Bert Olivier
Le nihilisme frappe avec force

Traduction libre 7 juin 2024 Nous vivons dans ce qui est probablement l’époque la plus nihiliste de l’histoire de l’humanité. La plupart des anglophones ont probablement entendu le terme « nihilisme », mais je suis prêt à parier que peu d’entre eux en connaissent la signification précise. Le terme vient du latin « nihil » qui signifie « rien », de sorte […]

Traduction libre

7 juin 2024

Nous vivons dans ce qui est probablement l’époque la plus nihiliste de l’histoire de l’humanité. La plupart des anglophones ont probablement entendu le terme « nihilisme », mais je suis prêt à parier que peu d’entre eux en connaissent la signification précise. Le terme vient du latin « nihil » qui signifie « rien », de sorte que le nihilisme signifie littéralement « croire en rien ».

Certains se souviennent peut-être du film L’histoire sans fin, qui raconte la tentative, par plusieurs personnages, d’endiguer l’expansion du « néant », qui dévore tout sur son passage. Il peut être lu comme une allégorie de l’efflorescence cyclique du nihilisme, qu’il faut combattre à chaque fois. Le film propose également un moyen de résister à cette croissance du « néant », qui relève de l’imagination et du courage et qui mérite réflexion. Considérons ceci : si nous n’étions pas capables d’imaginer une alternative à un certain état de choses — comme le présent difficile — et de trouver le courage de le changer, les choses resteraient telles qu’elles sont, ou empireraient.

Une recherche sur Internet permet de trouver plusieurs « définitions » du nihilisme, comme celle-ci : « un point de vue selon lequel les valeurs et les croyances traditionnelles ne sont pas fondées et que l’existence est insensée et inutile ». Dans le cas présent, la définition suivante est plus appropriée :

une doctrine ou une croyance selon laquelle les conditions de l’organisation sociale sont si mauvaises qu’elles rendent la destruction souhaitable pour elle-même, indépendamment de tout programme ou de toute possibilité de construction.

En réduisant le cercle de la signification du nihilisme, cette discussion du concept inclut l’affirmation très pertinente :

Bien que peu de philosophes se disent nihilistes, le nihilisme est le plus souvent associé à Friedrich Nietzsche, qui affirmait que ses effets corrosifs finiraient par détruire toutes les convictions morales, religieuses et métaphysiques et par précipiter la plus grande crise de l’histoire de l’humanité.

Pour quiconque est au courant de ce qui se passe depuis quatre ans et demi, les deux « définitions » du nihilisme, citées plus haut, sembleraient probablement étrangement pertinentes pour ce processus ainsi que pour notre propre réaction à celui-ci. Parler de « destruction (manifestement) souhaitable pour elle-même » de la part de certains, ou des « effets corrosifs » du nihilisme qui, avec le temps, finiraient par anéantir les croyances religieuses et morales, est si proche de notre expérience actuelle du monde qu’il en résulte un net malaise, voire de l’anxiété. Alors, d’où vient le brouillard axiologique (lié aux valeurs) actuel du nihilisme ? Était-il antérieur à l’ère Covid ?

Il a effectivement parcouru un long chemin, comme je vais le montrer. Certains lecteurs se souviendront de mon essai sur le déclin de l’autorité (tel qu’analysé par Ad Verbrugge dans son livre sur le sujet), qui donne une perspective historique sur les événements et les changements culturels qui ont établi une sensibilité nihiliste. Ou vous vous souvenez peut-être de l’article sur le wokisme, dans lequel j’évoquais un phénomène culturel assez récent, probablement lancé par ceux qui auraient tout intérêt à affaiblir le sentiment d’identité que les femmes et les hommes du monde entier ont partagé pendant des millénaires, et qui a fait l’objet d’une attaque incessante de la part de diverses agences mondialistes, de l’éducation à la médecine et de l’industrie pharmaceutique au monde des affaires.

Quiconque mettrait en doute l’affirmation ci-dessus concernant les hommes et les femmes devrait considérer qu’elle n’est pas destinée à nier le fait que des preuves historiques suggèrent que l’homosexualité existe depuis les premières sociétés humaines, bien que de manière différente. Prenons l’exemple de la Grèce et de la Rome antiques. Dans la première, l’amour entre hommes était valorisé, et la poétesse grecque lesbienne Sappho est à l’origine du nom de l’île sur laquelle elle vivait, Lesvos (ou Lesbos), qui s’appliquait aux femmes homosexuelles.

Le point est que, bien que ces hommes et ces femmes étaient homosexuels, ils n’ont jamais nié leur masculinité ou leur féminité. Mais le mouvement « woke » s’est ingénié à introduire le virus du doute identitaire dans le domaine du genre, provoquant ainsi une multitude de souffrances et de confusions dans les familles du monde entier et exacerbant un état collectif de nihilisme déjà bien ancré.

Alors, jusqu’où remontent les racines du nihilisme — la croyance que rien n’a de valeur intrinsèque ? Aussi loin que l’Antiquité, en fait. Dans son premier ouvrage philosophique notable, La naissance de la tragédie à partir de l’esprit de la musique (1872), Friedrich Nietzsche (alors qu’il était jeune professeur de philologie) a élaboré un compte rendu de la spécificité de la culture grecque antique qui était tout à fait nouveau par rapport aux idées reçues de son époque. (Voir aussi ici).

En bref, Nietzsche soutenait que ce qui différenciait les Grecs anciens des autres sociétés contemporaines était leur génie à combiner une appréciation de la connaissance (qui allait devenir scientifique) avec une appréciation du rôle indispensable du mythe (que ce soit sous la forme d’une panoplie de mythes, comme ceux que les Grecs évoquaient pour comprendre le monde, ou sous la forme de la religion, qui a toujours une base mythique). En d’autres termes, ils ont trouvé un moyen de supporter l’idée troublante que tout le monde doit mourir un jour, en combinant une affirmation créative de la raison avec l’acceptation du rôle inéluctable de la déraison, ou de l’irrationnel.

Plus précisément, Nietzsche comprenait que la culture grecque tournait autour du champ de tension établi par ce que représentaient leurs dieux, Apollon, d’une part, et Dionysos, d’autre part, et il démontra comment la tension entre eux était ce qui donnait à la culture grecque antique son caractère unique, qu’aucune autre culture n’affichait. Apollon était le « brillant », le dieu soleil des arts visuels, de la poésie, de la raison, de l’individuation, de l’équilibre et de la connaissance, tandis que Dionysos était le dieu du vin et de la perte extatique de l’individualité, mais aussi de la musique et de la danse, de l’excès, de l’irrationalité, de l’ivresse et de l’abandon de la raison. Il convient de noter que la musique et la danse diffèrent fondamentalement des autres arts — comme Platon le savait lorsqu’il déclara que, dans sa république idéale, seule la musique de type militaire serait autorisée, au lieu de la musique sauvage et corybantique jouée lors des fêtes dionysiaques et cybéliennes.

Au passage, il convient de noter que la musique corybantique — de « Corybantes », les servantes de la déesse Cybèle, dont la fonction mythique créatrice était liée à celle de Dionysos — chez les anciens Grecs, qui ne semble pas avoir d’équivalent dans la musique moderne (à l’exception peut-être de certaines variétés de heavy metal), était reconnaissable à son caractère frénétique, intense, sauvagement débridé, et aux mouvements de danse concomitants lors des rituels des fêtes religieuses.

En outre, selon Nietzsche, la culture grecque a montré que, pour qu’une culture soit vivante, aucune de ces deux forces primordiales ne pouvait être abandonnée, car chacune d’entre elles répondait à une faculté humaine distincte — d’une part la raison apollinienne (telle qu’elle est consacrée dans la philosophie grecque antique et les débuts de la science, d’une part, la raison apollinienne (consacrée par la philosophie grecque antique et les débuts de la science, en particulier dans l’œuvre d’Aristote) et, d’autre part, la déraison dionysiaque, incarnée par les fêtes dionysiaques, où les fêtards se comportaient de manière bruyante et tout sauf civilisée — un peu comme le font parfois les lycéens ou les étudiants pendant les « raves » ou les rituels d’initiation des étudiants de première année.

Je n’ai pas la place ici de faire une discussion exhaustive de ce texte complexe, mais il suffit de dire que l’interprétation incisive de Nietzsche de la tragédie grecque révèle son caractère emblématique en ce qui concerne les valeurs opposées attachées respectivement à ces deux divinités grecques. L’action dramatique, représentée par des acteurs clairement individualisés (notamment l’héroïne ou le héros tragique), dont le destin est présenté comme soumis à des forces cosmiques qu’ils ne peuvent contrôler, est apollinienne, tandis que le commentaire intermittent et chanté du chœur, composé d’acteurs habillés en satyres (mi-hommes, mi-chèvres), est dionysien. Il est intéressant de noter que le terme « tragédie » vient du grec « chant de chèvre ».

Comme le souligne Nietzsche, le statut biologique ambivalent du chœur est significatif — mi-chèvre, mi-homme — dans la mesure où il met en évidence l’aspect animal inéluctable de notre nature, que Freud (l’homologue psychanalytique de Nietzsche) souligne également en exposant les sources inconscientes et irrationnelles de la motivation des actions humaines. Le satyre, en tant qu’être mythique, représente la virilité, et ipso facto la sexualité, qui est certes toujours réfractée à travers le prisme de la culture (il n’y a pas de sexualité « pure » chez l’être humain). La tragédie grecque met donc en évidence la coprésence des forces dionysiaques (irrationnelles) et apolliniennes (rationnelles) dans la culture humaine, ce qui n’est pas surprenant : chacun d’entre nous est une combinaison — malaisée de surcroît — de forces dionysiaques et apolliniennes, et à moins qu’une culture ne trouve les moyens de rendre justice à ces deux forces, cette culture s’étiole et meurt, selon Nietzsche.

En fait, comme le démontre le penseur allemand dans La naissance de la tragédie, c’est ce qui se passe dans la culture occidentale depuis l’époque des Grecs, d’où l’essor du nihilisme. Plus précisément, au lieu de préserver la tension vitale entre l’apollinien et le dionysiaque, la culture occidentale a progressivement réprimé ce dernier, voire l’a complètement éludé, permettant à l’apollinien de triompher sous la forme de la science, ou plutôt du scientisme — la croyance selon laquelle chaque aspect de la culture et de la société devrait être soumis à une refonte scientifique, de l’art, de la religion, de l’éducation et du commerce à l’architecture et à l’agriculture. Nietzsche ne prétend pas que la science est mauvaise en soi, mais que, si elle n’est pas contrebalancée par une pratique culturelle qui permet à l’irrationalité humaine de s’exprimer (dans certaines formes de danse, par exemple), elle sera préjudiciable à la culture et à la société humaines.

Dans la mesure où toutes les religions ont une base mythique (généralement sous forme narrative), les religions occidentales dominantes ne font pas exception ; l’histoire de Jésus en tant que Fils de Dieu étant la fondation du christianisme, par exemple. Mais au cours de ce que l’on peut appeler la « rationalisation du christianisme » (c’est-à-dire le rôle croissant que la science et la critique bibliques ont commencé à jouer depuis le 19siècle), l’acceptation que la foi chrétienne repose moins sur la démontrabilité scientifique que sur la foi en la divinité du Christ s’est considérablement affaiblie.

Le résultat a été la disparition progressive de l’élément dionysiaque dans la culture occidentale, ce qui a ouvert la voie à l’affirmation du nihilisme. En effet, avec l’avènement historique des Lumières occidentales, qui proclamaient le triomphe de la raison sur la « superstition », le rôle salutaire de la religion, avec son fondement mythique et irrationnel (dionysiaque), a été sous-estimé, même s’il y a encore beaucoup de gens qui la pratiquent.

Certains pourraient remettre en question l’affirmation selon laquelle une religion telle que le christianisme a un fondement dionysiaque. Rappelons que Dionysos représentait la « perte de l’individualité », comme dans les fêtes dionysiaques où les participants avaient l’impression de se fondre les uns dans les autres. Comparez cela à la célébration de la messe dans l’Église chrétienne, où le fait de boire du vin et de manger du pain, symboles du sang et du corps du Christ, signifie devenir un avec ce dernier en tant que Sauveur et « Fils de Dieu ».

Dans l’interprétation de l’Eucharistie par l’Église catholique, la croyance en la « transsubstantiation » prévaut, c’est-à-dire que le pain et le vin se transforment substantiellement en corps et en sang du Christ. En outre, la « communauté des fidèles » représente également la subsomption de l’individu dans le groupe des croyants. Et rien de tout cela n’est fondé sur la connaissance scientifique, mais sur la foi, qui n’est guère rationnelle, comme l’indique le philosophe médiéval Tertullien lorsqu’il proclame : « Credo, quia absurdum » (« Je crois, parce que c’est absurde ») — une interprétation des Lumières de sa remarque originale.

Mais pourquoi la scientisation progressive de la culture a-t-elle marqué l’émergence du nihilisme ? La science ne conserve-t-elle pas une reconnaissance de la valeur intrinsèque des choses ? Non, elle ne le fait pas — comme l’a démontré Martin Heidegger dans son profond essai, L’Époque des conceptions du monde (dont la pertinence est discutée dans mon article sur les « visions du monde »), la science moderne a réduit le monde de l’expérience, qui a toujours été (et est toujours, dans notre approche quotidienne préscientifique) rempli de valeur, à une série d’objets mesurables et calculables dans l’espace et le temps, ce qui a ouvert la voie au contrôle technologique. Cela revient à déblayer le terrain pour que le nihilisme puisse s’implanter. Certes, en temps normal, ou préscientifique, la nature, l’arbre préféré dans le jardin, votre chat ou chien de compagnie, etc. sont tous perçus comme précieux. Mais lorsque ces choses sont soumises à une analyse scientifique, leur statut axiologique change.

Le capitalisme a également joué son rôle dans ce processus, dans le sens où, lorsque la valeur est réduite à la valeur d’échange, où tout (chaque objet) est « évalué » en termes d’argent comme dénominateur commun, les choses perdent leur valeur intrinsèque (voir mon article sur l’architecture en tant qu’espace de consommation à cet égard). Peut-on mettre un prix sur un animal de compagnie bien-aimé, ou même sur un vêtement ou un bijou que l’on chérit ? Bien sûr, me direz-vous. Mais je suis prêt à parier qu’après avoir porté pendant des années votre chère bague en diamant ou votre robe de soirée préférée, elle a accumulé ce que l’on appelle en arabe baraka, ou esprit béni — aucun nouvel objet de ce type ne pourrait vraiment prendre sa place.

Le lien entre le capitalisme et le nihilisme est un thème trop vaste pour être abordé ici de manière adéquate (voir mon livre sur le nihilisme, paru sous forme électronique en 2020 et qui devrait paraître en version papier cette année). On pourrait dire, en résumé, que si le capitalisme — au XIXe siècle et pendant une partie du XXe siècle, par exemple — s’est concentré sur la production de produits, en mettant l’accent sur la qualité, la durabilité et la valeur fonctionnelle, ses effets nihilistes n’étaient pas prédominants.

On peut conférer à une paire de chaussures bien faite, ou à un costume, ou à un ensemble de vaisselle et de couverts, sans parler d’une belle œuvre d’art, une valeur au-delà de sa valeur d’échange (monétaire). Mais lorsque l’accent mis sur la qualité des produits a été abandonné au profit de la financiarisation (où l’argent lui-même, au lieu de produits tangibles, est devenu une marchandise), son caractère nihiliste est devenu évident. Comment cela se fait-il ?

Il y a huit ans, Rana Foroohar, journaliste économique et financière, a publié un livre intitulé Makers and Takers (Crown Business Publishers, New York, 2016) qui clarifie en partie le lien entre le capitalisme et le nihilisme, bien qu’elle ne thématise pas ce dernier. Dans ce livre, elle affirme, de manière surprenante, que le capitalisme de marché aux États-Unis est « brisé » et, dans un article synoptique paru dans le magazine TIME (American Capitalism’s Great Crisis, TIME Magazine, 23 mai 2016, pp. 2228), elle expose les raisons qui l’ont amenée à faire cette affirmation. Après avoir énuméré les diverses « prescriptions » pour résoudre la crise économique, avancées par les candidats à l’élection présidentielle américaine de 2016, Foroohar écrit :

Tous passent à côté de l’essentiel. Les problèmes économiques de l’Amérique vont bien au-delà des riches banquiers, des institutions financières trop grandes pour faire faillite, des milliardaires des fonds spéculatifs, de l’évasion fiscale offshore ou de tout autre scandale du moment. En fait, chacun de ces éléments est symptomatique d’une situation plus néfaste qui menace, à parts égales, les très riches et les très pauvres, les rouges et les bleus. Le système de capitalisme de marché américain lui-même est brisé… Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il faut comprendre la relation entre les marchés des capitaux — c’est-à-dire le système financier — et les entreprises.

Foroohar entreprend ensuite d’expliquer cette relation. En se concentrant sur ce qu’elle identifie comme le coupable, elle conclut que :

La maladie économique de l’Amérique a un nom : la financiarisation… Elle englobe tout, depuis l’augmentation de la taille et de la portée de la finance et de l’activité financière dans l’économie jusqu’à la montée de la spéculation alimentée par la dette au détriment des prêts productifs, en passant par l’ascension de la valeur actionnariale comme seul modèle de gouvernance d’entreprise, la prolifération de la pensée risquée et égoïste dans les secteurs privé et public, le pouvoir politique croissant des financiers et des PDG qu’ils enrichissent et la façon dont l’idéologie « les marchés savent mieux que tout le monde » reste la norme. La financiarisation est un grand mot désagréable aux implications vastes et déconcertantes.

Inutile de préciser que c’était en 2016 et qu’aujourd’hui, nos préoccupations concernant le nihilisme ont moins à voir avec le capitalisme qu’avec le nihilisme cynique évident dans les actions orchestrées par le groupe de multimilliardaires qui s’acharnent à détruire la vie du reste de l’humanité par tous les moyens possibles. Ces sous-humains tiennent manifestement la vie humaine — en fait, toutes les formes de vie — en si basse estime qu’ils n’ont pas hésité à promouvoir des armes biologiques en tant que « vaccins contre le Covid » légitimes, tout en sachant probablement très bien quels seraient les effets de ces concoctions expérimentales.

Cela témoigne d’un nihilisme qui dépasse tout ce que le monde a connu, à l’exception peut-être des camps de la mort nazis des années 1940. Nietzsche se retournerait dans sa tombe proverbiale. Comment dépasser un tel nihilisme ? Cette question fera l’objet d’un prochain article et, une fois encore, Nietzsche sera la principale source d’informations sur cette possibilité.

Texte original : https://brownstone.org/articles/nihilism-strikes-with-a-vengeance/