Jean-Louis Siémons : Des modèles de réincarnation sans âme

| Catégories : Siémons Jean-Louis | Mots-clés : ,

Sans matière physique, nous avait-on affirmé, pas d’Esprit. Mais, la page se tourne : voici l’ère du matérialisme transcendant ; on apprend que la Matière avait justement une face cachée : l’Esprit. Aussi, soyons rassurés, le « Moi » ne se perdra pas. Dans un univers dont le tissu est indestructible, il réapparaîtra sans cesse. Comme l’ont cru les Chinois : « Tu revivras dans tes milliers de descendants. »


Carlo Suarès : Réflexions allant du simple au complexe

| Catégories : Suarès Carlo | Mots-clés : ,

Je ne vois pas pourquoi il me faudrait aller chercher tant de religions extraordinaires, au lieu de me rendre compte de la nature de ma pensée. Si le discontinu, la dissociation de l’espace et du temps, se posent à la fois comme objets et comme pensée, je ne vois pas pourquoi la pensée ne pourrait pas se penser elle-même, dans la relation entre les termes dissociés, relation qui n’est autre qu’elle-même. Au lieu de poser ma conscience en bloc, en une entité composée de deux pôles opposés, en face d’une pseudo entité inexistante, dénommée à tort « concept », puisqu’on ne la conçoit pas, dont on veut se persuader qu’elle n’est pas contradictoire dans sa nature, je ne vois pas pourquoi la pensée ne pourrait pas être simplement le témoin, le spectateur de son propre processus.


Daniel Couty : Gérard de Nerval

| Catégories : Poésie, littérature et Spiritualité

L’œuvre nervalienne se déroule selon un ordre, une logique et une raison qui transgressent le sens habituel de cette triade. La vie même de l’écrivain, tout entière tournée vers l’expérimentation du destin, porte déjà les stigmates de l’inspiré : la folie, niée « et je ne sais pourquoi je me sers de ce terme maladie » (Aurélia, I, 1), en même temps qu’affir­mée — cet ultime récit de Gérard n’est-il pas à sa manière une lecture de la folie ? — la folie seule donc a pu lui permettre de lire ce qu’il appelait « l’alphabet magique » de l’univers. Dès lors l’ésotérisme nervalien n’apparaît plus comme une donnée brute, comme un élément bizarre : il appartient en totalité à la tentative démiurgique d’un écrivain dont la « Genèse » n’aboutit qu’à la création d’un mythe personnel.


Dominique Bertrand : Le cercle sonore

| Catégories : Témoignage

Tout au long de l’improvisation collective, de nombreux phénomènes de communication subtile surviennent, qu’il est difficile d’analyser. C’est en effet une expérience de la simultanéité que le langage, diachronique par nature, ne peut saisir sans émietter. Dans l’acte collectif, la frontière entre « moi » et « l’ensemble » s’efface pour un temps. Le déploiement sonore est doué d’une vie propre qui n’appartient à personne, et dont pourtant chacun est responsable ; cette vie-là, à la fois une et multiple, venant en même temps du fond de soi et d’ailleurs, est manifestation tangible de la globalité « qui est plus que l’ensemble de ses parties ».


Danielle Riche Monteillard : Pour qu'à l'école la joie demeure

| Catégories : Education

Sans la connaissance de l’essence de l’être humain, l’adulte ne peut pré­tendre guider l’enfant. Ne peut être maître que celui qui est né à lui-même, qui a rencontré la loi du monde au-dedans, qui s’est exercé à sa propre unification. Rudolf Steiner disait en 1919 que le maître « doit être en mesure, lorsqu’il regarde un enfant, d’y voir le signe que cet enfant est descendu des mondes suprasensibles par la conception et la naissance, et que ce qui est descendu ainsi s’est revêtu du corps, s’appropriant ainsi quelque chose qui va l’aider à acquérir ici-bas dans le monde physique ce qu’il ne peut pas acquérir dans la vie entre la mort et une nouvelle naissance. Chaque enfant devrait apparaître à l’enseignant ou à l’éduca­teur comme une question que le suprasensible pose au visible »…


Jean-Louis Siémons : Le modèle théosophique de la réincarnation

| Catégories : Siémons Jean-Louis | Mots-clés : , , ,

Dans un article publié en 1889 « La mémoire chez les mourants » Mme Blavatsky cite un texte théosophique (datant de 1883) dont l’actualité saute aux yeux après les enquêtes du Dr Moody : « Au dernier moment, la vie tout entière est reflétée dans notre mémoire : elle émerge de tous les recoins oubliés, image après image, un événement succé­dant à l’autre. Le cerveau mourant déloge les souvenirs avec une impulsion de la dernière énergie et la mémoire restitue fidèlement chacune des impres­sions qui lui avaient été confiées pendant la période d’activité du cer­veau… Aucun homme ne meurt fou ou inconscient — comme l’affirment certains physiologistes. Même un individu en proie à la folie, ou à une crise de delirium tremens, a son instant de parfaite lucidité au moment de la mort, bien qu’il soit incapable de le faire savoir aux assistants. Souvent, l’homme peut paraître mort. Pourtant, après la dernière pulsation, entre le dernier battement de son cœur et le moment où la dernière étincelle de chaleur animale quitte le corps, le cerveau pense et l’Ego passe en revue en quelques brèves secondes l’inté­gralité de sa vie. Aussi parlez tout bas vous qui vous trouvez près du lit d’un mourant, en la présence solennelle de la mort. Tout spécialement observez le calme dès que la mort aura posé sa main moite et froide sur le corps. Parlez tout bas, dis je, de peur de troubler le cours naturel des pensées qui reviennent et d’empêcher l’activité intense du Passé projetant sa réflexion sur le voile du Futur… »


Katia Barbérian : Ésotérisme et littérature

| Catégories : Poésie, littérature et Spiritualité

La poésie est un creuset où les élé­ments de l’univers se rencontrent dans une fusion essentielle. C’est pourquoi notre manière d’aborder le rapport de la littérature et de l’ésotérisme est double, c’est pourquoi la réflexion sur le langage comme tel était indispensable. Ce rapport, dont il est question ici, n’est pas extérieur à la littérature ; il lui est coexistant, parce que le langage est tel qu’il est le contraire de la contingence ; il y a une nécessité à l’œuvre dans la parole poétique, nous dirions alors prophétique.


Serge Bramly : Les tarots

| Catégories : Arts Divinatoires & Spiritualité | Mots-clés : , ,

L’origine du nom, Tarot, a été le sujet d’innombrables thèses, qui, si aucune n’a su définitivement s’imposer, aident chacune à la compréhension générale du jeu. On a successivement avancé que Tarot était une corrup­tion des noms des dieux égyptiens Ptah et Râ, respecti­vement Maître de la Création et dieu-Soleil (que les Bohé­miens adorent toujours comme leur principale divinité masculine)… Que le mot était un anagramme de Rota, qui signifie « Roue » ou « Cercle » et que l’on avait ajou­té un T afin de bien montrer que le début et la fin sont semblables… Une déformation de Thot, nom du dieu des sciences ésotériques de l’ancienne Égypte, dont l’équiva­lent grec est Hermès, que l’on prit comme inspirateur et patron des cartes… Qu’il dérivait de l’hébreu Thora, « la Loi », mot qui désigne les cinq premiers livres de la Bible, identifiant ainsi les cartes à un texte sacré… Ou encore venait du sanscrit Tar – ô, l’Étoile polaire, le guide… Ou du latin Orat (« il prie ») renversé…


Zéno Bianu et Vincent Bardet : L'ivre livre

| Catégories : Essais

Ce n’est plus aujourd’hui un secret pour personne que le recours à des substances modifiant le champ de la conscience et provoquant l’émergence d’états de « réalité non ordinaire » est l’une des pratiques fondatrices de la culture humaine. Du chant chamanique universel aux univers déréalisants de Phi­lip K. Dick, du soma védique au moksha d’Huxley, de la dive bouteille à la grande beuverie, de la connaissance par les gouffres à l’algèbre du besoin, l’ivresse postule un voyage hors de l’horizontalité, une ouverture en deçà ou au-delà, vers ce que Ernst Jünger désigne comme le « Grand Passage », soit la destruction du temps par la complétude.


Jean-Louis Siémons : Le modèle bouddhiste de la réincarnation

| Catégories : Siémons Jean-Louis | Mots-clés : ,

Le bouddhisme est expert en analyse, en classement de toutes choses en catégories soigneusement répertoriées. Une simple approche de l’être humain suffit à montrer que tout en lui est impermanent : une composition d’éléments sans cesse fluctuants, que l’on réunit en cinq groupes, ou agrégats — les skandha. Énumérer leurs noms — forme (rupa), sensations (vedanâ), perceptions (samjña), formations mentales (samskâra), connaissance ou conscience (vijnâna) — équivaut à ne rien dire, si on n’ajoute pas au moins que ces skandha englobent toute l’expé­rience physique et psychique, tout le vécu de l’homme dans ce qu’il appelle sa personnalité et son corps.