif poursuivi est fort ambitieux, puisqu’il s’agit de créer une nouvelle forme de pensée. Pour cette approche nouvelle de la nature et de l’homme, des méthodes nouvelles et de nouveaux territoires de recherche, les systèmes non cartésiens. Ainsi doit s’élaborer la science du global.

« L’être humain a créé des barrières pour se situer dans l’univers, lit-on dans la revue Décalaire, organe de la fondation. Pour le comprendre, il a mis des repères, des unités. Mais ceux-ci peuvent disparaître. Alors les mythes anciens réapparaissent, prennent corps et âme. C’est le global qui se fait sentir. Cette notion est indispensable si l’on veut comprendre la vie et même l’inerte. »

Il s’agit dès lors de reconsidérer dans ces perspectives autres les diverses données de la connaissance. Sur notre demande, Jacques Ravatin va appliquer cette méthode dite « globale » aux principes généraux et à quelques aspects de la magie et de la sorcellerie.

La théorie magique

A l’écoute, non de moi-même,

Mais du Logos, je reconnais

Qu’il y a deux raisons, deux logiques,

Et que celle du monde sensible,

Qui soumet la raison aux sens,

Est inférieure à celle qui nous montre

Que tout est un, et intégré

Dans une structure d’Unité.

HÉRACLITE

La pensée cartésienne a été très exclusive. Faute de pouvoir expliquer la magie, elle a préféré la nier, parachevant ainsi l’action exterminatrice de l’Église chrétienne, dont elle prit très exactement le relais dans la chronologie. Pourtant, la magie existe et figure en bonne place depuis toujours dans toutes les cultures traditionnelles, magie opérative, dont les exploits semblent si extraordinaires aux représentants de la civilisation du XXe siècle que nous sommes, que nous serions enclins à les faire relever du seul imaginaire.

C’est donc la question de la réalité de la magie que nous posons à Jacques Ravatin, après l’avoir posée à Roger de Lafforest, mais au niveau de la seule théorie. Cette « réalité magique », dont ce dernier a conduit de façon si convaincante, et en accord avec nos normes cartésiennes, la démonstration, où peut-elle trouver sa place, et de quelle façon, dans la conception de l’univers qui régit la pensée occidentale ?

Problème majeur, qui sous-tend tout ce livre et s’inscrit très exactement dans le cadre des travaux d’Arkall.

La magie relève d’une logique et d’une physique autres que cartésiennes, avance Jacques Ravatin. Pour expliquer la magie, il faut changer et de logique et de physique.

On perd son temps, déclare-t-il dès le début de l’entretien, à chercher des solutions en accord avec des modes de pensée rationalistes, comme le font actuellement les différentes écoles de parapsychologie. Accumuler les statistiques, tenter de faire rentrer à tout prix dans la catégorie du reproductible quelque chose qui n’appartient pas à notre logique est absolument ridicule, et la théorie de Costa de Beauregard sur l’inversion du temps ne tient pas. Ces types de phénomènes resteront méconnus et inexplicables, tant que les spécialistes s’acharneront à les analyser avec une grille de logique cartésienne, applicable à des mécanismes physiques, mais insuffisante lorsque le subjectif et le non-reproductible ne peuvent être séparés de l’objectif et de l’apparence.

Seulement le rationalisme dispose d’un langage. Il sait et il peut communiquer clairement ses connaissances. C’est là sa force. Rien de tel dans le domaine où nous nous engageons : tout langage y rencontre rapidement ses limites. Pourtant le seul espoir qui reste à l’homme de parvenir à comprendre ce qui le transcende en tant que rationaliste est d’appréhender cette nouvelle description de l’univers. »

Nouvelle ou plutôt très ancienne ? On ne sait plus qu’une telle description fut connue de l’Antiquité. Mais, si rien ou presque ne nous en est parvenu, c’est sans doute que le mode de raisonnement auquel on avait recours était beaucoup plus difficile à transmettre. Il devient pourtant indispensable, pris comme nous sommes dans les limites et les carcans de la pensée analytique, de retrouver la démarche antérieure. Les hommes de l’Antiquité savaient faire disparaître l’univers physique pour en mettre un autre à la place où les paramètres habituels se trouvaient abolis. Pendant des millénaires, magiciens et sorciers ont tiré leurs étranges pouvoirs de cet ordre de connaissances.

Enseignement difficilement communicable : Platon, le seul homme de génie à nous livrer le reflet direct et puissant de la doctrine pythagoricienne, le dit dans la VIIe Lettre : « S’il se trouve quelqu’un pour écrire un livre dans lequel il prétendra exposer ma doctrine sur les points qui me tiennent le plus à cœur, qu’il croie les avoir appris de moi ou d’un autre, ou y être parvenu par lui-même, sachez que cet homme ne comprend rien à la chose. Car il n’existe pas d’écrit de moi traitant de ces points, et il n’en existera jamais. Et cette connaissance ne se laisse pas transmettre comme une suite de théorèmes : c’est après de longues méditations, après une intime accoutumance avec son objet que, comme par l’embrasement d’un éclair, la flamme jaillit… et sa lumière continue sans plus nécessiter d’aliment extérieur. »

Ajoutons que les pythagoriciens étaient astreints au serment de secret. Platon, bien qu’initié, en fut dispensé, mais cette obligation a dû jouer son rôle dans la perte d’un tel savoir.

Ne sait-on pas aussi que certains maîtres s’entretiennent à bouche fermée avec leurs disciples, sans recourir au langage articulé, et leur donnent pouvoir de répondre de même façon ?

Semblable difficulté pour transmettre un enseignement de cet ordre se retrouve à chaque page des livres de Carlos Castaneda, ce document d’un intérêt puissant, où il rapporte avec sa minutie et sa rigueur d’ethnologue comment Don Juan, le sorcier Yaqui du Mexique, fit de lui un homme de connaissance.

Même remise en question aussi de notre description de l’univers, issue de perceptions soigneusement passées au crible de la raison : « Écoute bien, dit Don Juan à Castaneda, le monde ne s’offre pas à nous directement. La description du monde s’interpose toujours entre nous et lui. Notre expérience du monde est toujours une mémoire de cette expérience. Nous ne faisons que remémorer. »

Et plus loin : « Nous les hommes, nous avons des perceptions. Nous avons notre bulle, la bulle de perception. Notre erreur est de croire que la seule perception digne de crédit est celle qui passe par notre raison. Pour les sorciers, la raison n’est qu’un centre, et elle ne doit pas considérer toutes les choses comme admises… Le monde que nous percevons est pourtant une illusion. Il a été créé par une description qu’on nous a racontée depuis notre naissance… Changer notre représentation du monde, voilà le point crucial de la sorcellerie. »

Jacques Ravatin propose alors un nouveau découpage de l’univers : univers visible et univers invisible, univers mesurable et univers non mesurable, univers limité où l’homme pour se situer a créé des barrières, mis des repères, royaume de la pensée rationaliste et de son produit l’objet technique, et univers illimité, où les paramètres habituels se trouvent abolis, où toute notion de repère disparaît : à notre univers physique local, il oppose le global, demeure des symboles, des archétypes et des énels.

Il ne faut pas imaginer local et global, chacun de leur côté, bien séparés l’un de l’autre, mais en interaction constante, en dualité dynamique au sens yin-yang du terme. On peut dire que local et global ressemblent à deux miroirs mis face à face. L’image se répercute et l’on ne sait plus très bien comment distinguer de son reflet l’image initiale.

On peut comme Alice traverser le miroir : il existe des passages, des sas. Ils nous renvoient au mythe platonicien de la caverne, avec ses deux portes : l’une permettait aux dieux de visiter les hommes, par l’autre les mortels s’élevaient vers les dieux. C’est là une image assez juste du local et du global, avec le décalaire pour accéder au global, et l’antidécalaire pour en revenir.

Ces notions ont été définies par J. Ravatin et B. Vivès :

« Ces passages peuvent être de deux natures, affirment-ils, soit un cumulo-décalaire, soit un canal.

Le cumulaire se caractérise par le fait que tout système de repérage disparaît. Il peut à nouveau réapparaître. On peut alors à nouveau compter. Mais qu’un cumulaire se manifeste à nouveau, et la notion de repère s’effondre définitivement. On trouvera après ce dernier cumulaire un décalaire. Le décalaire est le saut du local au global.

Le canal est une autre forme de passage du local au global. Il a été trouvé par dédoublement. Ce sont des résultats de D. et S. Franeric.

Les émissions dues aux formes, émissions dynamiques ou autres, sont le signe que là se trouve un cumulaire, là un cumulo-décalaire, là un décalaire, là un canal, ou encore bien d’autres choses qui restent à découvrir.

Lorsqu’on aborde le cumulo-décalaire, les notions deviennent errantes et disparaissent. On ne peut plus compter, dire : cela fait trois milliards d’années, ajouter ou retrancher un autre nombre, ni non plus attribuer une réalité au sens local du terme à ce qu’on y rencontre, qu’il s’agisse de la pyramide que certains disent avoir vue dans le triangle des Bermudes, des élémentaux, des fées, ou du monstre de Lochness qu’on est parvenu à photographier. »

Ainsi trouvent leur explication les merveilleux pouvoirs des sorciers qui semblaient, comme les dieux, se jouer des lois physiques de notre bas monde, pesanteur, distance ou temps. Ils connaissaient lieux et formules, pour franchir les décalaires, quitter l’univers local, se « délocaliser », et accéder « ailleurs », en ce monde invisible inextricablement imbriqué au nôtre, où de telles contingences n’existent plus, où, tout paramètre aboli, les miracles rejoignent l’acte ordinaire.

Les grimoires médiévaux, dont nous avons parlé au début de cet ouvrage, nous ont transmis sous une forme qui nous semble irrecevable recettes, drogues et onguents, secrets bizarres qui permettaient d’accéder au global et d’en revenir. Ces vieux moyens restent encore opératifs. En général « ça marche ».

Le global est donc la demeure des archétypes et des énels, notions très proches. La première s’entend au sens jungien. La deuxième a été fabriquée par les chercheurs comme une extension de la première. Le mot énel a été repris par Jacques Ravatin en hommage au chercheur de ce nom. Il correspond aussi à la contraction des mots « ensemble » et « élément ».

« L’enel est l’effet de dualité au sens yin-yang après effondrement de l’ensemble et de son élément constitutif, explique le mathématicien. Vous avez l’énel espèce humaine, l’énel pensée humaine — la noosphère de Teilhard de Chardin — l’énel monde cristallin, les énels attachés à une montagne, à une chaîne de montagnes, à un lac, à un lieu, à l’histoire d’un peuple, à un peuple, à un rituel, etc. Bref on peut dire qu’à chaque notion humaine correspond un énel. Peut-il exister des énels qui ne soient pas reliés à des notions humaines ? C’est à peu près sûr, mais ils ne sont pas abordables. »

Au sujet qui nous occupe correspond l’énel sorcellerie. Il regroupe les archétypes et les entités qui relèvent de ce vocable, l’archétype Lucifer, l’archétype Enfer, les hiérarchies angéliques et démonologiques, les génies planétaires, les esprits supérieurs et les esprits inférieurs, les fées, les élémentaux, l’archétype de la sorcière, avec ses familiers, ses animaux et ses plantes, donc le folklore que nous lui connaissons.

Archétypes et énels sont manipulables par les symboles. Résumé, quintessence, tel est le sens du symbole. Ce peut être une phrase, un mot — les mots de puissance de la religion égyptienne — un signe géométrique ou un nombre. Le symbole est dans le local, la correspondance magique des archétypes et des entités immergés dans le global. Lettres, signes, figures géométriques et sceaux, alphabets sacrés et signes pentaculaires comme la swastika, la roue solaire, le cercle et le triangle surmontés d’une croix, les signes en Z ou en E, les carrés magiques enfin sont des symboles.

Le symbole des magiciens est le pentagramme. La magie européenne a gardé cette figure pythagoricienne, signe géométrique du nombre d’or, thème de la pulsation vivante et emblème d’harmonie et de santé, devenu celui de l’Hermès gnostique, pour en faire non plus seulement le symbole de la connaissance, mais un outil de conjuration. Le pentagramme, c’est la forme qui conjure et rend obéissants bons et mauvais esprits, confère selon certaines règles la puissance sur le monde des élémentaux, voire sur les esprits supérieurs, peut déchaîner les démons du monde astral s’il est employé comme pentagramme noir, renversé, les deux pointes en haut, comme la tête du bouc, symbole de Satan…

Paracelse, qui s’est penché sur ce problème, déclare que les signes auxquels obéissent les esprits se ramènent à deux : le pentagramme, signe du microcosme, et l’hexagramme, ou sceau de Salomon, signe du macrocosme de la matière.

Planètes, génies, éléments, puissances célestes, anges, esprits dominateurs, ont leurs signatures et leurs sceaux ; sceau de Lucifer, de Belzébuth, de saint Michel, tout comme les médailles miraculeuses de la Sainte Vierge Marie, dont la description précise a parfois été donnée par la Vierge en apparaissant, ainsi celle que vit au XIXe siècle Catherine Labouré au couvent de la Visitation de la rue du Bac à Paris.

Donc le symbole est la signature de l’entité contenue dans l’énel que l’on cherche à amener en émergence. En représentant le symbole, on peut faire se manifester l’archétype, en le détruisant le faire disparaître.

Le rituel n’est pas autre chose que la succession et la mise en action de symboles. La messe en est l’un des plus beaux exemples. On la célèbre pour faire manifester l’énel chrétienté qui regroupe les archétypes Dieu, Jésus-Christ, la Trinité, les hiérarchies angéliques. Les sorciers dans leurs invocations qui sont également des rituels font manifester des entités, tentent de les amener en émergence dans le local, c’est-à-dire dans notre univers physique, par l’action des symboles immergés dans le global.

Par ces passages qu’ils savent aménager, magiciens et sorciers permettent de rejoindre l’autre côté du miroir, d’en revenir, et d’opérer de part et d’autre des transferts et des échanges.

Ces notions de local et de global nous renvoient à celles de tonal et de nagual du sorcier Yaqui, bien qu’elles soient sensiblement différentes ; elles correspondent très exactement au monde créé et au monde créateur des mystiques, deux univers distincts dont la fin est de rester sans cesse en contact, en interaction l’un avec l’autre, et dont le médiateur est la créature, choisie, purifiée, inspirée : saint, prophète, médium, ou… sorcier !

Mais le sorcier est un tricheur, qui sait forcer le dieu à venir qu’il le veuille ou non. Aucun état intérieur, transe, ou extase, conquis sur lui-même à force d’ascèse, ou donné par grâce, ne le relie au divin, mais des techniques qui lui permettent d’entrer par effraction. Il connaît le lieu et la formule.

Aujourd’hui, on l’a vu, ce vieux savoir, même s’il reste encore opératif, est dépassé.

Les chercheurs de la Fondation Arkall se proposent de remplacer symboles, rites, rituels, et recettes indéchiffrables, par des formules mathématiques. Ce sont les arithmétiques à cumulo-décalaires, arithmétiques, parce qu’il s’agit de nombres, et cumulo-décalaire, parce qu’elles permettent de franchir les passages, les cumulo-décalaires. Comme, autrefois, les sorciers et les mages par les rites et les symboles, c’est aujourd’hui grâce à des formules de ce genre qu’ils tentent d’accéder au global, d’immerger les repères et d’amener en émergence archétypes et énels.

L’arithmétique à cumulo-décalaire, c’est la formule par laquelle les entités apparaissent, les distances se franchissent, les hommes se font invisibles. C’est le Sésame ouvre-toi.

Pour cette aventure sans précédent, mettre la magie en formules mathématiques : des méthodes non cartésiennes, des appareils pour tester leurs hypothèses par la variation des constantes physiques et les émissions dues aux formes, enfin le dédoublement.

Pour trouver la formule, ils travaillent sur le nombre, et ce domaine immense, terra jam incognita des émissions dues aux formes, nombre et forme étant indissociables, le nombre étant l’essence de la forme. C’est dire qu’ils se situent dans la lignée de Pythagore.

« Tout est arrangé d’après le nombre », « les choses ne sont que l’apparence du nombre », disait Pythagore. Et Platon : « Le nombre est la connaissance même. »

Les pythagoriciens distinguent deux types de nombres, le nombre divin, ou nombre-idée, et le nombre scientifique, le premier étant le modèle idéal du second. Le nombre-idée faisait l’objet d’une discipline dénommée arithmologie ou mystique du nombre, à tendances métaphysiques, s’occupant du nombre pur.

Ils appelaient « un » l’idée d’identité, d’unité, d’égalité, de concorde et de sympathie dans le monde, et « deux » l’idée de l’autre, discrimination, inégalité. Dix, la décade, était le nombre parfait jailli de la monade, « car elle servit de mesure pour le tout comme une équerre et un cordeau dans la main de l’ordonnateur ». La pentade, ou caractéristique du cinq, participe d’une part de l’essence et de l’importance de la décade comme étant sa moitié et son image condensée, mais elle est aussi le samos, nombre d’Aphrodite en tant que déesse de l’union fécondatrice, de l’amour générateur, l’archétype abstrait de la génération. Cinq est en effet la combinaison du premier nombre pair, féminin, matrice scissipare (deux, dyade) et du premier nombre impair (mâle, asymétrique) complet (trois, triade). La pentade est aussi le nombre de l’harmonie dans la santé et la beauté réalisée dans le corps humain. Son image graphique, le pentalpha ou pentagramme, sera donc à la fois le symbole de l’amour créateur et celui de la beauté vivante, de l’équilibre dans la santé… de ce corps humain qui, projection de l’âme dans le plan matériel, reflète comme elle le grand rythme de « l’âme du monde », ou vie universelle.

« Tout ce que la nature a arrangé systématiquement dans l’univers, écrit à propos du nombre-idée Nicomaque de Gérase, paraît avoir été déterminé et mis en ordre en accord avec le nombre par la prévoyance et la pensée de Celui qui créa toutes choses ; car le modèle était fixé comme une esquisse préliminaire, par la domination du nombre préexistant dans l’esprit du Dieu créateur du monde, nombre-idée, purement immatériel sous tous rapports, mais en même temps la vraie et l’éternelle essence, de sorte que, d’accord avec le nombre, comme d’après un plan artistique, furent créées toutes ces choses, et le temps, le mouvement, les cieux, les astres et tous les cycles de toutes choses ».

Le nombre scientifique débouchait sur l’arithmétique, laquelle traitait du nombre scientifique abstrait selon une méthode aussi rigoureuse que celle d’Euclide. Très loin après ces sciences nobles venait le calcul, simple technique réservée aux gens d’affaires, à base de nombres concrets. Le plus souvent, ils n’étaient pas figurés par des chiffres, mais des lettres de l’alphabet, et parfois des groupes de points. Jusqu’à l’apparition du chiffre arabe et du système décimal… Ils marquèrent la fin du nombre. Ce sont les qualités exprimées par les nombres qu’utilise la magie. Les objets magiques, les pentacles et les talismans sont établis selon les nombres. Les chiffres ne signifient rien en eux-mêmes.

Jacques Ravatin déplore cette évolution régressive :

« Tel qu’il a été utilisé par l’homme de la Renaissance, et tel qu’il est vu le plus souvent en mathématiques, le nombre ramené au rang de chiffre se fabrique par un procédé appelé récursif en utilisant le zéro et le un. Vous avez le 2 à partir du 1, le 3 à partir du 2, etc. Mais les pythagoriciens, eux, n’utilisaient pas du tout le nombre de cette manière. Pour eux le nombre était donné a priori et avait un sens en fonction de son domaine d’application. Il a donc fallu repenser entièrement la notion de nombre.

Prenez l’exemple de la forêt, ce n’est pas seulement un ensemble d’arbres, mais un énel, quel que soit le nombre de ses arbres, quelques centaines, un millier ou plusieurs milliers. La nature n’a pas compté. Compter, c’est projeter son champ de compréhension habituel, cartésien, dans des domaines qui vont du microscopique au macroscopique selon que l’on prend l’infiniment petit ou l’infiniment grand. On va compter les atomes ou les cellules dans le microscopique, les galaxies et les nébuleuses dans le macroscopique, mais il semble que dans cette voie on arrive à s’épuiser. Il faut donc penser autrement les choses. Et à ce moment-là le nombre apparaît non pas comme donné par un procédé récursif, mais comme une entité, et une entité capable de maîtriser le vivant. Le nombre va apparaître comme un extraordinaire outil, un étonnant moyen d’action.

C’est extrêmement compliqué, car il faut créer d’autres arithmétiques. Quand vous manipulez très bien le pendule, vous arrivez à sentir ce qu’est le nombre. Vous percevez alors sa présence et son absence, car un nombre peut être plus ou moins présent ou plus ou moins absent. Vous allez avoir des coefficients d’existence du nombre. Si vous prenez a priori le nombre 3 qui ne soit pas 2 + 1, mais le ternaire, cela reste encore possible, mais si vous n’avez pas le nombre, il va falloir trouver son coefficient d’absence, d’où la difficulté. Avoir quelque chose, passe encore, mais ne pas l’avoir vraiment, que ce ne soit pas vraiment parti, voilà qui devient beaucoup plus ardu. Il faut donc sortir de nos formes de pensée et se reporter aux notions de dualité yin-yang qui veulent qu’une chose soit, mais ne soit pas vraiment, à cette philosophie où vous n’avez ni l’un ni l’autre, mais où vous avez pourtant l’un et l’autre.

Quand on travaille sur les nombres, on s’aperçoit d’une chose étrange, il existe d’autres nombres que ceux que l’on connaît. Ainsi, les nombres barrés. Le nombre barré, c’est l’image du nombre dans un miroir. Le miroir a une importance considérable. Une forme dans un miroir prend un caractère magique quand on la teste au pendule. Dans ce domaine-là, tous les nombres sont donnés. On ne les fabrique pas les uns à partir des autres. Un nombre manipulé avec des miroirs change par rapport à lui-même et l’on obtient une autre notion du nombre. Les nombres barrés ont des propriétés fantastiques, surtout quand on leur fait correspondre une forme. Il en sort des émissions tout à fait particulières. »

En effet, en bons pythagoriciens, nos chercheurs ne séparent pas le nombre de la forme : « Le nombre est l’essence de la forme ou la forme par excellence », affirme le maître de Samos, idée reprise par les kabbalistes. Les nombres peuvent être « figurés », plans : triangulaires, carrés, pentagonaux, etc. et solides : nombres pyramidaux, cubiques, parallélépipédiques, etc. « Signe géométrique et nombre, écrit Matila Ghyka dans Le Nombre d’or, participent de la nature des paradigmes ou modèles antérieurs à la création et constituent l’apport spécifiquement pythagoricien au symbolisme initiatique. Ils sont principes éternels, symboles et agents d’harmonie, agents condensateurs agissant par suggestion, libération, incantation, d’où leur caractère essentiellement magique. Le signe et le nombre correspondant sont interchangeables : pentade et pentagramme, décade et tétractys. »

Les Anciens ont possédé la science de la forme. Ils ont su l’utiliser en fonction de l’énergie considérable qu’elle détient à partir de moyens fort simples pour qui en connaît le maniement. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, cette science de la forme ou des énergies de faible amplitude a été redécouverte par André de Bélizal sous le nom de physique micro-vibratoire, avec pour unité de base l’onde de forme, aujourd’hui appelée « émission due aux formes ». Ces recherches ont été poursuivies par le groupe Totaris, avec leur extension que sont les émissions dynamiques et les champs. Ces derniers peuvent atteindre des niveaux d’émissions d’une puissance difficile à imaginer.

L’univers de la forme est un univers immense. Il n’est pas question de le décrire ici, le sujet est énorme. Disons pourtant qu’il se situe en dehors de notre univers physique. Les émissions dues aux formes relèvent donc d’une autre physique, de celle à laquelle Jacques Ravatin faisait allusion au début de notre entretien et qui expliquerait la magie.

« Il faut bien se rendre compte, commente ce physicien, que, lorsqu’on étudie la forme, ses états n’ont rien à voir le plus souvent avec notre univers physique, ils se situent en dehors de l’univers local. Il faut donc sortir de tous les concepts habituels si l’on veut utiliser la forme dans toute sa splendeur.

On s’est représenté la forme comme plongée dans l’univers physique, mais on peut aussi se représenter l’univers physique sortant de la forme. Vous allez me dire : c’est impensable, il faut bien que la forme soit plongée dans quelque chose. Mais vous avez été conditionnée à voir les formes plongées dans l’univers physique. Or, il peut y avoir une autre vision des choses où l’univers physique émerge de la forme.

En fait, on n’a ni l’un ni l’autre, mais en même temps l’un et l’autre. Il faut se placer au point de vue du yin-yang, où l’on a à la fois l’univers qui émerge de la forme et la forme qui émerge de l’univers. Cette dualité va créer un dynamisme, ce que j’appelle les nappes tangentes de l’univers physique. Ce sont ces nappes tangentes qui permettent de comprendre comment on peut amener les énels en émergence. Mais il faut changer de logique pour voir apparaître tout cela et parvenir à comprendre ce que sont les émissions dues aux formes. Avec ce genre de phénomènes, nous sommes au cœur de l’univers, et l’on peut presque dire qu’ils vous donnent tout pouvoir. »

On a vu que formes et nombres étaient interchangeables : à un nombre donné, on peut faire correspondre une forme. A toute forme, c’est-à-dire à son émission, correspond une formule mathématique : c’est l’arithmétique à cumulo-décalaire.

Vous pouvez calculer l’arithmétique à C.D. d’une émission, par exemple celle du vert négatif. Posez un verre d’eau dessus. La personne qui en boira attrapera de ce vert négatif. Point n’est besoin de forme, il suffit de calculer la formule.

De même, vous pouvez réaliser une arithmétique à C.D. par une forme. Vous faites intervenir les nombres, les cônes, tous les angles ; la forme que vous obtiendrez sera l’équivalent de votre arithmétique. Il vous est alors possible d’y envoyer des émissions, puis de provoquer un transfert entre cette forme et la personne à qui correspond cette arithmétique : par voie de conséquence, elle reçoit tout ce qu’on lui envoie. Vous le voyez, les possibilités sont presque illimitées.

Il faut savoir que tout ce qui vit, homme ou femme, animal et même les plantes, possède une formule qui lui est propre, une arithmétique à C.D. Elle représente la personnalité et fonctionne comme un bon système vivant. Elle s’établit au pendule. On prend un témoin de la personne, une photo, et on commence à compter : le 1, le 2, le 3, le 4, puis le 5 qui apparaît vraiment, puis le 6 qui commence à disparaître, le 8, le 9, il va y avoir des trous, puis apparaissent d’autres nombres, le 110, vous pouvez revenir, trouver le 18, puis repartir, avoir le 1000, le 1001, 1002, etc.

Il ne s’agit pas d’un exercice gratuit. Si l’on s’amuse à permuter deux chiffres de la formule établie à proximité du témoin, on se rend compte alors que l’on se trouve devant une réalité puissante. Il peut en résulter des catastrophes pour la personne en question, j’allais dire la victime. Par contre, si l’on sait manipuler ces formules comme il convient, on peut exercer une action sur les individus, sur leur âme comme sur leur corps, les faire vivre, guérir ou mourir, aimer, haïr, être heureux, trouver le bonheur ou la chance.

Nous retrouvons toujours en magie, comme un leitmotiv, les mêmes thèmes.

Ainsi, une arithmétique à C.D., une formule, peut être une suite de nombres, comme l’est celle d’un être vivant. Elle peut comporter des nombres et des formes. Ce peut être une forme, comme le labyrinthe, forme privilégiée dont nous reparlerons, où une série de formes comme on en trouve dans la nature et qui se fabriquent à partir d’éléments naturels. Les Anciens utilisaient les chaînes de montagnes ou des alignements comme ceux de Carnac à des fins magiques.

Certaines formes ont des particularités remarquables : les tables. Ce sont des arithmétiques à C.D. établies de façon spéciale. Le carré magique est une table. On peut calculer la table de la Lune, du Soleil, la table des éléments, de la pluie, des orages, la table de tous les pouvoirs sur le corps, celle de l’invisibilité, la table d’un individu, d’un animal, d’un végétal.

Elles appartiennent à notre univers physique, mais leurs fonctionnalités ne sont plus du tout celles de notre univers physique. Dans notre monde, un objet ne peut pas se situer à la fois sur et dans. Lorsque les formes sont posées sur ces tables, elles prennent ce nouveau caractère de « sur-dans », elles ont la double fonctionnalité. Cela ne signifie pas qu’elles aient les deux fonctionnalités, mais qu’au sens yin-yang du terme elles ont à la fois les caractères de sur et de dans, qui n’est pas une fonctionnalité de notre univers physique. Or, il permet d’obtenir sur les autres formes des effets extraordinairement puissants, il change l’état de la forme.

Les tables procurent la maîtrise complète sur l’élément qu’elles représentent, mais leur efficacité dépend étroitement de la personne qui les manipule, comme du moment où elle le fait.

La gamme des émissions dues aux formes est immense. Il y a les émissions de mouvement, de chevauchement, les émissions psi, les émissions de Moebius droite et gauche, unité Sprink et unité anti-Sprink, celle-ci plus dangereuse encore que le vert négatif, l’émission terre promise obtenue après avoir travaillé sur l’arche d’alliance, l’émission couleur du global, et encore plus haut quand on atteint les champs.

Mais, si l’on veut agir sur la matière de façon opérative, c’est avec les émissions unité Sprink, terre promise et couleur du global qu’il faut travailler, et surtout avec les champs.

Lorsqu’on met deux formes en chevauchement, il se produit de nouveaux champs d’émission. On peut donc obtenir de très nombreux champs. Il suffit de trouver les formes qui les produisent. Ils ont l’avantage de fonctionner à de très hauts niveaux. On les nomme champs de Taofel. Ils permettent de manipuler les constantes physiques.

Quand on parle de la puissance d’une émission, on dit soit localisation intense, soit délocalisation intense. Cela fonctionne dans les deux sens.

« Les champs de Taofel, explique Jacques Ravatin, sont, par rapport aux émissions dues aux formes, ce que sont les trois notions effondrement, étalement, tolérance, par rapport à une famille de paramètres.

Au Pérou, au Machupicchu, les prêtres produisaient des champs de Taofel encore supérieurs à ceux qu’obtenaient les Hébreux quand ils manipulaient l’arche d’alliance. Ils leur procuraient la maîtrise de l’espace.

Quand vous essayez de localiser un champ de Taofel par un processus quelconque, soit par un effet électrique, soit, comme le faisaient les Anciens, avec des tas de pierres ou des pierres très massives, parce que c’est par la masse que vous augmentez le caractère opératif de la forme sur l’univers physique, vous avez un ébranlement de la structure d’espace-temps. Donc, avec des champs de cette hauteur-là, on peut complètement transformer les constantes physiques. On peut les faire apparaître, disparaître, réapparaître, pas exactement où l’on veut, il faut bien le dire. »

Même action sur la constante de gravitation. Les alignements de Carnac, qui sont, nous l’avons vu, des équivalents d’arithmétiques à C.D., produisent des champs de Taofel. Les prêtres devaient se placer à certains endroits, et les participants se trouvaient portés dans des états inhabituels, les paramètres locaux disparaissaient, et ils passaient dans le global. Ainsi peuvent s’expliquer les légendes de Merlin, les transports de pierre de petite Bretagne jusqu’à Stonehenge, et bien d’autres phénomènes rapportés par la tradition orale et la légende.

Autre possibilité fournie par les champs de Taofel : agir sur le corps : les Grecs nous rapportent que la Pythie consultée sur les mesures à prendre lors d’une épidémie redoutable prescrivit la construction d’un cube de volume double. Il se révéla très difficile à réaliser. Mais, dès qu’on eut trouvé les proportions voulues, l’épidémie s’arrêta. Des applications de ce principe sont en cours pour assainir les ambiances grâce aux champs de Taofel engendrés par cette forme.

Une forme qui a fait parler d’elle, et qui permet d’obtenir des émissions à tous les niveaux : le labyrinthe, présent dans toutes les cultures. Peut-être les templiers le rapportèrent-ils de Terre sainte, et le placèrent-ils dans nos cathédrales : Amiens, Reims, et surtout Chartres. C’est une sorte de forme miracle avec laquelle on peut tout faire : soigner, guérir, reprendre soi-même des forces, accéder à des états de conscience supérieurs, passer du local au global. Le labyrinthe est directement branché sur le global.

« Une forme, poursuit Jacques Ravatin, il faut la voir isolée mais aussi plongée parmi d’autres formes. Il faut voir comment ces formes sont alors compatibles entre elles, et compatibles avec un système vivant. Certains vont très bien supporter certaines formes, d’autres pas du tout. Nous vivons fort mal dans des atmosphères de vert négatif, mais les Brésiliens de la Macumba s’en accommodent très bien. Par contre, c’est une variété de vert négatif bonne pour nous, le V-M, qui les gêne. Ces hommes dans une ambiance moins riche en V-M ont des sensations bizarres.

Ils ne sont pas à l’aise, mais, comme ils disposent d’une assez bonne technique, ils transforment ce V-M dans la variété du vert négatif qui ne les atteint pas, c’est-à-dire en V-E, sur un rayon d’à peu près 50 mètres.

Les grands prêtres d’Égypte ou d’Israël savaient, à force d’en recevoir, manipuler des émissions très dangereuses. D’ailleurs, on en produit soi-même. Le corps s’immunise. »

Bien d’autres phénomènes de l’univers magique peuvent s’expliquer par les émissions dues aux formes. Ainsi, l’influence attribuée aux astres sur l’ensemble de la création terrestre, qui est à la base de la loi des correspondances. Il faut alors faire intervenir une autre notion qui a son importance, celle de l’exterior de la forme.

Toute forme possède un exterior. Prenons une forme pleine, un cube de 10 cm de côté, par exemple. Si on le perce de trous de 3 mm de diamètre, on donne un nouveau caractère à la forme cubique, elle prend un exterior. On peut considérer l’exterior comme une entité différente de la forme. Elle n’est pas, localisable. Elle n’appartient pas à notre univers physique.

La forme et son exterior sont en dualité dynamique, il y a donc transfert de l’une à l’autre. D’où l’existence d’une manipulation extrêmement fructueuse entre la forme et son exterior. On peut envoyer des émissions dues aux formes dans l’exterior, elles sont alors délocalisées.

Presque tous les systèmes vivants, l’homme, la femme, l’animal, la plante aussi, ont des exteriors. En cas de maladie grave, l’exterior disparaît.

Les astres et les minéraux ont aussi des exteriors. Or, il se trouve qu’ils sont du même type. Il se produit donc entre l’exterior de la planète et l’exterior du minéral une dualité dynamique, des transferts. Il suffit d’en jouer. Par des transferts successifs, vous pouvez toucher l’exterior de l’individu, donc l’individu lui-même. Nous retrouverons l’exterior à propos des maisons hantées.

Enfin, il existe des formes intestables au pendule. L’une d’elles tient un rôle déterminant dans notre démonstration : l’objet fractal. C’est donc par elle que nous terminerons ce bref exposé.

C’est la base de tout, déclare Jacques Ravatin. Le concept d’objet fractal a été imaginé par le mathématicien Georges Cantor. Le nom de fractal a été donné ensuite par B. Mandelbrot. Une figure fractale peut être définie en gros comme une structure géométrique autre que la droite, le plan ou la surface en géométrie euclidienne, possédant cette remarquable propriété : de quelque façon qu’on la regarde, elle ressemble toujours à elle-même, tout comme une gamme jouée sur un instrument produit les mêmes sons quelle que soit la vitesse à laquelle on la joue.

Dans le domaine des émissions dues aux formes, les objets fractals deviennent indispensables. Ils vont en particulier faire passer une émission d’un champ de Taofel à un autre champ de Taofel. Par exemple, si l’on envoie sur un objet fractal un V-M, il en sortira un champ de Taofel dit unité Sprink, et même d’autres sortes de champs de Taofel. On peut en avoir un ou plusieurs.

L’objet fractal peut jouer aussi le rôle de rééquilibreur-émetteur, les émissions nocives dont il est question dans les ouvrages de Roger de Lafforest peuvent être transformées en émissions bénéfiques aux êtres vivants, à l’homme comme à l’animal.

Comment réaliser de tels objets, de telles formes ? Prenons la courbe dite du cristal de neige. Partons du triangle équilatéral Cl. Divisons en trois parties égales chaque côté de ce triangle. Sur chacun d’eux traçons un triangle équilatéral dont la pointe est dirigée vers l’extérieur. Effaçons les parties communes aux triangles anciens et nouveaux. Nous aurons une courbe polygonale : C2. Recommençons, et nous aurons C3, puis C4, C5, etc.

Or la courbe limite de cette suite de courbes ne peut être tracée où que ce soit ; si sa surface est finie, son périmètre est infini ; aussi une fraction de courbe ressemble-t-elle à la courbe entière, de quelque dimension soit-elle.

Comment utiliser dans le domaine qui nous intéresse cette courbe limite puisqu’on ne peut la tracer ? Il suffit de superposer certaines courbes, des types évoqués ci-dessus, pour obtenir les mêmes émissions que celles que donnerait la courbe limite, qui, elle, est le véritable objet fractal.

D’autre part, on peut trouver dans la nature des formes, et on peut aussi en imaginer, qui auront, au niveau des émissions dues aux formes, des propriétés identiques à celles des objets fractals mathématiques. Nous les appellerons également objets fractals. Nous pouvons ainsi disposer d’une gamme infinie de ces  » objets « .

Une boule de cristal utilisée par une voyante devient, par changement d’état, lorsque la voyante se concentre sur elle, un objet fractal, au sens élargi du terme. Elle sera donc plus ou moins délocalisante. La boule reçoit les émissions dues aux formes projetées par la voyante, les fait passer à d’autres niveaux, et les restitue sous forme d’images, car elle entre en dualité dynamique avec le cerveau de la voyante, qui est, comme tout cerveau, un objet fractal, et reprojette par le processus de délocalisation dans le cerveau de la voyante des scènes de la boule. L’objet fractal change le niveau de la délocalisation. Une scène se rapportant au passé pourra être revue partiellement dans la boule. De même un souhait pouvant se matérialiser dans l’avenir.

Un certain nombre de disparitions, soit d’objets, soit d’êtres vivants, se font par l’intermédiaire des objets fractals. Je pense, par exemple, à ce qui se produit dans le triangle des Bermudes.

On peut se demander alors comment il se fait que notre espace-temps contienne de telles formes. Ce n’est pas exactement cela. Le fait de dessiner ou de réaliser un tel objet fait que la structure espace-temps peut devenir instable pour lui, ou plutôt il va l’absorber, la reproduire. C’est la reproductibilité mathématique de l’objet fractal mathématique que nous allons retrouver ici en tant que reproductibilité de certains paramètres physiques pour cet objet fractal étendu. Disons en résumé que les paramètres de notre monde physique ne sont pas compatibles avec certaines formes ou certaines disparitions de formes. »

***  ***

Jacques Ravatin

ANNE DENIEUL. — La magie, la sorcellerie, regroupent des pratiques apparemment marginales qui permettent à ceux qui les maîtrisent d’obtenir un « pouvoir » que les notions de temps, d’espace, etc., ne semblent pas devoir mettre en échec. A votre avis, comment se réalise cette « action à distance » qui semble être le B.A. BA de la magie et de la sorcellerie ?

JACQUES RAVATIN. — Le mot action à distance implique que, d’un point à un autre, il se passe quelque chose. En réalité, ce n’est absolument pas cela qui se produit, même si les apparences locales nous donnent une image analogue à un transport de matière ou à un transfert de message : un émetteur… un transmetteur… un récepteur… Les services des P.T.T. ou de la S.N.C.F. ne sont qu’une pâle réplique de ce qui se passe dans l’action magique « à distance ».

Le repère d’espace disparaît et l’on passe dans un autre domaine que nous avons défini comme étant le global. Là, les notions d’espace et de temps deviennent absurdes, et le magicien, le sorcier, délocalisant un phénomène, peut alors jongler avec les repères devenus illusoires… C’est un peu comme si vous étiez un matin dans votre cabinet de toilette, et que vous vous parfumiez. Quelqu’un, par un certain processus, fait disparaître pour vous l’odeur du parfum… Cela ne veut pas dire que l’odeur a disparu, mais pour vous on aura fait disparaître le concept d’odeur. D’autres concepts peuvent disparaître : dans les concepts d’espace et de temps, vous avez des unités — la seconde, l’heure, le mètre, le kilomètre… Chaque fois que vous pourrez mettre une unité, vous pourrez dire que vous pouvez y associer un repère. Or, pour une raison quelconque, à un certain moment, vous ne pourrez plus mettre d’unité, ce qui revient à dire que vous ne pourrez plus compter. Vous ne pourrez plus mettre de repère, entendu au sens large du mot : espace, temps, poids, mesure, etc.

Vous vous trouvez alors dans un autre… on ne peut pas dire « milieu » car cela implique se trouver dans quelque chose, et, se trouver dans quelque chose, c’est déjà pouvoir mesurer. Donc, il n’y a plus de repère. C’est ce qui se produit en sorcellerie et ce que les Anciens ont certainement su manipuler. Ils savaient se faire disparaître entièrement, partiellement, marcher sur l’eau, aller dans les airs… Les récits d’autrefois débordent de ce genre d’informations et les présentent de façon banale, comme des faits quotidiens facilement manipulables et reproductibles…

Un chercheur du groupe a vu un saint en état de lévitation… Il s’élevait à cinq centimètres du sol. Cela signifie que le repère attaché à la notion de gravitation disparaît, il y a perturbation du paramètre gravitation, mais dans sa notion même d’EXISTENCE — c’est-à-dire que l’on change de logique.

A. D. — Ce que l’on appelle communément « les pouvoirs », par exemple celui d’agir sur les éléments, faire pleuvoir…, pensez-vous que cela fasse partie d’une réalité ?

J. R. — Faire pleuvoir ? Oui. En Afrique, les sorciers le pratiquent couramment selon les désirs ou les besoins de la tribu. C’est un fait qui peut être provoqué par différentes méthodes : des rites magiques… les chrétiens, eux, y sont parvenus assez fréquemment par la prière. En Inde, la prière a amené au même résultat. Puiser dans le global pour manifester le local…

Mais revenons à notre analyse de l’univers local. Autour de chaque repère, de chaque objet, de chaque rite, de chaque symbole, existe une sorte de voisinage qui n’appartient pas à l’univers local mais qui est amorcé et ancré dans le global, nous le nommons énel… A un certain moment, on peut « extirper » de l’énel, qui est le « voisinage global » de l’objet, du rite, du symbole, de la pensée, de l’entité, etc., un élément qui va se manifester et se localiser dans son ensemble ou partiellement. On peut créer un passage, et l’on va avoir des mythes qui se réaliseront.

Nous allons prendre l’exemple de la forêt. Qu’est-ce qu’une forêt ? Un ensemble d’arbres, va-t-on dire… Eh bien non. Quand vous aurez compté tous les arbres ou quand vous les aurez photographiés d’avion, vous n’en aurez pas la forêt pour autant. Ce que vous aurez, c’est l’ensemble des arbres et, avec l’ensemble des arbres, vous avez l’ancrage dans le local. Mais l’entité forêt n’est pas piégée pour autant…

Y a-t-il un moyen d’être un jour en contact avec l’entité forêt ? Oui… quelqu’un peut aller dormir dans la forêt, y faire certains rêves, y accomplir certains rites et entrer en contact avec elle. Un sorcier peut l’utiliser pour certaines manipulations ou alors voir des gnomes, des élémentaux, des fées et même les photographier. L’énel correspondant à l’entité forêt qui est attachée à l’ensemble des arbres, notion d’ensemble au sens humain et notion d’arbre au sens nature, l’énel, donc, à un moment quelconque, pour certaines raisons (sur lesquelles nous poursuivons des recherches), émet par l’intermédiaire d’un cumulo-décalaire, ou d’un canal, une sorte de « message » qui est un gnome, une nymphe ou un satyre… gnomes, nymphes ou satyres ne sont pas autre chose que la représentation de l’entité forêt dans l’univers local.

A. D. — La vieille magie a déjà nommé, étiqueté et classé tout cela quand elle parle des élémentaux ?

J. R. — Les élémentaux sont des entités qui ont été fabriquées à partir du local. Vous en avez d’autres qui proviennent du global dont ils sont les représentations. Mais les élémentaux que la magie appelle « entités inférieures » sont des passages du local vers le global. Ils sont en général beaucoup plus pauvres sur le plan de leurs caractéristiques, car la complexité et la richesse du global, « demeure » des symboles et des archétypes, sont infiniment supérieures à celle du local dans ses « productions ». Les élémentaux sont obtenus par le processus que l’on nomme en physique « extrapolation ». Ils sont envoyés dans les énels, ils enrichissent le voisinage global de l’objet, de l’entité, du rite, mais vous pouvez également les faire « revenir ». Ils seront alors légèrement enrichis, mais demeureront malgré tout assez pauvres et assez « plats ».

Dans ce genre de manipulation, l’être humain croit récupérer quelque chose mais, en fait, ce qu’il récupère a été fourni à une autre époque, par lui ou par l’animal, car l’animal lui aussi est capable de créer. Les récupérations du global peuvent être très pauvres, soit que le processus de passage ait été insuffisant, soit que les choses envoyées ne s’y soient pas beaucoup enrichies, soit aussi que l’on ne récupère qu’une « partie » très faible d’un réseau.

Le réseau est une notion que j’ai mise au point qui exprime que différents voisinages du présent et du passé peuvent être reliés. Si l’on touche à l’un d’eux, des transferts se font avec certains autres. Dans certains cas, il est intéressant de fabriquer de tels réseaux pour la connaissance d’un système sur lequel on travaille. On dit alors qu’on met le système dans un réseau.

Ce qui est valable, c’est que vous pouvez récupérer des images, des formes pensées du passé. On peut aussi retrouver des « génies » qui vivent dans les pierres, en Islande, par exemple. Ce sont des entités que l’on peut faire se localiser par moments et qui donnent à la pierre un autre état. Songez également aux cheminées de fées, aux châteaux féeriques figés dans les pierres, à ces sortes de lithographies magiques et légendaires fixées dans le local comme autant de tentatives de nous faire sentir l’amorce de la localisation.

Si l’on étudie à ce moment-là les pierres au plan des émissions dues aux formes, on s’aperçoit qu’elles sont passées dans un autre état, qui va rendre instable le local où elles se « situent », en partie seulement. Et c’est justement le rôle des émissions de formes. Elles utilisent le global pour dynamiser le local. A ce moment-là, des changements d’état sont intervenus. La pierre est passée de l’état physique minéral à l’état magique, au sens hébreu du terme. Dès lors, l’apparence « locale » est assez illusoire, et les fonctionnalités peuvent s’échanger et se perdre.

Pour rendre compte sur le plan des émissions dues aux formes, de l’existence de certains états, nous utilisons la langue hébraïque, comme nous pourrons certainement utiliser le sanskrit.

On peut aussi se rendre compte qu’il existe des états qui ne sont pas les états habituels de la matière, ni de la vie que nous connaissons dans le local. Ils correspondent déjà à des états qui contiennent potentiellement une partie du voisinage de l’énel. Par le rite magique, par la sorcellerie, on crée des arithmétiques à cumulo-décalaires ou des canaux. on fait des changements d’arithmétiques ou même on crée d’autres états par chevauchement, au sens vaudou du terme, d’objets, de systèmes vivants, de champs de Taofel par d’autres objets, d’autres systèmes vivants ou morts, ou par des énels…

Lorsque vous réalisez un changement d’état, cela revient à dire que vous réalisez un changement d’arithmétiques, que vous créez un canal, et que la forme qui vous semble présente, vous ne pouvez plus la compter ni la mesurer, selon le processus habituel. Elle a un autre rôle et vous avez changé l’univers physique par « apport » de global. Or c’est ce que fait la sorcellerie. Elle change le local par apport de global, par interaction avec des énels.

Aujourd’hui, la science ne peut pas apporter grand-chose à la connaissance de ces phénomènes, car elle les ignore ou même elle les nie. Non pas la science, plutôt certains scientifiques. Mais il viendra un jour où elle ne pourra plus ignorer ces faits. Il faudra trouver de nouveaux concepts. Alors, la sorcellerie et toute cette frange de faits marginaux se verront expliqués.

A. D. — Ces notions de global, d’énel, etc., où peut-on les trouver ?

J. R. — Nulle part. Nous avons été amenés à les créer en travaillant sur la formulation de modèles théoriques. Nous les publions dans notre revue Arkall communications. En outre, nous venons de terminer un ouvrage, L’Émergence de l’énel ou l’Immergence des repères, où nous tentons de définir les grands axes de la science du global qui permettent de travailler selon d’autres modes de pensée.

Dans cette nouvelle optique, l’analyse de la sorcellerie devient beaucoup plus compréhensible : on envoie des émissions dues aux formes sur un témoin et, à des milliers de kilomètres de là, il se passe au même instant la même chose. Mais, comme de toute façon ces kilomètres n’existent pas dans le processus opératoire utilisé, pourquoi les prendre en ligne de compte ?

Il en est de même pour le problème du temps. Il faut ici introduire la notion de nœud de vie. Celle-ci caractérise une émission due aux formes. Mais on peut étendre cette notion à la structure espace-temps. On voit alors comment s’imbrique l’espace par rapport au temps et le temps par rapport à l’espace.

La sorcellerie utilise cette imbrication. Il se produit une brisure du « nœud de vie » de l’espace, du temps, c’est-à-dire du phénomène qui fait que l’espace agit sur le temps en provoquant l’élongation du temps, sa totalisation, et que le temps agit sur l’espace en provoquant la globalisation de l’espace. En brisant le nœud de vie, il y a brisure de ce quaternaire que constituent l’espace, le temps, l’effet du temps sur l’espace et l’effet de l’espace sur le temps, pour donner un ternaire qui est l’expression locale d’une logique non locale.

Même chose pour les paramètres de poids. Au Moyen Age, l’un des tests les plus irréfutables pour inculper quelqu’un de sorcellerie était la pesée. Si les accusées pesaient moins lourd qu’une plume d’oie, elles étaient décrétées sorcières ; on savait alors fort bien que les apparences locales ne faisaient pas tout le phénomène, et que par « manipulations » on pouvait les conserver tout en rendant illusoires leurs fonctionnalités…

Bien entendu, vous allez me dire que la « pesée » était trafiquée. Ce n’était pas toujours le cas : cette sorcière ne pesait « rien » dans l’univers local, parce qu’elle était délocalisée… du moins pour certains de ses paramètres. Si elle l’était, c’est qu’elle connaissait les moyens de procéder. C’était donc une sorcière ! Elle était parvenue à immerger au minimum « un » de ses repères et l’on savait aussi que les autres pouvaient devenir errants et s’immerger à leur tour.

Ainsi, le fond de l’inconscient collectif de cette époque savait très bien qu’une des façons de prouver que cette femme était une sorcière, c’était de prouver qu’elle pesait moins qu’une plume d’oie !… Et dans certains cas, mise sur une balance « non préparée », elle pouvait très bien ne rien peser. En outre, dans le cas où la sorcière figurait au programme des réjouissances populaires, le désir que ressentait la foule de voir la pesée s’effectuer dans un certain sens favorisait le phénomène de diminution ou de disparition du poids, c’est-à-dire la disparition du « paramètre poids ». Le transfert pouvait intervenir également entre la prétendue sorcière et la balance ; alors certains paramètres de cet objet s’immergeaient. Il y a toujours en magie ou dans les rituels de la sorcellerie disparition plus ou moins importante de certains paramètres.

Des procédés, voire des techniques aident à la délocalisation. Les onguents magiques et les litanies récitées d’une certaine manière favorisent l’apparition des arithmétiques à cumulo-décalaire et des canaux, comme le font les moulins à prière tibétains ou, dans notre culture occidentale, le chant grégorien. Même s’ils n’ont par eux seuls aucun pouvoir, ils sont directement reliés aux symboles et aux archétypes. C’est ainsi qu’ils vont agir ; il suffit que plusieurs personnes croyant à leur « pouvoir » partagent un certain type de rituel, la phénoménologie va faire « comme si ».

L’onguent est un support avec émissions dues aux formes et états bien déterminés. Il sert à dynamiser le phénomène recherché comme la béquille aide le malade à marcher. Ce n’est pas la béquille qui marche, mais l’individu. La béquille, il l’utilise comme point d’appui, parce qu’il pense qu’il ne va pas pouvoir marcher tout seul. Quand vous voulez bouger un objet de façon « paranormale », la première fois que vous tentez l’expérience, si l’objet est très lourd, vous n’y parvenez pas. Pour commencer, vous serez dans l’obligation de prendre un objet léger comme cible.

A. D. — Là, vous abordez les problèmes de télékinésie. Comment se placent-ils dans l’analyse de la sorcellerie ?

J. R. — Ce sont les mêmes problèmes, vous pourrez les confronter avec les mêmes modèles théoriques.

La télékinésie crée des délocalisations de certains repères. Quand on fait des expériences dans ce domaine, celles-ci répondent à l’un des nombreux « états magie » car il n’existe pas un seul état magie, mais un très grand nombre. Il y a encore là perturbation des facteurs de localisation dans notre univers et également perturbation au niveau de nos structures mentales. Une fois que l’objet se met à bouger, vous n’êtes plus véritablement « ancré » au niveau des structures courantes, mais vous conservez votre raisonnement habituel. Prenez le cas d’une expérience de dédoublement. Vous vous heurtez à la même impossibilité de nommer et de repérer par les sens. Ainsi un chercheur du groupe Raymond Réant. Quel type d’image va-t-il ramener de ses investigations ? La plus normale, banale, celle qu’il partage avec la collectivité culturelle dans laquelle il vit. Un jour, il fit un dédoublement sur des éprouvettes obscurcies dont il ignorait tout, afin de savoir ce qui avait été mis dedans. Il « rentre » à l’intérieur de l’éprouvette, il éprouve une impression de compression épouvantable, il se « contracte ». Cela, c’est l’image culturelle liée à la diminution de dimension ou au volume — et que voit-il ? Un soleil avec des petits éléments qui tournent autour — ce qu’il exprime par ces mots : « Voilà le noyau et les électrons. »

On sait que les physiciens atomistes ont dépassé cette image. Seulement, lui voit la représentation de la matière qui est celle de sa culture comme celle qu’il partage avec les scientifiques — chimistes et métallurgistes qui lui avaient proposé l’expérience. C’est le modèle de Bohr de 1925, conservé par ceux qui font de la chimie théorique.

L’image utilisée, absurde ou sensée, était liée à ses connaissances. Quand, à son « retour » de dédoublement, il a décrit ce qu’il avait vu, il ne s’était pas trompé, c’était bien de l’aluminium, mais formulé en fonction d’un système théorique dépassé.

Nous avons tous plus ou moins ce modèle en tête. L’énel que Raymond Réant et les scientifiques de l’expérience ont partagé était le même type d’énel relatif à la connaissance de la matière.

Bien de ces manifestations sont du délire pour les soi-disant civilisés. Mais, si vous prenez un sorcier du Dahomey qui parle avec les arbres, ce n’en est pas.  Pour ce faire, il utilise l’énel attaché à l’arbre, le fait passer dans le local et s’en sert comme d’un outil, ce qui augmente sa puissance d’action, et que peut faire n’importe quel sorcier… Je cite les sorciers du Dahomey, parce que parmi les plus forts, moins mesquins certes que nos « sorciers régionaux » qui passent le plus souvent leur temps à tenter de nuire.

Ces sorciers africains sont ressentis culturellement comme ceux qui communiquent en direct avec la nature, tandis que nos sorciers des campagnes sont ceux par qui le malheur peut arriver… Les sorciers africains travaillent pour le village et il ne faut pas qu’ils fassent trop de mal, sinon ils risquent gros. Une flèche bien placée… en pleine forêt… c’est assez anonyme. Ils sont beaucoup plus utiles que leurs confrères européens qui eux peuvent sévir impunément puisque, comble de l’ironie, notre mode de pensée exclut leur droit à l’existence !

Au Dahomey, la magie fait réellement partie de la culture collective. L’individu qui la partage pourra atteindre le sorcier, parce qu’il sait que celui-ci n’est pas invulnérable mais qu’il s’est mis simplement en état magie, tandis qu’en France, que l’on se refuse d’attaquer le sorcier, ou que l’on nie son existence… on lui laisse le champ libre pour ses recettes campagnardes de sorts et envoûtements en tous genres.

A. D. — Justement, l’envoûtement ?

J. R. — L’envoûtement est un domaine extrêmement vaste. Vous commencez par piquer des poupées de cire qui sont chargées psychiquement, ce qui signifie que la poupée est délocalisée par le rituel de l’opérateur. Celui-ci veut faire un changement d’état. Il délocalise le témoin, le confond par transfert avec l’individu sur lequel il veut opérer. C’est alors comme s’il avait à côté de lui, à portée de la main, mais de façon discrète et anonyme, la personne à laquelle il veut nuire. Si l’on étudie la poupée à ce moment-là, on voit qu’elle répond à l’état magie, magie hébreu, et, de plus, qu’elle prend les caractéristiques des émissions dues aux formes comme du champ vital de la personne vivante qu’elle est sensée représenter. Nous voyons une poupée de cire, en réalité il n’y a plus de poupée de cire, c’est devenu autre chose. Notre forme de raisonnement la localise « là », en fait elle n’est pas, elle n’est plus « là ».

A. D. — Que pensez-vous du phénomène d’invisibilité ? On dit qu’il existait des bagues à cet usage.

J. R. — Les Anciens savaient se faire disparaître. Ils en connaissaient les moyens. La bague d’invisibilité en est un. Elle joue sur le champ vital des personnes présentes et efface de leur mémoire, un peu à la façon d’une gomme, le souvenir d’avoir vu celle qui se rend invisible.

A. D. — La bague atlante de la pyramide du prêtre Jua dont parle Roger de Lafforest possède-t-elle une telle propriété ?

J. R. — Absolument pas. La bague dite « atlante » est une protection. Elle annule et retransforme les émissions nocives et évite qu’au contact de certaines d’entre elles votre champ vital se mette à bouger. Mais il faut faire attention à la façon dont on la porte, ne pas la porter tout le temps. D’autre part beaucoup de bagues vendues comme telles n’ont pas les bonnes proportions.

A. D. — Vous pouvez expliquer le transport à distance ?

J. R. — C’est le passage par un objet fractal.

A. D. — Et le transport d’influence ?

J. R. — C’est le transfert.

A. D. — Vous l’obtenez comment ? Par des formes? C’est la radionique ?

J. R. — La radionique, que j’appellerais plutôt la formologie parce qu’il s’agit d’une manipulation de formes, s’obtient au niveau de Bélizal, mais il faudrait travailler à bien d’autres niveaux.

A. D. — Vous avez dit qu’une maîtrise de l’espace-temps s’obtiendrait avec des champs de Taofel ?

J. R. — C’est exact. Le transport à distance aussi, mais autant créer un objet fractal.

A. D. — Avez-vous une explication pour les dons télépathiques, en particulier, la voyance ?

J. R. — Il faut passer de l’univers où sont les formes, aux formes qui émergent de l’univers, car à ce moment-là se produit une sorte d’inversion. Toute voyance implique la création d’un objet fractal, auquel le voyant accède. Pour le comprendre, il faut envisager l’autre côté de la dualité, voir les formes dans lesquelles l’univers émerge et d’où émerge à son tour l’univers qui va servir de support à la voyance, je veux dire un objet fractal. La voyance, c’est la création par le cerveau d’un objet fractal dans lequel l’être humain plonge. Vous allez me dire : dans notre univers physique, c’est impossible. Mais, quand vous passez du point de vue univers dans lequel sont les formes à celui des formes desquelles émerge l’univers, le cerveau n’est plus le producteur des idées, il est plongé dans « quelque chose ». Jusqu’à présent on a dit que le cerveau plongeait dans l’univers physique. Si on se place de l’autre côté, il ne sera plus plongé, il sera une forme d’où vont jaillir tous les objets fractals qui serviront de support à la voyance, dans lesquels il va venir se replonger encore après les avoir suscités, puisque son habitude est de vivre en plongée. Mais, comme il est instable, il ne peut rester de cet autre côté de l’univers, il doit donc après cette échappée revenir dans l’univers physique. Le cerveau a deux hémisphères. L’un sert à localiser, l’autre à rappeler cet « ailleurs », celui des formes dont émerge l’univers.

A. D. — Vous voulez dire que cet autre hémisphère est branché sur le global ?

J. R. — Pas exactement. Seule la dualité dynamique entre les deux hémisphères permet l’accès au global. Les deux peuvent travailler en séparé, mais en général seul l’un des deux travaille, et dans l’univers physique. Il peut arriver que l’autre fonctionne. Il se trouve alors plongé dans cet autre milieu, là où sont les formes d’où émerge l’univers. Ce sont des concepts qu’il faut admettre de façon axiomatique comme hypothèse de travail. La science n’a pas progressé autrement. Donc dans la voyance, c’est l’objet fractal qui est fondamental.

A. D. — Et pour la télépathie ?

J. R. — Voyance et télépathie, c’est pareil. Dès qu’un objet fractal est stable, une structure espace-temps s’y trouve projetée, en général, celle dont l’être humain a l’habitude. Enfin, tout cela n’est qu’une approche des dons paranormaux. Le travail reste à faire. Pourtant, c’est dans ce sens que les parapsychologues devraient s’orienter s’ils veulent aboutir. Je l’ai déjà dit. Il est illusoire de chercher pour ce genre de phénomènes des explications de type rationaliste. Si l’on veut comprendre la parapsychologie, il faut changer de logique.

A. D. — Que doit-on penser des chants magiques ? Peut-on les utiliser encore ?

J. R. — Certes. Il existe des incantations simples, ou rythmées, ou chantées, ou rythmées et chantées à la fois. Elles peuvent agir sur notre univers physique. Les Indiens d’Amérique les ont utilisées. Les Celtes de Gaule aussi. Ils avaient des chants pour le beau temps, la pluie, les intempéries et les nombreuses occasions de la vie. Les paroles, souvent des suites de voyelles modulées, n’en étaient pas toujours distinctes. Le maximum d’effet était obtenu en déformant certains mots ou par la création d’autres en fonction de leur vibration, non de leur sens. Ces techniques de dédoublement nous ont permis de comprendre comment certains menhirs de Bretagne avaient été déplacés. Le sensitif de notre groupe, Raymond Réant, a vu les druides utiliser un bâton spécial et les a entendus entonner une complainte. Quand on a testé bâton et musique, celle-ci considérée comme un objet sonore, des structures de cumulo-décalaire et d’objet fractal sont apparues. Le menhir n’était plus dans son état habituel de pierre avec ses caractéristiques connues : poids, volume, dureté, couleur, etc. Il s’est délocalisé pour certaines d’entre elles et s’est trouvé plongé dans un autre milieu alors donné par l’objet fractal.

Dans d’autres continents, le bâton n’est plus en bois, mais en ivoire ; on peut y incruster des dessins, des signes ou bien d’autres choses. Il a pour rôle de mettre en contact avec certains énels. Nous sommes d’ailleurs en train de refaire un de ces bâtons. Souvent un chant accompagne la manipulation du bâton ; il donne un rythme qui dynamise.

A. D. — Et les maisons hantées ?

J. R. — Il existe sur le sujet une abondante littérature. Rendez hommage cependant aux recherches conduites à la fin du siècle dernier par des hommes comme Camille Flammarion, Charles Richet ou le colonel de Rochas, dans un esprit de rigueur et d’honnêteté peu rencontré depuis.

Celles d’aujourd’hui sont beaucoup moins satisfaisantes. Elles tentent au nom d’une soi-disant rigueur scientifique de faire rentrer ces phénomènes dans un cadre trop étroit pour eux. Certains mesurent même avec des appareils électriques, magnétiques ou autres des paramètres le plus souvent très flous. Ce qui est le plus grave, c’est de ne pas savoir ce que signifie la mesure. Nous avons donc à partir de nos concepts théoriques essayé de trouver une explication à ce phénomène, relativement fréquent dans notre pays.

Pendant la période où se produisent les hantises, on remarque presque toujours la présence d’adolescents : pour comprendre notre démonstration, il faut faire intervenir la notion d’exterior dont nous avons déjà parlé. Avant que les phénomènes ne surviennent, la maison n’avait pas d’exterior, l’adolescent avait un exterior très net, et un champ vital normal avec ses quatre composantes habituelles.

Durant la hantise, la maison prend un extérior et un champ vital apparaît sur cet exterior. L’adolescent n’a plus d’exterior et son champ vital disparaît. Entre celui-ci et la maison est apparu un canal, par lequel les fonctionnalités s’échangent. Une dualité dynamique au sens yin-yang se crée entre la maison et l’exterior de la maison, qui suscite l’apparition d’un caractère ternaire. Et entre ce caractère ternaire et l’adolescent apparaît une nouvelle dualité dynamique. Des sortes de traînées sous-cutanées peuvent se former sur son ventre. Elles ne sont pas autre chose que la localisation des fonctionnalités qui passent de la maison sur ce sujet par le canal. Lorsque tout redevient normal, la maison perd son exterior, l’adolescent reprend le sien, le canal entre la maison et ce dernier disparaît.

Dans ce genre de phénomènes, les caractères s’échangent entre des objets inanimés et des êtres vivants.

A. D. — Passons du domaine des maisons hantées à cet autre, assez voisin, du spiritisme. Vous avez parlé d’une émission due aux formes que vous appelez l’émission psi, qui apparaît quand on fait tourner les tables, et s’apparenterait si l’on veut, de très loin bien sûr, aux phénomènes de Poltergeist ?

J. R. — C’est une émission tout à fait particulière qui appartient à l’extension du champ de Taofel de Bélizal, et qui se produit de façon fort intense dès qu’une table commence à se déplacer. Quant aux participants, sans qu’ils s’en rendent compte, ils passent en état magie, ce qui ne les arrange pas, et de nombreux phénomènes se produisent à leurs dépens. Cette émission est donnée par un certain triangle trouvé voici longtemps par Gérard Cordonnier, à partir d’un nombre imaginé par lui, le nombre psi qui remplace le nombre d’or dans le domaine des émissions dues aux formes. C’est à partir de ce nombre psi que le triangle qui porte son nom, triangle psi, a été créé.

A. D. — Le Christ connaissait parfaitement le maniement des émissions dues aux formes?

J. R. — Le Christ est le plus grand virtuose qui ait jamais existé dans ce domaine. Il faisait ce qu’il voulait, marchait sur l’eau, montait au Ciel, ressuscitait un mort. Il savait guérir, multiplier les pains, apparaître, disparaître, se transporter à des distances considérables. Et sans doute tout n’a-t-il pas été rapporté.

A. D. — Comment l’expliquez-vous ?

J. R. — Ce sont des phénomènes de délocalisation. Le Christ était capable de manipuler n’importe quel paramètre. C’était le plus grand magicien qui ait jamais existé. En fait, on ignore ce qui s’est passé durant un grand nombre d’années de sa vie. On peut se demander s’il n’a pas vraiment disparu et ne s’est pas relocalisé au moment voulu. On aurait retrouvé des traces de son passage en Inde. Il n’avait pas besoin d’y aller par la route habituelle. Il lui suffisait de se délocaliser et se relocaliser. Le Christ n’appartient pas vraiment à notre univers physique.

A. D. — Ce qui m’intéresse pour le sujet qui est le nôtre, c’est que ses actes rejoignent le domaine magique. Tous ses miracles relèvent-ils de la magie ?

J. R. — Lui n’avait pas besoin d’onguent pour rejoindre le global. Il était une localisation d’entité. Il avait donc en lui tous les mécanismes qui lui permettaient de faire le chemin inverse complètement ou partiellement. Mais nous qui ne sommes pas des localisations d’entités, même si peut-être un jour fort lointain nous avons été localisés, ces mécanismes-là, nous les avons perdus. Nous avons donc tant bien que mal tenté de les remplacer par les innombrables supports de délocalisation que sont onguents, litanies, boules de cristal, les multiples supports de mancie, de valeur inégale, plus ou moins opératifs, franchement mauvais pour certains et qui ne permettent pas toujours de réussir. Mais le Christ, lui, avait tous ces supports en lui sous forme de dons parce qu’il avait été localisé.

N.D.A. Je remercie Marie-Françoise Le Pelletier, ancienne collaboratrice du groupe Arkall, de l’aide qu’elle a bien voulu m’apporter pour la préparation de cette interview.