Les études sur Sri Aurobindo
La réalité de la naissance dans l’esprit

2 février 2025 Les gens croient généralement qu’adopter une religion ou une doctrine religieuse particulière, de lire des textes scripturaux, de chanter des chants dévotionnels, de pratiquer le yoga, la méditation ou toute autre pratique souvent qualifiée de « spirituelle » les rend spirituels. Bien que ces pratiques puissent contribuer à orienter leur esprit, leur cœur, leur énergie […]

2 février 2025

Les gens croient généralement qu’adopter une religion ou une doctrine religieuse particulière, de lire des textes scripturaux, de chanter des chants dévotionnels, de pratiquer le yoga, la méditation ou toute autre pratique souvent qualifiée de « spirituelle » les rend spirituels. Bien que ces pratiques puissent contribuer à orienter leur esprit, leur cœur, leur énergie vitale et même leur corps vers la réalisation spirituelle, elles ne constituent pas en soi une « vie dans l’esprit » ou, comme le dit la Mère, « une naissance dans l’esprit ».

Dans la Bhagavad Gita, Arjuna pose à Sri Krishna une question connexe, à savoir comment reconnaître l’homme réalisé : « À quoi reconnaît-on l’homme en samâdhi, dont l’intelligence est fermement établie dans la sagesse ? Le sage à l’entendement stable, comment parle-t-il, comment s’assied-il, comment marche-t-il ? » [Bhagavad Gita, Ch. 2, V. 54, traduit par Sri Aurobindo dans La Bhagavad Gita].

La réponse de Sri Krishna montre clairement qu’aucun des actes extérieurs de l’individu n’est pertinent pour la question de la réalisation intérieure de celui-ci. Le véritable signe, comme l’explique Sri Aurobindo dans son commentaire sur ce verset, est le suivant : « On ne peut donner de tels signes. Et le Maître ne tente pas de le faire ; car le seul critérium de la possession du samâdhi est intérieur, et beaucoup de forces psychologiques hostiles peuvent jouer. L’égalité est la grande marque de l’âme libérée, et, de cette égalité même, les signes les plus apparents sont subjectifs ».

Naître dans l’esprit n’est donc pas quelque chose que l’on peut déclarer en adoptant simplement une doctrine spécifique ou en marchant sous la bannière d’une religion ou d’une autre. Ce n’est pas quelque chose qui vient automatiquement par l’une ou l’autre des pratiques généralement attribuées à la vie spirituelle. C’est une transformation de la conscience, telle que l’individu vit dans une atmosphère d’unité avec la création tout entière, respire la conscience de l’esprit et se déplace sous son impulsion. À ce stade, l’esprit gouverne notre vie et nos actions, nous nous libérons de l’attachement aux désirs et aux satisfactions de la personnalité égoïste et nous agissons sous la direction et la force de l’objectif spirituel dans l’univers manifesté.

La Mère observe : « Pour le moment, l’esprit joue le rôle d’aide et de guide, mais il n’est pas le maître tout-puissant de la manifestation matérielle ; lorsque le Surmental sera organisé en un nouveau monde, l’esprit deviendra le maître et gouvernera la nature d’une manière claire et visible ».

« Ce qu’on appelle “nouvelle naissance”, c’est la naissance dans la vie spirituelle, dans la conscience spirituelle ; c’est porter en soi quelque chose de l’esprit qui, individuellement, par l’intermédiaire de l’âme, peut commencer à gouverner la vie et à être le maître de l’existence. Mais dans le monde supramental, l’esprit sera le maître de ce monde entier et de toutes ses manifestations, de toutes ses expressions, consciemment, spontanément, naturellement ».

« Dans l’existence individuelle, c’est ce qui fait toute la différence ; tant que l’on parle de l’esprit et que c’est quelque chose que l’on a lu, dont on connaît vaguement l’existence, mais qui n’est pas une réalité très concrète pour la conscience, cela signifie qu’on n’est pas encore né dans l’esprit. Et quand on naît dans l’esprit, cela devient quelque chose de beaucoup plus concret, de beaucoup plus vivant, de beaucoup plus réel, de beaucoup plus tangible que tout le monde matériel. Et c’est ce qui fait la différence essentielle entre les êtres. Lorsque cela devient spontanément réel — l’existence vraie, concrète, l’atmosphère que l’on peut respirer librement — alors on sait que l’on est passé de l’autre côté. Mais tant que c’est quelque chose d’assez vague et flou — on en a entendu parler, on sait que ça existe, mais… ça n’a pas de réalité concrète — eh bien, cela veut dire que la nouvelle naissance n’a pas encore eu lieu. Tant que tu te dis : “Oui, ça je peux le voir, ça je peux le toucher, la douleur dont je souffre, la faim qui me tourmente, le sommeil qui m’alourdit, c’est réel, c’est concret…” (Mère rit), cela veut dire que tu n’es pas encore passé de l’autre côté, que tu n’es pas né dans l’esprit ».

Sri Aurobindo et la Mère, Powers Within, Chapitre XXII Esprit, pp. 164-165

Texte original : https://sriaurobindostudies.wordpress.com/2025/02/02/the-reality-of-being-born-into-the-spirit/